LONDRES - 6 DÉCEMBRE 2013Le bruit du réveil m'éveilla le matin, et je me frottais les yeux avant de me lever, totalement dans les vapes. J'avais passé une horrible nuit et je pense que toutes celles qui allaient suivre allaient être ainsi aussi. Je repoussais ma couverture et me leva. Des flocons tombaient du ciel et la neige avait complètement caché la ville de Londres, sous sa couche scintillante et blanche de poudre. Les rues étaient vides et j'entendis les carillons du Big Ben au loin. Aujourd'hui, c'était mon avant-avant-dernier jour avant d'aller à Harvard. La prestigieuse université Harvard... Il y a trois jours encore, mon moral était au plus bas mais j'ai surmonté la pente. Je me suis dis que c'était inutile de continuer à penser à ça, alors que tout était passé. Passé. Oui, passé. Ça ne se reproduira plus jamais. Jamais.
Arrêtes de penser à ça, Amanda... me dis-je, à moi-même, devant la glace de la luxueuse salle de bains de ma chambre. Ces derniers jours avaient été les plus durs de ma vie et j'essaye de lutter contre les larmes qui me surmènent tous les jours. J'essaye d'oublier qu'on avait abusé de moi.
LONDRES - 14 AOÛT 2013
Je marchais tranquillement dans les rues de ma ville natale : Londres. J'avais toujours apprécié, voir aimé, Londres. C'était une petite ville calme, sereine, jolie et attirante. Des touristes étaient souvent dans le coin, car oui, Londres attire aussi énormément de monde, grâce à tout ce qu'elle contient et tout ce qu'elle offre à découvrir : le Big Ben, le palais royal de la grande duchesse de Cambridge, Kate Middleton et son époux, le prince William et aussi le tout nouveau Prince George, leur fils, l'héritier de Cambridge ! Le Buckingham Palace, la House of Parliament, l'Abbaye de Westminster, le Château de Windsor, la Tower Bridge, la Tour de Londres aussi, et évidemment, la magnifique Cathédrale Saint-Paul... Londres ne manque pas d'ambiance, de chahut ni de merveilles. J'adorais cette ville et je n'avais jamais eu aucune envie de la quitter. Pour moi, les États-Unis, où tout le monde rêve d'aller, n'était rien à côté de Londres et ne lui arrivait même pas à la cheville. J'avançais dans la petite ruelle étroite et pierreuse qui me menait au bar où je travaillais. Un bar infâme, sale et souillé. Les clients étaient tous d'odieux fumeurs et l'odeur était contagieuse. Le patron, lui-même, était un salaud de première classe. Il était en voyage et je ne l'avais jamais vu depuis que j'étais venue travailler ici. On disait qu'il était dégueulasse, et pas qu'au second degré. Malgré tout, je n'avais pas d'argents et ce travail m'était nécessaire. Ma petite famille avait décédée en 1991 et mes parents adoptifs aussi, en 2010. J'ai ensuite héritée de leur petite maison conviviale mais elle à brûlé dans un incendie, ou plutôt, comme dirais-t-on lorsqu'il s'agit d'un "incendie" volontaire : un attentat. Mon amie, Candice, m'a hébergée chez elle jusqu'à ce que je trouve un boulot puis j'ai décidé de m'en aller de chez elle, ne voulant pas profiter de sa confiance trop longtemps. Je me suis pris un petit studio face à la mer (qui n'était plus qu'un lac de glace en cette saison), et je chaussais la vie, au jour le jour. Je gagnais un salaire raisonnable pour ce boulot, d'ailleurs j'étais la seule. Je n'avais qu'une seule collègue qui ne venait presque jamais. Je me suis donc rendue par la porte arrière du bâtiment qui constituait ce vieux bar moderne. Les poubelles avaient été jetées par terre et une odeur juste insupportable s'était faufilée dehors. Je me dirigeais à pas rapide vers la porte pour m'épargner cette affreuse odeur d’œufs pourris et entrait dans le bar. Il était presque vide, comme toujours et une odeur de cigarettes était infiltrée. Je rentrais par la porte et j'enfilais mon tablier. Les dealers qui étaient assis à table sifflaient lorsque je m'approchais du comptoir pour prendre des commandes et je sentis une boule se former dans ma gorge, comme toujours, lorsque j'entre dans ce bâtiment. Une fille de mon âge était en train de nettoyer les tables et elle vint jeter le chiffon à côté de moi. Je vis qu'elle portait, elle aussi, le tablier des employés et je décidais de l'aborder, comme il n'y avait pas de clients.
- Bonjour ! dis-je.
La femme ne me répondit pas et elle s'enfuit dans les toilettes du bar. Je me dis qu'elle avait une envie pressante et je restais là. Mais, au bout de vingt minutes, la femme n'était toujours pas revenue. Elle s'était noyée dans la cuvette ou ... ? Je décidais d'aller voir et toquais à la porte. Mais elle était déjà ouverte. Je poussais la porte blanche et je vis la femme, de dos, qui se faisait vomir. Je m'approchais d'elle et posa une main sur son dos. Elle sursauta tellement fort que je reculais, sur le coup.
- Ça va .. ?- Allez-vous en, me répondit-elle, froide.
