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Rowan ♣ Titreplustard

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Parce que certains soirs, il n’y avait plus d’autre chemin. Lever les yeux au ciel n’était pas suffisant, il aurait fallu les atteindre, aller caresser les étoiles, écouter le champ céleste du ballet nocturne, se laisser porter par la gravité, errer – jusqu’à ne plus rien savoir, jusqu’à ne plus faire qu’être vivant. Un corps vivant à l’abandon, la poitrine respirant, retrouver une force niée. Mais le ciel se dérobait sans cesse à ses essais, et Charlie n’avait plus qu’à regarder la terre ; alors il était l’heure où chacun se cloîtrait chez soi tandis qu’elle peinait à fermer la porte de sa chambre. Elle avait toujours eu de la détestation pour le sommeil, et abhorrait l’heure du coucher. De tous temps, il avait fallu combattre pour la mettre au lit. Perte de temps, crachait-elle. Hurlait-elle ensuite au décès de sa mère. Pas assez de temps dans la vie pour se permettre de dormir, jetait-elle aux visages. Ce soir, alors que des maux récents entamaient sa joie pérenne, dévoilaient d’anciennes failles jaillies du passé, elle se refusait tout endormissement – craignait les rêves et cauchemars, en vérité. Ne pas dormir pour éviter de se faire piéger par son inconscient.

Aussi courut-elle. Laissa derrière elle sa chambre à la Lowell, laissa la Lowell et tout le campus, et se mit-elle à courir dans les rues de Cambridge, à courir pour ne pas penser, à courir pour s’essouffler. S’arrêter, le corps tremblant, les lèvres riant. Elle ferma furtivement les yeux, releva sa tête. À quelques mètres d’elle, des joies éclataient dans la nuit. L’Irlandaise laissa son visage sourire un peu. Le Bukowski Tavern. Un pub qui lui rappelait sa terre natale, l’ambiance n’y était pas très différente. Naturellement, ses pieds l’y conduisirent. Pour distraire les tourments, elle n’avait besoin que de sourires et de rires, de gens portés par la chaleur d’un bonheur, aussi infime soit-il, aussi éphémère puisse-t-il être. Rien qu’un peu de bonheur, pour contrarier ses chagrins.

Elle poussa la porte, ne s’embarrassant pas d’arranger sa crinière rousse toute échevelée, se sentant un peu comme à la maison, ici. Charlie s’apprêtait à s’asseoir n’importe où, quand elle aperçut au loin une tête connue. La harpiste eut un léger sourire. Monsieur Allywan. Nouveau professeur de musique à Harvard, elle l’avait aidé à trouver son chemin en début d’année mais n’avait pas eu l’occasion d’aller lui parler ensuite. Parce qu’elle était d’un naturel à parler à quiconque, parce qu’elle se souciait peu des formalités, parce qu’elle était familière avec n’importe qui, parce qu’elle ne s’inquiétait pas des hiérarchies, parce qu’elle était d’un caractère terriblement social – ou parce qu’elle avait besoin de compagnie, plus que d’ordinaire ce soir, Charlie s’avança jusqu’à la place où s’était installé Rowan Allywan.

« Bonsoir monsieur Allywan. » le salua-t-elle tout d’abord. « Comment allez-vous ? Vous vous habituez à Harvard ? » l'interrogea-t-elle avec un sourire.

Elle était un peu moins sujette à son éternelle agitation ce soir. La perte de son amie Reaghan, et le fait que son professeur de théâtre et l’un de ses meilleurs amis aient quitté Harvard avaient quelque peu terni son enthousiasme étouffant et fatigant, et permettaient à la Lowell de faire preuve de calme et de tenue. Mais il suffisait d’un éclat de joie pour qu’elle se laisse gagner par sa folie – faire rire pour rire elle-même, rire toujours plus fort pour faire taire ses déplaisirs, tel était son leitmotiv depuis l’enfance.

