Bambi&Isa - Fuck the rules

Bambi faisait les cent pas. Oh c’était un état plutôt naturel chez elle, surtout une fois bien en colère et sans palliatif à cette dernière à portée de sa main. Sauf que cette fois, la belle blonde ne possédait aucune raison objective de péter un câble, elle était juste désireuse de s’entretenir avec un professeur en particulier au sujet… et bien de culture générale et plus précisément de Littérature, et non pas en vue de le mettre dans son lit pour obtenir un palmarès plus flamboyant encore. Bambi aimait le risque mais à ce point, dans un coin aussi fréquenté… il n’y avait pas marqué « suicidaire » sur son joli front. Finalement, elle attendit un temps considérable devant la porte du bureau tant convoité que personne ne passe plus dans ce foutu couloir pour se jeter à l’eau. Bambi n’avait même pas prêté attention à sa tenue, bien que sa robe lui aille à merveille et que sa chevelure légèrement en bataille ne fasse qu’embellir le tableau. « Professeur Conway, je vous dérange ? » fit-elle avec assurance, balayant sa crainte du ridicule pour redevenir cette damoiselle sans peurs et sans reproches. « Je ne fais pas partie de vos étudiants je sais mais j’avais besoin d’un avis d’expert. » Passer un brin de pommade… ça n’a jamais fait de mal à personne, au contraire ! En espérant qu’il ne l’envoie pas paître comme nombre des étudiants passés avant elle. « Je peux repasser au besoin… »

Ah, la bonne nouvelle que voilà ! Bambi ne dérangeait pas le professeur dont elle venait importuner le quiétude et dieu sait combien celle-ci semblait être de valeur… surtout si elle en croyait la façon qu’il avait eue de repousser plusieurs de ses étudiants. Mais la belle blonde n’en faisait pas partie et sûrement était-ce un atout en soit. Elle ne souhaitait donc ni obtenir le sujet du prochain examen, ni lui faire dun gringue éhonté mais plutôt titiller en lui le passionné de Littérature. Il devait forcément l’être puisqu’il enseignait cette même manière, n’est-ce pas ? Bambi partait du principe que oui, sinon ils n’allaient pas s’en sortir. Elle ferma donc précautionneusement la porte derrière elle, n’ayant aucune envie d’être vue en pleine « interview » de ce professeur alors qu’en théorie, elle n’était étudiante que d’archéologie et brillante en la matière. « Parfait merci à vous ! » lâcha-t-elle d’un ton nettement plus rassuré, tandis qu’elle pointait vers lui deux bouquins de la collection Pléiade, qui coûtait une petite fortune à eux seuls et dont son père lui avait fait cadeau il y a quelques années. « Il se trouve que j’aime la Littérature. J’adore en lire et agrandir ma culture mais je ne connais que deux auteurs, Alexandre Dumas d’un côté et Victor Hugo de l’autre, deux français donc. Je voudrais agrandir mes connaissances et souhaitais savoir si vous aviez des auteurs et des œuvres à me proposer… voire même d’autres pistes, puisque vous enseignez, si cela se trouve vous avez des extraits sur lesquels je pourrais me faire les dents. Tout ce que vous pouvez me donner est bon à prendre pour moi. »

S’il y avait bien quelqu’un dans la pièce qui détestait également la routine, il s’agissait de Bambi. De toute manière, elle ne pourrait jamais rentrer dans un tel cercle infernal puisque ses shows à Las Vegas ne se déroulait jamais le même jour, pouvaient s’étaler sur plusieurs. La gymnastique au niveau de son emploi du temps s’avérait parfois complexe mais la belle blonde adorait ça : cela lui permettait une large dose d’inconnu, ne jamais rien prévoir dans sa vie et se laisser bercer par les évènements non sans y prendre part. Aujourd’hui, c’est justement parce qu’elle n’avait rien de prévu qu’elle se payait le culot de se pointer au bureau de ce professeur… alors qu’elle n’avait jamais été ne serait-ce qu’en TD avec lui, qu’il ne possédait pas de réputation ayant atterrit dans ses oreilles et qu’elle ne le voyait donc avec aucun à priori particulier. Elle savait juste qu’il connaissait son sujet et pouvait lui être utile… le reste ne la regardait pas et, mieux, ne l’intéressait pas. « Je suis pour ! Ces bouquins sont faciles à trouver ou il faudra que j’écume des bouquinistes ou bien le net ? » demanda-t-elle, non sans s’emparer d’un calepin qu’elle gardait dans son sac pour noter les informations les plus intéressantes qu’il lui divulguerait. « Tout titre est bon à prendre. Je ferai sûrement mon tri après mais comme c’est vous le pro, je serai d’avis de vous faire confiance. Vous en connaissez mille fois plus que moi ! » avoua-t-elle sans égo ni choserie du genre. Autant Bambi brillait d’arrogance lorsqu’elle maîtrisait un sujet, autant elle se foutait d’être dans la position de l’ignorante face à quelqu’un qui connaissait son truc jusqu’au bout des ongles. « Et dites… vous n’êtes pas obligé de répondre, mais ça vous plaît enseigner ? » Bambi aurait pu demander à son père mais il n’aurait pas eu une réponse objective à son avis. Pas alors qu’il ne voulait la voir devenir que brillante archéologue et rien d’autre.

Bambi ne savait pas vraiment pourquoi elle venait de questionner ce professeur sur sa profession… sûrement la curiosité, bien que ce soit diablement étonnant venant d’elle. D’ordinaire, elle s’interdisait pareil luxe pour ne surtout pas être sondée derrière, ou qu’on lui retourne une potentielle question. Sauf que là, sa curiosité avait été le seul détail qu’elle avait bien voulu retenir, tournant temporairement le dos à ses instincts les plus puissants et ridicules à la fois pour écouter ce que ce fou de Littérature pouvait bien avoir à lui apprendre. Bien évidemment, jamais Bambi ne serait capable d’être prof, de près comme de loin : son incapacité à gérer ses crises de nerfs et de colère la mettait hors jeu par avance et par principe, c’était l’évidence même. « C’est pas facile… vous voulez dire au niveau des concours ou du quotidien en tant que prof ? » Jamais la belle blonde ne s’était posé la question avant aujourd’hui. Son père pouvait bien avoir un métier difficile qu’à ses yeux il resterait cet emmerdeur de première catégorie lui pompant littéralement son précieux air. « C’est marrant, quand on est élève on pense surtout à faire chier les profs, mais on ne se met jamais à leur place. Quand on est à la place du prof, ça ne doit pas être la même salade ! On doit se dire : pauvre bougre… »