Qui aurait dit un jour que la famille Muñoz-Chanel aurait un jour la chance, ou plutôt la malchance, d'avoir un enfant? Une fille, pour poursuivre la tradition du côté maternel, la famille Chanel, la lignée de Coco Chanel, alias Gabrielle Chanel. Le seul côté positif à la naissance de Ariel Lia, c'est que cela permettrait de remonter l'image publique de l'entreprise «Chanel» que dirigeait sa mère. Autrement, ses parents ne s'occupaient tellement jamais d'elle, excepté pour lui rappeler les règles strictement catholiques qu'elle devait suivre tout au long de sa future vie d'enfant, puis d'adolescente et finalement d'adulte. C'était une nounou, qui était entièrement à ses soins, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La famille Muñoz-Chanel étant toujours si occupée pour préserver l'avenir de la compagnie, avec la comptabilité, l'image publique, les soirées de gala, les soirées de tapis rouge, et tout le reste, qu'on peut dire que la jeune Lia n'a jamais vraiment eu de domicile fixe jusqu'à ses 15 ans. Voyageant en avion, puis en autobus de luxe, la jeune brune suivait soit des cours à domicile, soit des cours dans l'avion ou dans l'autobus. Jamais avec des camarades. On peut dire que c'est un peu comme si elle restait enfermée constamment dans sa coquille. Timide, elle ne l'était pas. Avec toute la presse qui était sur sa famille dès qu'ils pointaient le nez dehors, elle devait faire bonne figure, être toujours bien vêtue, bien coiffée, bien maquillée, elle devait marcher avec une élégance propre à une princesse, elle devait répondre aux questions des journalistes, toujours sourire. Derrière cette fille parfaite se cachait pourtant une fille qui ne cherchait qu'à se dévergonder un peu, qu'à voir le monde sous un autre jour. Elle ne rêvait que de courir dans un champ, faire de la moto, tester la vie, quoi. Mais elle en était incapable. Et justement, ce souhait qui la consumait de l'intérieur alors qu'elle devait constamment avoir l'air parfaite face à tout le monde, tous ces gens de grande renommée, devant Vogue, devant Hollywood, devant Gucci, Versace, Victoria's Secret, Burberry, etc, alors qu'elle n'en avait pas toujours envie, même si quelques fois elle adorait ça, eh bien cela la tua petit à petit. Lentement, mais sûrement. En effet, dès 15 ans, ou plutôt vers la fin de celles-ci, approchant de ses 16 ans, Lia vécut très mal toute cette vie de star. Elle se goinfra alors dans tout ce qu'elle pouvait trouver de nourriture sous son nez. C'était mauvais signe. Très mauvais signe pour ses parents et l'image qu'elle allait donner au public, parce que Lia grossissait à vue d'oeil. Elle tenait mal un trop-plein de nourriture. On ne pourrait pas la qualifier d'obèse, mais elle avait un surplus de poids évident, et ses parents n'acceptaient pas. Alors, à 16 ans, ses parents payèrent pour une liposuccion. Avant 18 ans, c'était illégal, mais ils y mirent le double et même presque le triple pour lui permettre d'avoir accès à cette chirurgie. Pendant 6 à 9 mois, alors qu'elle s'approchait maintenant de ses 17 ans, elle vivait en Argentine, dans l'une des immenses résidences qu'avaient acheté ses parents quelques années auparavant. Cloitrée. Comme une religieuse. Une bonne soeur, quoi. Après tout, sa famille était catholique, voulaient-ils la convertir en nonne? Lia avait retrouvé un poids normal, et elle s'entraînait à fond pour préserver ce corps de rêve, puisqu'elle voulait plaire à ses parents. Elle ne voulait pas les décevoir, elle ne se le pardonnerait jamais, même s'ils ne l'aimaient pas tant. Elle cherchait par-dessus tout leur amour, et elle se sentait toujours à un poil d'y arriver, mais elle était loin de voir la réalité en face, malheureusement pour elle...
