Cambridge revivait depuis quelques jours. Les malades se rétablissaient petit à petit. La ville semblait redevenir calme. Les gens reprenaient leur routine. Rosalia allait beaucoup du moins physiquement, mentalement la jolie brune se trouvait dans une impasse sentimentale. Pour tout vous avouez, je ne savais pas quoi faire. Ma présence était la seule chose que je pouvais offrir. Les relations sérieuses n’étaient pas pour moi. J’étais une fille compliquée et solitaire. J’étais assise sur un banc, mon professeur de médecine était absent. Triste réalité puisque je m’étais levée pour rien. L’envie de me replonger dans un long sommeil était présente. Je me mis à soupirer. « Allez Silving va réviser ! » dis-je en essayant de me motiver. Après un petit soupiré et une petite minute, je décidais de me lever. Je pris mes affaires et allai vers la bibliothèque. Lieux de prédilection pour les étudiants. Mon regard était vague. Je ne faisais pas attention ou j’allais et encore moins aux personnes qui m’entouraient avant que mon front ne se cogne brutalement à celui d’une autre personne. Instinctivement, je lâchais mes affaires et mit ma main sur mon front. « Aiiiiiiiiiiiiil » dis-je en faisant une grimace. Quelle chance avais-je de me cogner la tête contre quelqu’un d’autre ? La possibilité était infime. Mon regard se releva vers l’inconnu. L’incompréhension totale. Combien avais-je de chance de tomber sur mon premier grand amour ? Mon regard se fronça surprise de voir son visage. Il avait changé, muri. Je finis par dire : « Hééééé » j’affichais un sourire malgré la douleur persistante. « Tu as le front super dur » dis-je en rigolant.
Certaines rencontres sont éphémères. Alors que d’autres sont faites pour durer. La seule inconnue ? Celle de savoir de quel type de rencontre nous pourront réellement profiter lorsque l’on rencontre une personne. Aujourd’hui, ce n’était qu’un matin semblable à un autre à mes yeux. Je me levais, consultais mon programme de cours pour la journée afin de m’assurer d’aucun changement de dernière minute. Et, à ma grande surprise, mon cours de la matinée était décalé au lendemain. Me voilà donc avec deux heures de libre. Deux heures où j’aurais très bien pu rentrer à la maison des Winthrop, retrouver ma chambre, retrouver mon lit et perdre un peu de temps offert gratuitement à ne rien faire. Si ce n’est que j’avais été contacté pour une première réalisation. Et fous sont ceux qui pensent que mettre une réalisation en place ne demandait pas énormément de préparation. C’est donc ma petite ‘farde’ sous le bras que je décidai de me rendre à l’extérieur du bâtiment. Il faisait froid, sans qu’il n’y ait trois tonnes de neiges. Mais il faisait désert et il faisait calme. J’aimais l’air frais de l’extérieur, quand même s’en voulait-il froid. Je préférais mille fois ça aux murs soporifiques et sinistres de la bibliothèque par exemple. Le genre d’endroit où je n’irais qu’en cas d’extrême nécessité. Une dépréciation qui n’avait pas changé depuis l’époque où j’étais étudiant à l’université là-bas, chez moi, au Portugal. Quoiqu’il en soit, c’est en me perdant dans l’un ou l’autre sourire en guise de salutations à l’égard des étudiants croisant mon chemin que je ne fis pas attention. J’arrivais à un coin. Un choc. Une douleur soudaine à la tête et ma main libre qui se pose à hauteur de mon crâne. « Aouch ! » Lâchais-je sur le coup, plus par l’effet de surprise que par la douleur en elle-même ceci dit. Je secouai la tête tout en relevant mes yeux sur l’autre victime. Et, là, ce fut l’arrêt. Ce fut le choc. Mes yeux écarquillés, tout geste qui s’arrête et le cœur qui rate un sacré battement. « Lau… Lauréane ? » Je n’étais pas en train de rêver, elle était bien là, en face de moi. Elle que j’avais connu il y a si longtemps. Cette seule et unique fille, au charme, au regard et à la beauté sans pareille qui fut la seule, à jamais la seule, en compagnie de Tamara, à parvenir à se créer et se forger une place de mon cœur le temps que dura notre histoire. Un amour de vacances, voilà pourquoi on aurait pu résumer la chose. Un simple amour de vacances mais dont l’issue n’avait, pour ma part, été uniquement décidée de par la distance qui nous séparait l’un et l’autre. « Je… Oui, mais je te retourne le compliment ! » Secouais-je la tête avant de me mettre à rire sous son commentaire. J’étais, honnêtement, aussi surpris que sincèrement content de la revoir. Elle avait changé, elle avait grandi, muri, mais cela ne lui en allait que mieux encore ! « C’est… Euh… » Inutile de dire que je paraissais sans nul doute moins hésitant dans son souvenir. Ceci dit, l’effet de surprise était là et, si on m’avait dit qu’en venant m’installer à Cambridge, je reverrais cet amour du passé, je ne l’aurais jamais cru. « Désolé, je t’avoue que je m’attendais pas à te revoir ici… Enfin, nulle part même pour tout te dire… » Finis-je par avouer, conservant un franc sourire sur les lèvres, mon regard ne se détachant pas de ses yeux que j’avais si souvent et si longuement contemplé le temps de notre histoire. « Comment tu vas ? Enfin, je veux dire depuis le temps ? En espérant que je te laisserai pas une énorme bosse en souvenir de ces retrouvailles… fracassantes ! » Riais-je un peu plus de bon cœur.