La rousse s’installa près du professeur, sans s’inquiéter de savoir s’il était accompagné ou si elle le dérangeait. Sa familiarité ne lui échappait jamais, elle ne perdait pas toute son aisance en un simple changement d’humeur.
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Rowan, depuis qu’il était installé près d’Harvard, faisait un bar par nuit afin d’avoir des marques aux alentours de chez lui. Il voulait savoir où trouver les meilleurs endroits pour les soirs, à boire seul, ou accompagné, dans une ambiance relaxante.
Il pouvait être riche et célèbre, il se sentait vide. Il n’était rien d’autre qu’un corps sans âme. Il pouvait tout avoir, mais se sentait seul. C’est pour cette raison, qu’il aimait boire. Non il ne finissait pas saoul à en tomber par terre, mais il buvait, en discutant avec ces gens, avec qui il passait une bonne soirée de temps à autre.

Il essayait donc ce bar irlandais ce soir, après tout, l’Irlande était une référence pour ces bars et son ambiance. Celui-ci suivait bien cette réputation, et Rowan allait passer une bonne soirée, malgré le fait qu’il reste seul. Il observait les gens, et les écoutait  se raconter des anecdotes,  rire de bon cœur, draguer quelques filles et cela lui donnait le sourire. Un bar vivant est toujours mieux qu’un bar, où la puanteur de la déprime et de la mort est omniprésente. Il préférait voir cette vie palpiter devant ses yeux même s’il n’était pas acteur lui-même.

Il était assis au bar, sirotant une pinte tranquillement. Il avait essayé plusieurs alcools différents, mais une bonne bière finissait sa soirée. Il se faisait tard, et il n’allait pas tarder à rentrer quand il se fit adresser la parole. Il pensait encore qu’il s’agissait d’habitués qui venaient discuter de tout et de rien. Il allait couper court. Il tourna la tête et reconnut la jeune rousse. Il sourit, assez surpris de la voir ici.


- Bonsoir, Mlle Lestwood. Tu peux m’appeler Rowan, il n’y a pas de formalité avec moi dit-il d’un ton assez amusé.

Il regarda la jeune fille s’installer près de lui, et sourit, il allait pouvoir rester plus longtemps dans ce bar, en compagnie de la rousse. Il fit un signe au barman pour qu’il vienne après sa prochaine commande. Il finit le reste de sa pinte d’un trait.

Écoute, ça va bien, je passe ma soirée dans un bar assez animé, même si ma tête est ailleurs, cela fait toujours du bien. Et toi ? Sachant qu’il est tard, et que tu ne devrais pas être ici, en tout cas à cette heure-là, j’imagine que ton sommeil a été perturbé.


Il marqua une courte pause, et soupira lentement, il allait lui mentir, il n’aimait pas trop ça, mais il ne voulait pas de la pitié des gens. Il répondit d’une façon calme, et souriante.

Oui, je m’habitue, lentement mais surement ! Mais d’ici quelques mois, voire plus longtemps, je serais  intégré, et j’ai quelques projets pour la suite ! Et toi, les cours ?

Il regarda Charlie, et regardant les yeux de celle-ci. Il allait écouter ce qu’allait dire la jeune femme, en lisant dans ses yeux s’il s’agit d’une vérité ou d’un mensonge. Le barman vint se poser devant lui et demanda sa nouvelle.

Une bière, un autre alcool, café, eau ? Choisis ce que tu veux, je t’invite – dit-il d’un regard amusé, en tournant la tête vers le barman.

Il allait sans doute faire connaissance avec la jeune femme, et cela lui ferait du bien, de connaitre de nouvelles personnes. Elle qui était venu dans ce bar malgré l’heure tardive, elle devait avoir un côté assez ouvert à la conversation et aux rires animés des heures tardives.
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Elle s’assit et le ton chaleureux du professeur parvient à tiédir son âme. Il l’invitait à l’appeler par son prénom, cela plut à Charlie qui détestait toutes ces politesses formelles – c’était toujours plus agréable de se sentir proche des gens, quelle utilité à mettre de la distance ?

