MARSHEXTER ♕ le regret du lendemain de veille

La pièce revêtais d’un luxe que je n’avais jamais connu auparavant. Tout était si irréelle aux États-Unis, sur-dimensionné, sur-financé. La richesse ne m’avait jamais intéressée, mais maintenant que j’en goûtais ma part il serait difficile de retourner dans ma misère canadienne, au pays qui avait consumé tous mes rêves avant même que je n’ai le temps d’être naïf. Marshall s’assit dans un coin et je souris devant sa familiarité. J’avais toujours voulu un frère, peut-être étais-ce enfin la chance de découvrir ce que c’était d’avoir une famille.  « Tu m’intéresses, continus! » Je souris à mon tours, je n’avais d’autres voeux que de l’emporter avec moi dans ma folie, avec un peu de chance j’arriverais à le contaminer. Je me trouvai une piètre excuse qui contenait tout de même un fond de vérité. Je n’avais pas de honte à lui avouer que j’attendais que la femme que j’aime me veuilles en retour, mais je choisi tout de même de mentir. Juste ce soir, pour la bonne cause. « Ça peut s’arranger très vite tu sais? » Il bondit sur ces jambes, se retrouvant très vite à ma hauteur, son enthousiasme contaminant le mien. « Tout à fait! Allez vient, on va voir s’ils ont des boites sympa dans le coin! » Il me tira par les épaules de nouveau, mon torse se bomba d’assurance à l’idée d’être l’unique à avoir droit à ce petit geste amical. Il laissa ces valises sur le sol et nous quittâmes la chambre sans un regard vers l’arrière. «Alors j’assume que tu n’es jamais venu à Las Vegas?» Je savais déjà qu’il avait voyagé, vu des endroits que je rêvais de découvrir à mon tours. Une fois dans l’entrée il ne me fallut pas longtemps avant de dicter le plan d’action. Une marre de taxi de toutes sortes de couleurs attendaient patiemment un client, j’ouvrai la portière du plus près et me glissai dans l’habitacle, tout au fond pour laisser la place à Marshall de me joindre. «Nous cherchons le meilleur club en ville, je...» Je n’eus pas besoin d’en dire d’avantage, le conducteur hocha la tête rapidement et démarra sa course. Je fronçai les sourcils. «D’ailleurs, je suis désolé pour ce qui risque de ce produire là-bas, tous pour les Winthrops, hen?» Avery m’avait lancé ce défi et j’en avais fais des cauchemars. Ce qu’il m’avait demandé était si loin de mon habitude que je ne savais même pas comment j’allais oublier ma gêne le temps de m'exécuter. Au moins ça nous ferait des souvenirs, j’espère...

Il ne nous fallut pas plus de temps pour être dans le hall de l’hôtel, un grand sourire scotché au visage de chacun de nous. Enfin, surtout au mien, allez savoir pour Dexter puisqu’il était devant moi. «Alors j’assume que tu n’es jamais venu à Las Vegas?» J’hochai la tête avec un léger rire. J’avais visiter plusieurs endroit dans ma vie, mais Vegas n’en faisait pas parti…. Jusqu’à maintenant. « Exact! J’avoue que j’suis pas du genre à venir dépenser tout mon fric dans ce genre d’endroit tu vois. Mais pour les Winthrops, qu’est-ce que je ne ferais pas, hein? » Je souris à nouveau en lui faisant un clin d’œil; Les Winthrops étaient ma famille depuis plusieurs années maintenant et je me voyais mal les laisser tomber maintenant que j’arrivais pratiquement à la fin de mes études. Putin, ça n’me rajeunissait pas tout ça! Suivant Dex à l’extérieur, je regardai un moment tous ces taxis qui n’attendaient que des passagers. C’était beau à voir autant de service! Mais on ne pouvait en attendre moins d’un tel endroit. Mon ami prit le premier à notre porté et je m’installai sur la banquette près de lui avant de refermer la porte derrière moi. «Nous cherchons le meilleur club en ville, je...» Il n’eut même pas le temps de terminer que le chauffeur démarrait. Il avait l’habitude dites donc! «D’ailleurs, je suis désolé pour ce qui risque de ce produire là-bas, tous pour les Winthrops, hen?» Je tournai la tête vers lui avec un regard entendu, il avait sûrement reçu un défi, mais impossible de savoir ce que c’était, il m’en parlerait certainement plus tard. Avant que je n’ai le temps d’y penser plus avant, le taxi s’immobilisa devant une bâtisse aux mille couleurs. « Voilà messieurs. » dis le chauffeur avec un fort accent. Je lui tendis quelques billets « Merci » et sortis rapidement de la voiture, impatient de voir de quoi ça avait l’air.

