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« On dit des cicatrices qu'elles se referment, en les comparant plus ou moins aux comportements de la peau. Il ne se passe rien de tel dans la vie affective d'un être humain»
Norah & Prue
5h30 Résidence Dunster
De ses douces caresses, mon corps se perdait. Divin baisé, sachant quand m’embrasser ; quand m’effleurer. Ses yeux d’un bleu profond sondaient les abysses de mes songes en un seul regard. C’était comme se perdre dans les méandres d’un monde inconnu, mais terriblement séduisant.
Une. Deux. Je m’éveillais en sursaut, me projetant en avant. Mon cœur tapait tellement fort contre ma poitrine, que je crus pendant un instant, que cela ne cesserait jamais. Les rayons lunaires traversaient les rideaux et se répercutait contre un collier de diamant posé en vrac sur ma commode. Au loin, on pouvait entendre le chant mélodieux d’un oiseau. C’était l’entre deux mondes. Là où la nuit rejoignais le jour. Passant une main sur mon visage, j’en profitais pour regarder l’heure sur mon réveil : cinq heures trente. Il était beaucoup trop tôt. C’est alors, que mon rêve me revenait en mémoire. Vague nostalgique, envahissant mon être tout entier. Une douleur aiguë, prenait d’assaut mon être. Ainsi, la même question me revenait en mémoire comme à chaque fois que je pensais à lui. Pourquoi me faisait-il cet effet ? Je n’avais jamais ressentie cette sensation et cela même lorsque j’étais encore avec mon ex-fiancé. Il y avait chez lui, quelque chose d’unique. Une chose qui le rendait important et indispensable. Le genre d’être qui marquait votre vie pour un temps indéfinis.
Vainement, je tentais de le chasser de mes pensées. Hélas, il était devenu évident que cette action se révélait être impossible. Voilà, plusieurs jours qu’il revenait hanter mes songes comme si, il y avait toujours été. Mes nuits, inlassable déjà vu, ne cessaient de tourner en boucle. Sonnant, le préambule d’une prochaine rencontre. Clignant des yeux, je faisais disparaitre cette hypnotique valse de mon esprit. Péniblement, je posais un pied hors de mon lit. Maintenant, que j’étais bien réveillé, il était inutile de me recoucher. Morphée m’avait chassée de ses bras.
10h20 Campus d’Harvard
Un ciel morne surplombait la ville, entourant les lieux de sa brise glacée. Les bâtiments en brique rouge étaient ternes et sans âme. En cette matinée de janvier, Harvard semblait avoir été touché par une atmosphère glauque et étrangement pesante. Mes pas se répercutaient en échos contre les monstres imposant de l’université comme si j’étais prise au piège dans un quelconque rêve. A chaque pas, des flashbacks de mon rêve, revenaient me hantés. Durant deux longues heures, mon esprit n’avait fait que vagabonder ailleurs. Mes pensées, dirigées vers lui, je n’avais pas réussis à me concentrer. Pourquoi ciel, est-ce qu’il me mettait dans cet état ? Avant samedi dernier, je ne pensais ne jamais le revoir. Du moins, c’est ce que je pensais, car il était évident, que je m’étais trompé.
C’était un samedi matin pluvieux. Alors que Boston était envahi par des voitures tonitruantes et la pollution de leur pot d’échappement. Grosse berline reluisant d’éclat et affreusement agressive. C’est dans une rue principale, que le grand Opéra de la ville survivait. Il rappelait la décadence pompeuse des années folles, résistant à la dégradation du temps. C’est dans ce temple de la comédie, alors qu’aucune âme n’y avait fait acte de présence, que je l’avais revue. Se présentant dans toute sa splendeur accompagnée d’une pointe de mystère typique aux hommes d’une autre époque. Ainsi, alors que je pensais l’avoir oublié, il était apparu. Mon cœur n’avait jamais connu autant d’égarement. Il était le seul homme qui encore aujourd’hui, me faisait ressentir ses émotions.
Perdu dans mes pensées, je n’avais pas eu le temps de me préparer à une violente bourrasque de vent. Elle me heurtait de plein fouet comme une mise en garde. Resserrant ma veste autours de moi, je n’avais pas fait attention à la jeune femme en face de moi. Ses yeux quémandaient une vérité que j’aurais été incapable de lui remettre. Si seulement, elle ne m’avait pas parlé de lui.
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