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Trevor & Anaya

© Kaiji

( Début du sujet ici )

Les dés étaient lancés. Trevor avait posé la question qu'elle redoutait mais qu'elle attendait. Posait-il la question par simple curiosité ou parce qu'il désirait être avec elle, lui aussi ? Anaya sentit son coeur s'affoler. Ses mains s'étaient mises à trembler discrètement et elle se contenta de les caler entre ses jambes. C'était le moment ou jamais d'entretenir une conversation sérieuse, celle qui changerait probablement tout et pour toujours. Et lorsqu'il tendit la main vers la jeune tatouée, elle la saisit immédiatement, ne refusant jamais le contact avec son bien aimé. Leurs doigts étaient entrelacés et pour rien au monde elle n'aurait laissé qui que ce soit, ou quoi que ce soit les délier.
Elle était prête, non pas sans peur, à lui révéler ce qu'elle attendait. Ce qu'elle ressentait pour lui depuis un certain temps. Mais cet endroit était-il le plus approprié pour une déclaration comme celle qu'elle s'apprêtait à lui faire ? Une cafétéria bondée et bruyante, un peu froide également ? Certes, le monde autour d'eux avait disparu depuis le moment où il avait passé la porte du sas pour la rejoindre, tout propre et parfumé. Mais elle aurait préféré une ambiance plus intimiste, surtout si ça tournait mal.

- J'aime bien la première proposition, à moins que tu préfères qu'on aille chez moi, se poser l'un contre l'autre...

Elle vida son verre de cocktail en deux temps, trois mouvements avant de replonger son regard dans le sien. Le suspens était déjà insoutenable mais il faudrait patienter encore un moment.

- Je vais répondre à ta question, le plus sincèrement du monde. Mais j'aimerais qu'on s'en aille. C'est pas un endroit approprié pour ce que j'ai à te dire...

En lui souriant à nouveau, elle entreprit de lâcher sa main, toujours à contreoeur afin d'enfiler son manteau. La nuit tombait et l'air devait être frais dehors, à cette époque de l'année. Son appartement ne se trouvait qu'à deux rues du complexe sportif, c'était également la raison pour laquelle elle se permettait d'aller le voir jouer tard le soir. Ils seraient vite au chaud et pourraient parler aisément.
Anaya déposa l'équivalent de la note et un pourboire avant de se diriger lentement vers la sortie. Lorsque Trevor fut à sa hauteur, elle saisit sa main à nouveau. C'était la première fois qu'elle osait un geste aussi complice en dehors de chez eux. A vrai dire, Anaya n'était pas le genre de fille qui se collait à son petit ami en rue, à tenir la main ou passer un bras dans le dos. Elle avait toujours trouvé les couples de cet acabit un peu culcul. Mais là, tout de suite, elle avait juste besoin de le sentir avec elle, près d'elle. Peut-être que c'était la dernière fois, peut-être que dans les vingt prochaines minutes, elle devrait vivre sans lui et trouver la force d'aimer à nouveau, de s'adapter à quelqu'un d'autre et de tâcher d'être heureuse pour lui.

Le vent soufflait dehors, comme elle l'avait prévu et seules les lampadaires éclairaient leur route. Elle pressa le pas en direction de sa rue. Pour une fois, elle ne dit pas un mot. Pourtant, elle était habituée à papoter longuement de tout et de rien avec Trevor. Il était beaucoup de personnes en une. Un peu son meilleur ami, un peu son amant, un peu son amour... Mais le stress la paralysait presque, et de toute façon, elle n'avait qu'un mot à la bouche : Je t'aime.

Une fois à bon port, elle ouvrit la porte, non pas sans mal, dans l'agitation. Elle savait que dans quelques minutes, elle se mettrait à nu. Pas elle. Ses sentiments. Tout ce qu'il y avait de plus profond en elle serait dévoilé et il avait l'honneur d'être le premier homme de sa vie à en faire les frais, après son feu père. Un court instant, en montant les escaliers, elle eut une pensée pour son cher père décédé depuis maintenant 17 ans, environ. Elle avait toujours cru en lui et était persuadée que depuis le drame, il était son ange gardien. La guidant sur la meilleure route qui soit, lui donnant la force nécessaire pour surmonter certains obstacles. Certes, il y avait eu des ratés et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle l'avait imploré de l'aider à vaincre ses addictions. Elle se dit que peut-être, c'était lui qui avait mis Trevor sur sa route. Que si tout ça arrivait maintenant et jamais auparavant, ce n'était pas pour rien. Il lui envoyait un signal, celui que Trevor était fait pour elle. Qu'elle devait se laisser transporter par cette magie ambiante et que tout se passerait bien si elle décidait de croire en eux, en ce qu'ils pouvaient former ensemble.

