let's face the truth. • Z&O

let's face the truth.

Tu étais là, assise bien tranquille dans un canapé du grand salon de la maison des Eliots. Ça te faisait quand même très étrange d'y être, mais pourtant, tu savais pertinemment que tu y avais ta place. Hormis ton parcours familial des plus spectaculaire qui faisait en sorte que tu aies un compte en banque pas mal remplis, c'était tout à ton honneur de faire partie de cette confrérie. Tu ne te serais pas vue nul part ailleurs. Qui plus est, tu savais qu'Elios faisait partie de ce clan et donc tu aimais croire que s'il y avait sa place, tu aurais forcément aucune raison de ne pas avoir la tienne. Bref, tu étais là, confortablement assise en train de lire un magazine de mode. S'il y a bien une chose que tu étais heureuse de découvrir en venant aux États-Unis, c'était bien la mode de ce pays. Oui, en Italie c'était quasiment pareil, mais là-bas il n'y avait pas toutes ces boutiques spécialement américaines... Le temps passa et tu ne bougeas pas d'un poil, complètement absorbée par tes lectures. Durant les vacances d'hiver, tu irais magasiner à coup sûr. Te refaire une nouvelle garde-robe ne te ferait pas de tord, après tout... Toujours concentrée sur cet article spécial mode hivernale, ton cerveau prit un moment à analyser le fait que tu n'étais plus seule dans le salon. Tu refermas donc ton magasine et le posa sur la petite table face à toi. Tu levas les yeux et aperçus Zofia. D'après tes recherches - et tes récentes conversations avec Feldt - tu avais appris que la jeune bleue était une Di Fabio, cousine du côté paternel d'Elios. Elle était donc aussi ta cousine. Un vrai lien de sang. Ça faisait plaisir de s'en découvrir un, après tout ces mensonges qui avaient gravité autour de ta famille et toi. Hélas, tu n'avais pas encore eu le courage d'aborder la belle brune en tant que « cousine ». Jusqu'à présent, vous aviez sympathisé tout normalement. Elle était une nouvelle Eliot, tout comme toi. Et c'était sûrement sur ce point que reposait votre relation, pour l'instant... « Bonjour ! » dis-tu, en observant la jeune femme, un sourire en coin perché sur les lèvres.

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Noël approchait, j'allais bientôt rentrer à Naples, et j'étais plus que pressée. J'étais habituée à être loin de chez moi, et par conséquent des miens, et qui plus est j'adorais Cambridge et l'Amérique en général ; il m'arrivait souvent d'avoir la mal du pays. J'étais très famille, et même s'il y avait quelques problèmes quand ils empiétaient trop sur ma vie, j'avais besoin de passer du temps avec eux. Mon départ étant prévu dans quelques jours à peine, je décidais de passer à la Eliot House dire au revoir à tout le monde et leur souhaiter un joyeux Noël. Ils étaient après tout mon « entourage » à Harvard, je faisais partie de cette confrérie plus qu'importante, même si je n'étais encore qu'une simple bizut. Je me préparais donc : un jean bleu foncé, un chemisier blanc, des bottines noires, avec une veste en cuir. Je pris mon sac, et me dirigeais vers ma voiture. Je n'étais pas très loin d'Harvard, j'habitais en centre ville, dans un loft spacieux. La solitude ne me dérangeais pas, et de toutes manières, je n'étais pas souvent livrée à moi-même. J'arrivais sur le campus pour directement prendre le chemin de la Eliot House. Peu de monde était présent dans le salon. Je fus sortie de mes pensées par un « bonjour! » m'étant adressée. C'était Olyvia. Je la connaissais peu, mais je la trouvais gentille. Elle était italienne, tout comme moi, ce que j'appréciais. « Bonjour! Tu vas bien? » Je m'assis avec elle sur le canapé. J'étais plutôt sociable, j'aimais bien rencontrer de nouvelles personnes.

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Toute cette histoire de famille était encore pour toi très inattendue et très nébuleuse. Toi qui durant toute ton enfance avait cru être enfant unique et par dessus tout, sans père, tu te retrouvait à apprendre, à vingt-trois ans, qu'en fait notre naissance est issue d'un adultère et qu'en réalité, notre père est nul autre que Monsieur Di Fabio, le gouverneur d'Italie... C'est à en couper le souffle, à dire vrai. « Bonjour! Tu vas bien? » répondit-elle finalement à ton « bonjour ». Bien que tu ne le laissais pas paraître, ça te rendait toujours un peu mal à l'aise d'aborder quelqu'un de ta famille... Quelqu'un de ta propre famille qui ignore, en fait, qu'elle fait partie de ta famille. C'est une situation tellement inhabituelle, tellement... nouvelle pour toi que parfois, tu ne sais pas comment gérer les choses, même si tu envoies l'image d'être le genre de personne tellement au dessus de tout ça... « Ça va très bien et toi ? » demandas-tu alors, en réponse à sa propre question. Du peu que tu connaissais Zofia, tu la trouvais remarquablement jolie et agréable. Ça faisait bien différent de Feldt, la copine d'Elios que tu avais rencontrée dans le Grand Hall quelques jours plus tôt...

