« MAMAN, JE TROUVE PLUS MON FER A FRISE ! » « MAMAN, BECCA M'A PIQUE MON JEAN'S ! » « MAMAN, TU A REPASSER MA ROBE NOIRE ?! » « Ah ! Tante Lucy ! Tu sais pas où maman a ranger l'allume-feu ? » « Dans le vase au-dessus de la cheminée ... Pourquoi ? » « Oh, pour rien ! J'dois juste brûler un petit truc avant le lycée. Bye ! » Un matin des plus banales chez les Peanock. Une bande d'ados excusez moi. Ados ET préados qui hurlent et cours dans chaque pièce en pyjama. Il est déjà plus de 8h30 et aucunes des filles n'étaient prêtes pour l'école. Tout comme aucune des adultes présentent ne l'étaient pour le travail. La pagaille la plus monstrueuse se déroulait chaque matin sous ce me toit. Oh, au fait ! Je me présente. Moi c'est Maxyme. Enfin, Maxyme-Leight. Mais appelez-moi juste Max. Maxxie vous est interdit, il n'y a que les folles de ma famille qui sont autorisées à me surnommer de la sorte. J'ai 16 ans. Je suis la seconde fille de Margarett Belinda Peanock alias Maggie. (oui, la femme qui tient la boutique de soins du corps bio sur la rue principale) et vous êtes à Toronto, au Canada. « Qu'est-ce que tu fais ? » « Je crame ta robe préférée. » « Que... QUOI ?! MAMAAAN ! » Oh et ça, c'est ma "famille". Je vous présente ma mère, ma tante Lucy, mes petites soeurs Becca, Angie et Lydia, mes grand-tantes Francess & Freya puis la grande perche aux cheveux angéliques qui hurle comme une folle là, c'est Casey. Ma soeur aînée. Oh, vous inquiétez pas pur la robe qui brûle dans la cheminée, elle l'a mérité. Ouais, elle est sortie avec Jake Michaelson. Vous vous rendez-compte ? Mon premier amour. Et le pire, c'est qu'il paraît qu'elle l'a dépucelé ! Sa robe préférée qui crame, ce n'est que le début de ma revanche. Enfin bref, je suis née dans cette ville même un certain vingt Juillet de l'année 1988. Casey était arrivé deux ans avant moi, Angie était entre nous deux, tandis que Becca faisait son entrée dans la famille un an après moi et Lydia un an après elle. Si vous vous le demandez, oui, nous avons toutes le même père. Du moins, le même géniteur. Les petits copains à répétition servaient de père de substitution à chacune de nous. Pour ma part, se fut Richard, il était irlandais. Il était sympa, et c'est sûrement parce qu'il était trop gentil qu'après 9 mois maman l'a foutue à la porte. Notre vrai père ? On n'en sait pas trop sur lui, il paraît qu'il était soldat. Il a disparu de la circulation quand Lydia avait deux ans, j'en avais cinq. Je n'ai plus tellement de souvenirs de lui et notre mère à brûler toutes les photos. On n'a jamais vraiment su pourquoi il était parti et on n'a jamais vraiment osé demandé. Notre mère ne s'en est jamais véritablement remise, elle a essayé de noyer son chagrin en se jetant dans les bras d'autres hommes mais ça n'a jamais réellement marché. Quand il est parti maman, mes soeurs et moi avons quitté notre petite maison de banlieue pour s'installer au manoir familial. Ne vous méprenez pas, on a un manoir, mais on n'est pas archi-riche. Il a simplement été construit par notre arrière-arrière x arrière-grand-père et demeure dans la famille depuis des générations. Ici, nous vivions ont nos deux grand-tantes, toutes deux veuves. Puis nous avions et rejoint par notre autre tante, Lucy, la soeur de notre mère, célibataire et Dieu merci sans enfants. Une grande et heureuse famille, exclusivement féminine. À ce sujet, Francess & Freya ont leurs théories à ce sujet, elles aiment raconter qu'une malédiction pèse sur les femmes de notre famille rendant toutes relations avec les hommes, vouées à l'échec. Selon elles, aucun homme n'est assez résistant pour faire face à la malédiction et nous sommes toutes vouées à finir nos vies en vieilles filles célibataires aux coeurs brisés. Déprimant, n'est-ce pas ? Enfin bref. Vous savez, moi, je n'y croyais pas trop. Pour moi, elles se montaient la tête et essayaient de se trouver des excuses pour être toujours seules. Je savais qu'un jour je quitterais Toronto, je partirais à l'aventure, je découvrirais le monde et au moment opportun je rencontrerais l'homme de mes rêves. L'homme de ma vie. J'en étais persuadée.
