Moi bourée ?? légèrement + Haytam

Il devait être tard, la nuit était tombée depuis un petit moment maintenant. Ce soir, j’avais décidé d’être seul, de prendre du temps pour moi afin de me ressourcer. Le Spring Break venait tout juste de commencer, et pourtant j’avais connu un tas d'événements aussi marquants les uns que les autres. J’avais diné au restaurant en compagnie d’une amie, puis j’étais remonté dans ma chambre, bien décidé à me détendre, à essayer de dormir. Seulement, Morphée ne voulait toujours pas de moi. J’avais alors allumé la télé, zappant toutes les conneries que programmaient les chaînes. Il n’y avait rien à faire, je m’ennuyais, il fallait que j’aille prendre l’air. Je descendais alors dans le hall et me dirigeais vers le bar afin de prendre une bière, je payais alors le serveur et alors que j’allais m’asseoir sur un tabouret, je me prenais à regarder la vue que l’hôtel nous offrait sur la mer. J’emportais alors ma bière avec moi, bien décidé à aller me planter dans le sable. Je passais alors près d’un groupe de jeunes autour d’un feu de camp, depuis mon arrivée, ça devait être le dixième. Bref, j’allais m’asseoir un peu plus loin, et assis dans le sable, je contemplais l’eau calme et buvais ma bière tranquillement.

Je profitais de l’air ambiant, il faisait chaud même si la nuit était tombée depuis des heures, mais il y avait tout de même un petit vent frais. Je profitais alors des vagues, du spectacle qu’elles offraient, et parfois, je me prenais à fermer les yeux pour écouter le bruit de celle-ci. J’étais presque tenté de m’allonger dans le sable tiède et d’essayer de m’endormir, mais dans quel état j’allais me retrouver demain . Enfin, tout ça n’était qu’une utopie étant donné que je ne trouvais toujours pas le sommeil, même un an après mon accident. Relevant la tête, j’observais une silhouette qui marchait sur l’eau. Je soufflais alors en la regardant, portant la bière que j’avais entre les mains à ma bouche. Cette personne ne me disait rien, en même temps, j’étais dans le noir presque complet, seule la lune l’éclairait, difficile de reconnaître quelqu’un dans cette pénombre…

J’essayais tout simplement de me vider la tête, je ne voulais penser à rien. Disons qu’il fallait que je m’aère l’esprit, et passer ma soirée sur la plage à écouter le bruit des vagues et à boire une bière, c’était ça le pied. Je soufflais alors longuement, regardant les vagues venant se fondre avec le sable. En tee-shirt, je n’avais même pas froid, moi qui étais pourtant du genre un peu frileux depuis ma sortie de l’hôpital. Pour une fois, j’avais délaissé mes manches longues pour un tee-shirt plus léger, après tout, il faisait nuit et je comptais tracer ma route seul. J’observais alors la silhouette de la jeune femme se rapprocher et s’asseoir à quelques mètres de moi, elle n’avait pas vu que j’étais là ? J’avais subitement envie de me lever pour me trouver un autre coin, surtout qu’à la vue de sa démarche, elle ne devait pas être sobre. Alors que je me levais, je l’entendais marmonner quelque chose à propos d’un garçon, faisait un pas, j’entrouvrais mes lèvres. « Euh, ça va mademoiselle ? » J’observais sa chevelure rousse sans rien dire de plus, j’avais peur qu’elle ne s’énerve ou se mette à pleurer, le genre de situation dans laquelle je ne saurais rien faire.

Je fronçais les sourcils, quelque chose clochait avec cette personne, et pourtant j’ignorais quoi. Je n’avais pas encore trop bu ce soir, disons que ce n’était pas dans mes habitudes de boire quoi que ce soit, mais il m’arrivait de boire des cocktails locaux avec un brin d’alcool dans ceux-ci, et étant donné que je ne buvais jamais, je devenais très vite saoul, généralement dans ces situations, je rentrais dans ma chambre, ce qui n’était pas dans les habitudes des jeunes gens d’Harvard. La mer étant proche, et meurtrière combinée à l’alcool, je me devais donc de prendre soin de quelques âmes égarées par l’alcool. Je me dirigeais d’un vers une jeune femme rousse et l’observais se lever. C’est là que mon visage se décomposait totalement, j’avais en face de moi Dayana, en rousse, et je ne l’avais pas reconnu. Mes lèvres entrouvertes, je la regardais m’envoyer bouler, et se diriger vers le bar. Je restais alors un instant, planté devant l’eau qui avait l’air de se foutre de moi. Mon cerveau avait mis du temps à assimiler la chose, et je me dirigeais maintenant vers le bar. « Désolé, la nuit, et puis ta nouvelle couleur… non enfin, ça te va bien hein mais je ne m’y attendais pas… » Okay je m’enfonçais, comme tant de fois auparavant, sauf qu’au lieu de rire, comme elle le faisait d’habitude, j’avais plutôt peur qu’elle me gifle étant donné sa froideur. « Tu… tu devrais peut-être arrêter de boire pour ce soir. »

Me retrouver au Spring Break était une chose assez difficile pour moi, disons que ça me rappelait des tas de souvenirs que j’essayais de garder bien enfouis. Le Spring Break était censé détendre les étudiants, leur permettre de fêter la fin des examens en se saoulant, se droguant et couchant avec tout le monde, mais je n’étais pas de ceux-là, bien au contraire. J’étais du genre à rester dans mon coin, à découvrir la faune et la flore, toujours seul, à essayer d’apaiser mes maux. Ce soir était l'un des soirs où j’avais pu enfin être seul histoire de me détendre, car oui, même si cela ne me ressemblait pas, j’avais fait des efforts pour accompagner des gens à des soirées, ce genre de chose. Mais ma soirée allait très vite mal tourner, je le sentais d’ici. « Bah oui d’accord, mais je m’attendais pas à ce que tu le fasses ! Franchement soi un peu indulgente, tu es ivre, errant rousse sur une plage alors qu’il fait nuit, tu voulais que je te reconnaisse comment hein ? » J’étais désemparé, qu’est-ce qu’elle voulait que je fasse, que je me mette à genoux ? Je ne l’avais pas reconnu, c’était un fait, mais j’avais des circonstances atténuantes après tout. « Je comprends rien à ce que tu me dis. » Je soufflais longuement en passant une main sur mon front, c’était un désastre, la voir dans cet état me dégoutait presque. Je posais alors mon regard sur le serveur qui avait une mine assez grave, il devait en voir chaque jour des cas comme elle, mais j’avais senti qu’il voulait que je m’en débarrasse. J’avalais alors ma salive et lâchais « Oui déjà je vais t’enlever cette bouteille. Et comme tu l’as si bien dit, je suis ton meilleur-ami, celui qui doit veiller sur toi quand… ton père ou ton tuteur n’est pas là. Pour ce qui est du reste, tu es totalement ivre, ça ne sert à rien d’en discuter, on en parlera une fois que tu aurais dessoulé. » J’attrapais alors sa bouteille et la tendais au serveur qui s’empressait de la ranger.