Dragana I. Salkanović ► Elsa Hosk

 

Enfance

Cher journal,

Tu m'as été offert à mes dix ans par ma mère et je ne t'ai encore jamais raconté mon histoire. Je ne fais que noircir tes pages de maux futiles.

Tout cela commença en été de l'année 1992, où d'une union naquit deux enfants, Dragana Ivana, moi-même et Katarina Anya, ma petite sœur, de deux ans ma cadette. Mon père étant le propriétaire et fondateur d'un centre équestre et ma mère une brillante actrice, nous ne manquâmes guère d'argent et vécûmes dans un confort luxueux. Néanmoins, nos parents étant très protecteurs à notre égard, nous dûmes être scolarisées à domicile. Seules, avec un homme qui nous tentions de rendre chèvre. Nous y prenions un malin plaisir, surtout ma sœur. Nous avions beau ne pas avoir le même âge, les gens nous prenez très facilement pour des jumelles, des jumelles diaboliques. Nous étions toujours ensemble, dans n'importe quelle circonstance. De toute manière, nous n'étions que nous deux. Nous ne voyions pas d'autres enfants dans notre immense villa. Nous ne croisions que nos géniteurs, les domestiques et les instituteurs. On pourrait penser cela ennuyeux, mais nan, nous avions tout un tas de choses à accomplir. Comme être initiées à l'équitation. Ce sport que notre père affectionnait et que nous apprîmes à aimer avec le temps. C'était un rite, une tradition, une coutume familiale.

Les seules fois où nous sortîmes, c'était pour passer des concours. Ça nous plaisait, à Katarina et moi, de rencontrer d'autres cavaliers, nous aimions ça.

Alors, oui notre enfance ne fut pas banale mais elle n'en fut pas moins merveilleuse.          

 

Adolescence

Nos parents avaient changé de point de vue, afin de nous faire changer d'air, ils nous inscrirent dans une école publique et comme Katy a suivi le même programme que moi, nous intégrâmes le même établissement. Le bonheur !

Nous n'avions pas eu de mal à nous adapter à cette manière d'enseigner, au contraire, ça nous faisait de bien. Nous n'avons rapidement apprit les bases de la collectivité, ça nous plaisait d'être entourées de gens de notre âge. Ils ont tous été accueillants mais comme nous voulions être traitées comme les autres, nous évitâmes de divulguer notre richesse, au risque de passer pour des "gosses de riches", ce que nous étions, autant être franche.

Nous étions l'une des familles les plus riches de Belgrade et nous étudions dans un quartier défavorisé de la ville. Ironie? En même temps, dans les écoles privées toutes les places étaient réservées à l'avance, ma mère ayant eu cette idée subitement.

Tout nous réussissait. Ma sœur était l'une des filles les plus populaires de notre collège, contrairement à moi qui restait en retrait. Popularité rimait avec superficialité à mes yeux. Je n'en voyais pas l’intérêt. J'étais tout même contente pour Katarina, ce n'était pas la peine que je lui en veuille. Il n'y a jamais eu aucune rivalité entre nous et ce n'était pas maintenant que ça allait commencer !

 

Jeune Adulte

        

Les années s'étaient écoulées, j'avais à présent 18 ans, du moins, j'lai aurait dans deux jours. Mes parents avaient divorcés pour cause d'adultère et mon père s'était muré dans une dépression qui engendra par la suite un alcoolisme. Jamais son état d'ébriété n'eut de conséquences sur notre existence, jusqu'à ce jour.  

Je passais le week end chez mon père, avec Katarina qui elle se trouvait à une soirée. Je faisais mes devoirs dans ma chambre lorsque tout à coup, il surgit de nul part.

Ça n'va pas, papa ? demandais-je en le regardant.
Je suis désolé, ma chérie, tellement désolé..
Désolé de quoi ?

Je vis ses traits se durcir et son regard s'assombrir. L'atmosphère changeait au fil des secondes et je compris ses intentions lorsqu'il me poussa et s'allongea sur moi. Je ne divulguerai pas les détails ici, vous n'avez pas besoin d'être perspicace pour comprendre que cet homme avait abusé de moi.  

A partir de cet instant, je changeais du tout au tout, rongée par la culpabilité et la dépression. J'abordais un autre comportement si bien que personne ne me reconnaissait. Je séchais les cours dans le seul but de boire et de me droguer, je m'étais coupée de tout. Je ne parlais plus à personne, excepté une fille avec qui j'entretenais une correspondance. Elle s'appelait Zola. Elle m'aidait à me sentir mieux, malgré que je ne la connaisse pas réellement. On s'entendait à la perfection, elle était comme ma sœur, ma meilleure amie. Ça m'faisait du bien de lui parler même si elle ne connaissait  pas mon secret. C'était toujours agréable de se sentir soutenue.

 

Maintenant

    

Le lycée terminé, j'ai quitté Belgrade pour continuer mes études aux Etats Unis. Tout d'abord à Yale, durant 3 années où toujours fidèle à moi même, j'me suis mise à dealer de la drogue afin de mettre des sous de coté, puis à Harvard, où mes activités extra-scolaires ont eu une fin.

Je n'ai plus aucun contact avec ma famille, même avec ma sœur à qui j'en veux et mon quotidien est rythmé entre frasques, amis, fêtes, et les études de Droit que je suis afin de devenir avocate.

Toutes les mauvaises histoires ont une fin, n'est-ce pas? Bon, j'te laisse, j'ai des trucs à faire!