La Famille Royale Bulgare attendait là un très heureux événement. Elena, la grande reine du royaume Bulgare était enceinte, et à son plus grand bonheur, c’était une magnifique future héritière qui allait naître. Elle et son mari, le Roi Alfonse, n’avaient pas encore décidés du prénom de leur future perle d’or, mais ils avaient déjà préparés toute son arrivée. Elle n’avait pas encore lâché son premier souffle, et pourtant, sa chambre était déjà un trésor, avec des bijoux d’une fortune inestimable. Tous les habitants de la Bulgarie attendaient impatiemment d’entendre les cris de la future princesse. Elena était en train de s’exténuer à pousser, et pousser. Le Roi Alfonse attendait impatiemment de voir la première image de sa progéniture royale. Elle naquît dans un nuage de crème rose. Toute la famille royale entourait le lit de la chambre qui avait préalablement été préparée dans le grand palais Bulgare. Ils ne voulaient pas accoucher dans un hôpital. C'était trop risqué pour eux. Ils avaient peur qu'un docteur malsain ou qu'une infirmière jalouse fasse du mal à leur princesse et avaient donc eût recours à des infirmières de haute réputation qu'ils avaient payées en milliards de millions de Lev Bulgare. Quelques heures plus tard, la magnifique princesse était déjà le centre d’intérêt de la Bulgarie. Des photos d’elle et de sa bouille angélique de naissance traînaient un peu partout dans les rues de Sofia, et tous les habitants du village s’extasiaient à l’idée de voir celle qui régnera dans ce royaume, dans non plus de vingt années. Ses traits étaient magnifiques et on l’appelait déjà « L’Ange ». Ce ne fût d’ailleurs pas difficile pour les parents de cette merveille de choisir son prénom. Non sans surprise, ils décidèrent de l’appeler Sofia Nadia Evangelina, en honneur à l'unes des duchesses de la famille royale, qui avait régné en 1783. Nadia était le nom de la fille de la duchesse Katerina Petrova. Elle avait les exacts traits d’une vraie princesse digne de ce nom et son visage était aussi doux que de la laine de peluche. La petite princesse grandit dans un vrai nid de bonheur, rien ne lui était interdit. Tout ce qu’elle voulait lui était offert. Il suffisait qu’elle claque des doigts pour que ce qu’elle souhaite se retrouve devant ses yeux, sur un coussin rouge en satin. Le malheur qui avait régné dans la Bulgarie et toutes les guerres pouvaient être oubliées rien qu’en croisant son regard océanique et profond.
La petite Sofia était désormais âgée de cinq ans. Du haut de ses cinq ans, elle ressemblait déjà à une héritière. Ses jolis cheveux blonds tombaient en cascade sur son petit dos et elle marchait dignement. Ses yeux changeaient souvent de couleur, selon le temps, la saison, le climat, le mois… Elle était très aimée, mais aussi, très aimante. Elle portait tout son amour envers ses deux parents, qui ne lui avaient jamais rien refusés. Elle les aimait comme la prunelle de ses yeux. Tous les jours, des bals et des fêtes étaient organisées en l’honneur de la magnifique héritière, et celle-ci se pavanait déjà, enfilant de grandes robes faites spécialement par son couturier royal. Son sourire était éclatant et ses cheveux blonds comme de la soie. En l’approchant, une délicieuse odeur de camomille et de vanille naturelle se faisait sentir. Elle était ravissante lorsqu’elle posait pour les photographes sur le long tapis de cérémonie rouge. De plus, c’était une fille très ouverte, qui acceptait avec joie d’être prise dans les bras d’inconnus.
