ALERIN + Please, stay with me, I'm afraid

Cette idée de camping, c’était juste F A B U L E U X ! C’est vrai, j’avais toujours rêvé de dormir à la belle étoile or, je n’en avais jamais eu l’occasion. Je m’amusais comme une gamine de trois ans avec son nouveau jouet. J’avais joué au zombie toute la journée avant de terminer au feu de camp. La soirée avait eu du mal à commencer puisque nous n’étions pas tous arrivés en même temps or, je m’étais tout de même éclatée. Il faut dire qu’il ne m’en fallait pas beaucoup. Mes amis, de l’alcool, quelques joints et le tour était joué maintenant, j’attendais avec impatience l’heure du couché –en espérant que la rumeur comme quoi des loups rodaient dans les parages n’était autre qu’une rumeur-. J’allais tout de même garder un œil ouvert, au cas où ! En tout cas, cette petite virée loin de la Eliot House, était très agréable. Il n’y avait pas eu de prise de tête, même Emma et Grace avaient réussi à se mettre d’accord dès leur arrivée. Il manquait quelques personnes que j’aurais aimé voir or, cette idée de dormir dans la forêt n’avait emballé tout le monde et c’était compréhensible après tout.

Je me trouvais avec le reste du groupe quand je décidais de m’éclipser un cours instant. J’avais eu une petite conversation avec Briony puis, alors que je m’apprêtais à rejoindre le campement, j’aperçus une légère lueur orange non loin de là. Loin d’être trouillarde, je m’aventurais dans la forêt, un joint à la main et après l’avoir allumé, je souriais à Aerin. « Tu préfères la solitude ? » La solitude grrr, ça me donnait froid dans le dos. Certaines personnes aimaient se retrouver seul avec leur conscience moi, ce n’était pas le cas. J’aimais me sentir entourer, j’aimais parler à quelqu’un lorsque ça n’allait pas et je détestais rester silencieuse plus de cinq minutes. Bref, j’avais décidais de tenir compagnie à Aerin.

Je les regardai s’amuser, rire et boire tous ensemble. Et moi, je me trouvais là, en compagnie de la nature à disperser dans l’air de la fumée nocive pour cette dernière. Je n’aimais pas particulièrement la solitude mais la timidité prenait parfois le dessus sur tous mes autres sentiments. Voilà pourquoi je n’avais pas été vers le groupe. Si j’avais déjà avalé quelques verres avant, je me serais ramenée telle une sangsue que l’on n’arrive pas à extraire de sa peau. Mais j’ai beau être une grande fêtarde, je ne pouvais pas me permettre de boire au volant. Un simple contrôle de routine pouvait se terminer au poste. Et Dieu seul sait que, cette fois, c’est la prison qui m’accueillerait. J’observai donc le groupe, complètement perdue dans mes pensées. La clope me redonnait un peu de chaleur et je me sentais revivre. Peut-être que j’allais sauter le pas finalement et finir par me mêler aux Mather. « Tu préfères la solitude ? » Je sursautai légèrement, n’ayant pas entendu Alexys arriver. Étonnée, je l’ai regardé approcher, attendant qu’elle se rapproche pour lui répondre puis mon visage s’éclaira d’un sourire tandis que j’haussai les épaules en laissant tomber la cigarette au sol. Je l’écrasai minutieusement avec mon talon avant de glisser les mains dans les poches de mon cuir. « Disons que j’ai un peu peur d’arriver avec tout ce monde. Je ne suis pas encore très bien intégrée. » Confessais-je en rougissant légèrement, chose qui se trouva cachée par la pénombre. « Et toi, que fais-tu ici ? Tu ne restes pas avec eux ? » J’accompagnai mes paroles d’un mouvement de tête en direction des Mather.

