SMITH GABRIEL ► darren criss

Smith est un enfant abandonné, un enfant recueilli, adopté, et aimé par des parents qui, s’ils ne lui ont pas transmis leurs gênes, lui ont en tout cas offert un toit et l’amour d’une famille. L’identité de ses parents biologiques, il s’en fiche. Il n’a pas d’autres parents que Bert et Bernie Gabriel, une journaliste et un psychologue. Il les aime à la folie, et eux le lui rendent bien. Ils avaient déjà un enfant lorsqu’ils adoptèrent Smith, un garçon prénommé Ernst, âgé de trois ans de plus que Smith, mais ils n’en aimèrent pas moins Smith comme s’il s’était agi de leur propre sang. Quant à Ernst, il fut toujours le grand frère protecteur et aimant que tout petit garçon timide rêve d’avoir, surtout lorsque, une fois arrivé au lycée, les rumeurs de son homosexualité commencent à faire surface. Une seule apparition du grand et musclé Ernst, et toutes les moqueries étaient réduites au silence, pour le plus grand soulagement de Smith. Cependant, Ernst ne pouvait veiller tout le temps sur son petit frère, qui fut violemment pris à parti dans les douches de son lycée, un jour après le sport. Il avait alors seize ans, et n’en parla qu’à son frère… qui n’attendit pas avant d’aller voir ses parents qui, révoltés, demandèrent le transfert de leur fils vers un lycée privé, très axé sur les arts.
Les Gabriel étaient une famille de la classe moyenne, mais le métier de Bernie lui rapportait suffisamment pour qu’ils aient un train de vie plus que confortable. Ils possédaient une maison de campagne dans les montagnes près du Canada, vivaient dans une belle maison dans la banlieue de Washington DC, inscrivirent leurs deux fils à des cours de musique, et l’arrivée de Smith dans une école privée ne leur posa guère de problème. Ernst quitta Washington pour Berkeley, tandis que Smith poursuivait sa passion pour la musique, et rejoignit l’orchestre de son nouveau lycée. Bien plus à l’aise, le reste de sa scolarité dans le secondaire se déroula sans encombrement majeur, sa sexualité n’étant plus jamais évoquée par ses camarades, qui firent un silence respectueux sur le sujet, attendant qu’il leur en parle. Il se fit des amis proches parmi ses camarades, dont un étudiant français dont, soyez-en assurés, nous entendrons de nouveau parler dans le futur. Puis vint le moment de recevoir son diplôme, de quitter le lycée, papa et maman, et surtout, de choisir des études, de s’engager pour le futur, de trouver sa voie. Smith n’hésita pas une seconde : il faudrait que cela passe par la musique. Il s’inscrivit à Harvard, fut brillamment reçu et fit donc ses bagages. Un bisou à maman, une embrassade à papa, et un message d’Ernst, et le voilà en tour pour l’université, lui qui se sent si petit, si jeune. A l’université, perdu dans la masse, Smith se lie d’amitié avec les asociaux, les gens à part, les intellectuels, les poètes maudits et les junkies amoureux. Il apprend à peindre, à photographier, il embrasse enfin un garçon sur la bouche, rejoint l’équipe de tennis, puis la chorale, aide le club de théâtre de manière régulière, s’inscrit sur un site de rencontre mais n’y va jamais, discute sur Skype avec ses parents et son frère, commence un roman, puis un autre, et deux autres, n’en finit aucun. On l’invite aux soirées, aux grosses comme aux petites, on lui sourit dans les couloirs de l’université, on lui adresse la parole, on connaît son prénom et son nom. Les professeurs l’apprécient, il y a le nom de son père sur une plaque d’excellence, dans une vitrine, aux côtés de nombreuses autres plaques… Ses amis l’emmènent en weekend à New York, ils partent en vacances en Californie, en Iowa, à Tijuana, dont ils reviennent dans un fourgon de police, à la plus grande honte de Smith. Il s’amuse, découvre la vie hors des murs de sa chambre, embrasse quelques autres garçons mais ne couche jamais avec eux, parce qu’il a peur de se qui pourrait se passer, et parce qu’il a un peu trop attendu, et parce que c’est un putain de romantique qui attend son âme-sœur. Il va a des concerts de rock, de hip-hop, de jazz, joue à des concertos, accumule les téléphones portables parce qu’il les casse sans arrêt lorsqu’il a un peu trop bu, gagne un championnat de tennis, passe en seconde puis en troisième année, se demande ce qu’il fera, lorsqu’il aura obtenu son diplôme, veut étudier la psychologie, comme son père et comme son frère, mais ne sait pas s’ils accepteront.