Monsieur, on peut arrêter ?J’ai du mal entendre, non ?Ca fait déjà le dixième tour de terrain que nous faisons.Je sais et je compte le fait que vous ne soyez pas tous à la même allure. Donc ceux qui sont à la trainent doivent vous rattraper et faire le même nombre de terrain que vous. Sinon, vous continuerez comme ça encore longtemps.Entendant les premiers grogner, il se mit à sourire. Croisant les bras sur son torse, il savait que un grand nombre de ses étudiants n’aimaient pas courir et encore moins quand Alan décidait de jouer les militaires. Il était pareil quand il était plus jeune. En même temps, il n’était pas né dans une famille des plus athlétiques. Son père boulanger et sa mère maitresse d’école était du genre sédentaire et bougeaient très peu. De plus, Alan était du genre gourmand, donc tout ce qui n’était pas vendu à la boulangerie, il faisait en sorte de le ramener chez lui pour manger. Ce fut la même chose au fil des années, pour son petit frère. Ce dernier aussi aimait bien manger et il est vrai que quand ils étaient petits, l’embonpoint aurait vite pu arriver. Cependant, comme ils vivaient assez loin de leur école, il fallait marcher. Ils auraient pu prendre le bus, mais ils préféraient marcher. Du coup, de ce côté-là, tout allait très bien. A l’école, Alan était un élève plutôt débrouillard. Il avait développé une préférence pour les matières scientifiques et surtout pour le sport. C’était dans ce dernier domaine qu’il avait de meilleures notes. Tous les sports lui convenaient, il était à l’aise et ça énervait plus d’un, parce que certains se prenaient pour de grands sportifs et finalement, ils voyaient qu’ils avaient encore du travail à fournir. Alan n’était pourtant pas du genre à se moquer de tout le monde ou même à être l’étudiant le plus populaire. Si c’était le cas, c’était contre son gré. Il était plus du genre effacé et prenait soin de son petit frère. A côté de ça, il faisait en sorte que ses parents acceptent d’adopter un chien ou un chat. Il voulait un animal de compagnie mes ses parents ne semblaient pas vouloir dire oui. Cependant, l’année de ses dix ans, il eu le plaisir d’avoir en cadeau d’anniversaire un poney. En effet, ses grands-parents maternels habitant dans une ferme avaient voulu lui faire plaisir et c’était réussi. Dès qu’il allait chez eux, il faisait des balades en poney. C’était le meilleur cadeau d’anniversaire qu’il ait jamais eu.
Malheureusement, le bonheur n’avait pas duré longtemps. En effet, alors qu’il avait dix-sept ans, Alan était encore à l’école avec son frère, quand le directeur vint les chercher pour leur parler. Se demandant ce que l’autre avait fait comme énormité, ils écoutèrent avec attention jusqu’à ce qu’ils entendant que leurs parents était décédés. Ils les avaient vus le matin même, ils avaient accompagnés leur père à la boulangerie et avait fait une partie du chemin avec leur mère. Comment cela était-il possible ? Tout simplement à cause de deux personnes ayant voulus braquer la boulangerie du père Beecher et ce dernier avait voulu se défendre et ils lui avaient tirés dessus. Les secours étaient arrivés trop tard. Seulement, ce jour là, la mère des deux jeunes avait voulus déjeuner avec son époux et elle avait été là. N’ayant pas voulu laissé de témoins, il l’avait abattue aussi. Se retrouvant orphelins, ils partirent vivre chez leurs grands-parents maternels. Le moral n’y était pas et Alan n’avait pas la tête à la fête. Il se referma sur lui-même, ne parlant qu’à son frère. Cependant, lors des journées où des professionnels venaient parler de leurs métiers, Alan fut attiré par l’armée. Il fut attentif à tout ce que l’instructeur expliquait et en rentrant chez lui, il expliqua qu’il finissait son année à l’école et qu’il partait ensuite à l’armée. Seulement, il fallait que ses grands-parents signent les papiers, vu qu’il n’était pas encore majeur. Ils refusèrent, ne voulant pas qu’à son âge, il se retrouve face à des bombes et autres armes mortelles. Il en fut extrêmement déçu et leur en voulu énormément. Alors, à nouveau il se renferma et décida que l’année suivante, quand il serait majeur, il partirait.