Oh, mais les chamboulements de sa vie ne s'en tenaient pas qu'à sa liposuccion «illégale», loin de là. Elle rêvait toujours et encore de sortir et vivre sa vie comme elle l'entendait, mais même sa nounou qui la comprenait plus que n'importe qui était incapable de lui laisser faire quoique ce soit, par peur de sanction de Monsieur Muñoz et de Madame Chanel. C'était bien normal, et elle avait raison. Lia était toujours là pour les cours à domicile, et elle était même en avance sur ceux qu'elle aurait pu considérer comme camarades si elle en avait juste connu au moins un ou deux, ce qui n'était pas le cas. Bref, elle obtenait d'excellentes notes dans à peu près tous les domaines et matières. Ses parents voulaient qu'elle suive la lignée Chanel autant au niveau «avoir des enfants, dont une fille, et prendre le contrôle de la compagnie dès qu'il en sera le temps». Pour la jolie brune, c'était loin d'être un problème. Elle aimait la mode, elle était très douée à l'école et comptait faire son doigt d'honneur à ses parents dès qu'elle aurait atteint 18 ans pour s'enfuir et aller dans une prestigieuse université afin de voler de ses propres elles un peu, et elle connaissait parfaitement bien la vie de «célébrité». Pourtant, alors qu'elle était encore dans l'adolescence, sur le point de commencer sa vie d'adulte, elle voulait vraiment, par-dessus tout, encore et toujours, goûter à la vie et voir à quoi ça ressemblait, de l'autre côté des grandes vitres de son immense demeure. C'est pourquoi Lia commença à faire le mur. L'Argentine s'avérait à être un très beau pays en réalité. Tard dans la nuit, lorsque les domestiques dormaient - ses parents n'étaient pas en Argentine -, elle se sauvait de chez elle avant de revenir vers 5h du matin, soit une heure avant que tout le monde ne se lève. Elle passait ni vue ni connue, puisqu'elle dormait jusqu'aux onze heures, voire douze, parfois. Peut-être que sa nounou voyait quelquefois ses yeux fatigués et cernés, mais elle n'en disait mot. C'est à 17 ans, peu après son anniversaire, que sa vie chamboula du tout au tout, ou plutôt qu'un évènement très important et radical fit basculer sa vie de rebelle. Lors d'une soirée, elle avait rencontré ce jeune homme. Morgan. 18 ans, beau brun, séducteur, et riche fils d'un grand musicien, à ce qu'il semblait dire. Rapidement, ce fut le coup de foudre pour elle, et elle tomba amoureuse. Amoureuse de son côté rebelle, différent. Amoureuse du fait qu'il n'avait jamais peur et qu'il surpassait toujours ses limites. Ils se rencontrèrent à quelques soirées, bien qu'il n'avait pas les mêmes idées derrière la tête, de son côté. Pas les mêmes qu'elle, du moins. Ils couchèrent ensemble. Et quelques mois plus tard, aucun doute. Elle était enceinte. Un test l'affirmait. L'infirmière personnelle de la famille le disait aussi. Et ses règles en retard ne pouvaient qu'approuver. Horreur. Ses parents l'apprirent à peine quelques semaines plus tard. On l'enferma de nouveau, plus sévèrement cette fois. C'était la catastrophe. La famille Muñoz-Chanel, catholique à fond, ne pouvait se permettre d'avoir une fille qui tombait enceinte avant le mariage... Impossible. Surtout que ça nuirait inévitablement à la famille. Ainsi, 9 longs mois elle resta cloitrée. La seule personne de l'extérieur qui venait la visiter, c'était Morgan, et encore, c'était rare. Pendant 9 mois, elle continuait ses cours, quoique déprimant un peu d'être autant surveillée et détestée par ses parents. Jamais on ne la laisserait abandonner son avenir prodigieux et déjà tracé. 9 mois plus tard, elle accoucha. Chez elle, avec un médecin de grande renommée et une panoplie d'infirmières. Elle put prendre sa fille, puisque c'était une fille, à peine quelques minutes dans ses bras. Elle n'eut même pas le temps de lui trouver un nom. Lorsqu'on proposa à Morgan de la prendre dans ses bras à son tour, la réponse qui sortit de sa bouche fut :
« J'vais fumer. » Il ne revint jamais d'ailleurs, et depuis ce jour, après quelques temps de tristesse, Lia le déteste plus que tout. Bref, pour en revenir au bébé, on lui enleva. Totalement. C'était interdit d'avoir des enfants avant le mariage, dans la religion catholique. Et elle n'échappait pas à cette règle. Elle n'aurait pas pu avorter : c'était interdit ça aussi, et ça aurait fait scandale. Toujours pour l'imagine, ein? Alors, le bébé fut mis en adoption. Et depuis ce jour, bien que Lia garde le ferme secret d'espérer la retrouver un jour, la jolie argentine ne la revit jamais. Et elle regrette cette pensées absolument tous les soirs, avant de s'endormir...
