Hair blowing in the wind, losing track to time (+augusto)

Cela faisait seulement quelques jours que nous étions arrivés à Punta Cana que déjà je voulais me barrer pour changer d'air. Oui je sais c'est plutôt contradictoire dans le sens où j'étais supposée changer d'air en venant ici. Mais tout allait bien jusqu'à ce que Xaver m'annonce tous un tas de trucs hier qui m'ont profondément attristée. J'avais encore du mal à y croire mais dans le fond, je le sentais venir. Je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser encore et encore. Je n'avais que vingt et un an et j'étais déjà divorcée ou sur le point de l'être .. Ma vie ressemblait vraiment à une mauvaise série télévisée, finalement, j'aurais préféré être vraiment morte. Ma jumelle avait au moins une vraie vie qui valait la peine d'être vécue pas comme moi .. Malgré tout, je ne blâmais pas Xaver. J'ai sûrement un peu mûri mais je comprends qu'après tout ça, il veuille refaire sa vie sans moi. Il avait déjà eu la décence de ne pas le faire le lendemain de mon enterrement et c'était mieux comme ça. Il fallait que l'on passe à autre chose, que je vive de nouvelles aventures et fasse de nouvelles rencontres. Au fond, je n'avais connu que lui. Si ça se trouve on a plusieurs âmes soeurs. Je voulais donc être loin de Punta Cana pour quelques jours, le temps de m'en remettre mais je ne voulais pas partir toute seule. Sait-on jamais. Seulement après avoir réfléchi pendant un certain moment, je savais exactement à qui m'adresser pour m'accompagner dans ce road trip, Augusto. On se connaît depuis tellement longtemps sans vraiment savoir grand chose sur l'autre dans le fond. J'allais lui faire la surprise de ce petit voyage improvisé. Il savait que j'étais de retour mais on ne s'était pas vraiment parlé depuis. Je m'étais dépêchée de prendre un sac et d'y mettre quelques vêtements de rechange, des affaires de toilette, un bikini, une serviette, crème solaire et compagnie. J'enfilais un autre maillot de bain, une robe fleurie légère par dessus, ma paire de tongs aux pieds et mes lunettes de soleil sur le nez. Je m'empressais d'aller frapper à la porte de sa chambre. Heureusement pour moi, il s'y trouvait. Tu as cinq minutes pour faire ton sac, toi et moi on s'en va faire un petit road trip sur la côte dominicaine ! Je t'expliquerais ça sur le chemin, ya une jeep qui nous attend en bas, je te préviens TU conduis ! Ouai j'avais encore un peu peur des voitures and co depuis mon accident.

Je ne pensais pas qu'en toquant à sa porte en début d'après-midi, je trouverai Augusto en serviette à peine nouée autour de sa taille qui clairement ne cachait pas grand chose. J'avais fais comme si je n'avais rien vu. Je ne suis peut-être plus vierge, je n'ai eu qu'un amant dans ma vie alors bon j'ai pas forcément l'habitude de voir un mec se balader à poil qui ne soit pas mon mari. Enfin on ne sera bientôt plus marié alors .. J'espérais qu'il allait me dire oui, même si je faisais genre de ne pas lui laisser le choix, il pouvait tout à fait décliner mon offre mais honnêtement j'avais besoin de ce road trip et je savais qu'il était le parfait accompagnateur pour ça. En souvenir de notre enfance dirons nous. Ok, laisse moi juste le temps de m'habiller et de me sortir un peu la tête du cul. Je rigolais à sa remarque avant de lever les yeux au ciel. Il se décalait pour me laisser rentrer dans sa chambre un peu en bazar au passage. Pas de soucis, prépare toi, je vais pas te demander de sortir nu, je pense que la réception ne verrait pas ça d'un bon oeil ! dis je sur le ton de l'humour. Vu la classe qu'avait l'hôtel, il n'était sûrement pas conseillé de jouer avec le feu. Je le laissais faire son sac tranquillement mais j'avais l'impression qu'il allait limite emporter plus de trucs que moi, pire qu'une fille ! Il était pourtant plutôt efficace et au bout de quelques minutes, son sac était prêt. Il n'avait plus qu'à s'habiller et on pourrait enfin y aller ! Ca va, toi ? me demanda t-il alors qu'il rejoignait sa salle de bain pour se changer. Je ne savais pas trop quoi lui répondre. Mentir ou dire la vérité ? De toute façon, je ne pourrais pas lui cacher ça bien longtemps et si j'ai appris quelque chose au cours de ces derniers mois c'est de ne pas mentir à ses proches parce que tout se sait un jour ou l'autre et quand ce moment arrive, ça fait mal. On fait comme on peut hein ! Allez dépêche toi, le moteur tourne ! dis je pour le taquiner. Il sortit rapidement comme si mes menaces avaient fonctionné ce qui me fit sourire. Il prit son sac prêt à partir à l'aventure ! Tu portes mon sac aussi s'il te plaaaaait ? lui demandais-je en faisant ma moue irrésistible.