Mais allez ! Bougez-vous !Vous croyez vraiment que c’est comme ça qu’ils vont aller plus vite ?J’en sais rien, mais ils sont tous au fond là-bas et si on doit encore faire des tours de terrain, ils doivent rattraper les premiers.Vraiment ? C’est la seule solution ?Il savait que ses étudiants venaient d’horizons différents et qu’ils n’étaient pas tous amicaux les uns envers les autres. C’était aussi pour ça qu’ils les poussaient tous à se dépasser. Soupirant, il regarda les premiers continuer à courir et les derniers à tenter de les rattraper sans succès. Lui aussi avait été bon dernier quand il était adolescent. Il avait été le dernier dans beaucoup de domaine, mais surtout vis-à-vis de son petit frère. Ce dernier ne voulait pas non plus le voir partir à l’armée. Il le lui avait dit à de nombreuses reprises et finalement, il n’était pas partit. Il l’avait écouté et avait donc décidé de continuer ses études. Passant du temps à s’occuper des animaux de la ferme de ses grands-parents, il commença des études de sciences, mais arrêta au bout de deux mois. Ca ne lui convenait pas. Même s’il était passionné par les sciences, il ne se voyait pas en faire toute sa vie. Alors, il s’orienta vers le sport et il voulu en faire son métier. Etant doué en course, en base-ball et en basket, il chercha à savoir s’il pouvait en faire un vrai métier. Devenir sportif professionnel pouvait rapporter gros et il se voyait bien dans cette vie là. Cependant, il savait aussi ce que ça pouvait amener comme problème et étant toujours aussi curieux, il décida de se tourner vers l’enseignement. Il avait vu avec le temps à quel point les élèves, peu importe les âges, n’aimaient pas le sport à l’école. Dans l’ensemble en tout cas. Continuant donc ses études, il fut content d’avoir son diplôme. Son frère lui aussi finit par avoir son diplôme. Ayant son premier poste d’enseignant, il alla enseigner à l’université de Coventry. Le sport n’étant pas la matière principal, il du se battre pour que ses étudiants viennent à ses cours et soient assidus. Mais il y parvint avec le temps. C’est là-bas également, qu’il eu sa première vraie petite amie. C’est avec elle qu’il se marie quelques années plus tard et eu une petite fille.
A nouveau le malheur le frappa de plein fouet. Il avait alors trente ans. Deux ans auparavant il avait commencé comme professeur de sport et en deux ans, il avait épousé sa femme et ils avaient eu une petite fille. Sa vie était paisible et agréable. Mais, alors qu’il était en cours, le directeur et son frère arrivèrent pour lui parler. Il fut surprit de voir son petit frère là et c’est ce dernier qui lui apprit que sa femme et sa fille venaient de mourir dans un accident de la route. Elles venaient le voir pour lui faire une surprise et un chauffard leur était rentré dedans alors qu’il cherchait son portable dans sa voiture. Anéantit, Alan repartit dans sa phase de silence. Allant tous les jours sur la tombe de sa femme et sa fille, il garda son alliance à son doigt, peu importe le temps qui passa. Mais cette fois-ci, il décida de partir. Il entra dans l’armée et personne ne pu le faire changer d’avis. Il demanda à son frère de rester en vie. Lui se fichait bien de mourir au combat désormais. La même année, il partit pour son premier combat sur le terrain. Il enchaîna entre la Côte d’Ivoire, l’Irak, le Tchad, le Liban, Israël, le Mali, le Niger et il finit par la Guerre de Gaza. A ce moment là, il avait le choix entre rempiler ou revenir à la vie civile. Près à rempiler, il voulu d’abord en parler avec son frère. Mais ce dernier ne voulait pas le revoir partir pour autant de temps. Surtout qu’il lui avait écrit régulièrement, mais Alan n’avait jamais répondu. Ca lui avait fait du bien d’avoir des nouvelles, mais il n’avait pas voulu donner de nouvelles de son côté. Son frère entra dans une colère noire et lui annonça que si Alan repartait, il couperait les ponts. Il en fut surprit et ne le prit pas au sérieux, avant de se rendre compte que ça serait bien le cas. Alors, il accepta de revenir à la vie civile. Ayant besoin d’un métier physique, il reprit l’enseignement du sport, se remettant à jour.
