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perhaps i've been misjudging you
abbelone ∞ jimmy

« Thais. Parle-le lui. Tu dois lui parler. Mon avenir est entre tes mains. L'avenir de la planète même ! … Bon dieu, j'ai tout gâché, j'ai encore tout gâché, mais quelle pas douée ! » Et la pauvre Thais avait fini par lui parler. Parce qu'Abbelone ne lui avait pas vraiment laissé le choix, de toute manière. Pire que du harcèlement ! Heureusement qu'elles étaient de très bonnes amies, sinon... Sinon cela aurait sûrement été comme avec Aimé ? Lui avait refusé même de la laisser approcher du prince. L'égoiste ! Oui, un prince. Eventine Casiraghi. Prince de Monaco. Un contact en or ! Après le fils de l'ambassadeur, aka le fiancé de la belle Thais, Eventine était le prochain sur sa liste. Parce qu'un carnet d'adresse de président, ça se prépare.

Thais lui avait parlé, mais évidemment, la pauvre Abbelone n'en savait rien. C'est ainsi, que lorsque lors d'un gala, leurs regards se croisèrent... Eh bien, elle ne sut quoi faire. Que pouvait-elle faire ? Elle l'avait engueulé la dernière fois ! Il devait la prendre pour une furie. Une folle ? Allez savoir ! Il lui avait bel et bien fait un signe de tête, auquel elle répondit à son tour, un sourire crispé sur le visage mais... Que pouvait-elle faire d'autre ? Rapidement, elle lui tourna le dos en déglutissant... Une idée, il lui fallait une idée. Et lorsqu'un serveur vint lui proposer du champagne, elle la trouva enfin, son idée. « Je vous donne 400 dollars si vous allez renverser du champagne sur le jeune homme là-bas... Faites mine de trébucher, quelque chose du genre ! » Et devant l'air dubitatif du pauvre serveur... « Vous y allez ou c'est moi qui vous renverse votre plateau sur la tête ?! Allez ! Pitié ! 400 dollars, ce n'est pas rien ! Pensez donc tout ce que vous pourriez vous acheter... » Heureusement, les négociations ne prirent pas très longtemps. Le plan était le suivant : elle fait mine d'aller quelque part, en passant près de lui, et à ce moment précis, hop, le serveur renverse du champagne sur le prince ! Pour son plus grand bonheur, tout se passa comme prévu. Et aussitôt la chemise d'Eventine tâchée, un grand sourire chaleureux sur le visage, elle se tourna vers lui, s'empressant avant que quelqu'un d'autre n'arrive. « Ohhh votre chemise est tâchée ! Vous ne pouvez pas rester dans un tel état... Mais vous avez de la chance, je connais très bien l'organisateur du gala, vous n'aurez qu'à me suivre et je vais vous trouver de quoi vous changer ! » N'était-elle pas adorable, la petite danoise ?
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Pour lui avoir parlé, Thaïs lui avait parlé et même tenu la jambe une heure durant à propos de cette maudite Abbelone qui avait fait très forte impression sur Eventine. Sauf que ladite impression n’était ni excellente ni bonne en soit mais bien incroyablement mauvaise : il l’avait prise pour une folle furieuse échappée d’un asile, incapable de voir plus loin que le bout de son nez qui plus est. Autant dire qu’il l’avait fuie comme la peste depuis, et que le discours de son amie musicienne l’avait extraordinairement agacé au départ. Le jeune prince avait même été à deux doigts de l’envoyer péter mais Thaïs étant enceinte, il ne savait que trop bien à quel point il fallait ménager sa sensibilité exacerbée de base… sans quoi il aurait son meilleur ami sur le poil à l’accuser des heures durant de maltraitance sur sa pauvre femme ! Eventine avait déjà bien assez matière à migraine sans chercher à s’en rajouter davantage. Il avait donc écouté, religieusement même, promettant faiblement d’y réfléchir à défaut de donner une réponse positive d’entrée de jeu : la jolie irlandaise n’avait pas idée du savon qu’il s’était pris et du coup de pied au cul que son orgueil avait dû supporter. Non pas qu’il soit toujours très sensible à ce genre de choses, mais il n’oubliait pas par qui il avait été froissé ni comment, c’était une certitude.

Voilà pourquoi il se gaussait par avance et par principe de ce fameux gala, où il venait justement de croiser le regard de nulle autre que de cette chère Abbelone, membre honorable des Quincy d’après les propos de Thaïs et qui semblait gesticuler nerveusement du peu qu’il pouvait en juger. Eventine ne hocha même pas la tête à son attention, ni ne lui offrit de sourire : c’était tellement jouissif que de la voir baliser au loin qu’il ne risquait pas de se priver d’un tel spectacle, quand bien même Thaïs l’avait limite supplié de passer outre son ressenti. Bien évidemment, le beau brun ne s’attendait pas une seule seconde à ce que cette manipulatrice née n’aille payer un serveur pour que ce dernier fasse mine de trébucher et tache ainsi sa belle chemise flambant neuve. A priori le champagne ne tachait pas réellement en soi mais quelle sensation désagréable que de sentir la vinasse à cent mètres ! Et de voir la sorcière première du nom rappliquer avec un peu trop de bonnes intentions à son goût… « Tiens donc, ai-je bien entendu ou vous avez proposé de me rendre service, vous qui n’aviez pas de mot assez dur pour qualifier mon comportement la fois dernière ? » répliqua-t-il avec agacement alors que le serveur venait de lui apporter une bonne dizaine de serviettes pour tenter de réparer le mal. « Je vous remercie mais je vais rester à des milliers de lieues de vous, je n’ai aucune intention d’être votre punching ball adoré, si vous voulez bien m’excuser » reprit-il, pas plus aimablement d’ailleurs, avant de tourner les talons histoire d’appeler son tailleur en quatrième vitesse. Du moins essayait-il, en tous les cas.
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