Ma vie ?
Je suis née dans une famille d’alcoolique où mon père nous battait le soir, moi, ma mère et mes frères tandis que ma mère volait les gens en les séduisant puis en leur piquant leurs frics. Mais un jour, ce fut la goutte de trop. Mon père, bourré et mécontent du peu d’argent que ma mère avait récolté, voulu la frapper, mais celle-ci, terrorisée, pointa un pistolet vers mon père (l’achat du flingue explique le peu d’argent restant) et tira puis, bouleversé et prise de panique à l’idée d’aller en prison, se suicida. Depuis, mon frère ainé veilla sur nous pendant notre vie d’errance, étant donné qu’on avait fui les familles d’accueils pour ne pas être séparés.
Vous y avez cru ? Il ne fallait pas. Ce genre de choses n'arrive que dans les films et les livres, ma vie est tellement plus banale et ennuyeuse que j'aurais aimé raconter ça, mais, voyez-vous, ce serait mentir (Veritas hein). Donc, ma vrai vie : je suis née dans le Tennessee dans une famille aimante avec pour père un pharmacien et une mère caissière chez Safeway. J'ai trois frères, cités plus haut, dont l'arrivée du cadet et le rachat de la pharmacie de mon père par un plus grand groupe, expliqua notre déménagement à Cambridge. Là-bas nous vécûmes une enfance paisible, remplit de bêtise de gamins tels que les courses poursuites en caddie ou le lancés de gamins (nous en l'occurrence) contre les boîtes de conserves rangés en pyramide. Inutile de vous dire que nous fûmes sérieusement punis après.
Ainsi s’écoula ma petite enfance, ensuite vint l’adolescence. Mon frère ainé, David, était à l’université d’Harvard pendant que moi j’étais encore au collège. Nos parents avaient économisée une fortune pour nous permettre d’aller dans de grandes universités. Quelle déception quand ils apprirent le métier que je voulais faire. Je me souviens encore de leurs réactions :
Mes parents : Photographe ?! Mais ça ne paie pas la photographie ! Fais comme ton frère, deviens journaliste ! Au moins, t’es payés.
David : Ecoute Alex, suis les conseils de papa. Si tu deviens photographe, tu feras pleurer maman et crier papa. De plus, comment tu trouveras du travail ? Et un appareil photo ? Tu as déjà du mal à te payer un simple dvd. (je dépensais tout mon argent dans des beignets)
Je n’avais pas vraiment apprécié leurs réactions mais je comprenais. Je savais que ce ne serait pas facile (je ne savais pas encore à quel point). Qui plus est, on ne pouvait pas dire que j’avais un bulletin du tonnerre. Qui voudrait accepter un élève qui à 7 de moyenne générale et qui s’amuse à repeindre des spaghettis vieilles du siècle dernier ? Je me rappellerai toujours de l’appréciation de ma prof principale :
« J’admire cet élève, même quand il atteint le fond, il continue de creuser. »
Mais voyez-vous, je les ai tous plumé, j’ai réussi à entrer à Harvard. Ils n’ont pas compris comment, et à vrai dire, moi non plus. Mes parents m’avaient beau fait bosser tous les jours pour que je puisse entrer dans cette école, je ne pensais pas que ça fonctionnerait. Les gens disent que ces grâces à mes parents que je suis là, moi je préfère dire que c’est mon génie naturel.
Ainsi, j'arrivai à Harvard. Je fis croire à mes parents que je faisais des études de droit tandis qu'en réalité c'était des études d'art. Seuls mes frangins étaient au courant. Mon frère ainé m'offrit même un appareil photo pour mes 18 ans (que j'utilise toujours). Au final, j'ai intégré évidemment le groupe des artistes où je continuais toujours à peindre mes spaghettis et mon corps à la façon des tribal. Et vous savez quoi ? Ben là, les gens me regardaient pas comme si j'étais un PNIN (Personne Non Identifiée et Normal). Que ça faisait du bien d'être accepté comme on est...même si les gens ignoraient que j'étais le petit frère du Grand David. Bah oui, fallait pas que je ternisse son image.