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« Je vais bien, quoique peut-être un peu fatiguée! » répondis-je en souriant. Après tout, c'était un peu le cas de tout le monde en ce moment. Les quelques jours de repos n'allaient faire de mal à personne. Et puis, les fêtes de fin d'années pouvaient être une source de stress dans le sens où il fallait tout organiser. Gérer les cadeaux, la nourriture, les réceptions, la décoration... connaître son emploi du temps sur le bout des doigts parce qu'il y a énormément de personnes à voir. Bref, ça fait du bien quand on y est et que l'on peut profiter. « Tu rentres en Italie pour Noël? » demandais-je. Elle n'avait pas l'air très à l'aise ; elle n'était pas désagréable, au contraire, elle semblait vraiment sympathique, mais je la sentais un peu... intimidée. Ou peut-être que je me faisais des idées, sûrement, même. J'étais un peu trop habituée à analyser les gens et leurs réactions.

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« Tu rentres en Italie pour Noël? » te demanda-t-elle après avoir répondu à ta précédente question. Il est vrai que le temps des fêtes demandaient énormément de temps et d'énergie, d'où le fait qu'en ce moment, la moitié de la sororité était bien tranquille et plutôt en mode veille. On se préparait tous pour les derniers miles avant la nouvelle année. Tu souris légèrement, un peu incertain de ce que tu devais lui répondre. Tu optas pour l'honnêteté, parce qu'avec Zofia, tu sentais que tu pouvais être franche et sincère. Tu avais tellement tournée autour du pot avec Feldt, que tu n'avais pas envie de faire la même chose avec ta cousine. « Je ne retournerai pas en Italie, non. Et je ne risques pas d'y retourner de si tôt. Entre ma famille et moi, c'est très tendu... C'est... assez complexe. C'est aussi pourquoi je suis venue ici plutôt qu'ailleurs. » Tu en avais peut-être dit un peu trop, mais c'était sortie tellement naturellement que tu n'avais pas pu te retenir. Et au fond de toi, ça faisait tellement de bien. Depuis le temps où tu rêvais d'en parler... C'était peut-être enfin l'occasion. « Et toi ? » demandas-tu finalement, afin d'être polie. - Et ça t'intéressait aussi, en effet. -

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« Je ne retournerai pas en Italie, non. Et je ne risques pas d'y retourner de si tôt. Entre ma famille et moi, c'est très tendu... C'est... assez complexe. C'est aussi pourquoi je suis venue ici plutôt qu'ailleurs. » Je lâchais un petit soupir, compatissante. La famille, c'était toujours compliqué à gérer. Après, à chacune son degré de difficulté, je dirais. J'adore la mienne, mais du fait de notre statut, de nos titres, ce n'est pas tout le temps la joie. Il y a énormément de responsabilités, d'engagements à respecter. J'aime ma vie comme elle est, je ne cracherais jamais sur l'argent ou mon titre de duchesse, mais je me dis parfois qu'avoir une existence « normale » doit être assez reposant. « Oh, je vois! Ce n'est jamais très facile avec la famille, n'est-ce pas? » Pour qu'elle ne rentre même pas pour les fêtes, elle devait être vraiment fâchée. J'étais curieuse d'en savoir plus, mais ne la connaissais pas assez pour lui poser des questions – oui, ma curiosité a des limites, j'ai des manières. « Je pars demain pour Naples, et je rentrerais le trente! J'aurais du mal à passer Noël loin de ma famille. » Ca m'arriverait bien un jour, cependant j'étais tellement habituée, ça me paraissait étrange.

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Tu fixais la jeune femme et ça te faisait étrangement bizarre, tout à coup. Être si près d'un membre de ta famille sans pouvoir lui dire, ça te faisait presque mal. Vous étiez là à parler de la pluie et du beau temps, des fêtes qui approchent et tu n'avais qu'une seule envie et c'était de lui parler de tout ça... Tout ce qui te ronge depuis ton arrivée aux USA. Cela dit, serait-elle réceptive ? Saurait-elle être une personne de confiance qui n'ira pas raconter tout ça à la presse ? Avec Feldt, tu avais bien compris que le premier journaliste qui s'emparerait de l'info en ferait faire la page des journaux pendant un long laps de temps. Ce n'était pas dans tes intentions. Tu ne voulais pas ternir l'image de la famille. Quoi que... C'était au roi d'y penser avant. « Oh, je vois! Ce n'est jamais très facile avec la famille, n'est-ce pas? » finit-elle par te répondre. Tu sortis donc automatiquement de la lune. Toutes tes réflexions t'avaient un peu pris la tête. Tu hochas machinalement la tête, signe que tu l'avais écouté... Quoi que c'était un peu faux. « Je pars demain pour Naples, et je rentrerais le trente! J'aurais du mal à passer Noël loin de ma famille. » Alors elle allait passer ses fêtes en Italie. Auprès de sa famille... La chance. Ce n'était pas ton cas. « Tu vois souvent la famille Di Fabio ? » demandas-tu alors, un peu plus nerveuse que précédemment.

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