Effectivement, notre relation était complètement différente en privé et en public. Bien que j'avais été étudiante à Harvard, à présent, j'étais seulement l'une des professeurs de psychologie. Je devais donc avoir une attitude irréprochable envers les étudiants, et les considérer uniquement comme mes élèves. Ni plus, ni moins. Mais avec Konrad, on ne pouvait pas passer notre temps à nous ignorer ou à parler seulement des cours. On avait cet avantage de se comprendre parfaitement et cela, malgré nos vies différentes. Il était loin d'avoir une vie facile avec la perte de ses parents quand il était plus jeune et récemment, la disparition de sa sœur. Avec toutes ces difficultés, il s'était enfoncé dans l'alcool, dans la fête, dans la drogue et il faisait un peu tout et n'importe quoi avec les filles, se sentant libre puisqu'il n'avait plus aucune accroche solide. Je ne voulais cependant pas qu'il lui arrive quelque chose à cause de tous ces excès, et c'est pour cette raison que je gardais toujours un œil sur lui, et que j'aimais l'écouter afin de savoir ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait. Et le fait de se croiser à la bibliothèque, tombait bien. Je m'installais à table, face à lui, après qu'il ait accepté ma compagnie. C'était l'un de mes élèves donc cela ne pouvait pas être trop surprenant de nous voir discuter. De plus, bien que j'étais un professeur assez exigeant et autoritaire, j'étais aussi tolérante et il n'était pas rare que j'écoute les problèmes des étudiants. Je suis dure en cours, mais au fond, j'ai le cœur sur la main. Nous commencions alors à papoter calmement, pour ne pas déranger les autres personnes présentes dans la librairie. Et cette conversation commençait par des petites taquineries dans nos paroles. Je souriais lorsqu'il me dit qu'il n'était pas de ce genre. Bien évidemment. Je sortais un livre de ma mallette que je posais sur la table en l'entendant dire qu'il avait décidé de réviser depuis qu'il savait qu'il avait raté son premier semestre. Je soupirais légèrement en le regardant toujours. « C'est malin, ça. » J'ouvris le livre avant de reprendre. « En même temps, si tu passais moins de temps à draguer et à faire la fête, tu aurais peut-être plus la tête à écouter en cours... » Et j'étais bien placé pour savoir qu'il lui arrivait de sécher des cours, ou bien qu'il passait plus le cours à parler avec sa voisine de classe, ou sur son téléphone portable. Mais je n'étais pas simplement qu'un professeur pour Konrad, donc j'allais éviter de trop lui faire la moral non plus. Il y a encore deux ans, j'étais moi aussi étudiante. Seulement, j'étais bien plus assidue et sérieuse que lui... Peut-être trop d'ailleurs, j'en suis bien consciente. « Mais bon, si tu as la motivation de réussir ton second semestre, alors tant mieux. » Je souriais légèrement en le regardant toujours, avant de poser mes yeux sur le livre de psychologie que j'avais posé sur la table quelques instants auparavant. Mais je savais bien que je n'allais pas commencer à travailler directement mais que nous allions plutôt continuer à parler un peu.