« Rowan, c’est un joli prénom. » commenta-t-elle, sincère.

Les remarques du musicien sur sa présence ici à cette heure la firent sourire. Comment, elle était censée dormir, elle ? Le pauvre homme avait bien de la chance de ne pas la connaître – pour l’instant. Charlie passait peu de temps à dormir, elle n’était jamais plus distraite qu’au moment du coucher, cherchant éternellement quelque chose pour la maintenir éveillée – tout pour ne pas tomber dans un marasme de souvenirs.

« Je crois que je viens faire comme vous, en ce cas. Chercher de l’animation pour remédier à la distraction de mon esprit. C’est toujours mieux que rester seul chez soi, n’est-ce pas ? » dit-elle en accompagnant ses phrases d’un doux sourire.

Violet était calme. C’était rare que cela lui arrive mais pour une fois, on l’aurait presque dit apaisée – les tourments avaient le don de ralentir son rythme ordinaire, elle prenait le temps d’être, de voir, de ressentir ; freinait quelques heures la course de sa vie. L’ambiance du bar lui rappelait ses origines, cela contribuait à la bercer – comme une douce chanson murmurée à ses oreilles, une mélopée invoquant le marchand de sable.

« Oh, des projets, c’est vrai ? C’est super ! Qu’est-ce que tu as en tête, si ce n’est pas indiscret ? » s’enthousiasma aussitôt la rousse, passant soudainement au tutoiement sans gêne. Elle était toujours emportée par les idées que les autres avaient, toujours prête à encourager chacun à poursuivre ses désirs.

Quant aux cours… Lazarus McCarty était parti, et elle craignait la suite de ses études de théâtre, elle craignait de ne pas avoir un professeur remplaçant à la hauteur. Et puis, c’était déjà sa sixième année à Harvard, elle devait passer en septième année mais et après… Irait-elle en doctorat ou arrêterait-elle ses études ? Il était rare que Charlie se pose ce genre de questions, elle vivait beaucoup trop dans le moment présent pour se projeter – par peur, peut-être – aussi ses décisions étaient toujours des décisions prises dans l’instant, sans réflexion préalable.

« Lazarus McCarty, le professeur de théâtre, est parti. » déclara-t-elle, un sourire aux lèvres, mais marquant sa déception. Elle lui en voulait d’avoir complètement abandonné Harvard. Ou plutôt, elle lui en voulait de l’avoir abandonnée, même si c’était égoïste et prétentieux. Sans lui, elle se sentait démunie en cours. « C’était un excellent professeur. Ce n’était pas un professeur, en fait. C’était un comédien, un metteur en scène, un homme de théâtre, dans toute son âme. » expliqua-t-elle, ne pouvant s’empêcher au passage d’en faire l’éloge. « Mais c’est normal, il a poursuivi ses rêves. Un autre va le remplacer, il sera certainement tout aussi compétent ! » s’exclama Charlie dans un élan forcé d’optimisme pour ne pas laisser ses angoisses l’envahir. Mais elle savait que jamais personne ne remplacerait Lazarus dans son cœur.

Le serveur que Rowan avait appelé arriva prendre leurs commandes, l’Irlandaise s’apprêtait à ouvrir la bouche quand le professeur l’invita. Elle lui fit des yeux ronds et eut un petit rire.

« D’accord, mais la prochaine, c’est pour moi ! » insista-t-elle. « Une Guiness pour moi. » dit-elle en s’adressant au serveur. Elle avait besoin de l’amertume de la bière de son pays, ce soir. Autant pour le goût que pour le moral. Charlie se retourna vers Rowan, sa masse rousse accompagnant le mouvement de sa tête. « Merci, » termina-t-elle, son visage éclairé d’un sourire.