Bien, j'avais pas non plus franchement envie de me taper l'affiche en montrant mes fesses à tout le monde. Je rigolais à sa remarque. Ca faisait un moment que je n'avais pas ris aux éclats mais là, rien que de m'imaginer la situation, je ne pouvais pas me retenir. Ca aurait été marrant de le voir mener la zizanie à la réception de l'hôtel parce qu'il se balade à moitié nu mais bon ça nous aurait retardé dans notre départ pour la côte dominicaine et je ne voulais pour rien au monde rater ce petit voyage entre amis d'enfance. Je le laissais ensuite préparer ses affaires et s'habiller avant de pouvoir prendre la route. Je n'avais pas envie de lui parler de mes derniers problèmes pour le moment, sinon il voudrait en parler tout de suite et moi tout ce que je voulais c'était de partir de l'hôtel, de la station balnéaire et de penser à autre chose qu'à mon (ex)mari ou à mes proches me reprochant ma fausse mort. Je lui en parlerais quand on sera sur la route en train de rouler sans direction précise, juste pour le plaisir. C'est parti ! Et bien, je ne pensais plus entendre ces quelques mots à force, mais j'étais heureuse de le voir aussi ravi, de voir que ce petit road trip l'emballait autant qu'il m'emballait. J'avais vraiment besoin de rattraper le temps perdu avec lui. Je ne sais pas vraiment ce qui c'est passé dans sa vie dernièrement, il faut dire que j'étais un peu occupée à régler les derniers détails sur mon "retour à la vie" et tous les problèmes que ça engendrait. Mais quelques jours loin de tout avec Augusto, c'était vraiment ce dont j'avais besoin. De toute manière, il était le seul à qui j'avais pensé pour ça, mes meilleurs amis étaient soit remontés contre moi, soit avaient disparus de la surface de la terre, soit ne savaient même pas que j'étais vivante, donc bon .. En sortant de sa chambre, je lui avais demandé s'il pouvait prendre mon sac, en faisant ma princesse, tout ça dans le but de le taquiner. Il accepta ce qui ne m'étonnait guère de lui et je plissais mon nez en tirant la langue en guise de réponse. T'as tout ? Rien d'oublier ? Je levais les yeux au ciel avant de rire. Yep mon capitaine, le reste est dans la jeep, j'ai prévu de quoi manger, boire, dormir bref tout quoi, je me vexerais presque en t'entendant dire ça ! Je lui rendais son petit coup de coude de tout à l'heure avant de le prendre par le bras et de partir vers la sortie de l'hôtel. Lunettes de soleil sur le nez, nous allions enfin pouvoir partir nous amuser. Tadaaam, voilà la bête ! Oublie pas que tu conduis, les clés sont sur le moteur, je t'attends, je serais la demoiselle côté passager si jamais tu te demandes. Je lui fis un clin d'oeil allant m'installer, et attendant qu'il charge la jeep de nos deux sacs et que nous puissions rouler, cheveux au vent.

