hope you'll get better soon (May)

Lorsque j’avais vu le numéro de l’hôpital s’afficher sur mon téléphone m’indiquant qu’il m’avait contacté par sms, j’avais d’abord pensé que c’était à cause d’un souci d’organisation pour l’un de mes futurs stages là bas. Je n’y avais pas prêté attention, trop occupé à profiter de mon séjour à Vegas. Puis lorsque plus tard, j’avais pris le temps de lire le contenu du message, j’avais découvert horrifié que l’une de mes très bonnes amies, May, était hospitalisée, placée en quarantaine. Etant en cinquième année de médecine, je savais que ce genre de mesure drastique n’était prise qu’en cas de risque de propagation d’une maladie infectieuse potentiellement grave, j’étais donc très inquiet concernant l’état de santé de ma petite coréenne préférée. Le texto précisait bien qu’on pouvait joindre l’hôpital ce que j’avais donc cherché à faire durant tout le reste de mon séjour à Las Vegas, mais bien sûr, les lignes de l’hôpital devaient déborder d’appels et je ne réussis à joindre personne. Ce fut finalement seulement à mon retour à Harvard que je pus me rendre directement sur place afin de rendre visite à mon amie. Après avoir demandé à voir May, je me dirigeai au premier étage dans un couloir qui avait été aménagé spécialement pour les visites. Une grande vitre isolait les malades de leurs visiteurs, permettant d’éviter la contamination. Je brandis mon badge à l’une des infirmières en précisant que j’étais prêt à enfiler surblouse, charlotte et surchaussures si il le fallait mais que je voulais à tout prix pouvoir voir mon amie malade. Mais rien à faire, les consignes étaient strictes, je devrais me contenter de voir May à travers cette vitre. «Hey !» fis-je en m’approchant d’elle après l’avoir repérée parmi les nombreux patients. Même si j’étais rassuré de la voir, elle avait vraiment une petite mine. Qu’est-ce que c’était que ce virus invasif qui nécessitait des mesures aussi draconiennes ?

J'avais l'impression d'être une prisonnière parmi tant d'autres... Nous étions déjà deux groupes d'étudiants & adultes placés en quarantaine à l'hôpital de Cambridge, et parmi eux des amis à moi étaient également malades tout comme moi... Je ne savais toujours pas comment j'avais pu faire pour me retrouver ici, enfermée et privée de tout, enfin j'me comprends, ordinateur, portable...Alors que j'étais sur le point de m'endormir dans mon coin, une infirmière m'avait signalé qu'un de mes amis proches était venu me rendre visite et c'était faiblarde que j'me rendais donc à l'étage des visites. J'étais derrière une vitre, j'avais l'impression d'être cette fois-ci un animal sauvage dont il ne fallait surtout pas s'approcher...Manquait plus que la pancarde "Attention, elle mords..."
Puis la voix de Priape me tirait d'mes pensées, il était là en face de moi et je lâchais subitement la couverture que j'avais sur moi pour me précipiter vers la vitre, posant ma main sur celle-ci, un sourire triste collé à mes lèvres "Hey...Pripri, j'suis contente que tu sois là . J'sais pas comment j'ai fait pour être ici, mais j'ai peur...Aide moi ." fis-je suppliante à mon super héros.

Voir mon amie affaiblie, emmitouflée ainsi dans une couverture, le regard perdu, la mine défaite, c’était vraiment difficile. Elle sembla se reconnecter à la réalité lorsque je l’appelais et elle s’approcha rapidement de la vitre avec un petit sourire. Je plaçai ma main sur la sienne, le plexiglass empêchant un véritable contact entre nos deux paumes. Elle me demanda de l’aide et je sentis mon cœur se serrer. C’était horrible pour moi d’être coincé de l’autre côté de cette vitre et de ne pas pouvoir aller consoler mon amie comme il se doit. « Je voulais entrer mais les soignants s’y sont opposés. Je suis désolé May. Je suis obligé de rester de l’autre côté. » expliquai-je tristement avant d’ajouter d’une voix calme : « Mais je suis là pour toi. Je viendrais te voir tous les jours et je suis sûr que tu vas sortir très vite… » J’essayais de paraître confiant et de me montrer rassurant mais l’ampleur que prenait cette épidémie était vraiment inquiétante…

Priape me rassurait comme il le pouvait en me disant à travers cette vitre qu'il viendrait me voir à l'hôpital tous les jours et qu'il était certain que je sortirais d'ici rapidement. Je ne savais même pas ce à quoi j'étais exposée, et encore moins si les médecins trouveraient un remède miracle. Voir Priape en face de moi me redonnait confiance et c'était lui ma source de bonne humeur et de courage. Pas question que j'me laisse abattre si facilement. Je chassais toutes mes mauvaises pensées et adressait un grand sourire à mon super héros.
"T'aurais dû enfiler ta cape de superman pour me sortir de là." fis-je amusée avant d'poser mon front contre la vitre qui nous séparait. J'avais envie qu'il me serre dans ses bras pour me remonter le moral, mais je ne souhaitais pas non plus que lui tombe malade...

C’était tellement frustrant cette séparation entre nous. J’aurais voulu faire plus que de lui servir tout un tas de belles paroles pour la rassurer. J’espérais sincèrement que les médecins allaient rapidement trouver un remède car toute cette histoire d’épidémie commençait à m’inquiéter, bien plus que ce que je ne laissais paraître devant mon amie. L’allusion de cette dernière à ma cape de superman m’arracha un petit rire. Malgré la gravité de la situation, malgré sa position de patientes en quarantaine, May gardait le sourire et elle savait faire preuve d’humour. C’était ce que j’aimais tant chez elle, ce que j’admirais également. Elle me paraissait si forte, mais en même si vulnérable, là, le front collé contre cette fichue vitre qui nous séparait. Avec un petit sourire, je lui répondis à mon tour, sur le même ton de la plaisanterie : « Je pouvais pas elle est au pressing… »

Ma référence à sa cape de super héros le fit sourire, j'voulais quand même lui montrer que malgré tout je tenais le coup. J'voulais paraître forte à ses yeux, mais au fond, j'me sentais sombrer dans les abysses de l'infini. J'voulais sortir d'ici, j'avais besoin de lui pour m'en sortir. Et si je ne sortais jamais d'ici ? Et si les médecins ne trouvaient rien pour nous soigner ? J'commençais à paniquer, à me sentir mal. Mais je ne laissais rien paraître aux yeux de mon ami. " Récupère la vite alors, parce que dès que je sors d'ici, j'veux que tu m'emmènes très loin de cet enfer, promis ? "

Je voyais May afficher un visage impertubable et elle continua à plaisanter sur ma cape de super héros. C'était un peu sa bouée de sauvetage : l'humour. J'admirais cette force chez elle mais je savais aussi que c'était également une carapace pour empêcher que l'on entrevoit la peur qui devait propablement la ronger. Elle utilisa d'ailleurs le terme enfer pour désigner l'épreuve qu'elle était en train de traverser. Parler de ce qu'elle ferait une fois sortie, envisager un peu les projets qu'elle pourrait entreprendre une fois guérie, cela me paraissait une excellente idée et une bonne façon de lui remonter un peu le moral. " Bien sûr que je te le promets. Tu sais quoi ? Quand tu seras rétablie, il faudra absolument qu'on se fasse une vraie soirée ensemble, qu'on arrose ça." lui répondis-je. "J'ai une nouvelle voiture en plus, si on veut se refaire un road trip sans finir en rade sur le bas côté de la route." ajoutai-je avec un petit sourire en me rappelant de notre dernière virée catastrophe dans mon vieux break.