« Lau… Lauréane ? » j’affichais un sourire comblé par sa présence. Il semblait surpris, je l’étais aussi. Combien y avait-il de chance que nous nous revoyons un jour ? Les chances étaient minces voir presque nul. Pourtant, je me trouvais devant lui. Il avait changé, grandi. C’était un homme très séduisant. Je ne répondis pas laissant les minutes et les secondes se chargeaient de nos retrouvailles. « Je… ouis, mais je te retourne le compliment ! » je me mis à rire continuant de frotter mon pauvre front endolori. Mon regard se posa une nouvelle fois sur lui. Son regard restait toujours aussi ravageur et son sourire aussi présent. Deux choses qui m’avaient fait craquer à Hawaï. Le jeune homme semblait intrigué par mon visage. Je me mis à grimacer. Ce jeu de regard devenait intrigant voir même presque gênant « Désolé, je t’avoue que je m’attendais pas à te revoir ici… Enfin, nulle part même pour tout te dire » j’affichais un sourire. Je m’étais plusieurs fois imaginé nos retrouvailles et elles semblaient tout improbable. Aujourd’hui, je me rendais compte que je m’étais trompée. « Je ne pensais pas non plus te revoir… Toujours aussi craquant monsieur Cabana » dis-je avec un petit sourire accompagné d’un clin d’œil. Cette journée prenait un tout autre sens et pour une fois j’étais contente d’être à Cambridge loin du Nigeria. « Comment tu vas ? Enfin, je veux dire depuis le temps . En espérant que je te laisserai pas une énorme bosse en souvenir de ces retrouvailles… Fracassantes ! » je me mis à rire. Cette bonne humeur et cette fraicheur m’avaient manqué. Mes affaires étaient encore étalées par terre. Je n’y prêtais que peu d’importance avant qu’un inconnu souffle un bon coup. Je m’abaissais et tentais de ramasser mes affaires tout en répondant à Keenan. « ça va, ça va très bien. Tout va super bien enfin la routine quoi » dis-je en souriant. Masqué la réalité était devenue une habitude. De nombreuses choses n’allaient pas mais je n’avais aucune raison de l’inquiéter. « Et toi comment tu vas ? Tu penses déjà à me laisser une marque. Qu’elle générosité monsieur Cabana. » dis-je en riant.
