[LIBRE] Foutu bizutage !

Putain qu’est-ce que je foutais-là ?! Non mais dès fois, je me demandais où est-ce que ma connerie s’arrêterait… Déséquilibré, je me rattrapais au mur d’un bâtiment sur ma droite, peinant à marcher convenablement sans me vriller les chevilles à chaque pas. J’avais froid, j’avais les pieds en feu alors que je n’avais fait que quelques mètres… Autant dire que la soirée risquait d’être très longue. « Putain mais comment elles font pour marcher avec des engins de torture pareil » grommelais-je dans ma barbe tandis que je me redressais du mieux que je pouvais. Tu parles d’une dégaine… Non mais quelle idée d’être fringuée comme une nana ?! Il fallait bien un défi pour que j’accepte une connerie pareille mais qu’importe, j’étais le fils de deux mafieux irlandais, je pouvais bien tenir une soirée habillé de la sorte : bas résilles, jupe courte, top moulant, on croirait voir une drag-queen en mode vieux macho sur le retour car bien sûr, je n’avais pas pris la peine de me raser la barbe et les jambes. J’étais vraiment sexy ! « Une bière ! » demandais-je au barman comme si de rien n’était. Pitié, que personne ne vienne me parler.

Il ne fallait pas avoir peur du ridicule si on voulait intégrer les Winthrop, mon défi me fit surtout rire, c'était mes meilleures amies qui étaient contentes, elles avaient pris un malin plaisir à me faire les jambes à la cire, j'avais hurlé à la mort. Comment est-ce que les femmes pouvaient supporter autant de douleur, juste pour avoir les jambes douces ? Et oui, j'avais les jambes nues, le torse doux, je prenais ce défi très au sérieux et j'avais voulu faire mon possible pour plaire à ma futur maison. J'avais pris une espèce de robe à froufrou noir, je ressemblais à Black Swan. J'avais mis des chaussures, talons aiguilles et un top très sexy -enfin il l'aurait été sur n'importe quelle fille, mais pas sur moi - je riais à ma propre vision dans le miroir de la salle de bain. Je devais rejoindre Declan, mon collègue pour le bizutage, à Inman Square. Je pris ma voiture en direction de Lord Hobo. Bon sang, c'était impossible de conduire avec ses machins là, j'avais terminé la route pieds nus.
J'entrais dans le bar et aperçue tout de suite Declan ! Comment ne pas le repérer ? « Putain mec ! » lançais-je en lui frappant l'épaule « T'es carrément canon, si j'étais Gay, je ne résisterais pas longtemps ! » j'éclatais de rire en regardant sa dégaine, « T'es jambes piquent ! T'aurais pu faire un effort tout d'même ! » j'arrivais plus à m'arrêter de rire, c'était fichu. « Une bière pour moi aussi s'il vous plait ! » à mon avis, nous étions repérés.

Sérieusement, je devais avoir l’air d’un crétin totalement débile à être attifé de la sorte. Oh je soupçonnais la meilleure amie de Bambi de s’être donnée un malin plaisir à faire en sorte que je sois le plus ridicule possible mais qu’importe, s’il fallait en passer par là pour intégrer la Winthrop House, j’y passerai. Je mettais au défi quiconque oserait se foutre de ma gueule car j’étais peut-être déguisé en bonne femme, ma droite était toujours autant masculine. C’est tout de même péniblement que j’atteignis le Lord Hobo, un bar dans lequel, j’avais de temps en temps mes habitudes. J’étais plutôt branché pub irlandais d’ordinaire notamment celui de la cousine de mon oncle. Le hic, c’est que je ne pouvais pas m’y ramener dans cette tenue, cela ferait jaser et je risquais d’en entendre parler durant des années et des années. Il valait mieux la jouer prudent. Un sourire des plus amusés fleurit néanmoins sur mes lèvres quand quelques minutes après, je fus rejoint par Ezra. On avait eu le droit au même défi pourri de la part de notre président. « Ouais je sais que veux-tu, je m’auto-donne envie de coucher avec moi dès que je croise mon reflet dans une glace » plaisantais-je en lui serrant la main le plus virilement possible. « T’es pas mal non plus dans ton genre, très sex’ les jambes épilées » rigolais-je. « Attends, j’ai fait un effort ! Tu crois que ça s’enfile facilement les collants ? J’ai cru mourir bordel » râlais-je car avant d’opter pour les bas résilles, j’avais tué tout une boite de collant car je n’arrêtais pas de les effiler. « On a leur de deux cons… genre les drag-queen sont de sortis » plaisantais-je en levant ma bière comme pour porter un toast.