« Nous avons le choix, de vivre ou d’exister.»
Il était une fois une petite fille. Elle était très jolie, elle travaillait bien à l'école, elle était la meilleure de son cours de danse et elle recevait toujours beaucoup de cadeaux. La plupart du temps, les gens s'arrêtent à ça pour déterminer si oui ou non une personne est heureuse. La fillette a tout ce qu'elle demande et elle arbore un grand sourire pendant toute la journée, alors sa vie elle belle. Mais c'est souvent derrière les plus grands sourires que se cachent les plus grande peines. Car oui, cette enfant avait tout le matériel possible et inimaginable, mais à côté de ça, elle ne voyait ses parents qu'une fois de temps en temps et restait seule dans son coin à l'école. Et croyez-moi, la solitude est pire que la pauvreté. Car la solitude pousse les gens à se refermer sur eux-même, à enfouir leurs sentiments au plus profond d'eux-mêmes et à rejeter toute personne susceptible de comprendre un peu trop ce qui leur arrive. Et c'est ce qui est arrivé à la petite fille dont je vous parlais un peu plus haut. Elle a grandit seule, a appris à ne pas s'attacher aux gens et s'est plongée dans ses cours et ses hobbies. Cette situation a duré pendant un moment, puis elle a grandit et elle a compris. Elle a compris que normalement, les parents se font du soucis. Que dans les familles normales, les gens partagent des moments, se créent des souvenirs. Elle a compris que ses parents avaient échoué. Qu'elle était seule et ce depuis trop longtemps. Alors elle leur en a voulu et a essayé de le leur faire payer.
«J'ai des talons plus longs que ta bite alors va te faire foutre.»
J'étais allongée sur un sol plus poussiéreux que la cave de mes grands-parents mais je savais que ce n'était pas la saleté qui me donnait ce mal de tête et cette nausée. J’apercevais à quelques mètres de moi un gars que je m'étais tapé la veille, en train de vomir ses tripes derrière un canapé miteux et deux ou trois de ses potes se foutant de sa gueule à côté. Merde.. qu'est-ce que je foutais ici. Je tentais de me redresser et frottai mon crâne, espérant que ça atténue la douleur et que ça me laisser penser au moins une minute. Je tentais désespérément de me souvenir de la veille mais tout ce que j'obtenais, c'était une séquence d'images floues et sans aucun sens. Fait chier. Un des gars vit que je m'étais réveillée et s'approcha de moi et me déclara quelque chose mais je n'étais pas vraiment en état de parler. Sans même prêter attention à ce qu'il avait put dire, je lui ordonnais de m'apporter un verre d'eau, un café ou une aspirine. Il prit un air vexé mais se leva quand même et m'apporta un verre.
- Qu'est-ce que je fous ici ? Demandais-je une fois qvoir terminé ma boisson.
Le garçon parut surpris. Il se retourna vers ses potes puis revint à moi et m'expliqua :
- Heu.. t'es arrivée avec Josh. Il désigna la loque humaine qui agonisait près du canapé.
T'as dit que tu voulais te défoncer la gueule parce que t'avais reçu ta lettre. On a pas trop compris mais Tom avait de la came alors il t'en as filé et.. bah t'as dû en prendre un peu trop. Ah oui, la lettre. La fameuse lettre qui signifiait que mes parents avaient gagné et que ma vie leur appartenait réellement. La lettre qui impliquait que j'allais passer les six prochaines années dans une université - certes très réputée mais qui s'attarde sur se genre de conneries ? - à étudier la même chose que mon père alors que ça ne m'intéressait pas du tout et que je n'en avais absolument rien à fouttre de la politique. C'est dommage, j'aurais bien aimé oublier.
Bien que je sois encore dans les vappes, je me levai, récupérais mon sac et me dirigeai vers la porte.
- Tu veux que je te ramène ? Demanda le gars qui m'avait apporté le verre d'eau.
Il avait l'air gentil. Mais ça faisait longtemps que je n'en avais plus rien à faire de la gentillesse des autres. Quand quelqu'un semblait sympa avec moi, il finissait toujours par me laisser tomber. Je ne faisais donc plus attention à personne. C'était plus simple ainsi.