Je pouvais le sentir se mouvoir dans mon dos alors que j’essayais comme toujours d’en apprendre un peu plus sur mon meilleur ami. C’était dommage d’ailleurs, ce stigmate de la conversation, cette manière qu’avait les hommes de s’aimer en silence, sans trop osé se brusquer par la parole. Et bien moi j’osais, j’osais toujours laisser ma curiosité parlé. Marshall avait été assagie par l’expérience, par l’amour, il avait encore des tonnes de choses à me partager dans l’espoir que je retiennes quelques ingrédients à la composition de son bonheur actuel. « Exact! J’avoue que j’suis pas du genre à venir dépenser tout mon fric dans ce genre d’endroit tu vois. Mais pour les Winthrops, qu’est-ce que je ne ferais pas, hein? » J’étais bien placé pour comprendre. Venant tout juste d’intégrer la maison, l’université, il ne m’avait pas fallut beaucoup de temps avant de comprendre qu’il vivait une véritable petite usine familiale sous ce toit et je rêvais déjà d’un jour faire partie intégrante de la fraternité. Mais d’abord le bizutage, j’étais bon joueur. «Je peux savoir quels pays dans ce monde as-tu préféré visiter?» Je n’avais jamais voyagé, par vraiment, entre le Canada et les États-Unis uniquement, rien de trop dépaysant, rien d’aussi romantique que l’Europe qui nous faisait tous un peu regretter notre pays natal. Je savais que lui par contre avait suffisamment d’argent pour aller vivre ses rêves là où il le désirait, tant mieux pour lui, j’espère un jour pouvoir le joindre. «Je suis là depuis peu comme tu sais, mais la maison Winthrop est-elle réellement le meilleur choix que j’aurais pu faire? Et comment ce fait-il que tu n’en sois pas président?» Je lui lançai un sourire narquois, déjà absolument convaincu de sa réponse. J’étais de ceux qui voyaient Marshall à la présidence sans le moindre doute quant à ces qualifications.

Le taxi s’immobilisa enfin devant un immeuble haut en couleurs, en lumières, en participants. Une longue file de femme et d’homme au ratio équitable partientaient tout en riant que leur tour ne vienne d’entrer dans le club. « Voilà messieurs. » Entendis-je d’un oreille absente, déjà trop hypnotisé par la frivolité d’un tel endroit, je n’avais jamais rien vu d’aussi excentriquement beau. « Merci » Marshall se hissa hors de la voiture, je remarquai à peine qu’il paya le chauffeur, mais réussie à chuchoter sans le regarder un léger. «Et merci à toi.» Je lui tapotai l’épaule, les yeux agrandies par les nombreuses illuminations. Je me glissai en rang, derrière le dernier arrivant. «J’espère que tu es patient, parce qu’on dirait qu’on va en avoir pour quelques heures.» J’étais déjà satisfait tel quel, mais j’ignorais si Marsh en aurait la patience. Je tournai enfin la tête vers lui, attendant son verdict.