Vous voyez bien qu’ils ne font aucun effort.Ils n’en font pas ou ils en ont marre de vous entendre leur crier dessus ?Il savait que ceux qui courraient le plus vite allaient devoir faire le cheminement de pensée par eux-mêmes et un premier sembla comprendre où voulait en venir Alan. De son coté, il se retrouva régulièrement sur la tombe de sa femme, il gardait son alliance à son doigt. Peu importe ce que les autres disaient, il n’était pas près à l’enlever. Même si certaines femmes tentaient leur chance, il refusait à chaque fois. A côté de ça, il eu du mal à rester au même endroit longtemps et donc alla enseigner dans plusieurs universités. Puis, il décida de quitter la Grande-Bretagne. Il avait besoin de changement et de tirer un trait sur plusieurs choses du passé. Envoyant donc des CV, il eu une première réponse de la part d’Harvard et il décida de commencer là-bas. Une fois sur place, il fut impressionné et fit en sorte que ses étudiants apprécient le sport. Même si c’était pour certains la matière redoutée, il voulait leur montrer que ça pouvait être amusant. Bref, il fit tout son possible pour que le sport soit apprécié. Lui n’avait pas vraiment envie d’être apprécié. Après tout, il était là pour donner des cours, pas pour se faire des amis. Quelques mois plus tard, il eu le plaisir de voir son frère arriver. Ce dernier avait réussit à être muté aux Etats-Unis et pas très loin d’Alan. Content de pouvoir passer du temps avec son petit frère, ils sortaient souvent et il finit par lui avouer qu’il avait des séances régulières chez un psy. Entre la mort de ses parents, de sa femme et sa fille, mais également de tous ce qu’il avait vécu à l’armée, il avait besoin d’en parler. De plus, il avait vite comprit qu’un stress post-traumatique avait vu le jour chez lui. Il avait donc besoin d’évacuer tout ça. Son frère l’encouragea à continuer et il fut content que ce dernier soit de son côté.
Finalement Alan apprécia son poste au sein d’Harvard. Il n’avait pas envie d’y bouger et il trouva son nouveau chez lui. Mais encore une fois, un évènement traumatisant arriva, une bombe au sein de l’université fut déposée. Ce fut un choc pour lui. Tout son passé lui remonta au visage et il du y faire face. Seulement, lui qui avait terminé ses séances chez le psy, décida de ne pas y retourner. Son psy lui avait pourtant demandé de revenir, mais il n’avait pas voulu. Il expliqua que ça ne lui avait rien fait et il préféra enfouir ça en lui. Personne n’avait besoin de savoir que tout lui était revenu en mémoire. Malgré tout, il fut content de pouvoir se changer les idées en présence de son frère, mais également avec les quelques amis qu’il avait. Ils n’étaient pas nombreux, mais avec eux, il savait qu’il pouvait parler en tout confiance. C’est ce qui était le plus important à ses yeux.
Allez. On est tous ensemble.Vous avez trouvé une autre solution finalement ?Oui, courir avec eux. Les encourager en restant à leurs côtés.Parfait. Alors un dernier tour pour tout le monde et on passera au cours en lui-même.