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Ariane & Walter
« Je ne vais pas élever le ton, mais écoutez-moi bien très cher, je suis Ariane Kennedy. La petite fille de l’ancien président des Etats-Unis, alors croyez-le ou non, votre carrière est terminée. Vous pouvez dès à présent fermer le garage qui est le vôtre, parce que cela fait déjà plus de trente minutes que j’attends votre dépanneuse sous la pluie, mes cheveux ondulent et je risque d’attraper une pneumonie, aucune maladie ne vous aura coûté aussi cher, sachez-le. » Dis-je d’un ton glacial avant de raccrocher au nez du mécanicien qui devrait être là depuis déjà trop longtemps. J’inspire profondément, et compose un second numéro sur le clavier tactile de mon téléphone. Au bout de quelques sonneries à peine un homme note ma géolocalisation et m’envoie un taxi sur le champ. Cette journée débute tellement mal que j’aimerai retourner me coucher, mais Walter m’attend très certainement devant la banque depuis plus d’un quart d’heure, et j’ai attendu de le voir depuis bien trop longtemps. Avouons-le, seulement quelques heures, mais c’est déjà trop. Je me glisse à l’intérieur de la voiture qui refuse de démarrer pour observer mon reflet dans le rétroviseur. Avant de décoller de l’Eliot House, mes cheveux étaient lisses, brillants et à présent ils ondulent sur mes épaules et sont parsemés de perles de pluie. Cette situation a le don de m’excéder. Je pianote sur mon téléphone. « J’arrive vite. Ari. » Walter va sûrement être agacé de mon retard mais pour une fois, il n’est en rien dû à mon manque de ponctualité. Si cette fichue voiture avait été correctement réparée, je serai sans nul doute arrivée en avance. Je mordille ma lèvre inférieure, avant d’y étaler une fine couche de rouge à lèvre et je m’extirpe de nouveau du véhicule lorsqu’un taxi s’arrête à ma hauteur. En quelques enjambées, je change de véhicule, abandonnant le tas de ferrailles qui m’a déjà laissé tomber deux fois en un petit mois. J’indique à l’homme au volant l’adresse, et je lis mes e-mails tandis que la voiture part en trombe.
En quelques minutes à peine nous rejoignons l’avenue sur laquelle se trouve ma banque. Je tends une liasse de billets au chauffeur souriant et me glisse hors du véhicule avec la grâce dont je suis capable. Une délicatesse apprise par ma mère, qui rend chacun de mes mouvements sensuels. Mon regard vagabonde à la recherche d’une chevelure dorée, et j’aperçois à travers l’immense vitre le profil de Walter, debout, le visage crispé. Même sous cet angle il est particulièrement séduisant. Je reste quelques secondes figée sous la pluie dans le seul but de pouvoir l’admirer quelques secondes, sans qu’il ne puisse s’en rendre compte. Mon cœur s’emballe, mes mains deviennent étrangement moites et alors que je me précipite à l’intérieur du bâtiment, mes jambes tremblent. Tous les symptômes semblent être réunis. Je suis atteinte, par ce mal, l’amour. Ce mal qui fait tant de bien. J’apparais devant lui espérant que son sourire viendra remplacer sa moue blasée. « Je suis tombée en panne. Et tu n’as pas le droit d’en douter, il n’y a qu’à voir l’état de mon brushing. » Affirmais-je tout en plongeant mes grands yeux clairs dans les siens. La banquière aussi doit m’attendre mais je m’en fiche totalement. C’est plus important d’adoucir mon meilleur ami…
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