What they want for us (and them) ⁂ CELENA

Journée shopping et dieu sait que c'était pas ce que je préférais faire au monde. Jusqu'à ma majorité, je n'avais eu à assister à ce genre de plans que de rares fois, vu qu'à l'image de tout le reste, mes parents choisissaient ce que je portais. Depuis, j'avais pris sur moi, apprenant à choisir mes vêtements, même si fréquemment, j'étais pas tout seul, accompagné d'une petite amie ou d'une amie tout court. Ce coup-ci, c'était pas le cas. Il n'y avait que moi, en pleine escapade pour acheter des vêtements légers, après m'être rendu compte que je n'en avais plus assez, encore moins avec le Spring Break qui arrivait. Même si c'était un passage obligatoire, le shopping me rendait dingue. Les vendeuses, toujours derrières moi, pas fichue de me laisser tranquille, faisant ma propre sélection. A croire que j'avais une tête de grand assisté. Au bout de deux heures, je me traînais plusieurs poches, remplies de chemises, de bermudas et d'affaires de plage. Fatigué, alors que l'après-midi était encore loin d'être terminé, j'alla prendre un jus de fruit, histoire de me rafraîchir un peu. Après avoir récupéré mon gobelet et filé un billet à l'homme derrière le bar, je repartis, décidant que j'avais assez vagabonder de boutiques en boutiques comme ça. Direction l'appartement. Buvant de longues gorgées, la paille coincée entre mes lèvres. Je m'arrêta en pleine rue en reconnaissant Helena Reilly, la petite soeur de Marshall, l'un de mes amis d'enfance, rencontré grâce à mes parents, eux-même amis de leurs parents. Vous voyez le truc ? Salut lançais-je à Lena avec un sourire, une fois la paille hors de ma bouche. Je m'exécuta avec prudence pour lui faire la bise, tenant mon jus en équilibre dans une main.

(c) darkdreams/marine

J'avais jamais parlé des masses à Helena. C'était la petite soeur de Marshall, voilà tout. Aussi, en ce qui me concernait, c'était bien comme ça. J'allais pas passer dans la rue à côté d'elle sans lui dire bonjour, mais techniquement, notre relation se résumait à ça. J'étais loin de penser que mon père  attendait autre chose. Lena me salua timidement après que je lui ai fais la bise, se mettant même à rougir. Hum. Elle avait l'air bizarre. C'était moi, qui la mettait mal-à-l'aise ? Lorsqu'elle reprit la parole, ça devint bizarre pour de toutes autres raisons. Alors que quelques instants plus tôt, à sa façon d'être, je croyais qu'elle avait peur que je la mange, elle enroula ses bras autour de mon cou. Non mais qu'est-ce qu'elle foutait ? L'air perplexe, je ne me dégagea pas, encore un peu sonné par ce brusque changement. Si j'avais alors étonné, je le fus carrément encore plus lorsqu'elle rouvrit la bouche. Qu'est-ce qu'elle était en train de me raconter ? Nos pères ? Pris d'un mauvais pressentiment, je me recula doucement, attendant dès qu'elle reprenne un peu ses distances.  Pardon ? Qu'est-ce que tu racontes ? Lui demandais-je d'une voix sonnée. Je le sentais pas là, genre vraiment pas. Elle avait pas l'air hyper en colère ou chamboulée, mais lorsque mon père avait des idées, il était toujours bon pour moi de me mettre à l'abris.

