Elsy ► Around a past

Around a past.

Je venais de passer une journée vraiment épuisante. Je n'avais pas couru un marathon et j'avais encore moins bossé mes cours, mais c'est parfois pire lorsque je me lance dans une séance de shopping avec Mina, ma meilleure amie. C'était la fin de l'après-midi et elle devait filer en cours. Ayant encore un peu de temps devant moi, je décide de me poser 5 bonnes minutes histoire de donner du répit à mes jambes mais surtout à mes pieds qui ont dût supporter une bonne paire de talons 10 cm. Je m'arrête donc au Lord Hobo, un bar du côté de Inman Square. Je m'installe en terrasse et décide de commander un diabolo pêche. Je lançais un petit souffle de soulagement, comme pour me libérer de tout ce temps à marcher de boutiques en boutiques à travers Boston. Le serveur arrive et me pose ma boisson. Je m'empresse de prendre le verre en photo pour l'envoyer à Mina en lui souhaitant un bon cours, comme pour la narguer. Après qu'il soit envoyé, je buvais tranquillement mon verre en regardant les gens qui passent. Une fille a particulièrement retenue mon attention, elle me disait quelque chose. Aucune idée de si elle était à l'Université, si je la connaissais à Londres ou bien à Séoul, même si je pense que c'est peu probable. Je restais les yeux posés sur elle, intrigué par son visage qui ne m'est pas inconnu.

Around a past.

Rentrée de Sotchi, un tas de choses en tête, un tas de chose à faire, à ranger… Un coup de ménage dans l’appartement – ne comptez pas sur les garçons n’est-ce pas. Jamais. – les courses à faire parce que ça devient craignos… Elsy n’a guère de temps pour elle. Fatiguée, la voilà qui prend sa voiture pour se rentre au centre commercial de sorte à remplir les frigos, acheter quatre truc à grailler… Longue tâche qui l’attend. En plus elle déteste ça. Mais bon, elle revient des jeux Olympiques et d’un séjour chez la mère de Nikolaï, elle pourrait difficilement se plaindre… sauf qu’effectivement, elle a un tas de lessive sur les bras, en plus. Et ses tenues de patineuse à laver soigneusement à la main pour préserver l’éclat et les petits brillants. Pas comme si elle espérait les reporter lors d’une compétition prochaine, tout au plus pour un spectacle de charité ou quelque chose dans ce genre de là. Mais ces tenues « usagées » encore bonnes, la demoiselle les portera à l’entraînement. Autant conserver leur éclat, leur beauté. Enfin, les courses terminés, le tout dans le coffre, la brune se diriger vers le Lord Hobo : elle a mérité un verre. Hop un cocktail et la brune s’installe en terrasse et remarque une fille qui la dévisage. Que lui veut-elle ? La hongroise ne sait pas. Et n’ose pas demander de peur que ses propos soient mals interprétés.

Alors que j'étais en pleine réflexion sur le visage de cette personne, je vois qu'elle s’assoit en terrasse non loin de moi. Elle me regarde d'une façon un peu inquiète. J'ai l'habitude sans pour autant le vouloir de regarder les gens d'un air snob et supérieur, et je pense qu'elle a cru que javais quelque chose contre elle. Pour éviter toute méprise, je décidais de briser la glace, parce que vraiment, je savais que je connaissais ce visage. "Excusez-moi, on se serait pas déjà vu quelque part ? Votre visage me dit quelque chose." Je ne savais pas vraiment quoi lui dire, surtout que ce n'est pas du tout ma façon d'être de briser la glace et de m’intéresser à quelqu'un, c'est généralement les gens qui viennent vers moi. J'attendais la réponse de cette mystérieuse inconnue, qui décidément m'intriguais de plus en plus.

A vrai dire les possibilités son multiple. L’inconnue vient de demander à la brune si elles ne se sont pas déjà vu quelque part et la demoiselle est persuadée que non. Mais que dire de plus pour expliquer que l’asiatique ait l’impression de l’avoir déjà croisé quelque part ? Et bien la vérité bien entendu. A ceci près que la demoiselle a peur qu’exposer la liste des moyens qui ont pu faire que son visage semble familier la fasse passer pour une fille prétentieuse, ce qu’elle n’a jamais été. Pourtant c’est ce que certains croient quand elle donne la même réponse que celle qu’elle formule alors en guise de réponse à la jeune femme. «- C’est bien possible. Peut-être à la télé, aux yeux olympiques, ou dans la presse de mode, voire dans la presse people… Ou tout simplement à Harvard si vous y êtes étudiante. Je ne saurai le dire et je ne me souviens pas de vous avoir déjà vu, je suis désolé…»