Des images s’impriment dans notre mémoire. Notre cerveau est, à l’image d’une pellicule, garni de tous ces instants immortalisés, et figés, afin de ne jamais les oublier. On appelle cela des souvenirs ! A l’égard de Lauréane, plusieurs images s’étaient à jamais marquées dans mon esprit. Le plus notable étant certainement celui de notre rencontre : plage d’Hawaï. Je sortais de l’eau, en short trois quart en guise de ‘maillot’, le corps trempé et ma planche de surf sous le bras. J’avais planté ma planche dans le sable avant de me rendre jusqu’au petit bar qui se trouvait sur ladite plage. Elle était là, assise à siroter un petit verre, élégamment vêtue d’un haut de bikini et d’une sorte de jupette la couvrant suffisamment pour ne pas trop en dévoiler directement. Le tout ? Souligné par une petite fleur dans les cheveux. Mon regard s’était braqué. En un coup d’œil, elle m’avait fait tomber sous le charme. Si j’avais été plus timide, je ne l’aurais pas abordé… Et je serais passé à côté de quelque chose de magnifique, fantastique. Je n’aurais pas su rendre ces vacances d’été digne d’un rêve ! Alors, oui, je n’en n’étais que plus surpris de la revoir. Malgré la raison et l’évidence, je dois bien avouer qu’à mon retour au Portugal, à l’époque, il m’avait été difficile de ne plus penser à elle directement. Il m’arriva d’espérer ou de rêver que nous puissions nous revoir. Et finalement, plus de quatre années plus tard, tel était le cas : on se retrouvait là, sous le coup du hasard, dans un couloir au milieu d’autres étudiants ! « Permets-moi de te retourner le compliment… Tu es toujours aussi ravissante ! » Oui, moi, Keenan Cabano, ne cachait nullement le fait que je la trouvais ravissante, toujours aussi splendide avec cet éternel petit quelque chose qui me rappelait pourquoi j’avais craqué à l’époque. Echange de sourires et de clins d’œil à l’égard de l’un et l’autre, c’est comme si notre complicité d’antan était restée intact malgré les années. Mais mon sourire ne put que se changer en un rire bien franc et sincère lorsqu’elle mentionna la marque que j’imposais déjà à son encontre, à son insu ! « Eh bien, ça va aussi. Je suis arrivé ici il y a quoi ? Deux semaines tout au plus ? Mais tout se passe bien pour le moment ! D’autant que je retrouve mon ancien rayon de soleil, là ! » La complimentais-je, saupoudrée du mélange de ma touche de charme et de taquinerie naturelle. « Et te connaissant, je suis persuadé que je vais t’être redevable pour cette histoire de bosse… » Riais-je, m’étant entre temps penché pour venir l’aider à ramasser ses affaires étendues au sol. « Mais bon, je pense qu’en souvenir du bon vieux temps, je peux t’accorder une faveur, n’importe laquelle, pour me faire pardonner ! »
Revoir Keenan ici était surprenant. Je n’aurais jamais penser revoir ces yeux qui m’avait tant fait craquer à l’époque. Le jeune homme n’avait pas vraiment changer. Il était toujours aussi charmant et était devenu un homme. Sa chemise pouvait dissimuler des abdos, je pouvais le deviner. Keenan avait été le premier homme qui était rentré dans ma vie. Un brin charmeur, il avait su conquérir mon cœur. « Permets-moi de te retourner le compliment… Tu es toujours aussi ravissante ! » j’affichais un sourire, contente de le retrouver. Mon corps semblait en alerte, reconnaissant ses mains qui avaient finalement été les premières à parcourir mon corps. J’avalais ma salive tout à coup mal à l’aise. Je regardais le jeune homme dans les yeux, surprise encore une fois par ce que j’avais devant les yeux. Heureusement pour moi, je décidais de ramasser mes affaires. Keenan ne mit pas longtemps à me rejoindre. « Eh bien, ça va aussi. Je suis arrivé ici il y a quoi ? Deux semaines tout au plus ? Mais tout se passe bien pour le moment ! D’autant que je retrouve mon ancien rayon de soleil, là ! » mon regard se posa une nouvelle fois sur Keenan et j’affichais un sourire. J’étais revenue à Cambridge, il y a maintenant trois semaines laissant derrière moi quatre ans de dure labeur. Ma vie avait changé et était si différent aujourd’hui. Je lui fis : « Je pensais jamais te revoir ici à Cambridge. Ca fait vraiment du bien de te revoir Cabano. » dis-je en hochant la tête. Je ramassais mes livres et je ne pu retenir un rire lorsqu’il me fit : « Et te connaissant, je suis persuadé que je vais t’être redevable pour cette histoire de bosse » un de mes sourcils se levaient : « Tu as pas perdu la main… tu as raison… et pour te faire pardonner tu n’as pas d’autre choix que de m’offrir un café » dis-je en lui donnant une petite tape sur l’épaule. Je me relevais avec mes affaires. « Tu ne peux pas me refuser ça Cabano »