J'aimais bien taquiner Augusto et puis ça me permettait de m'amuser un peu et surtout de rigoler. Chose que je n'avais pas réellement fait ces derniers temps. Il suffisait que je passe ne serait-ce qu'une demi-heure en sa compagnie et j'avais déjà mal à la mâchoire à force de sourire ou de rire. C'est un effet qu'il m'a toujours fait, déjà même à l'époque où nous n'avions que dix ans. Je me souviendrais toujours de la fois où il a tant bien que mal essayé de me demander ma main comme dans les films qu'il disait mais bon ça n'avait pas été très convaincant bien que sa bague en pissenlit était la plus belle bague de fleurs qu'il m'avait été donnée de voir ! Elle doit certainement être encore dans ma boîte à bijoux à New-York, dans l'appartement familial. Je m'étais dépêchée de grimper dans la jeep et d'attacher ma ceinture. Je ressentais une certaine appréhension à l'idée de me retrouver de nouveau dans une voiture depuis mon accident, mais je devais combattre le mal par le mal comme on dit. Et je savais qu'avec lui, je serais en sécurité, je sais qu'il ne laisserait rien m'arriver. Confortablement assise dans mon siège en cuir -on ne se refuse rien-, j'attendais que mon chauffeur personnel ait mis les bagages à leur place et vienne me rejoindre pour que nous puissions enfin prendre la route. Il ne tarda pas à arriver et s'installa afin d'être à l'aise pour conduire. Et oui il n'avait très certainement pas les mêmes mensurations que la personne qui a apporté la voiture devant l'hôtel. Il démarra le contact et le temps que la voiture démarre, je fermais les yeux avant de les rouvrir et de voir la route défiler devant nous. C'était la belle vie, la liberté ! T'es déjà venue ici ? me demanda t-il. A vrai dire, je ne savais pas plus que lui où nous étions ni vers où nous allions. J'avais seulement une carte que je ne sais pas lire .. Mais tant qu'on suit la côte ça ira. Pas vraiment, je suppose que toi non plus ? Je m'enfonçais un peu plus dans mon siège afin de mettre mes pieds sur le tableau de bord. Cheveux au vent, je laissais ma main droite dans le vide, nous n'allions pas bien vite et il n'y avait pas d'autres véhicules sur la route, je pouvais me le permettre. Je te l'ai jamais dit mais je suis désolée .. Je tournais la tête dans sa direction. .. pour tout ce qui c'est passé ces derniers mois, à cause de ma disparition et tout ça. Du coup je ne sais même pas ce qui c'est passé dans ta vie ? J'étais curieuse de savoir ce qu'il avait fait durant mon absence, si on pouvait appeler ça comme ça.

Tu supposes bien. me répondait-il. On allait vraiment quelque part sans savoir mais c'était ça la belle vie non ? Loin des cours, loin de la pression, du stress, loin des soucis du quotidien, loin de la grisaille, de la pluie ou de la neige, loin de tout ce qui est négatif. Profiter c'est un peu le mot d'ordre de ces vacances et je compte bien le faire au maximum, faut pas que je me laisse abattre comme m'a dit Kenny. Je ne pensais jamais utiliser et mettre en pratique un de ses conseils, comme quoi tout arrive ... Je lui confessais être désolée, oui parce qu'on ne peut pas dire que j'ai été une amie exemplaire ces derniers temps .. Loin de là même. Je m'en veux pour tout ce que j'ai pu faire endurer à ceux qui tenaient à moi, je sais que que je ne l'ai pas fait volontairement mais ça me tue quand même de savoir ce qu'ils ont pu traversé par ma faute. Augusto compte beaucoup pour moi et son amitié est importante surtout depuis que j'ai perdu Kol, mon meilleur ami. Ne t'excuses pas. Je souriais brièvement avant de baisser la tête. Je n'étais pas très à l'aise avec toutes ces histoires de morts, de coma et j'en passe. Mon avocat voulait que l'on porte plainte contre l'hôpital mais j'avais refusé. J'en avais assez de tout ça, je voulais juste que ça se finisse et que je retrouve une vie normale mais sans mon mari, cela risque d'être compliqué, rienne sera jamais plus comme avant .. Je lui demandais un peu ce qui c'était passé dans sa vie, histoire que je rattraper comme je peux mon retard. Je voulais qu'il me parle un peu de lui pour changer, que ça ne soit pas moi qui raconte mes malheurs et qui se plaint. Rien de bien fascinant. (...) Jezobel et moi, c'est terminé. Décidément, c'était pas la saison pour les couples d'après ce que je vois .. Je me pince la lèvre ne sachant pas quoi lui répondre tout de suite. Devais-je lui dire maintenant que j'allais divorcer ? Je risquais de plomber l'ambiance et je ne voulais surtout pas ça. En plus, je voulais penser à autre chose mais en même temps, il vient de m'avouer ne plus être avec sa petite amie, ça faisait deux ans quand même .. Encore plus que Xaver et moi, je n'ose pas imaginer sa peine. Je suis désolée pour toi, ça doit pas être facile, surtout de la voir tout le temps ou ce genre de choses .. Elle ne sait pas ce qu'elle perd ! dis je en souriant et en posant mon regard sur lui conduisant. Je regardais de nouveau la route devant nous. Cela faisait un petit moment maintenant que nous roulions et nous avions un bon chemin déjà. Il faisait beau et chaud, c'était le paradis. Je regardais sur ma droite, le paysage était réellement à couper le souffle. On peut s'arrêter là-bas pour aller se baigner si tu veux ? dis je en montrant du doigt un bout de plage qui semblait désert et où la mer était translucide.