Sa voix était rauque, extrêmement froide et mélancolique.
- Non ! répliquais-je.
Qu'est-ce qu'il y a ?Une minute passa sans aucune parole échangée. Un blanc nauséabond s'était installé et la femme se mit à pleurer, fondant dans mes bras. Je posais une main réconfortante sur ses épaules et essayait de la calmer.
- Je ... Je ne peux pas te le dire...- Tu peux me le dire, je te promets que j'essayerais de t'aider !Elle se releva difficilement et son visage était inondé de larmes. Elle faisait peine à voir. Elle me dit donc, interrompue constamment par des hoquets :
- Le ... patron ... I..il me ....- Non ? la coupais-je.
- Si ! dit-elle avant de redevenir une fontaine.
J'étais sous le choc. Je m'étais toujours demandée pourquoi les gens parlaient aussi mal de ce gadjo. Je ne l'avais jamais vu et maintenant, je n'avais aucune envie de le voir, ni maintenant, ni jamais. La femme, qui se trouvait s'appeler Alice, était à genou et elle pleurait toutes les larmes de son corps. J'entendis alors la porte en vitre claquer et des acclamations dans tout le bar. Je saisis Alice par le bras et je me rendis vers le bar, sortant des toilettes d'où une odeur vraiment indescriptible se baladait. Je croisais un regard bleu clair que je n'aurais jamais cru revoir un jour.
- FLASHBACK - 13 JUILLET 2009
Je me promenais tranquillement dans Los Angeles. Les vacances étaient passées plus vite que l'éclair mais j'ai très bien profité de cet été. Mes parents m'ont laissée venir ici, à L.A, avec l'une de mes amies, Mélinda. J'étais en train de rentrer, après être allée au parc. La rue était déserte et une brise fraîche venait me gifler le visage. Je rentrais dans une petite ruelle étroite et assez sale, où il faisait sombre à cause des grands bâtiments qui se redressaient comme des grattes-ciels. Je sortis mon téléphone et commençait à envoyer des textos lorsque je me cognais contre quelque chose... ou quelqu'un. Je relevais les yeux pour voir un vieux, aux yeux bleus azur extrêmement clairs. Il était très grand et je devais lever les yeux pour le voir. Il donnait la chair de poule... Je voulais m'en aller tranquillement, après m'être excusée, mais lorsque je tentais de passer, il m'attrapa par la taille. Je sursautais et j'écarquillais mes yeux.
- Laissez-moi ! dis-je, en me débattant.
- Je ne crois pas, non, répondit-il avec un air machiavélique.
Il commença à m'embrasser le cou. J'étais dégoûtée et je sentais des larmes envahir mon visage. Je me débattais, criait, essayer de le frapper mais rien n'y fit, il continuait à me tenir fermement. Il avait déchiré violemment mon débardeur et avait descendu les bretelles de mon soutien-gorge noir en dentelle. Il m'embrassait maintenant la poitrine. Je hurlais, mes cris étaient secoués de larmes. J'aperçus alors devant mes yeux une pelle noire. Je m'emparais de la pelle, discrètement, doucement, et enfin je la planta en moins d'une seconde entre ses cuisses. Il se tordit de douleur et s'effondra au sol en criant. J'en profitais pour courir le plus vite possible. J'entendis un juron sortir de sa bouche. Je me relevais rapidement. Je pleurais à chaudes larmes. Mon visage était maintenant inondé de larmes. Je courus me réfugier dans un bâtiment, après avoir appuyé dix milles fois sur l'interphone. Quelqu'un m'avait ouvert en pensant que j'étais son livreur de pizza. Je me cachais sur le coin du mur droite du bâtiment, à côté de l'ascenseur et je m'y laissais tomber. Je sentis mes larmes couler longuement sur mon visage. Je passais la nuit assise là, sans bouger d'un seul pouce, prétextant à Mélinda que je dormais chez une cousine que je n'avais pas vue depuis longtemps mais que c'était loin et qu'elle ne pouvait pas venir.
- FIN DU FLASHBACK -
Pas ce violeur ?... Aussitôt que je croisais son regard, j'avais agrippé la main d'Alice et je courus aussi vite que possible hors du bâtiment. J'entendis au loin des bruits de verre qui se cassaient ou encore des gars qui "vénéraient" quelqu'un. J'entendis aussi des bruits de pas mais je ne fis pas attention. On avait très vite atteint la rue centrale et principale et nous nous étions enfuies. Par chance, on l'avait semés grâce à un conducteur qui avait bien voulu nous déposer chez nous. Je décidais de rentrer chez moi avec Alice. Quelques jours plus tard, elle avait décidé de retourner dans son pays natal, la Bulgarie. Elle m'avait dit qu'elle était venue pour gagner un peu d'argent, parce que sa situation financière n'était pas des meilleures mais que maintenant, elle ne quitterait plus jamais la Bulgarie. Pour ma part, j'étais rentrée plus tôt que prévue à Londres. Mélinda m'avait suivie et c'est donc, naturellement, que je me retrouve chez moi. Mes parents ont reçues la lettre de confirmation d'admission d'Harvard et je me suis donc envolée à Cambridge.