Keira ∞ Amara ►"Panic & Smile"

« Et pourquoi pas ? » C'est ce que s'était dit Keira, à l'instant même où on lui avait proposé de venir passer la soirée au People's Republik. Elle savait que c'était un endroit parfait pour passer un bon moment, décompresser, faire des rencontres et surtout danser, alors elle n'avait pas hésité une seule seconde. Elle avait besoin de tout ça, elle était sous tension en ce moment, notamment à cause de cette histoire d'épidémie qui avait décimé Harvard. Elle savait que Valentine, sa demi-soeur, avait été touchée par le virus et elle s'était énormément inquiétée. Heureusement, un remède avait enfin était découvert et malgré de longues semaines de convalescences, les malades ne courraient plus aucun risque. C'était donc évidemment le moment de faire la fête. Après sa journée de cours, elle était rentrée chez elle, dans la maison des Cabot et avait pris une douche brûlante pour débloquer les tensions qui nouaient son dos. Elle avait ensuite enfilé des vêtements confortables le temps de s'allonger devant une série, puis, une fois que la nuit était tombée, elle s'était à nouveau dirigée vers la salle de bain. Pour sortir, elle devait se préparer, et elle était décidée à sortir le grand jeu, comme toujours. Elle  noua ses cheveux en un chignon chic et un peu fou, appliqua une légère couche de maquillage, juste du crayon noir et un rouge à lèvres rouge, puis enfila une robe noire, décolleté mais pas trop, qui lui allait à la perfection. Elle avait toujours était habituée à prendre soin d'elle et ce n'était pas près de changer. Après ce petit rituel, elle enfila ses talons hauts et quitta la chambre pour se rendre en ville. Au People's Republik, la musique résonnait déjà contre les murs, emplissant l'air des notes entraînantes. Keira fendit la foule pour aller chercher un verre, le rythme entêtant des chansons s'ancrant dans son esprit. Elle adorait se déhancher sur la piste sans penser à rien et c'est ce qu'elle finit par faire dès qu'elle eut rejoint son groupe d'amis. Chaque battement déclenchait un mouvement de son corps, elle ne contrôlait rien, se laissait envahir par les mélodies et fermait même les yeux pour profiter un peu plus encore. Si elle avait été seule au monde, ça n'aurait pas été différent, elle avait l'impression de l'être, totalement subjuguée par les sons. Ce n'est qu'en sentant quelqu'un se coller contre elle qu'elle parvint difficilement à sortir de sa transe. Un inconnu lui souriait, il posa sa main sur sa taille et doucement, elle le repoussa, secouant la tête pour lui signifier qu'elle ne voulait pas danser avec lui. Dès qu'elle fut libre, elle retourna au bar et elle s'assit sur un tabouret pour boire tranquillement. Elle aimait aussi observer les danseurs sur la piste, les fêtards autour d'elle. Mais cette fois son regard se posa sur une jeune fille aux cheveux blonds comme l'or. Elle ne semblait pas se sentir très bien et elle tentait de regagner le bord de la piste avec peine. Keira se releva et l'observa plus attentivement, prête à aller l'aider. C'est alors qu'elle la reconnu. Amara. Elles s'étaient croisées au centre commercial et avaient discuté après s'être percutées. Sans plus attendre elle alla la retrouver, l’inquiétude la gagnant déjà. Amara était maintenant au sol, recroquevillée sur elle même, l'air hagarde, désorientée, perdue, des larmes roulant sur ses joues. Accélérant le pas, elle la rejoignit enfin et se pencha vers elle, tendant sa main pour l'aider à se redresser. « Amara c'est Keira, tu te souviens de moi ? Je vais t'aider, on va sortir prendre l'air. » Elle la redressa tant bien que mal, passant son bras derrière ses épaules et autour de sa taille pour la soutenir. Mobilisant toutes ses forces, elle parvint à faire les derniers pas qui les séparaient de la porte et appuya dessus pour l'ouvrir. Quand enfin, l'air frais vint se poser sur leurs visages, elle regarda à nouveau la jeune femme. « Respire, l'air frais va te faire du bien. Ne t'en fais pas, je reste avec toi. » Elle prit sa main et la serra dans la sienne, scrutant son visage, à la recherche d'un signe qui prouverait qu'elle se sentait mieux.

« Amara c'est Keira, tu te souviens de moi ? Je vais t'aider, on va sortir prendre l'air. »
Ces paroles résonnèrent dans ma tête. Non pas qu'elles ne m'aient choquées, mais parce qu'elles résonnaient  vraiment.
Keira , Keira , je cherchais alors dans mes souvenirs. Keira! Je m'en souviens. Je n'aurais pas pu mieux tomber. Je ne pu réussir pourtant qu'en signe de réponse à hocher la tête. Je sentis une main me prendre par la taille et me relever. La traversée de la salle bien qu'assez courte fut un vrai calvaire. J'ai finalement  compris que nous nous dirigions vers la sortie. Enfin. Une fois la porte passée, je sentis la brise venir se percuter  contre mon visage . Keira me regarda un moment, elle était inquiète, je l’étais tout autant.
« Respire, l'air frais va te faire du bien. Ne t'en fais pas, je reste avec toi. »
En  effet , je parvenais enfin à reprendre un rythme de respiration régulier. Elle prit ma main dans la sienne et la serra. Tout ira bien maintenant, je n'étais plus seule.
Merci.
Je dû penser trop vite car le simple fait de prononcer ces cinq lettres fut une vrai torture. Me voilà repartis dans un tourbillon sans fin. Mes mains se mirent à trembler, puis se fut tout mon corps entier. Je sentis des gouttes de sueur descendre le long de mon visage pour se mêler aux larmes déjà présentes. Mon cœur reparti dans un ballet effréné. Je fus prise de crampes d'estomac et sentis un liquide brulant remonter jusqu’à ma gorge. J’eus seulement le temps de me tourner sur le côté pour vomir.J'ai désormais un gout nauséabond dans la bouche. Un problème supplémentaire qui viens s'ajouter à la liste déjà longue. La panique me gagne un peu plus à chaque secondes. J'éclatais de nouveaux en sanglot. Il n'y avait donc aucun échappatoire possible. Je ne pouvais même plus savoir si Keira était réellement avec moi. Impossible de distinguer le rêve de la réalité. Oui ce n'est qu'un rêve, un cauchemars, je dois me réveiller. Je fermais les yeux en m’apprêtant à me trouver dans ma chambre lorsque je les rouvriraient. Je sentis une pression sur ma main ce qui m'extirpa de mon monde. Je ne rêve pas non.
Tout est bien réel. Trop réel.
Je vais mourir, je vais mourir!!!
Je ne sais pas ce que pensa Keira à ce moment là . Elle dû me prendre pour une déséquilibrée. Je veux seulement que tout ça s’arrête.