i need a session, psy. † spencad.

† i need a session, psy. †

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Cela devait faire cinq bonnes minutes que son précédent rendez-vous avait quitté son bureau. Cinq longues et interminables minutes que Spencer rangeait les affaires qui trônaient sur ce dernier, les dérangeait, refermait les boutons de son gilet, les rouvrait, gesticulait dans le vide. Oh, damoiselle Strudwick a toujours eu du mal à gérer ses émotions. Ce qui est risible pour une psy, on est d'accord. Typiquement le genre à s'attacher à ses patients, à méconnaître l'idée de distance entre le travail et la vie privée. Elle essayait hein, mais ça foirait parfois complètement. Le parfait exemple frappe d'ailleurs à sa porte, entraînant un sursaut de la blonde. Allez, on se ressaisit. C'est qu'un étudiant. Un patient. Ouais, tachons de le cantonner à ce rôle. Pro-fe-ssio-nnelle. Posant son regard bleuté sur le garçon, elle inspire profondément tout en se redressant, oubliant l'infime frisson qui remonte le long de son échine. Ne croiser Konrad qu'au détour d'un couloir lui convenait parfaitement. Le voir fermer la porte derrière lui, les enfermant dans la même pièce, moins. Pourtant c'est sans douter qu'elle avait prit son rendez-vous. Ce n'est pas car, un soir, elle avait franchit une limite qui la hantait, qu'il lui fallait remettre en cause tout le chemin parcouru depuis sa première visite. S'auto-persuadant de ceci, un fin sourire quasi naturel orna ses lèvres, des lèvres hésitantes. « Oui.. oui bien sur, vas-y installe-toi. » Ses prunelles désignèrent l'un des larges fauteuils trônant au milieu de la pièce.  Tutoiement, bureau qui ne ressemble pas à un bureau, Spencer faisait tout pour mettre les étudiants à l'aise. Elle savait que ce n'était pas forcément de se confier. Même si avec le mather, ce stade était dépassé depuis longtemps. « Ca fait un moment que tu n'es pas venu.. » Souligne-t-elle tout en parcourant les quelques pas entre son bureau et le fauteuil face à celui destiné à l'homme, s'y asseyant. Suffisamment de temps pour partager autre chose qu'une consultation, suffisamment pour qu'elle s'imagine qu'il n'ai plus besoin d'elle.

† i need a session, psy.†

Spencer aurait du se douter que les choses ne seraient pas simples. Que débarquer dans un Harvard à moitié détruit, et s'occuper d'étudiants quasiment dans le même état que ces murs, fissurés et fragiles, ne serait pas une chose aisée. Elle est trop jeune, trop inexpérimentée. Et puis elle doit gérer les retrouvailles avec sa famille. Mais franchement, quel psy voudrait s'occuper de ce désastre ? Réparer des gens comme Konrad, qui sans cet événement avaient déjà des choses à confier. Il y a des patients comme ça, qui vous touche plus que les autres. Peut-être car cela concernait sa sœur, que c'était un sujet qui parlait à la jeune femme. Ou sa personnalité. Ou n'était-elle qu'une fille comme les autres, face à un mather qui n'avait pas son pareil pour faire succomber la gente féminine. D'ailleurs, ses prunelles le suivent jusqu'à ce qu'il prenne place, se positionnant juste à côté. Cette proximité la dérange, l'électrise presque. Sa respiration se fait profonde, calmant son démon intérieur. Ce même démon qui rêve d'arracher le petit sourire qu'il arbore, lui rappelant combien elle peut se détester pour ses écarts. Un « comment pourrais-je ? » se bloque à ses lèvres. C'est difficile de lui en vouloir, et il le sait. « Non, bien sur que non. C'est même plutôt bon signe quand on commence à m'oublier. » Elle essaye la légèreté, armée d'un charmant sourire qui tranche avec se qui se trame sous sa peau. « Tu veux me parler de ces « complications » ? » Toujours proposer, ne jamais imposer. Il s'agit de son travail certes, mais Spencer éprouve un véritable intérêt. Konrad avait prit la bonne route lors de leur dernière consultation, mais semblait s'être égaré depuis.

† i need a session, psy.†

Cette prétendue distance psy/patient ? Que des conneries. Ne pas trop s'impliquer, garder une marge, ne pas laisser le boulot s'incruster dans votre vie privée. Sincèrement, comment était-elle censée faire ça ? Spencer avait presque leur âge, avait traversé pas mal de leurs problèmes. Pour ne rien arranger, la blonde était une vraie éponge à sentiments. De celles qui ont constamment le coeur lourd des soucis des autres. Psy n'était surement pas le métier idéal pour ce genre de profil, m'enfin.. assurément aurait-elle voulu croiser la route d'une personne comme elle pendant l'enfance. Parce ces gosses là, de riches et de moins riches, n'avaient souvent besoin que d'un endroit où parler, aux murs épais et inviolables. C'était le cas de Konrad. En soit, Spencer n'avait pas l'impression d'avoir fait grand chose, si ce n'est lui montrer la bonne direction. Bref, sa réplique lui arrache un sourire bien malgré elle. « Et avec ça tu n'acceptes toujours pas de me tutoyer. » S'amuse-t-elle avec une certaine complicité. Avec les nouveaux patients Spencer évitait, mais au fil des consultations cela lui permettait d'installer une certaine proximité propice à encourager les confidences. Des confidences la demoiselle en avait eu pas mal de sa part, comme en témoignaient les quelques feuilles griffonnées qu'elle avait sous les yeux. Disons que Konrad avait une certaine tendance à l'autodestruction, se sabotant lui-même lorsque les choses se déroulaient trop bien. « En effet, je sais que tu ne t'entends pas très bien avec tout ce qui attrait au bonheur. » Pourtant, il le méritait. Son regard se posait sur lui, bienveillant. « On fait tous des erreurs.. le principal c'est de s'en rendre compte. Il s'est passé quoi pour que tu les blesses toutes les deux ? » Elle ne pouvait guère l'aider si elle n'en savait pas plus.