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Des livres partout. Une odeur de vieilles pages, d’encre usée, de cuir vieilli. Elle soupira en fermant la porte de la boutique. Elle avait rendez-vous avec Mina, sa collègue du Lord Hobo. Elle avait appris que Judith ne savait pas bien lire, ni écrire d’ailleurs –à part les commandes des produits qu’elle connait par cœur- et avait insisté pour l’aider. Judith avait d’abord refusé catégoriquement avant de revenir vers la jeune femme, comprenant que ses lacunes lui pourrissaient la vie. Alors aujourd’hui, elle venait à son premier cours. Le ventre noué, pour la première fois depuis longtemps intimidé, elle pénétra dans l’établissement rempli de livres. Elle posa les yeux sur les œuvres qu’elle pouvait voir, perdue dans cet océan. Elle s’avança doucement, jouant nerveusement avec ses doigts. De toute évidence, Mina n’était pas encore arrivée. Judith soupira avant de faire quelques pas et de s’installer à une table dans la pièce disposée à droite. Et elle resta plantée là, droite comme piquet, les yeux rivés sur le lustre. Elle voulait partir en courant. Elle sentait ses jambes qui s’engourdissaient, ses mains devenir moites. Elle se sentait ridicule, complètement ridicule. Alors subitement elle se leva et se dirigea vers la porte au pas de course. Mais à peine eut-elle posé sa main sur la poignée que Mina apparut face à elle. Judith serra la mâchoire et se poussa pour la laisser entrer. Elle ne prononça aucun mot, posa à peine les yeux sur elle. Elle fit demi-tour et alla se rassoir, gênée. Mais elle n’avait pas le droit de montrer à sa collègue à quel point elle se sentait mal à l’aise. Elle était bien trop fière pour lui montrer que tout cela pouvait bien la toucher. « J’te préviens, je passe pas la matinée ici. » lança-t-elle d’un ton sec en approchant la chaise de la table dans une moue boudeuse. Judith croise les bras, comme une enfant de mauvaise humeur et daigna enfin croiser le regard de Mina. Elle était belle Mina. Magnifique même. Judith l’enviait d’être aussi jolie. C’est vrai, elle ne pouvait pas dire le contraire. Mais Mina ne devait jamais le savoir. Jamais. Aussi, elle adopta un comportement méprisant, la dévisageant sans retenu, le visage dur. « T’as prévu quoi ? » demanda-t-elle, avant de soupirer, comme si elle était déjà agacée d’être ici à peine arrivée.
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