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« L'alcool dégrise. Après quelques gorgées de cognac, je ne pense plus à toi. »
« Pour la semaine prochaine, vous me ferez une dissertation sur Catherine de Médicis. »
Et blablabla… Le tout noté dans mon agenda, je rangeai mes affaires en vrac dans mon sac avant de me hâter en direction de la bibliothèque. Il fallait que j’y arrive avant que l’on ne me vole ma place près de la fenêtre. Surtout que la journée était plutôt ensoleillée, il aurait été dommage de ne pas pouvoir en profiter. Et par expérience, je savais qu’il n’y avait qu’à cette place que j’étais aussi productive. Il n’y avait personne pour me déconcentrer, à ma gauche comme à ma droite, et aucune étagère dans les parages, ce qui évitait les allées et venues d’étudiants à la dérive. Sans perdre plus de temps, j’attaquais cette dissertation. Le plus tôt je l’aurais fini, le plus de temps j’aurais devant moi pour approfondir mes cours et m’enrichir.
J’arrivais à la fin de ma dissertation lorsque mon portable vibra dans ma poche. Qui pouvait bien me déranger à une heure pareille ? Ce ne pouvait pas être M.S., mon boulet chéri, qui tout boulet qu’il est a un minimum de bon sens pour ne pas m’appeler en pleine journée, et se contenter de m’envoyer un message. Non vraiment, il n’y avait qu’un imbécile sur Terre pour oser m’appeler. J’avais tellement d’amis dans le coin. Je sorti de la bibliothèque le plus rapidement et silencieusement possible, avant de décrocher en laissant échapper un soupire exaspéré.
« Allo papa, qu’est-ce que tu veux ? Fais vite je t’en prie, je suis en pleine rédaction, j’aimerai ne pas perdre le fil de ma réflexion. »
« Oh, pas grand chose ma chérie, je voulais juste… prendre de tes nouvelles quoi, savoir comment tu vas. M.S. m’a dit qu’il t’avait vu récemment ? »
« Oui je l’ai vu. »
J’avais beau essayer de faire des efforts, je n’arrivais pas à être moins glaciale. Je ne pouvais pas faire mieux, il allait devoir s’en contenter.
« Bien… C’est bien que tu sortes un peu, que tu vois des gens… »
« Bon écoute, j’ai plus le temps de discuter, donc si t’avais quelque chose à me dire, fais le et vite. »
« Euh, rien, à part que ta mère voulait savoir si tu venais déjeuner à la maison Dimanche midi. »
« Aucune idée. Je te tiendrai au courant. »
Sans attendre plus longtemps, je raccrochai et retournai terminer ma dissertation. Je n’en pouvais plus de ces appels à répétition. Ne pouvait-il pas me laisser vivre ma vie un peu ? Simplement comme je l’entendais ? Il me l’avait déjà bien assez gâchée comme ça en me forçant à les suivre de l’autre côté de l’océan. Un jour, je les laisserai et retournerai vivre à Paris, à Montmartre, avec mon Sacré Cœur, ma Seine, mes jardins, ma Tour Eiffel… La ligne six, féérique lorsqu’elle traverse la Seine éclairé par un coucher de soleil somptueux. Le Louvre et autres musées de mon enfance. Siméon.
Cela faisait un moment que je n’avais pas pensé à lui, mais son image m’était revenue d’un coup, sans que je ne m’y attende. Je n’avais pas eu de nouvelle de lui depuis bien longtemps, mais son souvenir me hantait régulièrement, inaltéré par les années, ne prenant pas une ride. Mes sentiments pour lui avaient à peine changés malgré la distance. Inchangés et pourtant différent, comme s’ils s’étaient enterrés quelque part dans mon cœur, en une sorte d’hibernation. Comme un volcan endormi, prêt à se réveiller au moindre choque…
Une fois mon chef d’œuvre achevé, je rentrai chez moi pour me changer et manger un bout avant de partir travailler. Rien de bien mirobolant. Une simple assiette de pâtes – plat presque rituel de l’étudiant – engloutie en une demi-seconde, et voilà que je quittai mon habit de jour pour revêtir mon costume de nuit. Adieu jeans, vieux t-shirt et tennis, bonjour tailleur, chemise et escarpins. Louboutin s’il vous plaît. C’était mon unique plaisir du soir. J’attachai rapidement mes cheveux en une queue de cheval haute avant d’appliquer un léger trait d’eye-liner, un peu de mascara, une pointe de rouge sombre sur mes lèvres, et la touche finale : un nuage de Chanel N°5. En passant la porte, je laissais l’étudiante sur le palier pour devenir femme.
