William enfila sa chemise blanche de soirée.
Je ne sais pas comment j'en suis arrivé à ce stade de ma vie. Sortir avec pleins de femmes. En mettre une enceinte. Être père monoparental. Avoir ce petit bout de vie à prendre soin jusqu'à la fin de mes jours. C'était comme si c'était hier. La journée où j'ai mit le pied aux États-Unis pour la première fois. Je n'avais que 16 ans, j'étais mince comme tout mais très grand, pas proportionné, pas particulièrement attrayant au premier regard. Le manteau que je portais était trop grand pour moi, évidement, car c'était celui à mon père. Je tenais la main de ma mère, ma très chère et magnifique mère. À cette époque, mes meilleurs amis étaient mes parents. Ils étaient à l'écoute et toujours là pour moi. Il faut dire, durant ma jeunesse, j'ai eut beaucoup de misère à me faire des amis. J'étais.. trop intelligent disons. Je savais lire et écrire avant tous, je ne lisais pas des bandes dessinées mais plutôt des livres de sciences ou des romans policiers compliqués. J'étais étrange, j'étais trop vieux pour mon jeune âge. Mon visage était étrange, j'étais pâle, j'étais maigre. Mais j'étais quand même un enfant, et malgré mon caractère assez bizarre, je voulais me faire des amis.
William boutonna sa chemise.
Je n'ai jamais réussit à me faire des amis. Les plus « populaire » et « cool » de la cours d'école ont carrément partit une nouvelle règle: Ceux qui parleront avec le sale William seront aussi un loser. J'ai donc fait avec, je suis resté dans mon coin avec mes bouquins. Quelques petites années dans cette école puis j'irai dans un lycée, où je pourrai partir une nouvelle vie.
William serra les boutons de ses manches.
À 13 ans, j'ai finalement changé d'école. L'espoir d'une nouvelle vie prit le dessus, et dès la première journée, j’essayai de me faire un ami. Cela tourna rapidement à la catastrophe. Son nom était Albert. Il était petit, roux, et timide. J'ai assumé qu'il était peut-être un exclut comme moi. Malheureusement, il se trouvait qu'il était le cousin d'un des garçons de mon ancienne école, et que son cousin l'avait prévenu de rester loin de moi. La rumeur a fait le tour de l'école rapidement: William Thomas était cinglé et étrange. À nouveau, j'étais seul... Seul contre tous.
William enfila une longue et mince cravate noire autour de son cou.
J'avais 14 ans lorsqu'elle venait d'être transférée à notre école. Son nom était Valerie, une jolie blonde au teint pâle. Elle était très belle. Quasiment tous les mecs de l'école essayaient de la côtoyer, mais miraculeusement, elle était venue vers moi. Elle s'était assise à côté de moi durant son premier midi, et elle a mangé son lunch avec moi, sans dire un mot. Elle a fait ça pendant plusieurs jours. Puis, un midi, elle s'est tournée vers moi, et m'a demandé si je voulais aller au cinéma avec elle après l'école. J'ai failli m'évanouir je crois. Comment une belle blonde comme elle voulait sortir quelque part avec moi? Elle a pris mon silence pour un oui, et après l'école, elle m'a carrément tiré par la main vers le cinéma le plus près de notre école.
William baissa le collet de sa chemise et ajusta sa cravate.
Le reste était un flou dans ma mémoire. On est devenu amis, elle continua à m'emmener à gauche et à droite et je me laissais faire. Pour être franc, j'étais tellement heureux d'avoir de la compagnie que je m'en foutais qu'elle soit la boss de notre amitié. J'étais content tout simplement d'avoir quelqu'un avec qui passer mon temps. Mes parents, qui étaient tout aussi heureux que moi du fait que j'avais une amie maintenant, me laissait sortir quand je voulais, enfin presque. Valerie et moi étions devenus inséparables. Je l'ai vu graduellement devenir une jeune femme à ses 16 ans, et elle m'a vu devenir incroyablement grand, mais tout aussi maigre. Nous avions 16 ans, et nous avions encore toute la vie devant nous. Et j'étais complètement amoureux de ma meilleure amie.
