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WITH. NAOMI HERMES-WINDSOR ♠ ADRIANA R. BLACKSOAD ♠ JACOB W. CLARK ♠ RICARDO RAFAEL - la vie est un jeu, mais chacun a ses propres règles.
Je regarde ma montre, me mordille la lèvre inférieure et range mon stylo ainsi que mon bloc notes au fin fond de mon sac. Je sais que si le professeur n’arrête pas immédiatement son cours, Adriana me fera gentiment remarqué une fois de plus, que j’ai cette fâcheuse tendance à arriver en retard quelque soit l’endroit, l’heure ou la personne avec qui j’ai rendez-vous, et elle n’aura pas tort. Certains psychologues y trouveraient une raison basée sur un traumatisme de mon enfance, sûrement même valable tout comme ils pourraient en trouver une au fait que je sois quelque peu distraite en cours ces derniers temps ou que j’ai un mal fou à m’attacher à un homme. Mais voilà je n’ai pas le temps de consulter un psychologue parce que je n’ai même pas le temps d’arriver à l’heure à tous mes rendez-vous. Finalement, le sourire final du professeur s’affiche sur son visage ridé et tous les étudiants présents se lèvent et s’en vont. J’attrape mon sac, le jette sur mon épaule, rejette ma longue chevelure en arrière et me fraie un chemin entre eux afin de rejoindre en ville le petit restaurant où il est prévu que l’on déjeune. Pour y arriver plus rapidement, j’avoue avoir prévu mon coup dès le matin, et un sourire prend place sur mon visage lorsque j’aperçois le taxi commandé quelques heures auparavant. Avec un peu de chance, Adriana ne pourra pas rire encore de mon retard.
Le Bukowski Tavern est un endroit particulièrement chaleureux. La nourriture que l’on y mange n’est pas succulente comme elle peut l’être dans un restaurant étoilé mais elle reste abordable et reflète le genre d’endroit qu’est ce petit pub. Une cuisine rapide, que les étudiants aiment dévorer sur les coups de midi, c’est d’ailleurs très certainement grâce à l’université placée presque à côté que l’endroit vit si bien. Je pousse la grande porte et me hisse à l’intérieur, cherchant du regard la jolie brune avec qui je dois déjeuner. Avec Adriana cela nous arrive souvent de nous voir, parfois pour déjeuner, parfois pour sortir, à coup sûr dans des endroits fréquentés, ainsi nous pouvons nous livrer à notre jeu préféré. En effet, cela fait maintenant un moment que nous nous connaissons et notre complicité certaine est née de ce petit jeu auquel nous nous adonnons quelques heures par semaines, une histoire de cap ou pas cap qui a fait naître en nous une compétition certaines. Ainsi, nous nous défions à coup sûr lors de nos retrouvailles, de briser un couple, d’embrasser un inconnu ou de se promener en sous vêtements d’un bar à un autre. Nous n’avons peur de rien, nous n’avons pas froid aux yeux et je l’avoue c’est ce qui fait de nous un duo qu’il est bon d’éviter.
Je croise rapidement le regard de mon amie, postée à notre table habituelle. Pas que nous ayons particulièrement l’habitude de se retrouver ici, mais nous avons quand même toujours déjeuné à la même table quand ce fut le cas. D’un pas gracieux je me dirige jusqu’à elle et dépose sur ses joues une bise douce avant de jeter un coup d’œil sur ma montre. « Presque à l’heure, un jour j’y arriverai. » En effet, celle-ci affiche trois minutes de retard, un record cependant. « Comment vas-tu ma chérie sinon ? » J’ai pris l’habitude de lui donner ce genre de petits surnoms parce que je l’apprécie énormément. C’est un peu ma marque de fabrique, je donne des surnoms aux gens que je laisse entrer dans ma vie. C’est comme un rituel, une preuve d’affection, bien que les gens n’en soient pas toujours informés. Je m’assoies à côté d’elle, poste mon sac sur la chaise d’à côté et jette un regard sur la salle, à la recherche du serveur. Pourtant mes yeux se posent sur deux jeunes hommes qui ne sont pas vêtus de tenue de serveur, bien au contraire. L’un semble plus sportif que l’autre, mais les deux sont clairement charmants. Pourtant sans pouvoir réellement l’expliquer, il y en a un des deux qui semblent se distinguer de l’autre à mes yeux. Ses grands yeux ainsi que les traits doux de son visage me conquis immédiatement, et je me retourne vers mon amie, un air espiègle peint sur le visage. Elle me connaît très certainement assez pour savoir ce que je m’apprête à faire. Relancer le jeu, ici, maintenant. « Cap ou pas cap d’inviter ces deux hommes, là bas ? » Un ton de défi se lit dans ma voix tandis que j’examine sous toutes les coutures les deux individus.
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