J’étais pile à l’heure au boulot, comme d’habitude. En effet, quand on même une vie comme la mienne, il n’y a aucune place pour l’imprévu. Tout est minuté à la seconde près. Cela a un petit quelque chose de rassurant, et donne un semblant d’équilibre à l’existence. Je saluai mes collègues au passage avant de passer en salle. Celle ci était déjà bondée, à mon grand soulagement. Je détestais ces soirées où les clients se faisaient rares, car ils étaient en général en manque de compagnie, et s’attendaient que nous, simples serveuses, sous prétextes d’une soit disant tradition ancestrale – ou convenance – soyons à leur écoute. Comme si on avait la patience d’entendre leurs élucubrations de vieux croutons célibataires alcoolique. Je ne supportais aucunement ces gros lards, qui avec quelques coups dans le nez se croyaient tout permis, sous le joug d’une soudaine poussé de confiance en soi. Et comme le client est roi, évidemment on ne peut rien dire, ni même répliquer. Juste serrer les dents et s’éloigner le plus vite possible.
« Dis donc, t’as vu le beau gosse à dix heures ? Celui là j’en ferai bien mon dessert, si tu vois ce que je veux dire… »
Ah, Cindy et sa subtilité légendaire. J’esquissai un sourire avant de jeter un œil vers sa proie potentielle. Je levai un sourcil, surprise par le bon goût de ma collègue, qui n’en avait pas forcément d’habitude. Un type grand, fin, châtain, de beaux traits, avec ce je ne sais quoi qui rend certains hommes particulièrement agréables à regarder. Ce devait être ce semblant de classe qui transparaissait dans son allure qui m’avait tapé dans l’œil.
« Ça va, il est pas dégueulasse. Mais bon, c’est pas non plus Apollon. » lançai-je avant de prendre la direction de sa table, calepin en main, pour prendre sa commande, ne laissant pas le temps à la poupée blonde de réagir. Je laissai transparaitre l’ombre d’un sourire avant de d’aborder le client pas trop mal.
« Bonsoir. Alors, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? »
Et blablabla… Le tout noté dans mon agenda, je rangeai mes affaires en vrac dans mon sac avant de me hâter en direction de la bibliothèque. Il fallait que j’y arrive avant que l’on ne me vole ma place près de la fenêtre. Surtout que la journée était plutôt ensoleillée, il aurait été dommage de ne pas pouvoir en profiter. Et par expérience, je savais qu’il n’y avait qu’à cette place que j’étais aussi productive. Il n’y avait personne pour me déconcentrer, à ma gauche comme à ma droite, et aucune étagère dans les parages, ce qui évitait les allées et venues d’étudiants à la dérive. Sans perdre plus de temps, j’attaquais cette dissertation. Le plus tôt je l’aurais fini, le plus de temps j’aurais devant moi pour approfondir mes cours et m’enrichir.
J’arrivais à la fin de ma dissertation lorsque mon portable vibra dans ma poche. Qui pouvait bien me déranger à une heure pareille ? Ce ne pouvait pas être M.S., mon boulet chéri, qui tout boulet qu’il est a un minimum de bon sens pour ne pas m’appeler en pleine journée, et se contenter de m’envoyer un message. Non vraiment, il n’y avait qu’un imbécile sur Terre pour oser m’appeler. J’avais tellement d’amis dans le coin. Je sorti de la bibliothèque le plus rapidement et silencieusement possible, avant de décrocher en laissant échapper un soupire exaspéré.
« Allo papa, qu’est-ce que tu veux ? Fais vite je t’en prie, je suis en pleine rédaction, j’aimerai ne pas perdre le fil de ma réflexion. »
« Oh, pas grand chose ma chérie, je voulais juste… prendre de tes nouvelles quoi, savoir comment tu vas. M.S. m’a dit qu’il t’avait vu récemment ? »
« Oui je l’ai vu. »
J’avais beau essayer de faire des efforts, je n’arrivais pas à être moins glaciale. Je ne pouvais pas faire mieux, il allait devoir s’en contenter.
