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Keenan & Klausfiche par ©century sex
Agir sur un coup de tête, aussi mûrement réfléchi soit-il, engendrait forcément des conséquences, qu’importe que ces dernières soient bonnes ou mauvaises. Mais lorsque l’heure de commencer à payer les pots cassés, autant dire tout de suite qu’on ne se sent pas d’humeur à en parler… Et encore moins quand il est trois heures du matin ! Heureusement pour le sommeil de mon coloc’, il ne me fallut qu’une paire de secondes pour entendre mon portable et décrocher. Je jetais un coup d’œil à ma montre tout en répondant : vu l’heure, ça ne pouvait être que mon père. Vous pensez bien que, malgré la sagesse de mon choix de ne pas faire partie de son entreprise et de reprendre les études, il m’en voulait pas mal pour ce coup dans le dos. C’est vrai que, d’une certaine manière, on aurait pu parler de trahison, ne fut-ce parce que je ne lui en ai pas touché un seul mot avant mon discours qui aurait dû être celui de mon investiture dans les affaires familiales. Je l’avais mis au pied du mur, sans ménagement, sans préparation mais, d’un autre côté, je savais qu’il n’y aurait que comme ça qu’il m’écouterait. Du coup, cet homme à qui je devais autant la vie que toute l’éducation qui fut la mienne, décida de me pourrir le quotidien. Il suffisait d’un appel et d’une longue liste de reproches et d’injures en tout genre pendant que, respectueusement, je me contentais d’hocher de la tête et d’aller dans son sens. Mais rien n’y faisait. Et ce soir, cette nuit, j’en avais tout simplement ras-le-bol ! Ras-le-bol car je me voyais mal passer toute ma scolarité ici à être réveiller à trois heures du mat’ toutes les nuits par un père ronchon et rancunier. D’accord, il m’en voulait, j’avais compris le message. En même temps, il était temps qu’il comprenne que son fils était un homme depuis pas mal d’années déjà. Et qu’en tant que tel, mes choix ne devaient pas s’orienter uniquement sur la façon de lui faire plaisir à lui. Calmement, j’essayais tant bien que mal de calmer le jeu, de calmer la conversation et, surtout, de ne pas réveiller Klaus. Seulement, toute tentative de contrôle fut vaine lorsqu’il embraya sur Tamara et qu’il manqua à lui manquer de respect. Sur le coup, mon sang ne fit qu’un tour. Ma voix commença à s’élever et j’eus la sensation de voir rouge. Si bien que, derrière le calme et le respect habituel que je lui témoignais, je conclus notre échange par un violent : « Vai te foder papai ! » J’avais perdu patience, j’avais gueulé, sans même m’en rendre compte et, ce, juste avant de raccrocher et d’envoyer mon portable valdinguer à l’autre bout du lit. Je m’assis aussi tôt sur le rebord de mon lit et me penchai vers ma table de chevet. J’en ressortis une bouteille de liqueur directement ramenée du Portugal. Je la débouchai d’un geste sec et vint en avaler une solide gorgée. Oui, quand certains sont sur les nerfs, ils s’allument une cigarette ou vont se défouler sur une personne qui n’a absolument rien à voir avec leurs problèmes. Pour ma part, lorsque j’étais dans un fort état de contrariété, je m’offrais une lampée de liqueur. Chacun sa méthode. Chacun son vice. Ce n’est que ma gorgée une fois terminée et le regard se relevant que je vis Klaus bougé et voir qu’il était éveillé. « Eh merde… » Lâchais-je entre mes dents avant de radoucir les traits de mon visage pour un air d’avantage coupable. « Désolé si je t’ai réveillé, c’était pas mon attention… » Je lui fis un petit sourire sincèrement désolé avant de rouler des yeux et d’hausser les épaules. « Même si tu me diras que j’avais qu’à être plus discret ! » Ironisais-je d’un petit rire forcé avant de me reprendre une lampée de liqueur. « Je t’offre une goutte ? » Embrayais-je aussi sec, tendant la bouteille comme geste d’invitation.
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