Quelques années plus tard, un attentat se fit voir dans le grand palais royal de la Bulgarie. Les lieux ont été entièrement détruits et la famille Royale a dû rester enfermée dans leur chambre secrète au moins trois jours : C'était un jour assez spécial. C'était l'anniversaire de la grand-mère maternelle de Sofia. Tout le monde s'était vêtu de grandes robes en soie, de grands chapeaux de plumes d'autruches ... La famille Royale avait invité leur chère grand-mère au Palais Royal. Cette dernière s'était montrée à 15 heures. Lorsqu’ils furent au point de couper le grand gâteau à la crème, goût fraise, qui est le goût préféré de Elsette, la grand-mère, des bruits assourdissant se firent entendre. Tout le monde sursauta. Les gardes avaient commencés à crier Halte et les majordomes s'occupèrent de faire sortir les invités par la porte arrière, qui n'avait pas encore été touchée. Il s'avère qu'une grande bombe était en train d'éclater. Des cris de rage se firent entendre et les parents ainsi que leur chère Sofia étaient montés dans la grande chambre, qui se situait tout en haut du château, au douzième étage. Ils se hissèrent sur la grande fenêtre de la chambre. Des douzaines de personnes inconnues, vêtu d'armement militaire et, tenant des kalachnikovs dans leurs bras, menaçaient tout le palais. Le grand drapeau de la Bulgarie flottait au vent, telle une arme massacrante. La petite Sofia était terrorisée et les parents essayaient de la calmer. C'est alors qu'on entendit un énorme bruissement, un bruit assourdissant, à détruire les tympans. La grosse bombe avait éclatée. La chambre étant la plus sécurisée, n'avait pas été touchée, par bonheur.
Trois jours que la petite Famille Royale était enfermée dans la chambre. Ils n'osaient pas sortir de cette chambre, par peur d'être attaqué et de mettre en danger la vie de leur fille. Le seul souper qu'ils avaient eût depuis trois jours fût du pain et du fromage, qu'ils avaient donnés à leur fille, plutôt que de les manger, eux-mêmes. Ils daignèrent enfin sortir de la chambre, entourés de dizaines de gardes. Ils n'osaient pas imaginés les dégâts... Non seulement, tous les morts, comme leurs servants, leurs majordomes, leurs gardes... Ils descendirent dans le hall, et arrivèrent devant le seuil de la porte. Le silence était surprenant, effrayant... Des tâches de sang et des ruines gisaient dans tout le palais. Les jardins étaient détruits. La pelouse, autrefois, vertes émeraude et fraîche, était orangeâtre. Le Palais n'était plus qu'un tas de poussière. Entièrement. Il ne restait que des ruines, des cendres grises et noires… Plus rien. Le château, qui, autrefois, se dressait comme le Taj Mahal, lui-même, n’était plus qu’un tas de ruines. Il ne restait que l’aile gauche qui n’était pas touchée, et Seigneur, l’important du château était à l’aile gauche. Elena et Alfonse prirent donc leur jolie petite princesse et ils allèrent, tous les trois, vers l’aile gauche. L’aile gauche était la plus sécurisée parce qu’elle regroupait toute la richesse et la fortune de la famille royale. De plus, elle a été conçue pour ce genre de situation. Ils savaient, depuis toujours, que la dynastie ne les laisseraient pas tranquilles. Depuis toujours, la Bulgarie est l’un des pays plus riches du monde et le palais en est la preuve vivante. Il abrite une grande fortune. Le fort était protégé par des milliers de gardes, qui étaient là, jour comme nuit. Ils rentrèrent tous les droits dans une petite pièce qui était semblable à un coffre-fort. Il fallait taper des codes, tourner des clés dans des serrures, parler à des gardes et enfin prendre une petite barque sous-terraine pendant quinze minutes, en tournant dans une sorte de labyrinthe d’eaux troubles pour atteindre ce coffre-fort. La Duchesse entra dans la pièce, tenant la petite main de la princesse. Le sol n’était fait que d’or. Elle ouvrit alors un coffre très bien dissimulé et en