Elle jeta son manteau sur l'un des sièges du salon et alluma les lumières. Spoutnik le chat vint lui flatter les jambes en miaulant, jetant un regard dédaigneux au jeune homme, comme il le faisait à chaque fois. Spoutnik était un chat jaloux mais il finissait toujours par se poser sur les genoux du boxeur, devant la télé. Anaya se rappela la fois où son matou avait décidé de les interrompre durant un coït plus qu'agité et ce souvenir lui arracha un sourire. Néanmoins, elle se ressaisit rapidement, la nervosité lui faisait vraiment perdre les pédales, comme si c'était le moment de penser aux frasques de ce tordu de chat !

Elle s'installa dans le canapé, faisant signe à son élu de la rejoindre. Une fois installés, la jeune femme inspira longuement. Par quoi allait-elle commencer ? Il y avait tant à dire... Commencer par leur rencontre ? Par ces dernières semaines ? Par ce qu'elle ressentait, ce qu'elle espérait ? C'était si compliqué ! Elle se lança.

- Donc... heum. Il y a à peine quelques minutes, tu m'as demandé si je souhaitais que l'on soit réellement ensemble. Genre comme un couple quoi. Alors tu vois, ce serait mentir si je te disais que je n'y avais jamais pensé depuis que l'on se fréquente. Je vais te répondre sincèrement, ça risque de prendre un peu de temps, mais je pense qu'il est nécessaire aujourd'hui qu'on ait cette discussion, sinon, nous ne l'aurons jamais. Je suis consciente que ce que je vais te dire risque de tout changer entre nous. Je prends le risque de te perdre, de devoir vivre sans toi et de feinter d'être heureuse pour ce qui t'arrivera dans le futur.

Elle se tut un instant. Pour l'instant, tout portait à croire qu'elle allait lui dire « merci garçon, mais tu m'intéresses pas, je veux juste ta bite ». Elle avait un côté pessimiste qui la poussait à s'exprimer ainsi.

- Mon discours risque d'être un peu désordonné mais l'essentiel sera dit. Et nous aurons tout le temps d'éclaircir ça après... Le jour où je t'ai rencontré, ça a été un choc pour moi. Je veux dire, j'ai été incroyablement attirée par toi, j'ai senti mes jambes flancher quand t'as posé les yeux sur moi. Et la suite, tu la connais. Ca fait un certain temps que l'on couche ensemble. Et j'adore ça, se précipita-t-elle d'ajouter dans un petit rire. Je trouve qu'on est en symbiose dans ces moments là. Mais je trouve aussi qu'on est en symbiose le reste du temps... Au début, je ne réfléchissais pas à ce qu'il se passait entre nous. Tout était clair et tu pouvais partir pour une autre du jour au lendemain, je le savais. Mais depuis quelques semaines, j'ai l'impression que notre relation a évolué et qu'on est proches d'une toute autre façon. On est proches pour tout, tout le temps. Tu connais tout de moi quasiment.

La jeune femme avait jusque là, posé son regard un peu partout autour d'elle, agitant de temps à autres les mains en s'exprimant. Mais la suite s'avérait beaucoup plus personnelle et elle décida d'affronter le regard de son interlocuteur.

- Maintenant, je ressens des choses que je n'ai jamais connu avec d'autres garçons ou d'autres filles. Je ne sais pas vraiment ce que c'est, ça m'a l'air positif mais parfois ça me fait du mal. Par exemple, quand je viens te voir, j'ai le ventre qui se tord, je stress et je me réjouis à la fois. Je peux pas te résister. Et maintenant, si je pense au fait que tout ça peut s'arrêter un jour, et bien j'ai peur. J'ai peur et je me sens triste. Je me retrouve à me demander comment je ferais sans toi. Je me surprends même à imaginer des projets et un futur. Et au fond, je ne sais même pas ce que toi tu penses de moi, qui je suis pour toi ni même ce qu'il en est de ta vie sentimentale. Alors ça m'effraie et je me contente de rester là à feindre l'aisance, comme si tout ça me convenait très bien, en mode je suis la fille cool qui ne te prend pas la tête. Mais au fond, ça commence à me bouffer, continua-t-elle sans déloger son regard de celui de Trevor.