Lia eut 18 ans peut après son accouchement et la «disparition» de son bébé. De sa fille à elle. Rapidement, il ne fut pas difficile pour elle de détester assez ses parents pour se mettre à faire ses valises en vidant sa chambre de tous ses effets personnels, de se payer un jet privé, une limousine à l'arrivée, et quelques domestiques qu'elle emmènerait avec elle. Destination? Les États-Unis d'Amérique. Plus précisément? Cambridge, pour aller étudier à Harvard prochainement. Elle ne rentra pas exactement en début d'année puisqu'arrivée là-bas, un homme la reconnut, bien évidemment comme la fille de Madame Chanel, et on lui proposa de poser en tant que mannequin pour quelques magazines importants. Elle ne se fit pas prier. C'était une bonne façon de faire chier ses parents : poser normalement et poser presque nue, ce serait le comble. Mais elle s'en foutait royalement. Elle voulait faire sa propre vie, sa propre image d'elle-même. Elle avait envie de goûter au monde comme elle avait toujours voulu faire, bien qu'enfermée chez elle comme une prisonnière. C'était ce qu'elle était, en fait. Et maintenant elle était libre. Après quelques mois de travail, elle décida d'aller suivre son rêve : l'Université. Elle y entra donc en Janvier, sans trop de difficultés. Facilement, elle s'intéressa au théâtre et au design de la mode, à tout ce qui s'y rapportait, au mannequinat, à la danse, et à diverses choses. En étant libre, on se découvre des passions. En étant libre, on se forge une personne, et c'est bien différente qu'on a pu retrouver notre belle Lia. Pourtant, elle cache un secret. Une maladie assez grave qu'elle aime mieux que personne ne soit au courant. Elle est boulimique, depuis qu'elle a perdu son bébé. Le stress l'obligea à fondre sa peine dans la nourriture. Elle consommait tellement n'importe quoi, desserts de toute sorte, crème glacée, dont des pots complets, chocolat, gâteaux, biscuits, brioches, etc, qu'elle ne s'en rendait compte qu'une fois tout mangé. Pourtant, ne voulait pas avoir à subir de nouveau la même histoire que dans le passé : devenir grosse et subir une liposuccion, la jolie demoiselle décida de se faire vomir dès qu'une crise arrivait. Et c'est tellement fréquent, qu'on ne peut que considérer ça que comme une maladie... La pauvre : parents sans amour à partager, cloîtrée, liposuccion, grossesse, cloîtrée, perte de son enfant, boulimie. Pourtant, c'est sans problème qu'elle se fait une carapace. D'ordinaire quand même très gentille, quoique garce à ses envies, elle à un caractère flamboyant, ne se laisse pas marcher sur les pieds, prend bien soin de son image comme le lui ont appris ses parents par le passé - c'est toujours resté, cette manie de bien paraître, en fait -, elle adore être entourée de ses amies, et ne se laisse pas sur sa faim par rapport aux garçons : elle est chasseresse et aime tout autant être chassée, elle fera tout pour séduire et s'amuser, mais si elle est en couple, alors là, elle est fidèle, douce, et romantique, bien que sur ses gardes à cause de sa première histoire avec Morgan (qui se retrouve d'ailleurs à Harvard, sans qu'elle ne le sache) C'est ce qu'elle est maintenant. Et elle s'adore.