VICTORIYA E. WITTELSBACH ►Magdalena Frackowiak

Tout conte de fée qui se respecte débute sans exception par un « il était une fois » avant de se clore par un « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. » On les lit aux enfants afin qu'ils pénètrent dans le berceau de l'innocence, mais la réalité en est tout autre. La vérité c'est que la vie n'est pas un long fleuve paisible et qu'il t'arrive bien souvent de t'égarer, sans personne pour te sortir de la noyade. Je suis née dans un monde où l'on nous dicte sans arrêt quoi faire, mais où l'on doit se débrouiller pour parvenir à ses fins. Un monde où chacuns de nos faits et gestes étaient controlés. Je ne pouvais sortir sans un garde du corps à mes cotés, à l'affu de quoi que ce soit qui puisse me nuire, moi Princesse d'Autriche. J'étais prisonnière dans une vie que je n'avais guère choisie mais que j'assumais malgré tout. Une responsabilité, la mienne, hériter le trône autichien, me trouvant être la seule enfant des Wittelsbach. Du moins, avant que mon frère aîné ne décède.

Plus personne ne mentionne son nom, il n'est désormais qu'un souvenir, un lointain souvenir encré dans nos mémoires. Sa mort, aussi brutale fut-elle ne frappe plus personne, exceptée moi. La seule à avoir decelée une éventuelle mélancolie en sa personne. Je me souviens que nos parents lui mettaient bien souvent une forte pression, lui répétant qu'en tant que futur roi d'Autriche, il ne pouvait tolérer l'échec. Il n'en pouvait plus. Je l'avais remarqué et je n'avais rien fait. Jusqu'à ce qu'il décide de mettre un terme à son existence et que j'en sois témoin. Depuis, c'est à moi que revient ce fléau, fléau avec qui j'ai appris à cohabiter. Puis, il n'y a pas que des incovénients à être héritière, loin de là.

Deux années passèrent depuis le suicide de mon frère et vînt l'âge de mes 18 ans. Ce jour où je vis une vingtaine de prétendants diffiler dans le château dans lequel je logeais avec ma famille dans le but d'acquérir ma main. Ce spectacle dont je n'étais que spectatrice.  Je n'eus même pas le droit de choisir celui qui deviendrait mon époux. A quoi bon? Pourquoi me rendre heureuse? Je ne devais pas décider, non, je n'en avais guère le droit.

Le jour du mariage, vint rapidement, des ornes de journalistes étaient tapis dans chaque recoins de l'église, ce qui fit augmenter mon angoisse. Un déclic ! Je devais fuir, quitte à attiser la colère de mon père, fuir cette vie de condamnée, fuir cet homme pour qui je n’éprouvais aucun sentiment..

SEPTEMBRE 2013

J'avais eu le courage, celui de fuir ce mariage sans avenir. Cela faisait trois ans désormais que je suivais mes études à Harvard, où j'avais été acceptée sans problème. Je résidais sur le campus, de manière à me lier d'amitié avec d'autres étudiants que moi, toujours suivie de mes gardes du corps. J'ai beau ne pas avoir une vie ordinaire, je tentais de vivre le plus normalement possible.