« Mamaaaan, Orlane a encore pris ma poupée et elle ne veut pas me la rendre! » Ma soeur avait le don de toujours se plaindre auprès de ma mère. A peine venais-je de lui emprunter un de ses nombreux jouets qu'elle allait directement le rapporter à notre mère.
« Orlane, rend lui sa poupée, tu as la tienne. » C'est alors en tirant la moue que je m'avança vers Sixtina et lui tendit sa poupée. C'était pas facile tous les jours d'avoir une soeur. Elle était beaucoup du genre à faire la malheureuse auprès de mes parents et moi j'étais toujours celle qui se faisait disputer. Mais qu'est-ce que je pouvais l'aimer. C'est difficile de vous expliquer l'amour que j'ai pour elle. C'est limite si je ne l'aimais pas plus que mes propres parents. Sans doute le sentiment que toutes soeurs jumelles éprouvent l'une pour l'autre? On dit que ce genre de soeurs sont toujours plus fusionnelles. Et pour être fusionnelles, Sixtina et moi on l'était.
« Plus tard on habitera toutes les deux dans un grand château et on sera les reines du Royaume! » Comme toutes petites filles, Sixtina et moi on se prenaient pour des princesses. Et notre futur, on se le voyait ensemble, dans un château de rêve. On se voyait passer tout le reste de notre vie ensemble, sans jamais se quitter. On avait beau être des jumelles, on ne se ressemblaient pas comme deux gouttes d'eau. Il était impossible de manquer le fait que nous étions soeurs, mais elle avait plus les traits de mon père, et moi de ma mère.
Le
17 août 1990, ma vie commence -celle de Sixtina aussi par la même occasion. Nous sommes nées sous un beau soleil Brésilien, comme chaque jour. Mais ce jour là était le plus beau pour Adriana (ma mère) et Bradley (mon père). Je suis née avec une peau légèrement mate de base, des cheveux bruns, et des yeux bruns. Tous les plaisirs d'avoir des origines brésiliennes. Mais je n'ai pas une peau aussi mate qu'une pure brésilienne. Mon père étant de nationalité anglaise, il était évident que nous héritions du mélange peau brune de ma mère avec la peau blanche de mon père. Nous étions le fruit de l'amour de nos parents. La preuve humaine qu'ils s'aimaient au plus profond d'eux mêmes. Notre arrivée avait fait que renforcer leur union. Je suis née dans une famille où l'argent n'est pas un problème. Mon père était le directeur d'une banque, et ma mère une styliste reconnue dans le pays. Ma soeur et moi n'avons manquer de rien, ni de l'amour de nos parents trop prisés par leur travail. Ils avaient assumés le fait d'être parents jusqu'au bout, et ont toujours été présents pour elle et moi. Ils n'avaient surement pas prévus d'avoir deux enfants en même temps, mais en étaient pas plus mécontents, bien au contraire. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que à partir de ce jour, leurs nuits allaient être courtes. Surtout quand il s'agit de deux bébés en même temps.
Good luck les amoureux. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Paris, 1998. « Excusez-moi madame, est-ce que vous pouvez prendre une photo s'il vous plaît? » avait dit mon père de son plus beau français à l'une des nombreuses touriste -ou pas. Elle s’exécuta aussi vite alors que mon père, ma mère, ma soeur et moi posaient devant la tour Eiffel faisant notre plus beau sourire. Enfin, ma sœur et moi avons plus fait une grimace qu'autre chose. J'étais complètement émerveillée de me retrouver à Paris, la capitale de l'amour. Mon père aimait nous emmener en voyage. On avait de l'argent, et on le dépensait dans la découverte du monde. Et cette année-là, notre destination était la France. Par chance mon père maîtrisait la langue. Il était d'ailleurs bien le seul à parler autant de langues. L'anglais, le français, le portugais (forcément), l'espagnol. Autant dire qu'il était notre passe partout à chaque voyage. Cependant, ma soeur et moi maîtrisions l'anglais parfaitement, et ce dès notre plus jeune âge. Mon père tenait à ce qu'on soit bilingue de cette langue, puisqu'il était lui-même originaire de Londres et qu'on devait un minimum pouvoir communiquer avec notre famille paternelle.
