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WITH. NAOMI HERMES-WINDSOR ET LOUKA C. DE MARZO - « On perd l'aspect de sa
solitude lorsqu'on rencontre l'amour. C'est l'amour qui sauve tout dans le monde. »
Dix huit heures et trente minutes. Un soupire de soulagement lorsque le professeur marque la fin de la journée. Le mercredi, journée la plus longue de la semaine pour les étudiants en quatrième année de politiques. Il était temps que cela se finisse enfin, comment pourrait-on rester concentrer une minute de plus lorsque cela fait plus de neuf heures que nous sommes assis en amphithéâtre, et ce même si c’est l’un des cours les plus intéressants de mon cursus universitaire. Je m’extrait de l’amphithéâtre et me dirige vers le grand hall, à vive mais gracieuse allure. Les gens se bousculent, certains courent pour rejoindre le complexe sportif pour leur entraînement, je salue simplement le jeune homme qui m’a tenu compagnie pendant ce cours, et sans même un regard en arrière, fonce vers la sortie.
Je fouille dans mon sac pour en extraire ma bouteille d’eau, tout en marchant rapidement, quand un élève me bouscule légèrement. Je relève la tête vers celui-ci et reste pétrifiée devant ce visage aux traits doux et durs à la fois. Le hasard n’est il pas le meilleur ennemi de l’homme ? Je le pense à cet instant même lorsque nos yeux se rencontrent et que des sourires timides et gênés naissent sur nos visages. Cela fait quelques jours, voir quelques semaines que je n’ai pas revu Louka, et à vrai dire je m’en portais plutôt bien. Je n’ai pas l’habitude d’être rejetée par des personnes auxquelles je m’attache si vite, et je m’avoue vexée de son comportement incompréhensible. Cependant, je ne peux lui en vouloir longtemps lorsque je dévore du regard ses traits fins, ses grands yeux perçants et ses lèvres dessinées à la perfection. Etrangement, et sans pouvoir l’expliquer, les battements de mon cœur s’accélère légèrement. A priori il serait encore temps de fuir, mais ce serait lâche. Ce serait faire comme lui, et je m’y refuse. Après tout, mis à part le sentiment de colère causé par le repoussement, je n’ai rien à me reprocher et c’est à lui seul d’être mal à l’aise. Convaincue de cela, je me risque à engager un semblant de conversation. Mais dans ma voix se traduit rapidement ma déception mélangée à de la rancœur. « Tu es toujours à Harvard ? J’ai pensé que tu avais disparu de la circulation quand tu n’as pas répondu à mes messages… » Je le fixe, intensément, tentant de garder une certaine froideur sur mon visage. Il est hors de question qu’il comprenne qu’il m’a blessé en me rayant sans raison de sa vie ces dernières semaines. Il est hors de question aussi qu’il puisse avoir un indice sur le fait qu’à cet instant même, j’ai envie de ranger ma rancune et de le serrer contre moi. C’est comme une pulsion. Ce garçon me pousse à éprouver des sentiments qui m’étaient jusqu’alors inconnus. Il réveille en moi une rage liée à cette espèce d’abandon autant qu’il me donne l’envie de goûter ses lèvres. Mais mon expression ne me trahit pas, du moins je l’espère. « Comment vas-tu ? » Dis je doucement, semblant m’être radoucie.
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