«Je peux savoir quels pays dans ce monde as-tu préféré visiter?» Je le regardai un moment, pesant sa question, je ne m’étais jamais demandé ce genre de chose. J’aimais voyager et c’est tout. Et puis, ce n’est pas comme si je n’avais pas la chance de visiter les pays de mon choix, j’avais toujours eu ce luxe… « Franchement, j’ai adoré tous les pays européens que j’ai pu voir! » Je ris doucement, c’était évident, mais assez vrai. Tout était beau et recelait de tant d’histoire là-bas, impossible de ne pas apprécier. Même pour un mec comme moi qui n’en avait pourtant pas grand-chose à faire de l’histoire et de tous ces machins poussiéreux dans les musées : j’avais adoré. «Je suis là depuis peu comme tu sais, mais la maison Winthrop est-elle réellement le meilleur choix que j’aurais pu faire? Et comment ce fait-il que tu n’en sois pas président?» Dites donc, il en avait des questions ce soir le Dexter. Bon, après tout, ça ne me dérangeait pas vraiment alors autant lui faire plaisir et lui répondre! C’était tellement un mec sympa. J’étais contente de figurer parmi ses meilleurs amis. « Le meilleur choix? Oui, sans aucun doute. Y’a beaucoup d’avantage à être entre mec tu sais. Au moins entre gars on s’comprend! » je ris à nouveau, j’avoue avoir souvent trouvé dommage de ne pas avoir de fille avec nous, comme ça j’aurais pu me cacher dans les douches au petit matin. Mais passons mes idées perverses. « Et pourquoi je ne suis pas président… mh, bonne question. T’aimerais ça? » Je lui lançai un clin d’œil.


Enfin hors du taxi, je remarquai la file énorme devant nous. À ce rythme là, on n’aurait jamais la chance d’entrer ce soir. «J’espère que tu es patient, parce qu’on dirait qu’on va en avoir pour quelques heures.» Je me tournai vers Dexter, un large sourire étirant mes lèvres. « Tu te souviens quand je t’ai dis que j’étais pas du genre à dépenser mon argent dans les casinos? Et bien c’est parce que je préfère la garder pour ce genre d’occasion! Suis-moi! » Je n’attendis pas plus longtemps pour aller vers le mec à l’entrer, sortant un paquet de billet de mon portefeuille –oui, en bon mec blindé de tulle, j’en avais toujours un bon montant sur moi en prévision. Le doorman nous regarda un moment, il allait même nous repousser pour nous dire d’attendre comme les autres, mais il vit rapidement ce que je tenais entre mes doigts. D’un sourire entendu, il souleva la corde pour nous laisser passer, arrachant des cris aux autres attendant derrière.

« Franchement, j’ai adoré tous les pays européens que j’ai pu voir! » Je ne pouvais que m’imaginer le rêve que serait de poser les pieds en terre européennes. J’avais voyagé, quelque fois, pour des qualifications de football aux États-Unis, mais ce n’était rien de très dépaysant. J’avais le plus grand mal à m’avouer vaincu par mes ressources, alors je continuais de chérir l’espoir de voir l’ailleurs comme lui, un jour, peut-être... J’aurais aimé obtenir une réponse plus en longueur de sa part, mais je n’insistai pas. J’avais la curiosité plus forte que la retenu, il fallait le dire. Je l’agaçais, à en voir son visage, avec mes questions consécutives, mais bon joueur il me répondit. Par pitié peut-être. « Le meilleur choix? Oui, sans aucun doute. Y’a beaucoup d’avantage à être entre mec tu sais. Au moins entre gars on s’comprend! » On assume qu’on se comprend, mais on ose jamais demander si nos soupçons sont justifiés. J’avais toujours eu trop de temps pour étudier l’homme face à ses comportements, toute mon enfance j’avais voulu les imiter, aujourd’hui ces personnalités que je jouais se fondait à la mienne pour ne former qu’un seul et même désordre. Avec le charme de Marshall, une maison emplie de femmes n’aurait fait que lui causer des troubles, peut-être valait-il mieux se consoler entre hommes, oui. « Et pourquoi je ne suis pas président… mh, bonne question. T’aimerais ça? » Il me fit ce clin d’oeil complice, ponctuant sa question d’une connotation rhétorique. «Si ça me promettait certains privilèges, bien sûr.» Je souris de toutes mes dents. «En tout cas, tu aurais mon vote.» Ajoutais-je en toute sincérité.