« Les filles, vous auriez pu faire une autre tête que tirer la langue. » nous fit remarquer ma mère en nous montrant la photo. Je regarda alors ma soeur et rigola de nos têtes. On aimait faire les folles, et notamment faire des grimaces sur les photos. Ce qui est toujours le cas aujourd'hui. Je suis ce genre de personne qui adore faire rire les gens. On pourrait même croire que j'ai mangé un clown par moment. Voir les gens rigoler autour de moi, me fait du bien. Ça peut paraître bizarre, et pourtant je suis comme ça. Je n'ai pas peur du ridicule, et je m’en fou encore moins de ce que les gens pensent de moi. Je suis un peu folle sur les bords. A ce qui parait, au stade où j'en suis, ça ne se soigne même plus.
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São Paulo, 2008. Depuis l'âge de 16 ans, ma vie était déjà tracée. Je savais ce que je voulais dire plus tard.
« Maman, j'ai envie de devenir avocate. » Ma mère avait l'air surprise à cette annonce. Et à vrai dire, je comprenais son étonnement. Comme tout enfant, j'ai voulu faire beaucoup de choses: maquilleuse de star, coiffeuse, dompteuse de tigres, styliste comme ma mère, vétérinaire, police à cheval et j'en passe. Mais cette fois, j'étais sûr de ce que je voulais faire. Mes parents ignoraient complètement d'où me venait cette envie de travailler dans la justice. Mais ils étaient fière de voir que j'avais choisis ces études. Bon, je savais que ma mère aurait voulu que je prenne la relève de sa boutique vestimentaire, mais ce n'était pas pour moi. J'avais beau être le genre de fille coquette, toujours à la une des nouvelles tendances de la mode et qui prenait soin d'elle, je voulais devenir avocate coûte que coûte. Peut-être avais-je trop regarder ces séries policières que l'on voit chaque jour à la télévision? Enfin peu importe, mon choix était fait, et je n'avais plus l'intention de changer. Je savais que devenir avocate demandait des études fort poussée et une grande motivation, mais j'étais déterminée. J'ai toujours été bonne élève, qui ramenait de beaux points à la maison pour le plus grand bonheur de mes parents.
« C'est un très bon choix ma chérie. » fit remarquer à mon père avec un grand sourire. Je savais que mon père tenait à ce qu'on fasse le bon choix pour nos études. Non pas qu'il allait nous imposer un choix, mais il espérait que vise au plus haut pour être sur que notre destin soit assuré.
« Tu es sûr que c'est ce que tu veux faire, ou tu vas encore changer de choix? Tu as encore le temps tu sais. » Mon sourire et mon haussement de tête voulait tout dire: j'étais certaine de ce choix. Il est vrai que j'avais encore le temps d'y réfléchir, mais c'était tout réfléchi. Pour se faire, je comptais intégrer la meilleure université du monde, vous savez celle que l'on voit souvent dans ces films américains: Harvard University. Mes parents était d'autant plus d'accord pour ce choix d'université. Le seul hic, c'est que ce n'était pas l'université la plus proche. Entre Cambridge et São Paulo il y a plusieurs milliers de kilomètres.
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Aéroport de São Paulo, 2011. Ma mère avait les larmes aux yeux et ne semblaient plus vouloir me lâcher. Mon père lui ne pleurait pas, c'était un homme, et un homme ne devait pas se montrer faible. Mais je savais très bien qu'il était aussi triste que ma mère de mon départ. J'étais sur le point de prendre l'avion qui me conduirait vers ma nouvelle vie. Harvard University allait bientôt être à moi.
« Tu vas beaucoup me manquer ma petite princesse. » Ma soeur pleurait comme une madeleine. Elle ne voulait pas que je parte.
« Je veux pas que tu partes. Ca va être long sans toi! Qu'est ce que je vais devenir sans ma moitié? » J'avais moi-même les yeux rouges et gonflés de larmes. C'était dur de laisser sa famille derrière soi. Mais j'étais déterminée plus que jamais à écrire ma propre histoire. J'étais motivée à faire mes études de droits, motivée à devenir avocate.
