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Il y a trois semaines, peut-être plus, je ne sais même plus, je n'ai plus la notion du temps qui passe, je recevais un appel. Ma mère, notre mère. J'étais heureuse de voir qu'elle m'appelait, depuis que je suis à nouveau en contact avec elle, depuis septembre. Mais ce qu'elle m'annonçait, aussi paniquée que malheureuse, me jetait un froid pas possible à décrire. Dylan est morte. Dylan, ma soeur, ma moitié, ma vie, mon sang, mon tout. Une partie de moi s'effondrait, la meilleure partie de moi. Un équilibre qui se pète la gueule. Elle a eu un accident, elle est morte. Je ne pouvais y croire, je ne voulais pas. J'ai essayé de l'appeler maintes et maintes fois, pour me rassurer, mais rien. Aucune réponse, aucun signe qui me prouvait que c'était des conneries. Et comment le monde ferait sans toi ? Ca pourra jamais fonctionner, c'est impossible. Et pourtant, dans toute ma détresse, là, sur le toit de la Mather House, je voyais bien que le monde continuait de tourner normalement, comme si rien n'avait changé. Willow était là, elle avait peur pour moi, peur que je saute de ce toit. L'idée m'a effleuré l'esprit, sur le moment, mais j'pouvais pas faire ca. Parce que j'gardais ce putain d'espoir au fond d'moi. Un jour, deux jours, une semaine, deux semaines, trois semaines. Un appel, ton nom sur l'écran. Putain. J'ai décroché, sans réfléchir. J'ai décroché, et c'était ta voix. En vie. Fini la survie, faire semblant que tout va bien alors que le monde s'était effondré sous mes doigts. Gwen ? Je suis désolée. T'excuses pas, t'es en vie, tout va bien, tout va mieux. Mais l'angoisse me prend. Un rail de coke, un bad trip, Wyatt. Enchaînement d'émotions trop fortes, et Willow qui me manque. Ma libération totale qui arrive, j'ai craqué. Mes nerfs ont lâchés, comme des salopes. Et maintenant, je suis libre. Fini le bracelet électronique, fini les visites au tribunal chaque semaine pour le contrôle. Fini la haine perpétuelle contre la vie, contre la mort. Tu es en vie. Je suis en vie aussi. Et là, devant l'aéroport, j'me rends compte que j'ai une putain d'envie d'te retrouver. J'gare ma voiture sur le parking et je cours, comme une damnée. J'regarde le panneau des terminaux, pour voir quand et où arrive ton vol. Et j'attends, comme une gamine. Et j'te vois, t'es là. T'es en vie et j'te retrouve. A peine tu franchis le portique que j'te saute dessus. Promets moi d'plus jamais m'faire ca...
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