(+ Jeno) I'll never be calm and reasonable

Boxer était devenu une seconde nature pour Bambi. Chaque matin, à l’aube, elle partait s’user les muscles dans un long jogging et revenait plus en forme que jamais pour frapper son fidèle sac d’entraînement comme si sa vie en dépendait. Sauf que là, la violence dont elle faisait preuve dépassait de très loin de ce à quoi elle avait recourt d’ordinaire. Bambi hurlait à chaque coup, ne s’offrait aucun répit, et voulait tellement s’épuiser qu’elle n’aurait plus la force de se mettre en colère au bout du compte. « C’EST PAS ASSEZ FORT BORDEL ! » s’engueula-t-elle en faisant fi d’un éventuel public car à cette heure proche de l’aube, il ne devait pas y avoir âme qui vive dans les environs. Bambi en profitait, elle se moquait bien de déranger car le premier qui s’opposerait à elle finirait avec le portrait refait façon puzzle. Et elle ne plaisantait jamais avec ce genre de choses. Hélas, à chaque nouveau coup, un regain d’énergie arrivait, comme si la belle blonde était inépuisable et sa colère encore moins. « RHA MAIS CALME-TOI ! » s’ordonnait-elle sans résultat, avant de cesser de frapper pour mieux envoyer valdinguer littéralement ses gants. Bambi était mal, très mal. Et cette journée s’annonçait pourrie par avance et par principe…

Bambi ne se contrôlait plus. Faire une crise tout de suite maintenant ne l’arrangeait pas, car c’était un coup à être surprise par un ponte et prise pour une folle dans un même temps mais par une chance de cocu, ce fut Jeno qui poussa bientôt la porte du gymnase où elle s’excitait comme une dératée sur son sac d’entraînement avant de péter purement et simplement un câble. Ah il était beau le contrôle qu’elle feignait si aisément lors de ses représentations de magie à Vegas ! Une fois de retour à Cambridge, ce contrôle tant aimé s’effaçait, fondant comme neige au soleil pour mieux laisser ses démons la maîtriser totalement. Autant dire qu’elle cessa de hurler aux paroles de son acolyte Mather mais ses yeux brillants parlaient pour elle : Bambi était prête à craquer. Il ne s’en faudrait que d’une parole déplacée pour qu’elle abandonne toute maîtrise et ça, il n’en n’était pas question. « Rien, ça va » répliqua-t-elle légèrement froidement, tout en sachant que Jeno ne pourrait rien pour elle et que ce n’était pas le moment de l’emmerder avec ses problèmes alors qu’il galérait bien assez de son côté. Bambi possédait beaucoup de défauts, mais l’égoïsme pur et simple n’en faisait définitivement pas partie. « Franchement si j’avais un coup sous la main il serait pas partie avant de demander grâce ! » avoua-t-elle, soupirant violemment pour essayer de se calmer au moins à peu près, non sans espérer que son pote ne s’éternise pas : elle n’était pas certaine de se contrôler sur la durée… et pour le coup, elle aurait rêvé d’avoir vraiment un homme sous la main pour apaiser définitivement sa rage. « Comment ça se fait que tu sois ici bichon ? » Noyons gentiment le poisson au passage…

« En même temps celui qui voudra me satisfaire faudra qu’il se lève tôt ! » lâcha-t-elle avec ironie même si Bambi devait avouer que sa solitude lui tapait parfois sur le système. Ceci dit, avant de pouvoir la combler, encore fallait-il qu’elle calme sa colère et ça, ce n’était pas demain la veille que cela risquait d’arriver. Quoi de plus handicapant que de perdre littéralement ses nerfs même face à l’un de ses plus proches amis ? Jeno était son grand frère de cœur, quelqu’un en qui elle avait toute confiance et pourtant, elle se cachait, honteuse, ne désirant pas qu’il la voit sous un jour si fragile alors qu’elle rêvait de paraître forte et inébranlable. Hélas, le Mather ne la connaissait que trop bien et ne crut pas une seconde à son changement de sujet : il revint aussitôt à la charge, non sans lancer sur elle un regard des plus déterminés qui, pour une fois, la désarma. « Mon paternel » reprit-elle d’une voix particulièrement haletante, se maudissant de faire preuve de tant de faiblesse mais aux grands maux, les grands remèdes. Puisque la boxe n’avait pas réussi à l’apaiser, autant abdiquer et chercher réconfort ailleurs… « J’en ai vraiment ras le cul de ses leçons de morale, qu’il me lâche sans arrêt que je suis sa plus grande honte, et j’t’en passe et des plus mûres. S’il savait combien je m’en fous de son archéologie à la con, il peut se la tailler en pointe et se la flanquer au cul ! Je rêverais de lui dire d’aller se faire foutre mais j’ai plus que lui et là, bah… j’arrive de moins en moins à gérer. C’est pathétique. »

Spoiler:

Bambi poussa un petit soupir, la présence de Jeno l’apaisant suffisamment pour qu’elle n’ait plus une telle envie de frapper telle la dératée qu’elle était dans ce foutu sac d’entraînement. Somme toute, c’était déjà ça de gagné ! Depuis combien de temps s’énervait-elle contre ce dernier, en prime ? Cela lui apparaissait semblable à une véritable éternité, au point qu’elle soit littéralement sans souffle. Rien ne l’empêcherait de tenir une conversation avec son frère de cœur, Bambi en avait vraiment trop besoin, mais il n’était pas question pour autant de dévoiler son goût immodéré pour tout ce qui touchait à la magie et à l’illusionnisme. Une chance que la belle blonde ait plus d’une corde à son arc… « En fait, avant de venir ici, j’ai réussi à faire un an aux Beaux-arts de Paris » avoua-t-elle subitement, sans trop savoir pourquoi elle parlait de ça au juste. Peut-être parce que la peinture et le dessin prenaient une place plus importante dans son esprit qu’elle ne se plaisait à le laisser entendre de base. « J’adorerais peindre… je pourrais faire que ça toute la journée. Mais ça n’arrivera jamais. Tu ne connais pas mon paternel… foutu con borné de monténégrin à la con ! Elle s’en est sortie ton ex ? »»

« Hey attends, chez les verts on a un standing à respecter ou pas ? » lâcha-t-elle avec un brin d’humour, poursuivant sur le même ton que Jeno histoire de relâcher un peu de la pression qui pesait si lourds sur ses épaules. Bien sûr, ils n’étaient pas dans la même situation l’un comme l’autre mais Bambi ne lui jetait pas la pierre à propos de son trafic, bien au contraire. Ce n’est pas parce qu’elle n’avait jamais touché à la came qu’elle voyait ça d’un mauvais œil. A vrai dire, pour la belle blonde, chacun voit midi à sa porte, point barre. Elle ne s’estime pas en position de juger de quelque manière que ce soit, surtout pas alors qu’elle adore la Mather House… « Tu m’étonnes ! Tu maintiens pas seulement le trafic… tu restes proche de ta sœur aussi. Tu fais d’une pierre deux coups, t’sais que t’es un malin en fait ? » Bambi ne connaissait pas vraiment Alexys en personne mais elle en avait entendu dire grand bien. Personne ne se déteste après tout au sein des verts, impossible… tout le monde possède la même philosophie de vie ou presque. « En gros je l’ai dans le baba quoi. Une chance que j’ai la tête dure ! Standing à respecter again… mais ça devient chaud de faire avec ma rage au jour le jour. Dès qu’un prof me pète les noix ou pire, un Eliot, je te jure j’ai envie de mordre quitte à finir en taule. C’est grave doc Carpenter ? »