« Bien… C’est bien que tu sortes un peu, que tu vois des gens… »
« Bon écoute, j’ai plus le temps de discuter, donc si t’avais quelque chose à me dire, fais le et vite. »
« Euh, rien, à part que ta mère voulait savoir si tu venais déjeuner à la maison Dimanche midi. »
« Aucune idée. Je te tiendrai au courant. »
Sans attendre plus longtemps, je raccrochai et retournai terminer ma dissertation. Je n’en pouvais plus de ces appels à répétition. Ne pouvait-il pas me laisser vivre ma vie un peu ? Simplement comme je l’entendais ? Il me l’avait déjà bien assez gâchée comme ça en me forçant à les suivre de l’autre côté de l’océan. Un jour, je les laisserai et retournerai vivre à Paris, à Montmartre, avec mon Sacré Cœur, ma Seine, mes jardins, ma Tour Eiffel… La ligne six, féérique lorsqu’elle traverse la Seine éclairé par un coucher de soleil somptueux. Le Louvre et autres musées de mon enfance. Siméon.
Cela faisait un moment que je n’avais pas pensé à lui, mais son image m’était revenue d’un coup, sans que je ne m’y attende. Je n’avais pas eu de nouvelle de lui depuis bien longtemps, mais son souvenir me hantait régulièrement, inaltéré par les années, ne prenant pas une ride. Mes sentiments pour lui avaient à peine changés malgré la distance. Inchangés et pourtant différent, comme s’ils s’étaient enterrés quelque part dans mon cœur, en une sorte d’hibernation. Comme un volcan endormi, prêt à se réveiller au moindre choque…
Une fois mon chef d’œuvre achevé, je rentrai chez moi pour me changer et manger un bout avant de partir travailler. Rien de bien mirobolant. Une simple assiette de pâtes – plat presque rituel de l’étudiant – engloutie en une demi-seconde, et voilà que je quittai mon habit de jour pour revêtir mon costume de nuit. Adieu jeans, vieux t-shirt et tennis, bonjour tailleur, chemise et escarpins. Louboutin s’il vous plaît. C’était mon unique plaisir du soir. J’attachai rapidement mes cheveux en une queue de cheval haute avant d’appliquer un léger trait d’eye-liner, un peu de mascara, une pointe de rouge sombre sur mes lèvres, et la touche finale : un nuage de Chanel N°5. En passant la porte, je laissais l’étudiante sur le palier pour devenir femme.
J’étais pile à l’heure au boulot, comme d’habitude. En effet, quand on même une vie comme la mienne, il n’y a aucune place pour l’imprévu. Tout est minuté à la seconde près. Cela a un petit quelque chose de rassurant, et donne un semblant d’équilibre à l’existence. Je saluai mes collègues au passage avant de passer en salle. Celle ci était déjà bondée, à mon grand soulagement. Je détestais ces soirées où les clients se faisaient rares, car ils étaient en général en manque de compagnie, et s’attendaient que nous, simples serveuses, sous prétextes d’une soit disant tradition ancestrale – ou convenance – soyons à leur écoute. Comme si on avait la patience d’entendre leurs élucubrations de vieux croutons célibataires alcoolique. Je ne supportais aucunement ces gros lards, qui avec quelques coups dans le nez se croyaient tout permis, sous le joug d’une soudaine poussé de confiance en soi. Et comme le client est roi, évidemment on ne peut rien dire, ni même répliquer. Juste serrer les dents et s’éloigner le plus vite possible.
« Dis donc, t’as vu le beau gosse à dix heures ? Celui là j’en ferai bien mon dessert, si tu vois ce que je veux dire… »
Ah, Cindy et sa subtilité légendaire. J’esquissai un sourire avant de jeter un œil vers sa proie potentielle. Je levai un sourcil, surprise par le bon goût de ma collègue, qui n’en avait pas forcément d’habitude. Un type grand, fin, châtain, de beaux traits, avec ce je ne sais quoi qui rend certains hommes particulièrement agréables à regarder. Ce devait être ce semblant de classe qui transparaissait dans son allure qui m’avait tapé dans l’œil.
« Ça va, il est pas dégueulasse. Mais bon, c’est pas non plus Apollon. » lançai-je avant de prendre la direction de sa table, calepin en main, pour prendre sa commande, ne laissant pas le temps à la poupée blonde de réagir. Je laissai transparaitre l’ombre d’un sourire avant de d’aborder le client pas trop mal.
« Bonsoir. Alors, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? »
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