partners in crime (mallory)

Ce soir, je me sentais libre. J'allais dans cette réception mondaine, dont j'ignore tout. Ça pourrait être un bal de charité ou un meeting nazi, pour ce que j'en ai à faire. J'y avais rendez-vous avec Mallory, ma meilleure amie coincée qui écarte pas assez les jambes à mon goût. Cette soirée se présentait comme l'occasion de la décoincer un peu, mais aussi de me trouver une petite poule riche et fraîche pour la nuit. J'adorais ces soirées de décadence, où l'on hésite pas à gaspiller le champagne le plus cher et à dévorer sans même y penser le caviar pour lequel beaucoup se tueraient pour n'en avoir qu'une bouchée. J'étais vêtue d'une robe noire moulante, avec un profond décolleté. Les hommes âgés et fortunés allaient se détourner de leur rombière ridée et flasque pour me dévorer du regard, admirer ma peau blanche et ma jeunesse scandaleuse. Je me parais de bijoux dorés et sertis de pierres pour asseoir ma domination financière. J'adore narguer les nouveaux riches, ceux qui rêvent la nuit d'être à ma place. Une voiture me déposa devant l'entrée du bâtiment. Je restais quelques instants à l'intérieur de celle-ci, profitant de la douce étreinte des sièges en cuir. Je repassais sur mes lèvres pulpeuses une couche de mon rouge à lèvres carmin avant de noircir voluptueusement le haut de mes paupières. J'enfilais de légères boucles d'oreilles en diamant, lançant quelques œillades au chauffeur. J'étais galvanisée par le fait d'être désirable autant que par la fait d'être inaccessible. J'étais le fantasme masculin incarné et pourtant jamais ils ne poseront ne serait-ce qu'un doigt sur moi. Je descendais de la voiture noire, exhibant par là même mes nouvelles Jeffrey Campbell, que je mettais en valeur par ma silhouette de danseuse. C'est ici que j'avais rendez-vous avec Mallory. La fête ne faisait que commencer.

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De façon générale, Mallory s’était toujours arrangée pour que sa virginité ne soit jamais mise sur le devant de la scène. Elle savait chauffer les sens pour obtenir des renseignements ou un service mais disparaissait toujours avant même que le lit puisse être une option envisageable. Là résidait tout son génie : personne ne s’était jamais vengé d’elle, y compris ceux n’ayant jamais goûté à ce véritable fruit défendu. Mallo le gardait bien trop précieusement et pourtant, elle avait déjà évoqué le sujet avec Zadig plus d’une fois. Quoi de plus normal que de partager ce genre de secret avec sa meilleure amie ? S’il y avait bien quelqu’un pouvant la comprendre, c’était bien elle, en théorie du moins… mais bien loin de la « comprendre » sa comparse Eliot semblait s’être mise en tête de lui trouver un Jules potentiel histoire qu’elle écarte les cuisses, offre son El Dorado et affaire suivante ! Mallo n’était pas dupe et même ce soir, où elle avait accepté de l’accompagner à ZE soirée tendance du mois à Cambridge, elle savait parfaitement que sa demoiselle unique et préférée allait remettre ce fameux sujet sur le tapis. Tant pis, l’anglaise avait plus d’un tour dans son sac : si Zadig poursuivait sur cette lancée, Mallo allait se faire une joie de lui trouver chaussure féminine à son pied histoire d’avoir la paix… pour quelques heures. « Regardez-moi qui est la plus canon de chez canon et qui attend ma personnalité parfaite ? » lâcha-t-elle en sortant de la limousine louée par Papa – cela aide d’être la fille Hale – non sans se diriger illico presto dans les bras de Zadig pour lui faire deux bises. Mallo avait mis le paquet niveau toilette : nouvelle robe sur mesure Dior, chaussures non moins hors de prix et maquillage/coiffage de pro. De quoi devenir une vraie tigresse ce soir !