HISTOIRE Si on lui avait dit il y a quinze ans qu'il finirait élève sur le campus d'Harvard, vivant dans un somptueux appartement et menant une vie dont il n'aurait osé ne serait-ce que rêver, Maël aurait éclaté de rire. Il faut dire que le début de sa vie n'eut rien d'un conte de fées. Alors soit, l'essentiel y était : des parents qui s'aiment, très fort et qui s'épaulent, plus que d'autres qui ne semblent pas avoir le moindre problème en surface, tant ils mènent une vie confortable et puis un frère aussi. Tout garçon ayant eu un frère sait combien s'est spécial et combien on peut l'aimer, même si on a fréquemment envie de l'étrangler, parfois. Alors quand en plus le frère en question est votre jumeau, c'est que vous avez gagné le loto génétique. Alors peut-être que, pour les Thomas, c'était pas le bon moment pour avoir deux bébés, deux petits bambins à élever, à nourrir et tout ce qu'un enfant demande pour grandir en bonne santé. Mais hors de question d'en abandonner un. On sépare pas des jumeaux, encore plus quand, comme maman Thomas, on a le coeur qui bat la chamade à l'idée qu'ils viendront bientôt au monde. Elle accoucha à New York, au coeur de la grosse pomme. La ville qui fait rêver tout le monde. L'enfant de Maël en revanche, elle n'a rien de très bling bling. La maison de son enfance ? Elle n'avait pas de quoi faire rêver qui que ce soit. C'était une maison petite, trop petite pour la famille, mais à défaut d'avoir le choix, on fait avec ce qu'on a. Maël partageait sa chambre avec son frère tout en développant son propre caractère. Un peu tête brulée dans son genre, il a toujours été un gamin très sociable, charismatique et ouvert. Il se passionna bien tôt pour le journalisme, un milieu très terre-à-terre. Ca a toujours été Noa, le rêveur des deux. Maël préférait récolter les journaux qu'il arrivait à récupérer, s'efforçant de voir le monde au delà de ce qu'il connaissait, à savoir sa petite routine, agréable et tendre mais désespérément prévisible. Il rêvait d'être journaliste, sans trop y croire. Ses parents éludaient le sujet, ne voulant pas voir déçu leur fils et avoir à le ramasser à la petite cuillère dans quelques années.
Pas aussi brillant que son frère à l'école, étant davantage du genre à faire le minimum mais se débrouillant bien quand même, grâce à quelques facilités et un peu de travail, aussi peu suffisant soit-il aux yeux de tous, Maël s'est toujours vu davantage collé l'étiquette du frère plus sociable, plus ouvert aux autres. Une langue bien pendue, une jolie bouille qui a toujours fait fondre les filles. Il en fallait pas plus pour que monsieur se mette en confiance. Presque autant passionné par les filles que par l'actualité de sa planète, Maël s'est toujours efforcé de mener une vie palpitante. En dépit de son côté terre-à-terre, à l'image de son frère, il cherchait lui aussi à fuir le quotidien ou plutôt du moins à le transformer. Et un jour, cela se produisit. Maël adorerait pouvoir dire que ce fut grâce à lui, mais en fait, ça tiens plutôt de l'optimisme de son bon vieux papa. Il achetait des tickets de loto toutes les semaines, s'efforçant de rabâcher qu'un jour, ça payerait. Son blondinet de fiston n'y croyait pas, pas plus que son autre fils, car ça semblait dingue. Puis un jour, papa Thomas eu raison. Ce moment est gravé dans l'esprit de Maël : le bar, la télévision, les numéros, le silence, l'impression que tout s'arrête un instant, puis l'effusion. La surprise, le choc. La folie. Puis, c'est redescendu et Maël fut capable de se remettre au clair les derniers évènements tandis que son père le serrait dans ses bras en l'embrassant sur la tête, ne manquant pas de manifester sa joie. Ils venaient de gagner au loto. Maël avait seize ans à l'époque et il sut sur le champ que tout allait changer.
Le changement fut pour lui marqué par le déménagement. Adieu New York, direction Boston. La façon de recommencer une nouvelle vie. Hors de question d'oublier les racines, mais l'argent coulait désormais à flot. C'était une réalité, aussi dingue eut-elle été durant longtemps aux yeux de toute la famille. Maël eut enfin une grande chambre, une vraie chambre. Nostalgique de sa grosse pomme natale, il ne tarda pas pour autant à recommencer sa vie. Courageux, téméraire, il se refit des amis, pouvant compter sur l'amitié de son jumeau en parallèle. En dépit de leurs caractères respectifs aux antipodes l'un de l'autre, Noa est le meilleur ami de Maël. Son frère le connait en long, en large et à travers. Par coeur, tout simplement. Maël a toujours put compter sur lui et il s'agit de l'une des personnes qu'il estime le plus au monde. Il essaiera toujours de le protéger. En signe de loyauté, pour marquer ce lien fusionnel entre eux deux, ils décidèrent d'échanger leurs gourmettes. Une sorte de symbole en fait, l'équivalent d'un doudou, sauf que c'est plus classe et plus représentatif aussi. A l'âge de dix-huit ans, Maël intégra Harvard, l'université de Cambridge, avec son frère. Légèrement pistonner par son père, bien qu'ayant acquit un meilleur niveau, notamment grâce à sa passion toujours aussi dévorante pour le journalisme. Le blondinet n'est pas sûr de grand chose : il ne sait pas s'il arrivera un jour à aimer une fille comme ces mecs exaspérants dans les films romantiques que ses exs l'ont forcé à regarder, il ne sait pas non plus s'il cessera un jour d'être si dépensier, lui qui a vécu sans tout ses biens matériels durant seize ans, il ne sait pas non plus comment sera le monde dans dix ans, mais il a toujours sut ce qu'il voulait être. Le journalisme, c'est définitivement sa vocation. Il n'en doute même plus, en admettant qu'il en ai un jour douté.