soutira une boîte en forme de perle. Elle refermait le coffre et ils reprirent le bateau, sortant de l’aile gauche. De retour au Palais, la Reine donna le petit couffin à sa fille chérie et la petite la regarda, avec ses yeux verts en amande. On y voyait des doutes, des questions. La Reine se contenta d’appuyer sur la petite perle couleur mauve lavande et la coquille s’ouvrit, pour laisser place à une vraie merveille. La mère de Sofia enfila un magnifique pendentif autour du cou de sa fille. C’était un pendentif en or, en forme de dauphin. Lorsqu’on l’ouvrait, on pouvait voir une magnifique photo d’eux trois, dans un petit couffin rouge en forme de lune. Sa fille ne pût s’empêcher de laisser couler des larmes et sa mère la prit dans ses bras pour l’embrasser longuement. Son père se joint à ce câlin familial. Mais la petite Sofia n’y comprenait toujours rien à rien. C’est alors qu’un hélicoptère atterrit au beau milieu des ruines antiques. La Reine, qui avait toujours sa fille dans ses bras, se dirigea jusqu’à l’hélicoptère et salua le pilote. Les parents de Sofia la câlinèrent une fois de plus et la déposèrent sur le siège de l’hélicoptère. La petite n’y comprit rien et pensait qu’ils monteraient eux aussi jusqu’à ce que sa mère lui lâcha le bras
- Ma chérie… Nous ne pouvons pas venir, nous avons un devoir envers ce comté. Et nous en sommes les ducs. Le peuple a confiance en nous. Nous ne pouvons pas laisser le royaume comme ça et nous enfuir, nous aussi… Fais confiance à ce pilote, il t’emmènera chez Tante Térésa, à Londres. Nous t’appellerons dès que possible. Sois sage, dit-elle en refermant la porte avant même que la petite Charlie ne pût répliquer quelque chose.L’hélicoptère décolla rapidement et s’était déjà élevée à une altitude extrêmement haute. La petite Sofia fondit en larmes, serrant fort son pendentif dans ses bras.
VINGT ANS PLUS TARD
Je descendis quatre à quatre les marches pour aller sur le campus d’Harvard. Il était déjà treize heures et aujourd’hui, j’avais décidé de manger sur le campus, avec quelques amies. Cela fait déjà vingt ans que je n’ai jamais revu mes parents. Vingt ans. C’est uniquement grâce à Harvard et aussi grâce à ma tante que j’ai réussi à remonter la pente. Après être partie de la Bulgarie, le pilote m’avait déposée à Londres. C’est là-bas que j’ai vécu pendant toute mon enfance, toute mon adolescence. La fameuse « princesse de la grande duchesse Elena et du prince Alfonse, l’héritière de la fortune de la Bulgarie » s’est retrouvée à Londres, non pas dans son palais royal mais dans une petite maison… Tout ce que je détestais au plus haut point. J’aimais ma vie, mais mes parents me manquaient. J’ai appris, seulement quelques jours après que j’eus déserté la Bulgarie, que mes parents ont laissés leurs vies dans un incendie volontaire, causé par la dynastie et le camp d’affrontement... Ma tante m’a beaucoup aidé à surmonter cette difficile étape et m’a appris à avancer. Mais cet accident m’a, en quelques sortes, permis de gagner du courage. Depuis, je me dis que rien n’est plus grave que ce qui leur est arrivé et que je devrais avancer, profiter de la vie, le temps que j'en ai l'occasion. Je suis quand même assez … enfin, je regrette ma vie d’avant. Mais bon, comme on dit : toutes choses à une fin. Et cette fin est le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle vie. Cela fait cinq ans que j’étudie à Harvard. Mes études comptent énormément pour moi et c’est tout ce qui compte. Mon arrivée à Harvard avait été assez banale. J’ai rencontré des gens formidables et je me suis faite des amies, choses que je n’ai pas l’habitude de faire, étant plutôt réservée. Ma tante m’avait uniquement dit que mes parents avaient toujours voulu que j’aie la meilleure éducation et une intelligence primordiale. C’est ainsi que je me suis forgée une carapace, essayant à tout prix de paraître heureuse et d'oublier mon passé.