Samara Wilson Ҩ Ellen Page

« Vos tests sont revenus mademoiselle, et il n’y a pas de doutes : vous êtes enceinte. »
« Enceinte ? Ce n’est pas possible, je n’ai pas … eu des rapports depuis des mois ! »
Le médecin assis en face de moi réajusta ses lunettes sur son nez, s’éclaircit la voix et continua.
« Les dosages indiquent que vous seriez enceinte de 16 semaines. »
Je secouais la tête et plaça mes mains sur mon ventre.
« Vous avez du échanger les résultats avec ceux d’une autre patiente, parce que vous voyez bien, je n’ai pas de ventre … rien … »
« Ce sont bien vos résultats que je tiens en main Mlle Wilson. Je pense que vous êtes en train de faire ce que l’on appelle un déni de grossesse … »

Quatre mois plus tôt …

Une soirée étudiante comme une autre à laquelle j’étais allée avec quelques autres Dunster. Comme toutes les soirées, l’alcool coulait à flot, et j’étais incapable de résister aux verres de punch bien sucrés. Une heure plus tard, j’étais bien pompette, et la tête me tournait un peu. Je préférais m’asseoir sur un des canapés disposés contre le mur de la salle et laisser passer quelques minutes avant de retourner danser. Quelqu’un vient s’asseoir à côté de moi. Je tournais la tête, le jeune homme me sourit. Sans vraiment savoir pourquoi, et alors que je ne le connaissais pas, je lui sourit aussi. C’est lui qui entama la conversation. Il s’appelait Jude. On parla d’abord de tout et de rien, de la neige qui allait surement bientôt arriver, des fêtes de Noël, des lutins qui aidaient le père Noël à emballer ses cadeaux et à faire la distribution, et de bien d’autres choses, plus ou moins censées. Il m’invita à danser, je lui pris la main avec plaisir. Une heure plus tard, et quelques autres verres, on avançait sur la pointe des pieds dans le couloir d’un hôtel de la ville. Sur un coup de tête, il avait proposé qu’on dorme là-bas vu que de toute façon, on serait incapable de rentrer à pied, ou plutôt de retrouver notre chemin jusqu’à l’université. Il dut s’y reprendre à cinq fois avant de réussir à glisser la clé dans la serrure et d’ouvrir la porte. J’avais envie de rire, et je n’arrêtais pas de dire « chut » en même temps. Il referma la porte et on s’écroula tous les deux sur le grand lit, nos têtes collées l’une à l’autre, regardant le plafond. Je ne sais plus qui alla en premier vers l’autre, mais quelques secondes plus tard, on s’embrassait aussi passionnément que deux personnes qui étaient ensemble depuis des semaines. J’étais pudique, mais j’enlevais mes vêtements devant lui sans me soucier de rien, en m’emmêlant les bras dans mon pull. Il me libéra et ouvrit les boutons de mon jean. Cinq minutes plus tard, nos vêtements lancés en l’air au fur et à mesure que nous les ôtions et donc éparpillés aux quatre coins de la pièce, nous étions tous les deux nus sous la couette. Alors que ce n’était pas dans mes habitudes, j’ai eu une relation avec quelqu’un que je connaissais à peine et que je ne reverrais sans doute jamais.
Le lendemain, je me réveillais avant lui, et mis quelques secondes à me rappeler de ce que je faisais là. Ce fut mon soutien-gorge accroché à une chaise qui me fit tout me rappeler, et rougir tout aussi vite. Et merde ! je vérifiais que Jude dormait encore et me glissait lentement hors du lit. Je remettais mes vêtements au fur et à mesure tout en le surveillant du coin de l’œil, je préférais fuir avant qu’il ne se réveille. Ce ne fut qu’arrivée au rez-de-chaussée qu’enfin je m’autorisa à soupirer. Je sortis mon téléphone de mon sac à main. Trois appels en absence. Je composais le numéro de ma meilleure amie.
« Je sais qu’il est encore tôt, mais j’ai besoin de toi. Tu peux me chercher devant l’hôtel Wood ? Oui je te raconterais tout plus tard. »

Quatre mois plus tard, bureau du Dr Finch…

Je n’avais eu aucune relation depuis cette nuit avec Jude, ce qui voulait dire que forcément, il était le père. Je ne savais presque rien de lui, juste qu’il était aussi étudiant à Harvard. Mais vu la taille du campus, il se pouvait très bien que je pourrais ne pas le revoir à nouveau. D’un autre coté, ça ne me poserait pas de problème. Je n’avais pas besoin de lui pour gérer une grossesse. Ce n’était qu’une simple connaissance après tout. Mes parents ? N’allaient pas sauter au plafond forcément, et n’habitaient pas la porte d’à côté non plus. Mais je ne pense pas qu’ils me mettraient à la porte, ce n’était pas leur genre. J’aurai droit à une leçon sur le sexe sans protection et puis voilà. Ce que j’allais faire de ce bébé, c’était une autre question. Je n’arrivais même pas à imaginer que quelque chose pouvait pousser en moi, je n’avais pris que deux kilos, soit rien. Je me disais que je verrai le temps venu, si je le garderai, ou si je le ferai adopter. J’avais encore le temps, cinq longs mois après tout.

Aujourd'hui ...

Mais qui aurait pu croire qu'en venant consulter aux urgences du Cambridge health alliance hospital pour des maux de ventre qui duraient depuis plusieurs semaines, j'allais apprendre une nouvelle comme celle-ci ? Il y a un mois, je ne me sentais pas vraiment enceinte, mais entre-temps, mon ventre a "poussé" en une semaine, et a la taille de toutes les femmes enceintes de cinq mois. J'ai recroisé Jude, complètement par hasard, et comme je voulais être honnête, lui ai tout raconté. Même si je n'en avais pas besoin, il m'avait dit qu'il ne me laissera pas seule, et prendra les responsabilités. Je sais que je ne le forcerais pas s'il change d'avis, je comprends tout à fait que ça puisse être dur à avaler. En même temps, il se comporte bizarrement avec moi, il m'évite et demande de mes nouvelles en même temps. Je ne sais pas vraiment trop quoi penser de son attitude, mais j'ai décidé de ne pas me prendre la tête, et de laisser les choses aller à leur rythme, tout simplement.