Au final, j'eus mon diplôme d'art, même si je reconnais que j'ai galéré à l'entretien orale. En effet, le jury regardaient la photo de mes spaghettis et me demandais pourquoi j'avais fait ça. Qu'est-ce que j'en savait moi, j'avais juste envie. De nos jours, on demande de tout justifier, l'instinct et la spontanéité n'ont plus leurs places.
Après ce fastidieux entretien (ou monologue vu leurs silences religieux), je pus entrer dans la vie active et commencer à chercher du travail. Autant vous prévenir tout de suite, je n'en trouvai pas comme je l'espérais. Je fis des photos pour des mariages, des classes et certain cliché pour le journal de mon frère. Mais ça s'arrêtait là, je n'avais pas assez pour survivre et je me voyais mal retourner chez mes parents. Je dus trouver un travail stable mais qui me permettrait de toujours faire de la photographie. C'est comme ça que je finis par devenir marin... et que je fis pleurer ma mère et crier mon père.
J'avais 25 ans quand je me suis enrôlé dans la marine et ça va bientôt faire 10 ans que je suis dans ce secteur. Je commençai en tant que matelot pour être aujourd'hui un marin de commerce. Un métier pas facile, épuisant et long mais qui me permit de voyager et de prendre des photos de tous horizons. Mais comprenez-moi bien, malgré la difficulté du métier, je ne regrette pas le moindre du monde cette voix. Je suis payé, nourris et logé, et les membres de l'équipage sont solidaires ... un peu trop par moment. Pour m'affubler du nom de Johny Depp ou Jack Sparrow, oui là, ils sont solidaires. Pourquoi à t-il fallu que mon second prénom se rapproche de Johny, que je ressemble à Tuomas Holopainen, lui-même assimilé à Johny Depp. Et que ce foutu acteur américain trouve le succès inter-galactique avec un pirate ? J'ai dû me calciné le nom de Sparrow tout au long de mon voyage soit près de 18 mois. Et le pire, c'est qu'ils s'attendaient à ce que je fasse des choses incroyables... Surtout la nuit où on fut accosté par des pirates dans le Golfe de Guinée. Ils se sont tous tourné vers moi mais comme je ne disais rien (#on va tous mourir#), on a appliqué la procédure pour ce genre de cas et on a obéi aux ordres du commandant. Au final, on s'en est bien tiré (dur de pillé des conteneurs fermés et rangés en Tetrix). Honnêtement, ce soir-là, j'ai juste pensée à mes spaghettis multicolores qui reposaient confortablement dans un bocal. Mais comme je ne risque pas de me réincarner en spaghettis (et ce n'est pas dans mes plans de carrière de voir le tube digestif), je souhaiterais, à la place, être une étoile de mer. C'est cool ces bestioles, ça ne bouge pas et ça attend que la nourriture vienne à elle. Pas de quoi avoir des cheveux blancs avec cette vie. Mais revenons au-dessus de la mer, voulez-vous. Les pirates sont partis, les conteneurs dorment et les marins se bourrent la gueule, jusque-là tout va bien. Mais le point noir fut à l'arrivée, à Shenzhen en Chine (1er port mondial). Je reçus un coup de fil de Mathieu (mon petit frère pour ceux qui ne suivent pas), il m'apprît que son université (et anciennement la mienne et celle de David), fut attaqué par des terroristes (à ce moment-là, j'ai juste eu l'envie de lui dévoiler toute la procédure en cas de piraterie). Il me prévînt qu'il allait bien et qu'il appelait juste pour pas que je ne m'inquiète en apprenant les infos, ce soir... ou le jour, il ne savait pas qu'il m'appelait à 3h du matin (sur le coup, j'avais envie de l'étriper mais ce n'est pas facile à l'autre bout de la planète). Comme je sentais à sa voix que ça n'allait pas (je côtoie des marins dépressifs qui se bourrent la gueule après tout), je décidai de rentrer à Cambridge et de prendre un congé prolongé.
Et enfin me voilà...un an plus tard. Harvard a eu le temps de se reconstruire, mon frère de se bourrer la gueule... et moi...ben je n'ai toujours pas appris à me faire la cuisine. Eh ouais, je crame toujours mon poisson (et l'assiette aussi, puisqu'elle s'est cassée en deux), je fais fondre les poêles et je peins toujours mes spaghettis au lieu de les manger. Et oui, Alex est de retour petit frère...au détriment ta cuisine.
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