William ajusta les manchettes en or de sa chemise.
Valerie est morte. Ma belle et unique Valerie. Quand j'ai appris la nouvelle, j'ai changé. L'heureux jeune homme qui voulait se faire des amis, c'était finit tout ça. La seule fois que je me suis attaché à quelqu'un, il fallait que la vie me la vole. C'était comme un gros coup dans la gueule. J'ai pris cela comme un avertissement: Je n'étais pas destiné à avoir des gens près de moi. Je suis devenu froid, sarcastique et sombre. Et mes parents, qui pensaient qu'être loin de Londres serait mieux pour moi, ont décidé de déménager aux États-Unis. À partir de ce jour, je ne pouvais compter que sur moi-même, ou bien mes parents.
William enfila son veston noir luxueux.
Gradué de l'université à 26 ans grâce à des années que j'ai sauté durant mon adolescence, je suis devenu médecin dans l’aile pédiatrique de l’hôpital de Cambridge. Pendant que je travaillais, j’étudiais aussi. Il me fallut 2 ans de plus pour pouvoir devenir Professeur à Harvard. J’étais, sans vouloir avoir la grosse tête, un médecin exceptionnel. Peu important la quantité de travail, j’accomplissais tout à temps. Le stresse ne m’affectait peu. J’ai plusieurs fois pensé à ouvrir ma propre clinique pédiatrique privée, mais ce projet ne vit jamais le jour. J’aimais bien mon hôpital et mon école, je ne pouvais pas demander mieux.
William mit sa Rollex au poignet.
Ah, vous pensiez que j'allais oublier de vous raconter l'histoire de mon enfant? En fait, c'est assez simple. En grandissant à Cambridge, j'ai continué d’être bizarre. Par contre, je n'ai pas laissé ça prendre le dessus. J'ai fait de moi un homme insociable, froid, dure. Si je ne peux pas avoir d'amis, autant rencontrer des gens et les laisser là, oui? J'ai vieillit aussi, physiquement, et bien que mon visage à première vue semble étrange encore, ma voix grave et mon air d'homme sûr de lui est ce qui change tout. J'en fais usage depuis. Je charme les femmes, je couche avec elles, puis je les oublie. C'était ça, ma nouvelle vie. J'étais devenu un coureur de jupon au coeur froid, c’était mon passe-temps durant mes études, et ça l’est resté même après. Puis un jour, l'une d'entre elle est tombée enceinte. Elle était alcoolique, pauvre, droguée. Malgré mon coeur de pierre, je ne pouvais pas consciemment laisser un bébé entre les mains d'une femme comme elle. Donc je suis resté à ses côtés durant sa grossesse, puis quand elle a accouché, je me suis arrangé pour obtenir la garde exclusive du bébé. Je ne parle jamais d'elle. Je ne pense jamais à elle. C'est comme si elle n'avait jamais exister. J'avais 29 ans, professeur admirable à Harvard, et maintenant papa.
William enfila ses chaussures de soirée noires.
Mes parents vivent heureux ensemble encore. Ils sont âgés, mais ils sont encore très en forme. Ils prennent soin de mon petit bout de vie lorsque je suis occupé avec le travail, c’est-à-dire quasiment tout le temps. Ils ne m'ont jamais jugé pour ce bébé, ils m'ont toujours supporté et aidé. Aujourd'hui, j'ai 30 ans, et mon petit amour vient d'avoir 1 an.
William se retourna lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Il eut un sourire en voyant sa mère entrée avec son bébé dans ses bras. Il était adorable, vêtu d'un mini tuxedo. Ce soir, ils sortaient en famille dans un restaurant très luxueux, lui, son bébé et ses parents. William prit son petit Maxim dans ses bras. Maxim le fixait avec ses grands yeux bleus qu'il tenait de son père, et William serra contre lui. William s'était jurer que son bébé aura l'enfance qu'il n'a jamais eut, même s'il devait grandir sans une mère.PS : Oui oui, ma mère m’a nommé Eugène James William Thomas car elle ne savait pas quel nom choisir, mais appelez-moi Dr. Thomas. Pas Eugène, ni James. William pour les intimes... Ce que vous n'êtes pas.