J’en avais appris énormément durant ce week-end. Sur tout le monde. Grace et Emma avait réussi à s’entendre. Briony était enceinte d’Andy. Mon frère préférait se cacher dans les bois que nous aidr on monter les tentes et Eugène était un très mauvais campeur. Cette idée de camping nous avait tous rapprocher mais c’est vrai que parfois, à être trop proches, on finit par étouffer. J’avais donc préféré m’éloigner un peu lorsque je fis un étincelle orangée à travers les arbres. Je me faufilais et reconnue rapidement Aerin. La pauvre, je venais de lui foutre la peur de sa vie en arrivant comme si de rien était. Je lui souris et lui répondis après avoir tiré une seconde taffe. « Je comprends tout à fait ce que tu ressens du moins, j’imagine. » C’est vrai, elle venait d’arriver, elle devait être un peu perdue. Harvard, c’était plutôt vaste mais la Mather House… C’était comme une seconde famille du moins, à mes yeux, c’était ma seule et unique famille. Je n’avais eu aucun mal à m’intégrer car Jeno m’avait beaucoup aidé ensuite, j’étais du genre à avoir une grande gueule, je n’hésitais pas à aller vers les autres bien au contraire. « J’étais nouvelle il y a pas si longtemps que ça mais disons que mon frère m’avait déjà briefé ! » Je grimaçais en m’avançant un peu plus, faisant attention à où je mettais les pieds. Je connaissais Aerin depuis peu de temps et c’est vrai qu’on avait pas vraiment eu l’occasion d’apprendre à se connaître. Comme je l’ai dit, cette idée de camping ne faisait que nous rapprocher, autant profiter. « J’avais envie de prendre l’air, il fait vraiment chaud là-bas ! Et puis, j’avoue que j’ai vu de la lumière alors… » Alors, comme je suis du genre super curieuse, j’avais vraiment envie de savoir qui se cachait dans les bois.

Je laissai la fumée se répandre dans mon organisme comme une amie bienvenue. Je sentais son passage dans mon corps, suivant sa lente course jusqu’à mes poumons. Mon regard se fixait sur la lueur orangée du bâton de nicotine. Je n’attendais rien, ne supposais rien. J’étais juste seule en prie à mes pensées les plus lugubres, revivant mon passé comme si j’y étais. D’ailleurs, ce dernier m’arracha un frisson et je baissai la tête, gênée de revoir toutes ces choses. Je n’avais rien demandé, je n’avais jamais voulu grandir de la sorte. A cause de ça, je me trouvais démunie, dépouillée de sentiments et de confiance. J’étais perdue et livrée à moi-même. Le vilain petit canard de la famille. Puis elle arriva comme une libération pour ma solitude légendaire. Alexys. Nous n’avions pas beaucoup parlé mais il émanait d’elle une gentillesse qui m’avait été rare de voir. En même temps, vu le peu de gens que je côtoie, ce n’est pas bien compliqué. J’hochais la tête à l’évocation de son frère. C’est d’ailleurs grâce à lui que j’avais connu mademoiselle. « Oui, tu avais déjà un bon pilier pour t’intégrer. C’est d’ailleurs toujours plus facile lorsque l’on connaît les gens. » Étrangement, je regrettai d’avoir écrasé ma clope sans l‘avoir réellement fini. Je ne savais plus trop quoi faire alors, comme une enfant, je shootai dans des cailloux histoire de m’amuser un peu. Il m’en fallait pas énormément. « Alors tu l’a suivie jusque là. Pauvre petit mouton égaré ! » Bien sûr, cette phrase se voulait être humoristique et je me mis à rire légèrement jusqu’à ce qu’un craquement de branches derrière nous me fit me redresser d’un bond. « C’était quoi ça ? »

C’est vrai que je ne connaissais pas Alerin plus que ça et comme la soirée était supposée nous rapprocher et que je connaissais quasiment tous les mathers hormis cette petite tête blonde, je décidais d’aller la rejoindre –sans même savoir que c’était elle-. Lorsque j’arrivais à sa hauteur, je décidais donc de faire la conversation, histoire d’en savoir un peu plus. « Tu connais vraiment personne ici ? Pourquoi avoir choisi Harvard ? » Ouais moi, tout était clair dans ma tête. Le jour où Jeno a su qu’il avait été accepté à Harvard, j’ai tout fait pour y rentrer également. Il faut dire qu’il a toujours été mon modèle et me trouver loin de lui plus d’une semaine, c’est vraiment dur. Voilà pourquoi je déteste tant Skylar de l’avoir fait renvoyer durant un mois. D’ailleurs, heureusement que j’étais partie moi aussi car jamais je n’aurais accepté le fait que ma mère se remarie, jamais je n’aurais réussi à vivre avec ce connard qui me servait de beau-père. Lorsque la jeune femme me traita de mouton, je me mis à rire. Bah ouais, elle avait totalement raison et si j’avais pu m’énerver dans d’autres circonstances, aujourd’hui, j’étais bien trop posée pour dire quoi que ce soit. « C’est clairement ça ! » Ajoutais-je donc simplement tout en tirant plusieurs latte d’affiler pour terminer mon joint. Tout à coup, on entendit un craquement de branches derrière nous. Personnellement, cela ne me fit rien de plus que ça puisque nous n’étions pas si loin du campement et qu’il y avait tout un tas d’imbéciles qui s’amusait dans cette forêt. « Un con qui s’amuse dans les bois sans doute. » Rétorquais-je en haussant simplement les épaules.