La scolarité du blondinet fut troublée l'an dernier, à cause de l'attentat à la bombe. Il fut légèrement blessé, mais rien de bien important. Essentiellement quelques bleus et des petites cicatrices, par ci par là, mais rien de grave. Malheureusement, son état ne fut pas le seul à l'effrayer. Incapable de retrouver son frère dans l'agitation régnant à l'époque à Harvard, il en déduisit que son frangin était parti, aussi inconcevable que cela puisse être. Ainsi, en janvier 2013, il quitta provisoirement le campus d'Harvard. Dévasté. Il se mura dans un silence, n'avertissant personne et emménageant quelques villes plus loin. Il se terra. Il fallait que sa vie recommence à avoir du sens et à l'époque il fut très égoïste, mais il s'en foutait. Il se foutait de foutre une trouille bleue à ses géniteurs. Il se foutait d'avoir été porté disparu à Harvard à l'instar de son frère. Il se foutait de tout, car Noa n'était plus là. Et de lui, Maël n'avait gardé que cette gourmette, gravée au prénom de son jumeau. Ce bijou qui lui semblait peser une tonne, l'attirant comme un aimant vers le sol, vers le bas. Il n'allait plus jamais revoir sa gourmette. Il n'allait plus jamais revoir Noa. Au bout de quelques mois, pour la rentrée 2014, Maël décida de se reprendre en main. Il devait arrêter de se morfondre et redevenir lui-même. Il devait bien ça à son frère. Alors il re-contacta ses parents et se fit prodigieusement engueuler, mais ça allait mieux. Oui, ça allait redevenir normal, ça allait faire moins mal. Enfin, c'était ce qu'il pensait avant de retrouver son frère. Noa, en chair et en os, gourmette au nom de Maël au poignet... En fauteuil roulant. Persuadé d'être Maël. Dépourvu de souvenirs.
Ce fut une énorme claque dans la figure. Noa. En vie. Incapable de marcher. Incapable de souvenirs. L'impression de perdre son frère, une seconde fois. Sauf que ça fait encore plus mal. Car il est là. Mais plus tout à fait. Maël a eut et a toujours beaucoup de mal à digérer tout ça. Il essaie de combler les trous, d'aider son frère, mais naturellement il ne peut pas rattraper toutes ses années et même si son frère sait désormais qui il est, ça fait toujours un mal de chien à Maël de surprendre parfois le regard de son frère et de ne pas y lire la complicité qu'ils ont partagés durant des années. Noa est resté Noa pour lui, mais le contraire... Maël souffre de n'être plus que ce sosie, ce jumeau dont Noa a tout oublié, à part ce qu'on lui a raconté.
EN VRAC Il ne supporte pas de ne pas être au courant de l'actualité et ce depuis tout gosse. Il faut qu'il se trouve le journal, que ce soit en version papier, télévisée ou autre. Sinon, il se sent dépassé, à la ramasse. (+) Il pourrait tuer pour son frère jumeau. Il adore Noa, c'est son double, sa moitié. Il a crut mourir avec lui lorsqu'il l'a cru partir pour de bon. (+) Il a une hygiène de vie assez saine. Il fait pas mal de sport, il adore ça et il n'a pas un gros appétit. Très peu pour lui de s'enfiler une boite de chocolats, même en cas de coup de blues. Il estime que c'est une réaction assez féminine en fait. (+) Il est peu macho sur les bords. Pour autant, il adore les femmes. Ce sont des créatures merveilleuses, très différentes des hommes et il apprécie beaucoup leur compagnie. Malgré ça, son amour de la drague et plus fort que toute envie de se caser. Il a déjà été en couple, mais rien de marquant. Il finissait toujours par se sentir coincé, obligé d'embrasser sa copine en public, de lui prendre sans arrêt la main... C'est trop pour lui. Enfin, c'est peut-être aussi car il a pas trouvé la bonne. (+) Il a troqué son vélo pour une moto, après que sa famille ai gagné au loto. Sa moto c'est son bébé, son inséparable. Il pourrait tuer pour elle aussi, en fait. (+) Il a eu son premier baiser à l'âge de huit ans. Une fille de sa classe jouait à un jeu un peu bizarre, ou on embrasse les garçons et il s'est fait prendre par surprise. C'était très baveux et c'est pas un souvenir qu'il aime partager. (+) Sa première fois était plus sympathique. Il avait dix-sept ans et c'était avec sa première copine, avec qui il est resté durant deux mois. (+) C'est un borné, un vrai, un emmerdeur. Quand il a une idée en tête, il ne l'a vraiment pas ailleurs. Enfin, son côté grand gamin renfrogné fait partie de son charme. On aime, ou on aime pas. (+) Il n'est pas le moins du monde pudique et il lui faudrait plusieurs paires de mains pour compter le nombre de gens qui ont déjà vu ses fesses. (Moments au lit exclus) (+) Il préfère les chats aux chiens. (+) S'il ne regrette pas sa chambre minable, partagée avec son frangin, New York lui manque quand même. C'est sa ville. Son chez-lui. Un jour, il y repartira, pour de bon. Il se l'ai promis juste avant de grimper dans l'avion.