- Je suis juste bien à tes côtés, vraiment bien. Mieux que je ne l'ai jamais été avec personne ni seule. Je crois que tout ça, tout ce que je te dis là, ça s'appelle avoir des sentiments. Ou même être amoureuse. Alors tu m'en voudras pas de sembler stupide et ignorante mais j'ai jamais été amoureuse de personne. Alors ça me déstabilise... Donc en gros, la réponse à ta question de tout à l'heure, c'est oui. J'aimerais vraiment être avec toi pour de vrai. Que nous formions un couple et qu'on s'aime. Que tu m'aimes. Que tu penses à moi, que tu parles de moi, qu'on se fasse des cadeaux, qu'on se dispute et qu'on se réconcilie. Que je sorte les crocs à chaque petite conne qui te regarde de trop près... Et surtout, je veux t'être fidèle. Même si en fait... Je te le suis déjà depuis un bon moment. Il n'y a plus que toi que dans ma vie, qui puisse me toucher, me faire l'amour... J'ai même arrêté de voir Feliks pour toi, tu vois...

Après ce long discours, la jeune femme pinça sa lèvre. Elle avait tout dit et même plus que ce qu'elle ne s'était imaginé. Elle avait imaginé un tas de scénarios de ce moment mais jamais celui là. En fait, il était plus simple et moins romantique que dans ses rêves. Elle était néanmoins contente d'avoir porté ses couilles. Peut-être que Trevor n'aurait jamais fait le pas si elle avait attendu. Elle ne lui en aurait jamais voulu, pourtant. A présent, tout un tas d'émotions s'entremêlaient. Elle aurait voulu pleurer toutes les larmes de son corps, se libérer de cette tension et s'excuser d'être aussi bête. Son coeur ne tarderait pas à jaillir de sa poitrine tant il cognait fort et rapidement. Elle ne s'attendait pas à ce que Trevor lui fasse une déclaration d'amour digne d'une comédie romantique, mais elle espérait qu'il aille dans son sens et qu'il exprime au moins un peu ce qu'il éprouvait pour elle, si seulement il éprouvait quelque chose d'autre que du désir sexuel. Elle se perdit à nouveau dans les méandres noisette des yeux de celui qu'elle appelait « son sucre » et imprima son visage à tout jamais dans sa mémoire.
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Trevor & Anaya

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Anaya, le nom enjôleur et doux que porte l'amour au fin fond de mes pensées, de mon être, le seul nom par lequel je le laisse m'amadouer, car autrement, je réfute tout simplement l'idée même de l'amour. L'amour m'a trop détruit quand il m'a abandonné lâchement, il y a trois ans. Je l'ai détesté, puis j'ai ressenti ce qu'on appelle certainement de l'indifférence, puisque je l'ai laissé loin derrière moi tout ce temps. L'attachement est une absurdité, une incitation à la douleur. Je ne voulais plus ressentir la souffrance. Mais là, l'amour m'est tombé dessus sans crier gare, sans que la moindre part de méfiance ne s'empare de moi. Du moins, ca n'a pas eu le temps d'arriver. Et pourtant, je ne suis vraiment pas le genre de mec à faire le premier pas, mais je vois bien l'évolution de notre relation depuis quelques semaines. Il faut qu'on dégoupille la situation, qu'on mette carte sur table, qu'elle me dise si ce que je veux est réciproque ou si elle va me rire à la gueule. Et pourtant, j'ai lancé le premier jet, pour la première fois, avec ce sous-entendu. J'ai un instant cru que mon coeur allait sortir de sa place, mais pour le moment, il est toujours là, à cogner de toutes ses forces, me suppliant presque de le laisser sortir pour se lover contre le sien. Il va falloir attendre encore un peu, avant de pouvoir rejoindre ce coeur qui me rend fou.