Elle ne s’attendait pas à se faire inviter par son professeur de musique en venant ici. Ni même à ce qu’il soit aussi accueillant. Ses pas avaient bien fait de la conduire à la Bukowski Tavern, Rowan avait quelque chose de chaleureux et elle sentait que sa joie se ranimait naturellement.
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Son prénom était beau… On ne lui avait jamais dit ce genre de compliment. Il ne savait pas trop réagir face à ça, et souri simplement. Il ne s’était jamais posé la question lui-même sur un nom ou un prénom. Sa résonance et son intonation, ou son rythme étaient les raisons qui faisaient qu’un prénom était « joli » ? Il n’en avait aucune idée. Peut-être que son monde piétinait trop dans sa façon de penser.

- Je te remercie... et de même, ton prénom n’est pas répandu – Il était un peu gêné car il ne savait pas quoi répondre – D’où vient ton prénom ?

Il rigola quand elle exprima ses raisons. Elle n’avait pas tort au fond. Être chez soi, seul, dans la pénombre le soir alors qu’il n’avait vécu dans la nuit ses dernières années. Chercher l’animation, peut-être c’était une part de ce qu’il recherchait quand il arpentait les bars de la ville.

Toujours mieux c’est sur… Rester seul est quelque chose que j’essaye d’éviter. Comment se fait-il que ton esprit soit ainsi distrait le soir ? Malgré que je sois un prof’ à Harvard, je suis là si tu as besoin de parler, je ne suis pas loin. Même pour jouer un peu, je peux nous avoir un studio pour jouer si le cœur t’en dit.

La présence de Charlie lui faisait du bien. Elle semblait ouverte d’esprit, et la conversation était simple et amusante. Il se laissait aller, il n’avait pas l’occasion de parler avec ses élèves en dehors des cours, de chose banale. Sa curiosité l’avait fait sourire.

Eh bien, pleins, pleins de petits projets. Pour ne pas m’ennuyer avant tout, mais aussi peut-être que certaines personnes, à Harvard voient les choses autrement.

Il était assez évasif sur le sujet. Ce n’était pas pour protéger, juste qu’il n’avait peut-être pas la tête à ça. Il ne voulait pas trop réfléchir ce soir, surtout en la présence de Charlie. Avoir de la compagnie en ce moment se faisait rare, et il en profiterait un maximum de la conversation avec elle.

Disons qu’ils seront tournés sur la musique avant tout… Mais qui rejoindra également pleins d’autres domaines. Je ne vais pas tout te dire, sinon tu n’auras plus la surprise !

Sur ces mots, il ria de bon cœur. Elle semblait s’intéresser, et il aimait cela. Une personne intéressée et motivée réussira mieux que quiconque. Nous devions faire ce que nous voulons par passion. Et non pas par nécessité. Peut-être qu’elle le savait, mais elle avait ce qu’il fallait pour continuer dans le monde de l’art.

Il écouta, ce changement de registre de la jeune fille. Elle parlait de son professeur de théâtre, un certain Lazarus McCarty comme si cet homme était une partie d’elle. Elle semblait que la perte de cet homme dans la vie de Charlie, était aujourd’hui un trou non comblé. Elle avait beau de tenter de cacher ses émotions, la façon dont elle en parlait lui rappelait qu’une chose : son petit frère. Il avait une petite pensée pour lui, et ses yeux se vidèrent. Il ne répondit pas. Et un silence s’installa jusqu’à l’arrivée du serveur.

Il s’était plongé dans ses souvenirs, et même s’il avait réussi à faire un trait dessus, il restait très mal à l’aise en repensant à tout ça. En la voyant commander d’une façon tout à fait à l’aise, une bière, alors qu’elle était avec un de ses professeurs dans un bar, il ne put s’empêcher de sourire de toutes ses dents. Elle n’était pas gênée et semblait à l’aise en sa présence.


Cela sera la même pour moi ! – Le serveur s’en alla, et il regarda Charlie. Il cherchait les mots afin d’être le plus juste possible, avant d’être interrompu par le serveur avec les commandes. – Je vous remercie, ajoutez cela à la note de fin. Je réglerais en partant.

