(+ Samuel) papa don't preach I'm in trouble deep !

L’altercation avec Siobban s’était révélée tellement rude que Thaïs n’avait pas réfléchi une seconde de plus : elle s’était élancée dans les rues de Cambridge canne en main, la laisse de son chien dans l’autre, le visage couvert de larmes. C’était ridicule de s’emporter à ce point mais sûrement était-ce la dernière chose dont avait actuellement besoin Thaïs. Voilà pourquoi elle se tournait vers le seul être en qui elle avait toute confiance au sein de sa famille lorsque Caleb ne se trouvait pas dans le coin : Samuel O’Donoghue, aka son père biologique. Si ses calculs étaient exacts Anna ne devait pas être à la maison mais lui, oui… « Papa… » murmura-t-elle sans cesser de pleurer alors qu’il venait juste de lui ouvrir la porte, alors qu’elle était trempée jusqu’aux os et que ses yeux restaient rougis par tous les pleurs de rage et de déception qu’elle avait bien pu pleurer. « Je peux rester ici pendant mes… partiels ? »

Aujourd’hui était mon jour de congé, j’avais balancé ma sacoche contenant mes cours très loin de moi car je devais absolument me remettre dans l’écriture de mon roman sans quoi mon éditrice allait finir par me faire écrire, un flingue sur la tempe. J’avais un mois de retard sur le planning, c’était beaucoup mais impossible de lui faire entendre raison. En même temps, je pouvais difficilement lui faire valoir qu’une cure de désintox + un séjour dans le Connecticut + faire l’amour tous les soirs à ma future femme + m’occuper de ma fille + ben beaucoup de choses. J’avais eu la flemme, une baisse de régime qui faisait que mon roman, elle aurait pu se le tailler en pointe et s’asseoir dessus que cela ne m’aurait fait ni chaud ni froid. La sonnette raisonna et je fus tenté de faire le mort avant de soupirer. Bien m’en pris car ce fut ma fille qui se trouvait sur le pas de ma porte totalement trempée. « Ma chérie ?! Qu’est-ce qui te met dans un état pareil ?! Bien sûr que tu peux rester ici autant de temps que tu veux ! Tu t’es disputée avec Caleb ? » lui demandais-je tout en l’attirant dans mes bras pour un énorme câlin.

Comme elle l’avait espéré, son père lui offrit aussitôt un câlin ô combien salvateur non sans l’inviter à entrer sans attendre. Après tout, Thaïs était suffisamment trempée pour les trois cent douze prochaines semaines, inutile de la laisser lâchement sous la pluie : ce n’était définitivement pas le genre de la maison. « Non pas du tout, Caleb n’y est pour rien ! Au contraire il se bat pour nous… c’est Sio » précisa-t-elle la mort dans l’âme, alors qu’elle s’était jurée au départ de ne pas pleurnicher là-dessus mais là, c’était trop pour elle. « Elle a été horrible. Ça fait des semaines que je suis sur le branle bas de combat pour soutenir Cal’, que je l’aide à New York autant que je peux et c’est normal, là je suis juste rentrée quelques jours pour mes partiels, et elle m’est tombée dessus sans prévenir en pleine salle de danse où je m’entraînais, me lâchant des horreurs, et notamment que s’il y avait le moindre problème pour le bébé ou moi, elle ne serait pas là. Ça m’a… scié les pattes. »