Bon ... Là, j'ai 20 ans. Imaginez-vous que j'ai arrêté mes études après le lycée et que je bosse dans un bar de nuit pour me faire de l'argent de poche. Oui, je suis toujours à Toronto. Oui, je suis toujours coincée dans ce fichu manoir à écouter chaque soir les mêmes histoires d'amour déchues des femmes de ma famille. Jusqu'au jour où il débarque dans le bar. À la fermeture, en fait. Il semblait désespéré, il semblait avoir vraiment besoin d'un verre et ... Je n'ai pas pu résister à ces grands yeux de cocker. Une tequila, et puis une autre, et puis une autre. Je me réveillais le lendemain dans une chambre étrangère au neuvième étage d'un immeuble de luxe en centre-ville. À mes côtés dans le lit, le bel inconnu de la veille, torse nu est recouvert d'un simple drap blanc. Je fronce les sourcils et frappe doucement la paume de ma main sur mon front. Vraiment, Maxyme ? Vraiment ? Coucher avec un étranger complètement au bout de sa vie ET sous l'emprise de l'alcool . Tu vas définitivement finir comme tes tantes à te lamenter sur ta folle jeunesse et tes amours manqués entourés de 74 chatons. J'essaie de m'extirper du lit sans le réveiller et sans faire de bruit et alors que j'y suis presque, une main attrape fermement mon poignet et me rejette en arrière. Je me retrouve nue comme un verre, allongée sur cet immense lit avec un inconnu qui me scrute de la tête aux pieds. Je sens le rouge me monter aux joues jusqu'à ce que mon regard croise le sien. Un petit sourire amusé se hisse sur ses lèvres et d'une voix roque qui me fait littéralement fronde il me lance un petit « Bonjour, bébé. » À mon tour, j'ai un sourire béa sur le visage. Il est tellement beau. Ses grands yeux, ses petites mèches rebelles qui retombent sur son visage, ses traits fins qui ne me donnent qu'une seule envie : l'embrasser comme une dingue. Ce que je croyais être une mauvaise chose s'avérait en fait en être une bonne. Succomber aux avances sexuelles d'un inconnu, fondre pour un sourire mielleux, ce que je pensais être une faiblesse hériter de famille s'avérait-être une bénédiction. Grâce à cela, je venais de faire la connaissance de l'homme parfait. Stephen avait à l'époque 23 ans et il était déjà à la tête d'une entreprise à plusieurs millions de dollars. Il venait d'une bonne famille, sortait d'une bonne école. Il était en plus de magnifique un véritable gentleman, le plus adorable des garçons que je n'ai jamais rencontrés. Il me traitait comme une princesse et sans mentir, en sa présence je me sentais véritablement comme tel. J'avais tiré le gros lot, le jackpot. Un beau parti que beaucoup m'enviaient et sans que je ne comprenne comment ni pourquoi, il m'aimait. Il était tout aussi fou de moi que je l'étais de lui. Je n'avais pourtant rien à offrir, je ne venais pas de son monde et aussi bien sa famille que ses amis me le reprochaient sans se cacher. Et pourtant il restait. Grâce à cette relation, à lui, je repris confiance en moi. Je lâchais mon job' et reprit mes études. Je bossais tellement dur que je fus acceptée à la prestigieuse université qu'est Harvard. Ma mère y avait fait ses études, tout comme Stephen. D'ailleurs, je me demandais parfois s'il n'était pour rien dans mon acceptation. Je ne me posais pourtant pas tellement de questions et même si le quitter pour mes études me brisait le coeur, je savais qu'il me rendrait visite et que je rentrerais à Toronto très souvent pour lui rendre visite. Je ne m'inquiétais pas. Lui et moi c'était une évidence. Rien ne pourrait jamais nous séparer.
Je vivais ma vie d'étudiante depuis 4 années maintenant. J'entamais d'ailleurs ma dernière année à Harvard et je partageais mon temps libre entre mes révisions, mon semblant de vie sociale et mes visites dans mon pays natal. Aussi étrange que cela puisse paraître, ma famille me manquait. Les cris de mes soeurs et les lamentations de mes tantes me manquaient. La cuisine de ma mère également. Et puis, Stephen. Stephen me manquait énormément. Je le voyais assez souvent mais pour moi, ce n'était jamais assez. J'avais besoin de ma dose annuelle où je ne passais pas la journée. Merci à l'inventeur de Skype et des téléphones portables. D'ailleurs à ce moment précis, je me trouvais dans un avion qui venait de quitter le sol de Toronto pour me ramener dans le Massachusset. Un sourire scotché sur le visage et une bague en diamant de plusieurs carats aux doigts. Oui. J'étais fiancée. Vous y croyez, vous . Fiancée. Moi. J'étais la femme la plus heureuse du monde. Planifier un mariage durant ma dernière année de fac n'allait pas être du gâteau mais j'étais certaine de vouloir passer le restant de mes jours à ses côtés. Je revivais ce moment en boucle dans ma tête, la demande, le baiser qui s'ensuit. Les larmes de ma famille. Le bonheur dans les yeux de mon amoureux. J'étais prête à littéralement exploser de joie alors que mon avion venait tout juste de décoller. J'allais me marier. J'étais au top dans mes études. Tout allait au mieux dans le meilleur des mondes.
« Dis-moi ce qui se passe, Becca. Je suis ta soeur, tu peux tout me dire. » « Je ... J'ai vu Stephen avec une autre femme. » Et bam. Explosion. Fissure. Néant. Mon coeur loupait un battement et se mit à s'affoler. J'ai dû mal comprendre. Comment ça, avec une autre femme ? À l'enlacer ? C'était peut-être sa soeur, sa mère ... Je n'en sais rien. Becca a dû se tromper. Ce n'est pas possible. Pas lui. Pas nous. Pas après tout ça, pas après cette bague. Et pourtant. Peut-être qu'au fond, la malédiction existe réellement. Peut-être nous, les femmes Peanock sommes-nous destiner à finir seules, sans amour, le coeur piétiner par le premier idiot du quartier. Stephen semblait si différent. Mais je suppose que quand on est amoureuse, chaque garçon nous semble différent. Je raccrochais le téléphone et jetais mon Iphone sur mon lit. Je ne me mise pas à pleurer comme une madeleine. J'attrapais simplement mes baskets, mon sac de sport et parti me défouler en dansant. J'étais quoi maintenant moi, fiancée ? Célibataire ? Quelle case étais-je censée remplir dans mon prochain formulaire ? Coeur brisé ? Anéantie ? Trahie ? J'étais perdue. Je ne voulais rien d'autre que de la musique et une pièce vide où m'exprimer. Plus rien d'autre ne comptait, juste le battement, le rythme de la musique et le plancher sous mes pieds. Surtout pas Stephen et ses tromperies.