Je suis désolé pour ton professeur de théâtre. A vrai dire, je ne le connaissais pas vraiment, et même si tu semblais très attachée, avances et ne te bloques pas pour quelqu’un. Il faut que tu avances, tout en te rappelant des conseils, et des paroles qu’il pouvait avoir en ton égard. Je pense qu’il t’aurait engueulé comme il faudrait pour rester là à te morfondre de son absence. Tu es jeune, pleine de vie, et surtout tu n’es pas une chiffe molle. Ne te laisse pas ramollir, et n’abandonne pas tes rêves. Je ne suis peut-être pas le mieux placé pour dire ça, mais si je te vois déprimer, crois-moi que je te botterais le cul. Tu as le potentiel, alors fonce !

Il but une gorgée de sa Guiness. Il était un peu trop philosophique se soir, et pensait peut-être un peu trop également. Le goût de la bière lui fit oublier en l’espace de quelques secondes son état trop pensif pour être de nouveau plus relâché.
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La question de Rowan frappa Charlie. Non pas de surprise, mais de d’effroi. Son prénom. En six ans, personne ne l’avait jamais interrogée sur la provenance de son prénom. Charlie avait pu ainsi enterrer tranquillement, toujours plus, son identité. Ce n’était pas qu’elle se cachait sous un faux prénom, qu’elle était une dangereuse criminelle ou une personne en fuite. Mais Charlie, en vérité, au plus vrai des choses, n’était pas Charlie. Et pourtant s’il ne devait rester qu’une personne dans le corps de la rousse, ce serait Charlie, assurément. Elle resta quelques instants à regarder l’homme en face d’elle, tentant d’ouvrir la bouche et de parler, mais elle ne savait pas. Parler, c’était se dire, même si Rowan n’apprendrait rien d’extraordinaire sur elle. Charlie ne protégeait pas son passé des autres. Elle se le protégeait d’elle-même. Se décidant enfin à ne plus buter sur une question aussi anodine que la provenance d’un prénom, elle se força à fournir au professeur des explications – pour ne pas passer pour une folle, une vraie.

« Je… En fait je ne m’appelle pas Charlie. » dit-elle en secouant la tête avec un sourire gêné, baissant les yeux pour ne pas croiser le regard de Rowan – éviter tout contact visuel pour donner moins de réalité à ce qu’elle disait. « On m’a appelée Violet. Mais… » Mais c’était dur de prononcer ce mot, alors que chaque minute de sa vie elle faisait tout pour étouffer ces vieux visages. « Mais mon grand frère trouvait que ça ne m’allait pas alors il m’a appelée Charlie et… Voilà, c’est resté. » parvint-elle à expliquer, accompagnant sa phrase d’un sourire. Un sourire pour faire fille normale, un sourire pour se rassurer elle. « Ma mère m’appelait Mary. » ajouta-t-elle, sans trop savoir pourquoi ce sursaut d’honnêteté avait franchi ses lèvres. Un fantôme du passé qui avait profité de son trouble pour exister quelques secondes.

Elle s’acharnait à oublier, mais son identité-même était basée sur sa famille. Violet n’était que son prénom sur une carte d’identité, bien que choisi par sa mère. Mary avait été le prénom auquel elle avait répondu pour cette femme. Et Charlie, Charlie c’était tous les autres, partout où elle allait, elle s’inscrivait en tant que Charlie Lestwood, jamais personne ne vérifiait, sauf pour les documents vraiment officiels. Mais Violet Lestwood, non, Violet Lestwood n’existait pas autrement que sur du papier. Et Mary était morte, enterrée, en même temps que sa mère. Ne restait plus que Charlie, celle qu’elle cherchait à fuir mais avec qui pourtant elle se construisait tous les jours.