Ses doigts s'étaient entrelacés aux miens, comme une habitude qu'on prenait dernièrement. Plus le temps passait, plus nous agissions comme un couple, sans pour autant se définir comme tel. C'était réellement dingue, ca me rendait complètement taré de devoir me cacher en dehors de nos appartements, de devoir agir comme un simple ami, à l'imaginer avec d'autres types pouvant toucher ce corps que j'aimerai garder seulement pour moi. Ca me rend fou de ne rien pouvoir dire quand un mec la siffle dans la rue, ou quand j'imagine cet enfoiré de Feliks vouloir la baiser. Je ne la baise pas, plus maintenant. Il y a cette part de tendresse malgré tout, quand nos corps s'unissent l'un à l'autre, cette symbiose qui nous est propre. Le temps de silence semblait si long que je ne me rendais même pas compte de l'allure à laquelle j'avais descendu le contenu de mon verre. Elle venait de terminer le sien, avant de me dire qu'elle préférait quitter cet endroit pour répondre à ma question. Mon coeur s'affolait, je commençais à ressentir la peur d'une vérité qui fait mal. Gardant mon regard dans le sien, j’acquiesçais simplement d'un mouvement de la tête, répondant à son sourire, avant de me lever et mettre mon t-shirt.

Dehors, il faisait frais et je n'avais pas de veste. Rien à faire, j'ai tellement chaud au fond de moi, que je ne ressens rien. J'espérais simplement que de son côté, elle n'avait pas froid, bien que son appartement soit non loin d'ici. Nous étions main dans la main pour la première fois depuis qu'on se fréquente, et cela me plaisait vraiment. Je me sentais en vie, complet, heureux. Mais je gardais cette peur que tout change, que je perde tout ca et que je me fasse des idées, là, tout de suite. Je tomberai de bien haut, trop haut.

Le trajet se fit en silence, c'était lourd, pesant. Mais je me contentais de cette proximité, car c'était peut-être la dernière fois qu'on serait ainsi, aussi proches, complémentaires. Je l'aime, j'en prends conscience désormais. Je ne veux pas la perdre, je refuse cette idée. On arrivait assez rapidement en bas de chez elle et elle semblait paniquée rien qu'à l'idée de devoir me dire ce qu'elle avait à me dire. Elle galérait à ouvrir la porte, tandis qu'une folle envie d'en griller une me prit. Je me retiendrais, je l'allumerais après avoir entendu ce qu'elle avait à m'avouer, qu'elle ne pense pas que je m'en tape de ses paroles, car quelles qu'elles soient, me toucheront au plus profond, vu les conséquences que cela pourraient avoir.

On entrait finalement dans son appartement. Elle jetait son manteau alors que je déposais mon sac d'entrainement à l'entrée. Son chat me lançait toujours ce même regard plein de dédain qu'à l'accoutumée. Il m'aime seulement quand il a envie, lui. Anaya me fit signe de prendre place à ses côtés, chose dont je ne me priais pas pour faire. Elle commençait alors sa longue tirade, tandis que je plongeais mon regard dans le sien, afin de ne pas perdre une miette de son discours. La première partie n'était pas des plus rassurantes pour moi, puisqu'elle laissait presque entrevoir l'issue que je me refuse d'imaginer. L'envie de fumer est grandissante, alors qu'elle reprend ce qu'elle a à dire. Sa petite remarque me fit lâcher un rire, alors que j'attendais encore la suite. Son regard était fuyant, alors que le mien le cherchait toujours, jusqu'à qu'elle ne se décide à le trouver.

- Je suis juste bien à tes côtés, vraiment bien. Mieux que je ne l'ai jamais été avec personne ni seule. Je crois que tout ça, tout ce que je te dis là, ça s'appelle avoir des sentiments. Ou même être amoureuse. Alors tu m'en voudras pas de sembler stupide et ignorante mais j'ai jamais été amoureuse de personne. Alors ça me déstabilise... Donc en gros, la réponse à ta question de tout à l'heure, c'est oui. J'aimerais vraiment être avec toi pour de vrai. Que nous formions un couple et qu'on s'aime. Que tu m'aimes. Que tu penses à moi, que tu parles de moi, qu'on se fasse des cadeaux, qu'on se dispute et qu'on se réconcilie. Que je sorte les crocs à chaque petite conne qui te regarde de trop près... Et surtout, je veux t'être fidèle. Même si en fait... Je te le suis déjà depuis un bon moment. Il n'y a plus que toi que dans ma vie, qui puisse me toucher, me faire l'amour... J'ai même arrêté de voir Feliks pour toi, tu vois...

