Amies dans la maladie ► Elia & Camille

Il était tard, ou tôt, comme on dit, et Camille ne parvenait pas à fermer l'oeil. Le silence qui régnait dans la chambre de quarantaine lui donnait des sueurs froides, tout autant que son mal de crâne qui désormais ne la quittait plus. Lessivée, voilà ce qu'elle était. C'était à peine si elle pouvait bouger de son lit vu le peu de force qui lui restait. Bordel mais qu'est-ce qu'elle avait fait pour mériter ça ? Et qu'avaient-ils exactement au juste ? Aucun médecin n'avait été fichu de mettre un nom sur ce qu'il leur arrivait, et leur promesses quant à trouver un remède devenaient de plus en plus illusoires. Elle allait crever ici, voilà ce qui allait se passer. Soudain, alors qu'elles se fatiguait rien qu'avec ces pensées macabres, elle distingua une silhouette avançant avec difficulté dans le noir. La femme s'avança sur quelques mètres mais alors qu'elle semblait tenir debout, elle s'écroula au pied du lit de Camille. Et ne bougea plus. Un peu paniquée, Camille se redressa avec difficulté et se déplaça lentement jusqu'au bout de son lit. Ce fut à ce moment qu'elle reconnu Elia, complètement essoufflée et presque sur le point de tomber dans les pommes. Attrapant sa main, Camille lui dit faiblement en chuchotant: Tu es.. folle ou quoi ? Tu vas où comme ça ? Et après un court moment d'hésitation, elle l'agrippa le plus fermement qu'elle le pouvait et lui dit Allez, aide-moi et grimpe tout en essayant de la hisser sur le lit.  

Marre, j’en avais juste marre d’être ici, les jours passaient mais rien n’avançait. Ca évolue ça oui on pouvait le dire mais ça évolué pas dans le on sense hélas. Les symptômes étaient devenus plus importants, j’avais désormais des plaques rouges qui étaient apparues sur mon corps et je devais encore plus faire peur qu’avant. Une chance que Théo ne venait pas me voir. Depuis hier on s’écrivait des lettres qu’on faisait passer via une infirmière et je pensais sérieusement à l’interdire de venir me voir. Il allait plus vouloir de moi, il allait m’imaginer constamment avec ces plaques, une vraie horreur. Dans la nuit j’eus une envie d’aller dans la salle de bain pour boire, j’étais desséchée à mort et fallait que j’aille boire, puis trouver le sommeil c’était trop la galère. Me levant, j’étais encore plus lente que d’habitude, je marchais comme un escargot et je me sentis basculer à un moment donné. M’attrapant au premier lit qui passait, je vins m’y asseoir sur le bord. Puis je sentis la personne qui se trouvait sur le lit bouger. Merde j’allais me faire pourrir complètement. Manquait plus que ce soit le lit de Duncan tient. Tu es.. folle ou quoi ? Tu vas où comme ça ? Je reconnus la voix de Camille et je soufflais doucement, soulagé que ce soit elle et non Duncan. Allez, aide-moi et grimpe. Je tentais de me tenir sur mes paumes de mains pour amener mon corps sur le lit et à côté de Camille. J’en ai marreeeeeeee chuchotais je alors que j’avais limite envie de pleurer. Désolée de t’avoir réveillée, je voulais aller à la salle de bain mais je crois en être incapable. Oui j’étais plus que fatiguée faut dire, on était même plus foutu de tenir sur nos jambes quoi.

Elia semblait être soulagée de la reconnaître. C'est sur que sentir quelqu'un bouger ainsi dans le noir n'était pas forcément rassurant, surtout dans leur état. Comme ses congénères, Camille avait remarqué qu'ils étaient tous de plus en plus anxieux et paniqué, même si ils ne pouvaient pas faire grand chose, à moitié inconscient sur leur lits. Elle aida Elia à monter sur le lit, et une fois celle-ci à côté d'elle, elle lâcha un soupir de fatigue. C'est impressionnant comme elle était devenue une vraie loque ! J’en ai marreeeeeeee lâcha Elia en chuchotant. Désolée de t’avoir réveillée, je voulais aller à la salle de bain mais je crois en être incapable. La présidente des roses semblait être elle aussi au bout du rouleau. Comment tout ça était arrivé ? Elle avait l'impression de vivre un cauchemar. T'en fais pas, je dormais pas. Je n'arrive plus à dormir... je n'en peux plus. Pourquoi c'est tombé sur nous hein ? J'ai l'impression de mourir à petit feu.

T'en fais pas, je dormais pas. Je n'arrive plus à dormir... je n'en peux plus. Pourquoi c'est tombé sur nous hein ? J'ai l'impression de mourir à petit feu. Tu m’étonnes, on avait que ça a faire de notre journée : dormir. Alors forcément quand le soir arrive et qu’on doit vraiment dormir ben on trouve pas le sommeil ou pas assez, on dort une heure voir deux heures puis on se réveille et l’insomnie arrive. J’étais dans le même cas hélas puis ayant rien à faire, on pense et tout le monde sait que penser la nuit ça empêche beaucoup de fermer les yeux. On était donc pas sorti de l’auberge. Je comprends et je sais pas, si ça peut être rassurant, on est plus les seuls à être enfermé mais s’ils pouvaient juste accélérer la chose et trouver vite fait un vaccin ou antidote ça serait que mieux. On demandait pas la lune quand même, juste guérir, retrouver notre vie avec nos proches, reprendre nos cours, revoir les autres cabots, reprendre nos activités extra scolaire, retrouver nos lits et tout le tralala. Est-ce que Demyan est passé ? Je savais qu’elle le connait et je l’avais hélas pas vu, il avait du venir la voir quand j’étais à la douche je comprenais mais je voulais qu’elle me parle de lui, qu’elle me dit comment il allait pour me changer les idées et penser à autre chose que notre état.