- Nan, pas la peine, lui répondis-je alors,
de toute façon je vois pas ce qui pourrait m'arriver de pire que de me réveiller dans un taudis remplis de bolosses vomissant leurs trippes. Mais merci !« La vie est trop courte pour se faire chier un samedi soir. »
Lorsque j'ouvris les yeux, le garçon brun, Marshall si ma mémoire était bonne, était endormis à côté de moi. Je l'avais rencontré à une fête de bienvenue pour les nouveaux étudiants deux jours plus tôt et on peut dire que notre week-end avait été.. électrique. Nous avions passé les deux jours et les deux nuits dans sa chambre à.. baiser comme des lapins ? Il faut dire qu'il était doué. Et je savais que je l'étais aussi. On s'était donc bien entendus. Mais le week end était finis et même si il avait l'air d'un coureur de jupons, je ne voulais pas risquer d'avoir un pot de colle dans les pattes, je m'étais donc levée en silence, avais récupéré mes affaires et était partie de chez lui vite fait bien fait. Ca aurait été cool si l'histoire avait pu s'arrêter là...
« La chute n'est pas un échec. L'échec c'est de rester là où on est tombé. »
Je couru jusqu'à la salle de bain et vomis ce qui semblait être mon repas de la veille. Putain.. la troisième fois en quatre jour et je n'avais toujours pas mes règles.. Drôle de coïncidence quand même. Si il m'arrivait ce que je pensais, j'étais bien dans la merde. Mais genre vraiment, vraiment beaucoup. Je ne pouvais pas me permettre d'attendre et de voir, je descendis donc à la pharmacie la plus proche et m'offris un merveilleux - ou pas - test de grossesse. De retour chez moi, je suivis les instructions écrites sur la boite et attendis le résultat. Deux barres signifiaient que j'étais enceinte, une seule barre signifiait que je pouvais retourner faire la fête sans me faire de soucis.
Moment de vérité... Deux putains de barres. Merde. Merde. Mes parents allaient me tuer.
« Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme. »
J'avais expliqué la situation à mes parents et pour la première fois de leur vie, ils s'étaient montrés compréhensifs. Probablement parce que pour la première fois depuis longtemps, je me montrais responsable. Je leur avais expliqué que je comptais garder l'enfant et que je comptais le faire loin de l'université car le genre d'ambiance et toutes les tentations qu'il y avait là-bas pouvaient corrompre mon rôle de mère. Ils m'envoyèrent alors plus d'argent sur mon compte en banque et sans dire un mot à personne, abandonnant tous mes amis, mes cours, ma vie entière, je partis en direction de Phoenix. Je reconstruis ma petite vie dans cette ville, sans jeter un oeil aux fêtes, aux boites de nuit, au quelques dealers qu'il pouvait y avoir. Et Autumn grandit merveilleusement bien. Pour la première fois de ma vie, j'avais vraiment l'impression de bien faire les choses, de ne décevoir personne. Bon, évidement, il lui arrivait de me demander pourquoi elle n'avait pas de papa. C'était assez dur pour moi parce que je ne pouvais pas lui répondre " Parce qu'à une période, ta maman était une trainée qui couchait avec tout le monde et donc ton papa n'a aucune idée de ton existence. ". Je me contentais alors de lui répondre que son papa était très occupé et que lui et maman ne pouvaient pas vivre ensemble. Ce n'était certes pas suffisant mais c'était tout ce que je pouvais faire.
Le truc c'est que quand Autumn fut en âge d'aller à l'école, mon père nous rendit visite et me déclara qu'il était aussi temps pour moi de retourner en cours. Ma fille était grande, d'après lui, et en l'inscrivant à l'école, je pourrais reprendre les cours à l'université. Pour être sincère, je n'avais aucune envie de retourner à Harvard. J'allais devoir expliquer pourquoi j'étais partie ainsi, pourquoi je revenais avec une gamine de 4 ans dans les bras, et bien évidement, qui était le père. Si je retrouvais Marshall, cela aurait peut être pu être une bonne chose de le mettre au courant. Il en avait le droit après tout. Et Autumn avait le droit d'avoir un père. Et j'allais avoir besoin d'aide. Donc, certes, cela n'allait pas être une partie de plaisir, mais c'était mon devoir. Je devais assumer ça. Pour Autumn.