MERWYN ◮ « you and I, we were born to die. »

« Merwyn, reste ici je t’en prie ! » En vain, elle était déjà sortie de sa chambre se dirigeant vers le salon. Elle le savait, elle le sentait et ce malgré son jeune âge. Sa mère voulait lui épargner une douleur. La petite fille colla son visage à la vitre alors que sa mère arrivait derrière elle pour s’installer à ses côtés, sans un mot. Merwyn observait, dans l’incompréhension totale, son père qui embarquait ses affaires dans la voiture. « Maman, mais pourquoi il s’en va ?! » En effet, elle n’avait pas mis longtemps à comprendre que celui-ci était en train de plier bagages. « Tu sais … ton papa doit partir pour un petit moment … à cause de son travail. » Reanon regarda sa maman avant de se loger dans les bras de celle-ci. « C’est vrai ? Tu me le promets ? » « Je te le promets, il reviendra très bientôt. »


Mon père n’est jamais revenu. En fait, il n’a même jamais redonné signe de vie. Comme quoi ‘faut pas toujours croire ce que vous disent vos parents. Ainsi, j’avais huit ans lorsque mon père est parti et depuis je suis resté avec ma mère. C’est seulement quelques années plus tard que j’ai su la vraie raison pour laquelle mon père était parti … Enfin bref, commençons par le début.

Je suis née au mois de mars en 1994 dans une petite ville en Angleterre, appelée Doncaster. J’ai passé une enfance tranquille, même après que mon père soit parti, car ayant toujours pensé qu’il reviendrait. Sur le plan matériel, on ne peut pas dire que j’ai manqué de grand-chose. Ma mère travaillait dans le système des nations unis et subvenait à tous mes besoins. Cependant elle n’avait pas toujours été présente, souvent en voyage. Donc je me trouvais la plupart du temps avec Nausica, qui était en quelque sorte ma nounou. A l’école primaire, les garçons me fuyaient et les filles se méfiaient de moi. J’étais comme qui dirait, un peu voire très terrible. Je me souviens encore du jour où ils on appelé ma mère parce que j’avais versé un pot de colle sur la tête d’une petite fille à maman. On m’avait bien remonté les bretelles mais n’empêche qu’elle l’avait bien mérité …

« Vous êtes seules par choix ou bien parce que personne ne veut de vous ? » S’en suivirent plein de murmures venant de mes autres camarades classe. Je défiais mon professeur d’histoire du regard, elle était devenue toute rouge et la voir comme ça, ça n’avait pas de prix. Elle avait quarante ans et était toujours célibataire, normal que je me pose des questions non ? On est en démocratie après tout …
En gros tel était mon attitude au lycée, les gens me connaissaient comme étant une fille assez effrontée, bavarde et qui n’a pas vraiment sa langue dans sa poche. Ce qui d’ailleurs me valut de nombreuses heures de colle. A part ça, je passais mon temps à me mettre la plupart de mes camarades à dos. J’avais un blog en ligne qui normalement était censé être anonyme ; je ne me gênais pas vraiment pour lancer des rumeurs et autres. Toutes ces histoires de cheerleading, de footballer, etc ; ça n’était pas mon lot. Donc je me gênais pas pour emmerder leur monde ; toutes ces filles surfaites et refaites, ça me donnait la nausée.
Côté cœur, ma plus longue histoire n’a duré que cinq mois. Je n’ai jamais rien cherché de sérieux car pour moi, les mecs sont tous les mêmes. Il faudrait être chanceux pour tomber sur le bon. C’est simplement comme … un passe-temps.

« Non c’est pas bon ! J’en ai marre de tes mensonges maman, je n’ai pas cinq ans tu peux au moins me dire la vérité ! C’est ma vie tu peux pas le comprendre deux secondes, j’ai le droit de savoir ce qu’il s’est passé … » Il fallait que ça sorte ce jour-là. J’avais longtemps vu mes camarades arrivés à l’école primaire accompagnés de leur père sans comprendre pourquoi pas moi ? J’avais besoin de réponses à présent. « Merwyn ce … ce n’était pas ton père… » Je n’avais certes pas compris sur le coup, il m’avait fallu quelques explications supplémentaires pour comprendre que j’avais été adopté. Ça avait était comme un choc pour moi ; d’ailleurs pour qui ça ne le serait pas que d’apprendre que tes parents n’étaient pas vraiment … tes parents ? Mon « père » était ainsi parti parce qu’il ne supportait pas cette situation ; c’est-à-dire celle de vivre avec un enfant qui n’est pas vraiment le sien. Parfois ça fait tellement du bien d’aimer les gens qu’on aime que ça finit par faire mal. Mais ça fait d’autant plus mal de savoir que cet amour n’est pas réciproque.
Cette révélation n’avait pas changé grand-chose à ma vie. Mais ça m’avait peut-être rendu plus forte. Je n’avais pas fini mon année en Angleterre ; ma mère avait été mutée aux Etats-Unis et j’y ai fini le lycée. Après obtention de mon diplôme, j’ai été accepté à Harvard et m’y voilà aujourd’hui : dear diary i’m back and i’m ready to fuck it all up !