Le dos appuyé contre le mur, Camille essaya de calmer les vertiges que lui avaient donné cet effort soudain. Le seul et unique effort de la journée, et pourtant elle avait l'impression d'avoir accouché de triplés. Shootée aux antalgiques, elle avait l'impression de perdre le contrôle d'elle même, de ne rien pouvoir faire à part rester allongée. Tout ça était vraiment affreux. Je comprends et je sais pas, si ça peut être rassurant, on est plus les seuls à être enfermé mais s’ils pouvaient juste accélérer la chose et trouver vite fait un vaccin ou antidote ça serait que mieux. Camille n'avait pas entendu parler des autres malades, à vrai dire depuis qu'elle était ici elle n'avait pas parlé à grand monde. Et de plus en plus, rien que s'adresser à son voisin devenait insurmontable. Je ne savais pas... Oui, j'espère qu'ils vont enfin trouver quelque chose parce qu'au rythme où ça va... je me demande dans quel état on sera dans une semaine dit-elle d'une voix faible. L'idée qu'ils n'étaient plus les seuls à être enfermés ne la rassurait pas vraiment. Ca voulait dire que d'autres gens étaient tombés malades. Mais combien ? Est-ce que Demyan est passé ? En entendant le prénom de Demyan, Camille sentit sa gorge se nouer. Non, je.. Soudain, ne terminant pas sa phrase, elle fondit en larmes. Elle n'en pouvait plus, et le fait de penser à Demyan pour la énième fois faisait définitivement craquer ses nerfs. Il n'est pas venu et... on s'est disputés, il doit toujours m'en vouloir...

Je ne savais pas... Oui, j'espère qu'ils vont enfin trouver quelque chose parce qu'au rythme où ça va... je me demande dans quel état on sera dans une semaine. Pour les autres je l’avais su par la radio qu’on nous avait fourni, puis par mon cousin quand il m’avait dit que Apple et Karlie étaient elle aussi enfermées ici. N’étant pas dans cette chambre elles étaient dans une autre et donc elles n’étaient pas les seules dans cet état. Puis le nombre de personnes malades avaient augmentés de semaine en semaine, ce qui n’était pas rassurant pour nous. On était dans les premiers, les symptômes évoluaient sur nous et on était les cobayes de ce virus. Les autres pouvaient être sauvé, mais nous ? Nous est ce qu’on allait tenir le coup jusqu’à ce qu’ils trouvent un moyen de stopper tout ça ? J’en devenais moins sur de jour en jour. Je hochais donc pour approuver ce qu’elle disait. Je m’inquiétais assez de nos cas, je voulais pas plus affoler les autres, je voulais pas lancer the pagaille car tout le monde deviendrait inquiet et complètement fou des risques qu’on encourait à chaque minute. Puis quand je prononça le prénom de mon meilleur ami, je sentais sa voix différente. Non, je.. Bravo Elia, tu es un boulet ! Décidément j’avais le don de toujours dire ce qu’il ne fallait pas. Elle se mit à pleurer et mon cœur se noua. Non je voulais pas la faire pleurer, surtout pas. Merde ! Il n'est pas venu et... on s'est disputés, il doit toujours m'en vouloir... Je fis une grimace, certes elle pouvait pas la voir vu combien il faisait sombre mais j’avais touché une corde sensible alors que je pensais qu’elle allait pouvoir me donner des nouvelles de celui-ci. Je suis désolée.. Je savais pas.. J’avais envie de lui demander pourquoi ils se sont disputés mais je me sentais aussi coupable de lui avoir fait penser à lui, à leur dispute et je me sentais grave gênée.

Essayant de contenir ses larmes, Camille passa sa main tremblante sur son visage. Elle ne savait pas ce qu'il lui prenait de pleurer ainsi devant Elia. Même si les choses allaient bien mieux entre elles, elles n'étaient pas vraiment amie pour autant et si elle avait sû qu'elle craquerait ainsi, elle n'aurait jamais pensé que se serait devant elle. Mais voilà, Elia avait touché la corde sensible et elle ne parvenait plus à s'arrêter de pleurer. Car voilà, bien qu'une infirmière se soit chargée de prévenir Demyan de sa mise en quarantaine, il n'était pas venu la voir, et n'avait pas non plus demandé de ses nouvelles. Était-il toujours fâché contre elle par rapport à ce qu'il c'était passé au nouvel an ? Il la détestait à ce point ? Je suis désolée.. Je savais pas.. Pauvre Elia, elle avait l'air vraiment gênée et à sa place, Camille n'aurait pas vraiment su quoi faire. Prenant sur soi, elle tenta de reprendre contenance. Excuse-moi, je suis un peu sur les nerfs en ce moment dit-elle en essuyant ses larmes.