(c) darkdreams/marine

Je comprend foutrement rien et je me sens pas très bien, tout à coup. Ca a l'air partagé, car Lena a pas l'air tranquille non plus et je sais que ma réaction y est pour quelque chose. C'est pas ce qu'elle attendait de moi, visiblement. Et le truc, c'est que ça va vraiment pas aller en s'arrangeant. Elle rouvre la bouche, m'éclaircissant un peu tout ça. Sauf que ce qu'elle me raconte est tout aussi absurde. Pas absurde car c'est pas le genre de mon père. Lui, je le connais comme si je l'avais fait et pas le contraire. Il a toujours eu ce besoin viscérale de vivre ma vie à ma place, de prendre toutes les décisions, de tout planifier, de tout clôturer. Il avait essayé de caser Olympe et elle avait rompu ses fiançailles. C'était la raison de ma présence ici d'ailleurs. Je savais qu'il avait prévu la même chose pour moi et qu'à mon âge, il aurait peut-être même put planifié que j'ai déjà une famille, après tout lui et maman nous avaient eut plutôt jeunes je crois. Je sais pas à quoi je m'attendais. Peut-être à plus de retenue, j'avais pas eu le temps de lui reparler un peu, il avait pas eu le temps de me laisser revenir vers lui qu'il promettait déjà de me marier à la fille de l'un de ses amis. Quel con lâchais-je sans regarder Lena. Je l'insultais lui, d'être tel qu'il était et moi, de ne pas savoir à cause de lui qui j'étais non plus. Je me passa une main sur la nuque et bascula un peu ma tête en arrière. Ca me filait mal à la tête, tout ça. Ma vie, en bref. Visiblement mal-à-l'aise (vu ma réaction, y avait de quoi), Lena me bafouilla des excuses. M'efforçant de me calmer, je secoua la tête. Non, c'était pas sa faute. Non, t'excuse pas... C'est totalement le genre de trucs que mon père ferait, c'est juste que je suis pas préparé à ce genre de.. Trucs. Car comment appeler ça ? Franchement ? Nos familles étaient partantes pour opter pour des mariages arrangés. A se demander dans quel siècle on vivait, franchement.

(c) darkdreams/marine

Ce genre d'alliances forcées, j'avais toujours trouvé ça particulièrement grotesque et ça continuait de l'être à mes yeux. Pourtant, mes parents avaient toujours pris à coeur de m'habituer à mener une vie entièrement régit par eux. J'avais grandis dans une véritable bulle et mes excursions hors des limites n'avaient put exister que car notre personnel en Australie m'avait toujours eut à la bonne. Un coup d'état ? C'était exagéré, mais je comprenais ce qu'elle voulait dire. Avec des parents comme les notre, il était si facile de se faire marcher sur les pieds qu'il fallait qu'on en fasse autant, même si c'était pas facile de s'opposer ainsi. J'aurais accepté sur le champ il y a quelques années, mais maintenant.. J'avais tout autant peu envie que Lena de l'épouser, que ce soit clair. Mais je savais ce qui arrivait quand je disais non à mon père. Je n'étais plus un gosse, alors il ne pouvait plus me punir avec quelques menaces de claques, non. Maintenant, il pouvait juste m'éjecter de sa vie et pour l'avoir déjà vécu une fois, pour avoir vu la tête de ma soeur dès lors que quelqu'un prononçait le mot "papa", je savais que ça faisait mal. Pour autant, j'étais pas un soumis, je n'allais pas rendre inutiles six années passées loin de ma famille, de mon sang. Mais je ne pouvais pas non plus repartir, une nouvelle fois. Il me fallait du temps. C'était beaucoup trop, tout ça, d'un coup. Je toussa un peu avant de parler, ignorant la main tendue vers moi, mais m'efforçant de ne pas dégager de la froideur. C'était pas contre elle, c'était juste moi, prenant une énième fois conscience du vaste bordel qu'était ma vie et que mon père ne cesserait jamais de s'évertuer à vouloir me canaliser, à vouloir tout contrôler. Je ne veux pas t'épouser non plus dis-je en secouant légèrement la tête. Et je veux bien faire semblant, histoire que mon père me lâche. Pour ce qui est du après, je... Faut que je réfléchisse. On leur donnera pas ce qu'ils veulent, mais ma relation avec mes parents... C'est juste vraiment trop fragile voir carrément inexistant, carrément superficiel. Et ça m'ennuyait tellement.

(c) darkdreams/marine