Je restais sans voix sur le moment, mais pas pour autant stoïque. J'étais en réalité légèrement sur le choc, mais heureux. Heureux car elle me voulait, car elle m'aimait. Elle me rend tellement heureux, à cet instant.

- Anaya... J'sais pas pourquoi j'ai attendu aussi longtemps pour te dire ce que j'ressentais, parce que jusqu'à maintenant, j'ai flippé de te voir partir vers d'autres bras, loin de moi... J'attrapais sa main instinctivement et la caressais avec mon pouce. Je t'aime et je pense à toi à chaque instant, depuis quelques temps maintenant. Jusqu'alors, j'm'étais refusé tout ca, mais maintenant, j'espère pouvoir être heureux, évoluer et vieilir ne serait-ce qu'un peu à tes côtés. Et j'suis jaloux comme pas possible quand j't'imagine avec un autre. Sois mienne, je serai tien.

Je m'approchais doucement de ma bien-aimée, posant ma main sur son visage et effleurant ses lèvres, alors que mon regard se faisait doux.
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La chaleur de sa main contre celle de la tatouée fut l'acte le pus réconfortant qui soit depuis les dix dernières minutes. Elle n'arrivait pas à réaliser ce qui se déroulait. Trevor, le garçon qu'elle aimait, le PREMIER garçon qu'elle aimait, était en train de lui annoncer que ce qu'elle éprouvait était réciproque et ce, depuis un certain temps. Comment avons-nous pu être aussi bêtes ? Se demanda-t-elle. Elle espérait qu'ils n'avaient pas perdu trop de temps à s'attendre. Aujourd'hui, ils pourraient rattraper ça ensemble et vivre pleinement la vie qui s'ouvrait devant eux. Une vie qui promettait d'être belle, pleine d'espoir et riche en rebondissements. Elle se sentait prête à faire des choses pour lui, pour eux. A devenir davantage sérieuse et à enfin penser à l'avenir.

L'avenir, elle n'y avait jamais pensé avant ce soir. En effet, elle vivait au jour le jour depuis de nombreuses années. En fait, depuis toujours. Depuis le jour où son horrible mère lui avait annoncé froidement « papa est au ciel » alors qu'elle n'avait que 5 ans. Elle prit conscience à ce moment précis que tout pouvait s'arrêter brutalement du jour au lendemain. Dans sa folle jeunesse, elle avait pu observer que les gens se pourrissaient littéralement la vie avec des tracas parfois inutiles. Que la dépression et les ulcères étaient les plus gros fléaux de notre ère et elle refusait de se pourrir de la sorte. Elle avait pris très jeune la décision de surmonter les obstacles qu'elle rencontrerait de la manière la plus raisonnée possible. La jeune femme savait s'amuser et abusait même des divertissements que la vie lui offrait, mais elle était très terre à terre. Elle savait ce qu'il y avait à prendre à la légère et ce qu'il y avait à prendre plus sérieusement. Elle n'était certes pas un exemple de vie mais elle parvenait à gérer tout cela à sa manière. Au fond, elle remerciait sa mère de l'avoir maltraitée et de l'avoir poussé à quitter le foyer. Elle la remerciait amèrement car c'était grâce à cela qu'elle n'avait pas eu le choix de se trouver des ambitions et de vivre par ses propres moyens.

Aujourd'hui, elle avait quelqu'un à choyer. Une personne de qui prendre soin et elle ne pouvait plus se permettre de faire n'importe quoi avec elle-même. Elle ne voulait pas mourir bêtement d'une overdose par pur égoïsme. Elle devait s'assurer du bonheur de Trevor car il le méritait. Lui la rendait déjà très heureuse et elle refusait de l'abandonner. Elle l'ignorait encore, mais Trevor avait déjà été abandonné une fois, alors elle ne pouvait pas se faire une meilleure réflexion qu'en se promettant d'être là jusqu'au bout. Un deuxième drame était inutile. Si elle voulait vieillir à ses côtés, il fallait dès à présent prendre les mesures nécessaires, même si cela impliquait de sortir moins ou de faire plus attention au budget. Bien entendu, Trevor était « fils de... » et n'avait probablement aucun soucis à se faire pour le futur. Mais Anaya n'avait que ce moyen d'atteindre ses buts : se trouver une raison de le faire. Pour lui, elle était prête à tout arrêter ; La coke, les acides, la clope même. C'est vrai, pourquoi un garçon comme Trev' voudrait garder une toxico débridée ? Il l'avait pris ainsi mais c'était uniquement une histoire de cul. Maintenant ils envisageaient une vie ensemble et ça changeait tout aux yeux de la jeune femme.