« Tu te souviens quand je t’ai dis que j’étais pas du genre à dépenser mon argent dans les casinos? Et bien c’est parce que je préfère la garder pour ce genre d’occasion! Suis-moi! » J’arquai les sourcils, incertain de réellement vouloir savoir où cela nous mènerait. Il avait vécut plus que moi alors je me devais de me plier devant son expérience. Je me calai à son ombre, le suivant en ignorant les regard de nos voisins qui s’indignaient de nous voir se faufiler jusqu’à l’entrer sans attendre. Je ne vis pas bien les évènements, je ne pouvais voir que le dos de Marshall et la tête offusqué du doorman. Je m'apprêtais à venir à sa rescousse quand, contre toutes attentes, on nous laissa accès aux festivités.Je me glissai à l’intérieur rapidement, comme si je craignais de perdre ma chance. «Un jour faudra m’enseigner.» Soufflais-je à son oreille, la musique comblant déjà nos oreilles. Le rythme effréné des notes de musiques m'essoufflait déjà, les lumières qui n’éclairaient que des coins isolés du club ne laissaient pas voir grand chose, si ce n’est quelques visages. De jolies visages qui me donnèrent faim. «Tu vois quelqu’un qui te plaît?» Rajoutais-je en presque innocence. Au fond, je ne souhaitais que son bonheur, peu importe avec qui il se logeait... mais préférablement ce serait avec une de ses inconnus à la crinières dorés.

Dexter me demandait pourquoi je n’étais pas président de la maison et je ne pus m’empêcher de rire intérieurement à cette perspective. Je n’avais pas vraiment l’étoffe d’un président, tout simplement. J’aurais pu être capitaine de l’équipe de football encore, ça passerait. Mais je ne pouvais définitivement pas prendre ne charge tout une maison d’étudiant. «Si ça me promettait certains privilèges, bien sûr.» Je ris à sa remarque. « Oh parce que tu crois qu’il faut que JE sois le président pour ça! Attend, j’suis une habitué moi. » Et c’était relativement vrai. Même si cette année je n’étais pas aussi proche du président, je faisais à peu près ce que je voulais dans cette maison depuis le temps. «En tout cas, tu aurais mon vote.» Je lui donnai une tape amicale dans le dos. « C’est bon à savoir! » Qui sait, j’allais peut-être me présenter l’année prochaine.

Enfin, nous étions à l’intérieur. La musique était si forte qu’on ne s’entendait plus penser et l’éclairage si sombre que j’avais du mal à voir où je mettais les pieds. Mais peu importe, dans ce genre d’endroit, c’était mon radar qui faisait tout le boulot. Alcool, filles, c’est tout ce dont nous avions besoin. Enfin, les filles, c’était surtout pour lui, mais peu importe. «Un jour faudra m’enseigner.» Je ne pus m’empêcher de rire, tout ça n’était qu’un tour de passe-passe facile à réaliser. Du charme et de l’argent, voilà la recette secrète. «Tu vois quelqu’un qui te plaît?» Je regardai rapidement autour, ne remarquant rien d’extraordinaire pour l’instant. « Qui ME plait? C’est plutôt à toi qu’il faut poser la question! Choisit, on verra bien ensuite! » N’attendant pas vraiment, je l’entrainai vers le bar qui était, selon moi, un très bon point de départ. Ici, on pouvait d’abord se commander un verre et profiter de la lumière pour une première ronde de repérage. Après, les proies étaient plus facile à approcher. De plus, il y avait toujours là des filles qui se faisait quelques shooters et qui étaient bien saoule. Si c’était le genre facile qu’il visait, alors nous aurions notre butin assez rapidement. « Deux bières et deux vodka s’il vous plait.» Je tendis les billets au barman et attendit qu’il nous apporte le tout.

Marshall s’exprimait toujours avec une franchise au bord de la vantardise. Il plaisait, il le savait. Rare était ceux qui lui refusait la moindre faveur, surtout du côté des femmes. Même s’il avait fait l’erreur de se ranger avec mon ex, il ne pourrait jamais s’empêcher de séduire toutes âmes passantes. J’aimais, pour ma part, observé son succès en silence, agir comme son ombre en recueillant les mérites collatéraux. Belle dynamique entre nous. Je lui offris mon vote, il le prit provisoirement, semblablement incertain de vouloir un poste à la présidence. Ce serait à mon sens un beau gaspillage de charisme que de ne pas au moins tenter sa chance.