Les étoiles scintillaient haut dans le ciel. Ce dernier se trouvait être dégagé ce qui annonçait une belle journée pour demain même si la température restait glaciale. Au moins, nous aurons un peu de soleil. Je laissai donc mon regard bleuté parcourir les astres, relevant ci et là quelques constellations connues telle que la grande ourse. Mais des cris un peu plus fort que d’ordinaire me firent redescendre les yeux sur le groupe non loin. Une fille se voyait torturée par des mecs encore déguisés en zombies. Un léger sourire éclaira mon visage. Ce que j’aimerais me joindre à eux. Les connaître déjà depuis quelques temps. « Je connais Duncan et Konrad. Après, je n’ai pas d’autres noms en tête. Oh et Travis bien sur, mon cher parrain dans l’aventure des bizutages ! » Un autre de mes rires se répandit dans la nuit avant que je ne tourne le visage vers ma camarade. « J’ai choisi Harvard pour tenter de me refaire un bon dossier scolaire. Disons que mon passé n’est pas glorieux. » Confessais-je en haussant les épaules. « Et pour toi, c’était donc une évidence ? » La questionnais-je en retour histoire d’en connaître un peu plus sur la demoiselle. Mais le craquement dans les bois me détourna vite de mes questions et, parano comme je le suis, je ne manquai pas de m’inquiéter. « Un con qui s’amuse dans les bois sans doute. » Je voulais bien croire Alexys mais les craquements se répétèrent, de plus en plus proches. Je m’enfonçai sous le couvert des arbres, la forêt formant un cercle autour du campement. Parfois, la peur nous fait faire des choses vraiment étranges.

Je me retrouvais donc au beau milieu de la forêt en compagnie d’Alerin, parlant de tout et n’importe quoi mais notamment des autres et de son arrivée à Harvard. C’est vrai que j’avais eu un bel avantage en arrivant ici d’ailleurs, je connaissais la plupart des gens d’Harvard avant même d’y avoir mis les pieds, avant même qu’ils ne me connaissent. « Je connais Duncan et Konrad. Après, je n’ai pas d’autres noms en tête. Oh et Travis bien sur, mon cher parrain dans l’aventure des bizutages ! » Et puis moi oh ! Ouais bon d’accord, on ne se connaissait pas tant que ça pour le moment. Je ne pus retenir ma langue et demandais curieusement : « Konrad. Qui ne connait pas Koko après tout ? Tu couches avec ? » Bah quoi ? C’est une question comme une autre ! Konrad était l’une des personnes les plus importantes à mes yeux ici. Il était comme un second frère, toujours là quand j’en avais besoin, je lui faisais entièrement confiance et oui, j’étais l’une des seules meufs de l’université avec qui il n’avait pas couché. « Et mais peut-être que je pourrais te faire un rapide briefing à toi aussi ? » J’étais là depuis assez longtemps pour en savoir un minimum sur chaque mathers. Je savais les gens qu’il fallait fréquenter et ceux qu’il fallait éviter à tout prix. Peut-être que je pouvais lui donner un coup de main après tout. « J’ai choisi Harvard pour tenter de me refaire un bon dossier scolaire. Disons que mon passé n’est pas glorieux. » J’hochais la tête d’un air compréhensif tout en écrasant la fin de mon joint à même le sol. « Oh, je vois le genre. En tout cas, si t’as besoin d’en parler, tu peux toujours m’appeler. » C’est vrai que j’aimais bien savoir tout sur tout mais, je savais tenir ma langue et j’aimais bien aider les autres du moins, les personnes avec qui je m’entendais bien. « Et pour toi, c’était donc une évidence ? » Je réfléchis un court instant avant de répondre franchement : « Une évidence. Mon frère a été accepté là-bas, je n’ai pas eu d’autres choix en quelque sorte… Je veux dire, je voulais vraiment être avec lui, il a peut-être des putains de défauts mais c’est mon frère, j’peux pas me passer de lui. On se complète ! » Je me mis à sourire suite à cette pensée. Aujourd’hui, il était le seul qui comptait réellement dans ma vie et pour rien au monde je voulais être ailleurs. Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu Alerin s’enfoncer un peu plus dans le bois. Je fronçais les sourcils, jetais un œil vers le campement et décidais de la suite. « Tu vas où comme ça ? » Elle est cinglée elle ou quoi ??!