Les paroles suivantes de Rowan firent chaud au cœur à Charlie. Ce n’était pas souvent qu’elle entendait des gens se soucier ainsi d’elle, parce que d’ordinaire, elle ne laissait jamais personne s’inquiéter d’elle : elle prenait toujours les devants en criant qu’elleallait  bien – et vois-tu comme je ris, c’est une belle preuve. Curieusement, Charlie sentait que si jamais elle avait besoin, elle préférerait se tourner vers Rowan plutôt que vers ses amis. Peut-être était-ce sa voix qui l’y incitait, ou le fait qu’ils se ne connaissent pas tout à fait, ou l’ambiance du pub, ou simplement quelque chose chez Rowan qui lui inspirait confiance, mais sa simple invitation à parler l’avait tranquillisée.

« De vieilles rumeurs qui trottent dans la tête. » expliqua-t-elle cependant succinctement au professeur. « Merci, c’est gentil. Et c’est une très bonne idée ça, il ne fallait pas me le dire parce que je ne vais pas l’oublier, cette idée de studio et de musique ! » finit-elle en riant. « Et qu’est-ce que toi tu es venu faire ici tout seul ? » l’interrogea-t-elle, sans curiosité, par simple sociabilité, ou altruisme, ou intérêt, ou parce qu’elle était Charlie et qu’elle ne pouvait s’empêcher, au fond, de poser des questions – comme si elle maternait le monde.

Rowan évoqua ensuite ses projets, mais il resta volontairement vague ce qui piqua la curiosité de Charlie. Elle adorait les surprises, mais elle adorait aussi savoir. C’était un dilemme assez cornélien et ici, visiblement, elle n’avait d’autre choix que ne pas savoir. Si elle avait mieux connu Rowan, elle lui aurait certainement donné un coup à l’épaule pour le pousser à parler mais elle avait, aussi impensable cela soit-il, ses limites.

« Et quand est-ce que les surprises seront dévoilées monsieur le professeur ? Parce que c’est terriblement malicieux d’énoncer des petites choses attrayantes comme cela et de ne pas en dire plus ! J’espère que c’est pour bientôt ! » lui demanda-t-elle avec un sourire en coin, levant un sourcil inquisiteur.

Elle parla de Lazarus et pendant ce temps, Rowan sembla pensif, un court silence s’installa jusqu’à l’arrivée du serveur. Charlie n’osa pas relancer la première la conversation : souvent, elle ennuyait les gens à trop parler, peut-être Rowan en avait-il eu assez ? Finalement, le musicien se tourna vers elle et chercha à la réconforter, l’encourager. Ce qu’il lui dit parvint à la faire sourire, et même rire. Oui, il avait raison. Si Lazarus la voyait là, accablée parce qu’elle ne trouvait plus d’âme au Sanders sans celui, il aurait certainement sorti son vieil humour écossais pour se foutre d’elle ! Et cela l’aurait remotivée. Elle avait adoré Lazarus parce que, parfois, il savait aussi être cruel avec ses élèves et qu’un bon élève de théâtre ne devenait comédien que s’il était poussé hors de ses limites. Lazarus savait faire dépasser les limites. En douceur ou non.

« J’admets. S’il me voyait comme ça il rirait bien. » dit-elle en hochant la tête, un léger sourire étirant ses lèvres. « Merci, alors, de ne pas vouloir me laisser déprimer. Même si je pense que je cours trop vite pour que mon cul ait le temps d’être botté ! » répliqua-t-elle, ragaillardie.

En même temps, elle trempa ses lèvres dans sa bière que le serveur venait de leur apporter. Le goût amer de la Guinness était juste ce dont elle avait besoin. Puis elle releva la tête, regarda quelques instants Rowan avant de lui demander :

« Et toi, comment tu es devenu professeur ? »

Cette question lui avait traversé l’esprit, là, dans l’instant. Lazarus était passionné de théâtre. Il avait laissé de côté les planches pour enseigner avant de retourner à la mise en scène. Elle, Charlie, aimait trop passionnément le théâtre et la musique pour s’imaginer un jour s’arrêter de pratiquer ou de créer. Elle ne se voyait pas enseigner. Comment un passionné se décidait-il à transmettre ? C’était cela tout à coup qui avait germé dans sa tête. Comment Rowan qui, elle le sentait, vivait de musique, avait-il décidé d’être professeur ?