« Tu n'as qu'une année à tenir, et puis c'est toi qui viendra me rejoindre. » Oui, ma soeur avait elle aussi décidé de venir à Harvard faire ses études, mais l'année prochaine. Cette année, elle avait d'autres projets. Et alors que nous étions enlacés l'un à l'autre, attristé de cette séparation, mais aussi heureux pour moi, il était l'heure d'embarquer.
« Passe un bon séjour à Cambridge Orlane. Donnes nous de tes nouvelles dès que tu es arrivée. Je t'aime fort. » Ces sur ces dernières paroles que je tourna les talons en faisant signe de la main, avant de disparaître parmi la foule embarquant pour le vol 265.
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Cambridge, 2011. Quelle bonheur d'atterrir sur le sol américain. Et en plus de ça dans la plus grande université de l'Etat. J'avais clairement l'impression de vivre un rêve éveillé.
« Alors soeurette, comment se passe ta belle vie américaine? » *
« C'est vraiment géniaaaaaal J'ai vraiment hâte que tu viennes me rejoindre, tu verras, l'Amérique c'est vraiment dément. Il y a des beaux garçons partout en plus! Mais vous me manquez beaucoup, toi, papa et maman. » Tout est si différent ici que de São Paulo. Je n'ai pas eu de mal à me faire des amis. Ce fut d'ailleurs très facile. La vie ici est parfaite, mais les études sont corsées. Je suis déterminée à bosser un maximum pour réussir mes études. Après tout, c'est d'abord pour a que j'ai intégré Harvard, le reste vient en second. Enfin, c'est ce qu'on dit toujours au début. Je compte aussi profiter un maximum du mode de vie d'étudiant d'ici, et les soirées organisées dans le campus sont... bien arrosées. Je me suis très vite fait à ce nouveau monde, à ces nouvelles personnes, et ce nouveau climat aussi. Ma famille me manque tout de même. C'est difficile de vivre loin d'eux, ainsi du jour au lendemain alors qu'on avait toujours été unis, jamais séparés. Cependant je ne regrette pas mes choix, et je sais qu'ils sont fiers de mes projets.
Harvard University, janvier 2013. « Dépêches toi Sixtina, j'ai moi aussi besoin de la salle de bain. » Ca faisait plus d'une heure que Sixtina occupait la salle de bain. Elle prenait plus de temps que moi pour se préparer, et on avait cours dans une heure. J'avais à peine le temps de moi aussi me préparer.
« Voilà, c'est ton tour. » *
« ENFIN! » avais-je dit en soupirant.
Sixtina était désormais avec moi à Cambridge, et ce depuis septembre 2012. Nous étions heureuses d'être ensemble après un an de séparation. Pour sa part, elle s'était lancée dans des études de stylisme pour le plus grand bonheur de ma mère qui avait trouvé la relève de sa boutique. Nous avions décidé de vivre ensemble à Harvard. On vivait cette aventure américaine à deux, comme deux soeurs jumelles ne se lâchant plus d'une semelle. Tout le monde nous connaissait dans le campus. On était beaucoup apprécié par les gens, surement pour notre esprit ouvert. Mais ce jour-là, en plein mois de janvier, ni l'une ni l'autre ne se doutait que la vie allait nous séparer à tout jamais. Alors qu'on déambulait tranquillement dans les couloirs, on a vu tout le monde s'affoler. On ne savait pas trop ce qu'il se passait. Une alerte à la bombe avait été lancée. Seule ma soeur avait eu le temps de s'évader du bâtiment pour rejoindre le parking. On s'était perdu parmi toute cette foule effrayée, moi me retrouvant coincé à l'intérieur de l'établissement, cherchant à me mettre à l'abris. J'y ai survécu à ce drame, mais elle non. Elle s'était retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Sa voiture ne voulait pas démarrée, ses creux avaient été crevés. C'est là que son corps a été retrouvé. C'est là que mon coeur a été piétiné. Ma moitié était partie à tout jamais, faisant un grand vide en moi. Chaque soir, mon regard se porte sur le ciel, et je me dis que l'étoile qui scintille le plus, c'est toi qui me dit de continuer à vivre ma vie.