Elle avait l'air un peu hésitante. Était-elle trop timide, ou bien nous sommes nous rencontrés dans des circonstances gênantes que j'aurai oublié dans le passé ? Je ne pense pas. Elle se décide finalement à ouvrir la bouche. Jeux olympiques, Presse people, télévision.. J'avais une petite célébrité en face de moi. Et de surcroît, elle étudiait à Harvard, tout comme moi. Mais ce n'est pas à Harvard que je l'avais vu, mais bien aux Jeux Olympiques. Elle venait d'éclairer ma lanterne. Je suis allé aux JO pour soutenir comme à chaque JO mon équipe sud-coréenne. Je ne suis pas sportive ni vraiment passionnée, mais les JO sont toujours "The place to be", et je ne refuse jamais une occasion de me montrer tout en soutenant mon pays. Je me souviens d'elle, en patinage artistique je crois. C'était une concurrente d'une sud-coréenne en finale. Je ne me souviens pu de quel pays elle venait, mais en tout cas elle avait vraiment du talent dans cette discipline. "Aux Jeux Olympiques, voilà ! J'ai vu la compétition de patinage artistique à Sotchi, c'était vous ?" Ça ne pouvait être qu'elle, je vois mal comment j'aurai pu la confondre avec une autre.

«- Et bien je dirai que cela dépend à qui vous pensez en disant ce vous, je crois.» répond simplement la brune. Après tout, « c’était vous » c’est vague, puisque le vous désigne une personne dans l’esprit de l’interlocuteur, personne à laquelle notre esprit lui ne pense pas, ce qui ne permet pas, du coup de réellement savoir de qui ou de quoi il est question. C’est le problème auquel est confronté la Hongroise en cet instant, face à cette Sud-Coréenne. Mais bon, dans la mesure où cette dernière parle des jeux Olympiques il est fort probable qu’effectivement la patineuse soit la fameuse vous, ce qu’elle s’empresse de dire en fin de compte pour confirmer les dires de l’asiatique. Voilà donc qui expliquait que la jeune femme connaisse la princesse alors que l’inverse n’était pas vrai et que le visage même de la jeune femme ne dise pas grand-chose à Elsy puisqu’il était probable qu’elles ne se soient jamais vu sauf peut-être à Harvard mais n’y ayant apporté aucune attention, la brune ne s’en souviendrait pas forcément, malgré son hyperthymésie. Car si elle se souvient de tout ce qu’elle a vu et vécut, il n’en va pas de même pour ce qu’elle a vu sans vraiment voir. On n’est pas dans une série américaine.

«- Et bien je dirai que cela dépend à qui vous pensez en disant ce vous, je crois.» Sa phrase me laissait un peu perplexe. Pour moi il me semblait logique que je parlais d'elle. Je ne sais pas si une personne peut lui ressembler, traîner dans le coin et être aller aux Jeux Olympiques en même temps, c'est quand même peu probable. Et je pense qu'elle s'est rendu compte qu'effectivement il était logique que je parle d'elle car elle me l'a confirmé juste après. « Je suis enchantée de faire ta connaissance. Tu veux venir t‘asseoir ? » Je ne crachais pas sur une nouvelle rencontre, qui plus est d‘une athlète reconnue. J‘ai l‘habitude de me faire des amis ayant un certain rang social, je ne m‘intéresse pas aux toquards. Et de toute manière, je pense que la plupart des gens n‘ont pas vraiment le courage de venir me parler. Je parais snob, hautaine, fière de sa personne et exhibant sa richesse à tout va. Et c‘est le cas.« Moi c‘est Moon, j‘étudie à Harvard, tout comme toi si j‘ai bien compris. » Je sirotais un peu ma boisson en attendant que cette célèbre inconnue reprenne le fil de la discussion.

La demoiselle lance une petite interrogation qui semble quelque peu désappointer son interlocutrice et quoique la jeune femme confirme la pensée de l’asiatique avec qui elle discute, elle ne peut s’empêche de s’expliquer sur le fond de sa pensée, de sorte à ce que l’inconnue puisse comprendre pourquoi la patineuse lui a ainsi parlé du vous. C’est en souriant qu’elle décide d’éclaircir ces points.

«- Je veux dire… Quand vous dîtes vous, dans votre esprit vous visualisez une personne, que vous êtes la seule à voir et qui correspond à ce vous. Et ce serait bien prétentieux de ma part si je disais que je vois parfaitement de qui vous parlez en employant ce vous. Ceci dit évidemment, comme vous avez parlé des jeux Olympiques et que j’y ai effectivement concouru, il semble probable que je puisse être cette personne à qui vous pensez… Pardon, parfois… je m’entraîne dans de curieuses réflexion je suis navrée.»

L’asiatique se dit enchantée de rencontrée Elsy et la princesse hongroise lui renvoie poliment et très sincèrement cette politesse, avant de répondre à la brune qui parle d’Harvard. Elle dit alors y être effectivement aussi, en cursus danse et histoire médiévale.

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