Sa voix était plus calme, plus posée et moins rapide qu’elle ne l’était d’ordinaire. La chaleur du pub et la compagnie agréable de Rowan canalisaient l’agitation perpétuelle qui secouait Charlie. Elle laissait un peu tomber cette façade de rires et sourires exagérés pour se rapprocher de sa sincérité. Elle arrêtait de faire l’enfant, elle acceptait d’être elle-même.
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Il voyait bien par les différentes réactions, il avait touché un point très sensible de la jeune fille. Il n'en savait pas la raison, même si cela semblait familial, et ne cherchant pas à aller plus loin.

- Très bien Charlie Lestwood - dit-il en souriant de la façon la plus chaleureuse possible.

Il comprenait que Charlie pouvait avoir quelque chose à refouler, et il n'y a rien de pire que de se faire sonder, chaque recoin de notre être, par un inconnu. Sonder par un inconnu ou se sonder soit-même ? Quelle était la pire chose ? Il le savait également, et n'y pensa pas.

Il fallait faire un trait dessus, il fallait... oublier la douleur qu'apportaient ses pensées.


- Ce n'était pas pour que tu l'oublies, passe me voir quand tu veux pour y jouer quand tu veux. - Il sourit puis continua - La musique apaise les maux et apaise l'esprit pour dormir !

Il était persuadé de ses mots. La musique l'avait changé. Elle lui avait tellement apporté, mais il avait si peut donner à la musique. Ses soirées, seul, accompagné de sa guitare. Combien de fois il avait résisté à la folie, résisté à l'insomnie grâce aux accords enchainés, grâce à la mélodie engendrée par l'imagination. Combien d'amendes aussi pour tapage nocturne. Il riait seul.

- Désolé ! Quelques souvenirs qui remontent. Pourquoi avoir choisi le théâtre comme majeur ?


Il écouta la petite Charlie énoncé son opinion, et il ne put s’empêcher de rire. C'était une partie de la profession de professeur qui était la plus marrante.

- J'adore... faire languir mes élèves. Sinon, ce ne serait pas marrant d'être professeur.. Tu ne crois pas ? - Il sourit - C'est un peu une torture, et les petits curieux ou curieuses qui ne résistent pas sur le fait de ne pas savoir me mettent de bonne humeur. Mais je ne suis pas méchant attention !

Tout en écoutant et regardant la réaction de Charlie, Rowan buvait très rapidement sa bière. Il avait atteint un stade où la bière passait comme du lait, et il pouvait quasiment se l'enfiler cul sec, que cela ne lui ferait rien.


- On est différent dans la matière mais on reste des artistes. Tu aurais été une de mes élèves, tu aurais fait la route 66 sur le cul ! Et peu importe à quelle vitesse tu cours, tu te fatigueras et à ce moment-là, tes fesses connaîtront ma botte !

Il ria de toute son âme. Il n'avait jamais parlé comme ça a une de ses élèves, et encore moins à une fille. Mais bon, cela lui importait peu. Elle devait comprendre où il voulait en venir et c'était le principal. C'était l'avantage des artistes. Ils se comprenaient sans effort, et cela finissait toujours bien... autour d'une bière ! Même s'il n'avait jamais eu une conversation avec des acteurs, de son expérience il savait que tout artistes confondus glissaient sur la même onde.

Tu es vraiment sûr de savoir comment je suis devenu professeur ? Et bien.. Beaucoup de paperasse... - Il tira la langue de dégout - Mais il n'y avait aucun moyen de faire autrement. Non sérieusement, soit plus précise. Ta question est large et je peux te raconter mon entière vie même si cela ne t’intéressera pas !

Il rigola en remarquant le petit changement d'humeur de Charlie, il y répondit par un simple sourire. Tout était calme et il aimait cela. Même si la part de folie de Charlie ne le dérangeait pas, il n'y était pas habitué et pour cela il n'y était surement pas encore totalement prêt. Connaitre des gens de nature différentes était enrichissant pour lui.
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