GAÏANDER + we need a little talk.

Avec les années, j'm'étais assagi, c'était une évidence pour tous mes proches. Il était loin le Alex qui faisait des courses de caddies avec une bouteille d'alcool dans le sang, qui se faisait des soirées à fumer comme un pompier des joints pour en perdre la notion de la réalité, celui qui s'éclatait à faire des plans à trois. Ouais, il était loin. En fait, depuis que j'ai eu Robyn l'année de mes vingt-trois ans, à l'aube de mes vingt-quatre, j'étais devenu carrément plus sage et, si on oubliait l'écart suite à ce qui s'était passé après le Spring Break de cette année, j'étais resté sur la même ligne de conduite. J'avais toujours ma vie avec Billie et Robyn, bien que cette dernière va de temps à autre chez sa mère, ce qui me laissait toujours du temps tranquille avec ma petite amie. Certes, nous avions nos soucis comme tout couple qui est ensemble depuis une quinzaine d'années, mais bon, on s'en sortait et c'était tant mieux. Les choses avaient beaucoup changé en plus de quinze ans, puisque je n'étais plus à Harvard, mais certaines choses restaient les mêmes. Mon amitié avec Briony, Hendrix, Sam et Feldt avait perduré dans le temps. Elle avait perduré si bien qu'on continuait encore et toujours de se confier l'un à l'autre quand on en avait besoin. Et cette semaine, c'était Feldt qui s'était encore embrouillée avec sa fille. Gaïa n'était plus la petite fille que j'avais connue à cinq ans, qui était coquette et gentille comme tout. Mini Feldt avait trouvé une nouvelle vocation : ouvrir sa bouche à tout va tout vient. Elle s'était éloignée de Robyn, de la fille de Briony également, pour trouver une nouvelle amitié avec Alessia. Forcément, quand j'entends Feldt me dire qu'elle s'est encore pris la tête avec sa fille, ça m'fout les boules parce que je savais que Gaïa tournait mal.. et je m'étais dit que je pouvais tenter de la raisonner, assez pour qu'elle arrête de s'en prendre à sa mère. Donc je m'étais rendu à son lycée avec ma voiture et garé sur le parking, j'attendais qu'elle sorte afin de la ramener chez elle en ayant une petite discussion. Ce n'est pas elle que j'ai vu en premier, mais son frère jumeau, Hermès. Ce petit avait de l'avenir, calme et posé, c'était ce qu'il fallait ouais. Et puis il se prenait pas la tête avec sa mère lui au moins. Je lui avais demandé de dire à sa soeur que je l'attendais sur le parking, chose qui voulait tout dire. Je prenais en même temps un peu de ses nouvelles, quand même, avant de le laisser partir pour informer sa soeur. C'était quelques minutes plus tard qu'elle apparaissait, sourire aux lèvres, tout en avançant en ma direction. Elle me prit dans ses bras, câlin que je rendais également, avant qu'elle ne s'écarte et me regarde avec son sourire collé aux lèvres. "Salut tonton Alex ! Je ne m'attendais pas à te voir ici." Je suppose qu'elle s'attendait un peu à ce dont je voulais lui parler, et si c'était le cas, elle le cachait très bien. Si c'était pas le cas, et bien elle le saurait assez vite. "A vrai dire, c'était pas prévu mais... disons que j'ai du revoir mes plans pour aujourd'hui." avouais-je en haussant les épaules. Je me tournais vers la voiture, lui indiquant la place passager. "Installe toi, j'te ramène à la maison, on pourra en profiter pour discuter un peu." Et pour parler, j'avais certaines choses à lui dire à la petite Di Fabio.

Pour être honnête, voir ton oncle de cœur à la sortie du lycée ne t'étonnait pas vraiment. Tu t'attendais un peu à ce que ta mère raconte à ses meilleurs amis votre dispute de la veille, et celles des jours précédents. Mais tu préférais faire comme si tu ignorais la cause de sa présence ici, à la sortie de l'établissement scolaire. Le problème, c'est que même si tu faisais semblant de ne pas comprendre, tu savais très bien que la discussion qui allait suivre n'allait pas être des plus agréables. Tu aimais vraiment beaucoup Alex, parce que tu le connaissais depuis toujours et qu'il était gentil et patient avec toi, mais quelque chose de disait qu'aujourd'hui allait sûrement être différent. À vrai dire, il s'était toujours bien entendu avec la petite Gaïa souriante et polie qui venait souvent chez lui pour s'amuser avec Robyn, mais la Gaïa d'aujourd'hui déplaisait à beaucoup de personnes, et il en faisait certainement partie. Mais tu refusais de changer. Si les autres ne t'appréciaient pas, tant pis pour eux. A vrai dire, c'était pas prévu mais... disons que j'ai du revoir mes plans pour aujourd'hui. Ok, et c'était quelque chose de bien ou de mal ? Tu penchais plus pour la deuxième option. Tout ça n'envisageait rien de bon pour toi. Tu avais soudainement presque envie de tourner le dos et de t'en aller, très loin et surtout très rapidement. Tu savais déjà très bien qu'il allait te reprocher ton comportement et tu n'avais pas envie d'écouter ça. Pas aujourd'hui. Jamais de la vie. Installe toi, j'te ramène à la maison, on pourra en profiter pour discuter un peu. Le sourire qui était dessiné sur tes lèvres s'était effacé. Non, tu n'avais pas envie de discuter. Mais tu n'avais pas le choix, pas vrai ? Tu sais, si tu as trop choses à faire, on peut se voir un autre jour.. dis-tu en croisant les bras contre ta poitrine. Tu jetais un coup d’œil au tour de toi, comme pour chercher une excuse, un moyen de te tirer de là. Puis tu te rendais à l'évidence, tu n'y échapperait pas cette fois. Tu soupirais doucement. Après tout ce n'était que Alex, ce n'était pas comme si cette discussion allait te tuer. Tu montais alors dans la voiture, côté passager. Fallait vraiment que tu ais ton permis la prochaine fois, parce qu'au moins ce genre de situation n'arrivera plus. Ton oncle s'installait au volant tandis que tu attachais ta ceinture de sécurité. Un silence pesant s'installait alors entre vous. Tu ne savais pas trop s'il fallait que tu commences à l'interroger ou s'il voulait commencer sa discussion si importante. Le problème c'est que t'étais de nature bavarde et hyper impatiente alors tu ne pus même pas attendre deux minutes que vous soyez sortis du parking du lycée. Tu voulais me parler de quoi ? demandas-tu d'une voix calme et posée.