- Anaya... J'sais pas pourquoi j'ai attendu aussi longtemps pour te dire ce que j'ressentais, parce que jusqu'à maintenant, j'ai flippé de te voir partir vers d'autres bras, loin de moi... Je t'aime et je pense à toi à chaque instant, depuis quelques temps maintenant. Jusqu'alors, j'm'étais refusé tout ca, mais maintenant, j'espère pouvoir être heureux, évoluer et vieilir ne serait-ce qu'un peu à tes côtés. Et j'suis jaloux comme pas possible quand j't'imagine avec un autre. Sois mienne, je serai tien.

Je t'aime... Évoluer... Vieillir... Tant de mots qui résonnaient à présent dans son esprit. Des mots qu'elle ne l'avait jamais entendu prononcer auparavant et qu'elle n'imaginait d'ailleurs jamais l'entendre dire. Pas à elle. Avec lui, elle s'était toujours sentie inférieure et très peu méritante de son amour. Et pourtant, elle n'avait aucune raison de se dénigrer de la sorte. Il la voulait elle, il voulait créer quelque chose avec elle et elle seule. Il ne voulait plus la laisser aux bras d'un autre et c'était probablement la plus belle chose qu'on ait pu lui dire. Jamais elle n'avait reçu l'amour de quelqu'un, même pas sa propre mère. Son père l'avait adorée, gâtée comme personne mais cela n'avait été qu'éphémère. Depuis, elle s'était faite une image de l'amour identique. Elle aussi avait tellement eu peur de le voir filer avec une autre. Une fille mieux, plus drôle, plus belle, plus facile à vivre et loin de tous les problèmes qu'elle se traînait à la patte depuis son adolescence. Il ne restait plus qu'à assurer afin qu'il ne l'abandonne pas comme tous le monde l'avait fait avant lui.

Alors que les lèvres de l'étudiant frôlaient les siennes, elle prit soin de fermer les yeux, profitant pleinement de ce doux contact. Tout était clair à présent. Ils s'aimaient et rien ne pouvait leur enlever ça. Ce premier contact en tant que couple fit frissonner la jeune femme, un frisson qui lui parcourut l'échine à toute allure. Elle lui murmure un « Mon ange » avant de déposer ses deux fines mains sur le visage du jeune homme. Elle l'embrassa longuement, tendrement. Jamais ces lèvres n'avaient eu un tel goût de paradis et elle se promit de toujours garder à l'esprit la chance qu'elle avait. Il le lui avait dit : « je t'aime ». Ces mots inespérés qu'elle se gardait bien de lui avouer. Elle ne les avait jamais prononcé pour qui que ce soit et pour dire vrai, elle ignorait même comment ils sonnaient dans sa bouche. Après quelques longues et intenses secondes de baiser, elle prit le soin de s'éloigner lentement du visage de son bien-aimé et plongea à nouveau son regard dans le sien. Ses doigts courraient sur la peau lisse du boxeur, visitant ses joues puis son cou avant de se lover dans sa nuque, remontant jusqu'à son crâne nu. Elle sentit la fine couche de cheveux lui raper les doigts. Elle adorait cette sensation. D'habitude, elle préférait les hommes dotés d'une belle crinière et pouvait passer des heures à caresser leurs cheveux. Mais Trevor se rasait le crâne et bizarrement, elle avait adoré et l'imaginait difficilement avec des cheveux. Elle passait des heures à le regarder dormir et à caresser son crâne. Elle aimait tout de lui, même ce qu'il pouvait y avoir d'inhabituel.

Elle prit alors le soin de rapprocher tout son corps, se postant sur ses genoux, à califourchon plus précisément, et elle ne cessa de l'observer, amoureusement. Laissant toutes ses émotions la guider. Elle approcha doucement ses lèvres de l'oreille du garçon et lui murmura « Je t'aime Trevor... Tu es celui que j'attendais depuis 22 ans... »
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