Invité
est en ligne
Invité
Pour un livre, qu’est-ce qu’un auteur était capable de faire ? Beaucoup de choses après tout dépend bien sûr de l’implication de son auteur. Pour ma part j’étais prêt à tout surtout qu’il s’agissait de mon premier roman et que je voulais réussir. Ce n’était pas une nécessité en soi puisque j’avais déjà un métier. Non, c’était une obsession car c’était un projet qui couvait depuis des années et des années et sur lequel, je n’avais jamais osé réellement me lancer jusqu’à ce jour. Toutefois, en bon archéologue et anthropologue, j’avais besoin de me documenter, de me reposer sur quelque chose de concret. Or, la seule façon de bien comprendre la mentalité, la façon de vivre et de penser de mon personnage, je devais me glisser totalement dans sa peau. Alors, c’est ainsi que je me retrouvais par ce beau matin, dans les rues en parfait… sans domicile fixe. C’était fou comme expérience mais peut-être que dans le fond, elle serait salutaire. J’y venais sans apriori bien que mon passé ne me permette pas réellement de bien saisir les tenants et aboutissants d’une telle épreuve mais qu’importe. Je me devais de réussir et quoi de plus naturel en soi, que de me présenter à une soupe populaire.
J’étais habillé chaudement pour l’époque car nous étions en plein hiver. Mes vêtements étaient neufs mais pas ostentatoires. Une veste d’hiver militaire, un jean et des baskets, voilà ce qu’on pouvait voir. Ni portefeuille, ni portable, rien. Aucun effet personnel si ce n’est un sac de couchage et quelques babioles comme mon calepin et mon crayon. Je ne savais pas encore comment tout cela allait se dérouler. J’avais pensé que six mois en tant qu’SDF me permettrait de pouvoir cerner mon personnage dans ses moins recoins mêmes les plus sinistres. Un quart d’heures après être entré dans ce bâtiment, ce refuge abritant cette soupe populaire, je me retrouvais avec un plateau contenant un repas frugal. Je faisais un peu la gueule en m’asseyant devant un autre homme. Pas le choix. « Salut ! C’est pas de la haute gastronomie hein ! » m’adressais-je à lui avec un sourire avenant. « Je m’appelle Samuel et toi ? » lui demandais-je alors pour entamer le dialogue.
(Invité)