Une fois à l’intérieur du bar, je ne perdis aucune seconde pour l'inciter au péché. Je voulais tant le voir oublier Leyna que j’en perdais ma propre personnalité. « Qui ME plait? C’est plutôt à toi qu’il faut poser la question! Choisit, on verra bien ensuite! » Je ne voulais même pas regarder, j’avais le coeur déjà amplement remplis d’amour que je ne vouais qu’à une femme, une seule. Je ne la tromperais pas ce soir sous prétexte qu’elle ne m’aimait pas en retour. Il se faufila un chemin vers le bar, commandant sans attendre que je l’avertisse de ma condition. « Deux bières et deux vodka s’il vous plait.» Trop tard. J’haussai les épaules en voyant le barman revenir avec ces quatre verres, peut-être que ce soir je pouvais faire une exception? Mélanger ma médication à l’alcool... jusqu’à quel point pouvais-ce me mettre en danger? Et puis j’avais ce défi à accomplir encore, ce malaise ambulant qui était rester perché sur mon épaule toute la soirée. Je n’avais d’autre choix que de m'exécuter maintenant. Je pris un des verres de bière, le portant à mes lèvres en entreprenant de boire comme je ne l’avais jamais fait. Le goût amer de cette liqueur me faisait grimacer lourdement, mais je continuai de boire jusqu’à en toucher le fond. Je déposai le contenu vide sur le comptoir, la tête désormais dans les brumes. Je me penchai à son oreille, lui glissant, tel un adieu, mes derniers mots avant de m’humilier complètement. «Je suis navré pour la suite, j’espère que t’as envie de danser.» Je levai les yeux sur la foule, tentant de repérer la source de cette musique assourdissante. Je m’élançai sur la piste de danse, acceptant de me faire bousculer dans tous les sens par les autres sans m’en offusqué. Arrivé prêt de la DJ, une jolie blonde à l’allure sérieuse, je procédai à mon ascension sur son podium. Étonnant qu’il n’y ai plus de sécurité. J’avais envie de vomir déjà, ma tête n’étais plus de ce monde. J’eus l’audace de m’agripper à l’oreillette de la blonde et de porter mes lèvres à son oreille. Elle acquiesça à ma demande, comme si elle en avait l’habitude. D’autre pauvres bizutés avaient donc passé sur son chemin. Je fis ma requête, lui donnai mon nom prénom, la remerciai puis rebroussai chemin jusqu’à mon meilleur ami, une mine boudeuse sur le visage. Ça promettait d’être affreux. Quelques secondes plus tard on entendait au haut-parleur; «Demande spéciale de Dexter Tysee!» et puis l’horrible macarena fis son entrer en scène, ruinant l’ambiance suave de l’endroit. Comme si ce n’était pas tout, j’avais impérativement le devoir de danser et de faire danser mon prochain, je m'exécuta donc, les yeux clos pour ne pas voir les visages persécuteurs des autres. Je dansais maladroitement, étourdis par l’alcool qui me montait au cerveau et me donnait chaud, incroyablement chaud. À travers mes paupières, à travers mes oreilles je pouvais entendre quelques gens se prêter au jeu, danser ironiquement comme moi, j'espérais que Marshall serait de la partie, ça me soulagerait. Puis soudainement, le grand hit laissa place à un second plaisir auditif, le fameux gangnam style, qui là me donnait du file à retorde. Je dansai, de mémoire, comme je le pouvais, me trouvant ridicule au possible. Quand enfin la torture fut terminé et que la musique repris son cours assourdissant normal, je pu enfin me retirer dans mon coin, m’asseyant au bar, la tête étourdie. Je grimaçai mon malaise, enfouissant ma tête dans mes paumes. Question d’oublier ma honte quelque instant de parfaite noirceur.

Lorsque je commandai les bières et les shooters, je dois admettre que j’étais loin de m’imaginer que Dexter allait descendre le tout en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Je le regardai, complètement éberlué de le voir ainsi. Il me semble que c’était la première fois que je le voyais boire. Peut-être, au fond, qu’il était toujours comme ça. Peu importe, j’aimais son enthousiasme et n’attendit pas plus longtemps pour descendre ma bière à mon tour. Autant commencer rapidement, ça nous coûterait moins cher –non pas que l’argent soit un problème, mais qu’importe. À peine avais-je reposé ma bière sur le comptoir qu’il se pencha à mon oreille, l’air complètement désolé. «Je suis navré pour la suite, j’espère que t’as envie de danser.» J’arquai un sourcil, incertain. Qu’est-ce qu’il comptait faire? Il partit en direction du DJ et je le regardai faire avec un sourire amusé. Seigneur, me dites pas qu’il avait eu ça à faire en bizutage? Les mecs étaient vraiment cruels cette année! Je souris néanmoins, le regardant revenir tant bien que mal jusqu’à moi, un air de mort sur le visage. Qu’est-ce qu’il avait demandé bon sang, c’était si pire que ça? «Demande spéciale de Dexter Tysee!» Oh, je sans qu’on allait se marrer quand même! La chanson changea pour laisser place à rien de moins que la macarena. Je me mis immédiatement à rire alors que Dexter fermait les yeux pour enchainer les mouvements. Incapable de me contrôler, je le suivis dans ses mouvements en riant de bon cœur, encourageant les filles mignonnes autour de nous à faire de même. Avec un grand sourire, elles nous suivirent alors que la musique changeait à nouveau. Gangnam style, seigneur. Celle-là, je n’en connaissais pas vraiment les mouvements, mais je suivis les autres avec un sourire toujours scotché au visage. Lorsque la musique redevint enfin normale –si on peut dire ça comme ça- mon ami parti s’assoir au comptoir, la tête dans les mains. Définitivement, ça n’allait pas. Je le rejoins rapidement, posant une main dans son dos. « Hey.. ça va pas? C’était super! J’te croyais pas aussi courageux! » Je ris doucement, j’voulais pas non plus le brusquer, mais il avait la tête d’un gars qui va rendre son diner si vous voyez c’que j’veux dire.

Je pouvais l’entendre rire, dans mon dos, juste là, comme mon ombre. D’un rire franc qui ne pose aucun jugement, un rire complice qui ne demandait qu’à être joint. Et c’est ce que je fis. Il me donna le courage de sourire et c’était suffisant pour m’offrir l’énergie nécessaire à la poursuite de cette torture. J’avais toujours eu peur du regard d’autrui, c’était l’un de mes plus grands défauts, il me fallait plaire à absolument tout le monde. C’était difficile, de plier sur son orgueil, mais je le fus, avec pour témoin une ordre de gens plus inconnus les uns que les autres. Puis tout s’arrêta, même la Terre sembla ne plus vouloir tourner son cours normal. L’air me manqua au cerveau, je perdis la vue, la tête pendant quelques secondes alors que je titubais vers mon siège. Une seconde plus tard, je pouvais sentir la main réconfortante de mon ami se poser sur mon dos. « Hey.. ça va pas? C’était super! J’te croyais pas aussi courageux! » Il rit de ce même rire, je souris de ce même sourire. Je tournai la tête vers lui, la tête toujours à demi entre mes paumes. «Je sais pas ce qui m’a prit de boire tout ça… j’ai...» Le souffle me manquait déjà, le haut le coeur perché au fond de ma gorge, tout prêt à ce révéler au monde. «Je n’ai jamais bu autant d’alcool de ma vie… c’est toujours aussi… La Terre tourne pour toi aussi Marsh?» Je redressai mon torse, inspirant profondément pour ravaler mes maux, ça fonctionna, l’espace de quelques instants. «Crois pas que je ne t’entendais pas tout à l’heure, tu as trouvé une fille qui te plaisait?» Je faisais référence à l’invitation qu’il avait lancé à quelqu’un de le joindre dans sa danse. Il ne me fallait pas plus ample preuve pour assumer avec justesse qu’il s’était adressé à des femmes, à une seule peut-être, je l’espérais.