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T’es là et tu vomis, tu vomis parce que ça fait presque deux mois que t’es enceinte même si au fond ça fait juste une semaine que tu le sais, t’as les entrailles qui travailles et c’est dur, tu comprends aujourd’hui ce qu’a pu ressentir Septembre et ce qu’elle ressent toujours d’ailleurs. Et t’es là, la tête dans les wcs, à gerber. T’as beau te dire que c’est dur la vie de femme enceinte, que c’est pas forcément dans cet environnement que tu t’imaginais avoir un gosse, tu te dis que c’est quand même la plus belle chose au monde et tu regrettes pas. T’aurais pu demander à Kendall de venir, pourtant il est un peu occupé, t’aurais pu dire à Matthéo de te rejoindre pourtant tu sais qu’il a déjà son premier gosse à s’occuper, que c’est toi qu’a décidé de le garder et qu’il faut que tu gères, pourtant t’as besoin d’aide, alors tu t’es souvenu de ce que t’avais dit le frère de Septembre la dernière fois, que si tu avais besoin d’aide il viendrait, il serait là. T’as longtemps hésité, parce qu’au fond, tu ne le connais pas tant que ça, mais en fin de compte t’as compris que tu ne pouvais pas t’en sortir seule alors tu l’as appelé à la rescousse. D’habitude t’es le genre de fille qui aide son entourage du mieux qu’elle le peut, qui vit pour aider les autres, seulement aujourd’hui c’est toi qui a besoin de cette aide. Quelques minutes après lui avoir envoyé le message il est là, et toi, t’as toujours la tête dans les wcs, mais t’es contente parce que tu sais que tu n’es plus toute seule. C’est vrai que tu t’en veux un peu de l’avoir fait bouger pour venir voir une meuf qui vomit mais il serait temps que tu penses à toi, surtout en ce moment. Tu voudrais lui répondre lui dire que ça va, pourtant, à peine t’ouvres la bouche tu gerbes. Ça s’arrête enfin et tu t’assois par terre à côté des wcs dans le cas où ça reviendrait, ce qui est presque obligé, tu profites de cet instant de répit pour lui répondre « J’suis là… » tu vas pas lui dire que ça va parce que non c’pas tellement le cas, tu t’apprêtes à te lever pour sortir des wcs sauf que non, ton ventre en a décidé autrement, à peine le temps de te mettre debout que tu gerbes à nouveau et tombe à genoux. « Je vais mourir Jeno, j’en peux pluuuus » tu dis, dans un cris de désespoir.
Il était finalement entré dans les wcs, ils te voyaient dans le pire des états, ce lamentable état et t’avais un peu honte. Il s’approchait de toi, t’aurais bien voulu lui dire de pas trop s’approcher, que ça pouvait être dangereux mais t’étais beaucoup trop occupée. Tu finis, tu penses que c’est enfin fini, puisque de toute façon tu t’es assez vidée comme ça « Merci. » et là pendant qu’il passe une main sur ton dos, tu le regardes, maintenant il est réveillé qu’il te dit, oh non, tu vas voir que tu l’as réveillé et tu t’en veux, mais tu t’e veux à un point. Tu fais la moue, t’essuyant la bouche avec du papier « Non, me dit pas que je t’ai réveillé » et voilà, manquait plus que ça, tu l’savais que t’aurais pas dû lui envoyer de message, t’aurais dû te débrouiller seule, oui tu l’savais et là tu t’en veux, vraiment, réellement. Il continue de te caresser le dos et là il entame le sujet qui fait mal, non il s’est pas barré, c’pas un Sander numéro deux, c’est juste que ce n’est pas ton mec. « Non. Il s’est pas barré, il est là. Enfin là … à Harvard quoi. » tu te relèves en t’appuyant sur la cuvette avec un peu de mal, tu le regardes, t’esquisse un sourire et puis te diriges en direction de l’évier pour te rincer, ça fait plus de dix minutes que t’as pas gerber alors tu te dis que c’est peut-être enfin fini. Tu t’appuies contre le rebord du lavabo et le regarde « Jeno, merci d’être venu .. vraiment.. t’étais pas obligé, et puis j’suis désolée de t’avoir réveillé … si j’avais su. »
« Y a pas de souci. Après tout t'es dans la même galère que ma soeur, donc si je peux aider » tu le regardes, tu lui souris, honteusement, mais tu lui souris quand même. T’as honte parce que t’aurais préféré être avec le père, vivre le parfait amour avec celui-ci, t’as l’impression que les gens vont te juger et même si tu fais mine de t’en foutre, non t’as pas envie qu’on pense de toi que tu es ce genre de fille dépassée par les évènements, car ce n’est pas parce que tu t’es plantée que t’es paumée. Tout le monde se plante et même si des fois c’est plus important, voir plus grave, on ne choisit pas, c’est comme ça, on ne maîtrise pas tout, tu ne maîtrise pas tout. « Fin je vais pas dire 'galère' péjorativement, c'est juste que ... c'est pareil quoi » tu souris en voyant la manière qu’il a de se rattraper « Oui oui, t’en fais pas j’ai compris, puis ouais, c’est vraiment la galère en fait. » tu lui adresses un clin d’œil, et ouais même si t’es mal au fond de toi, tu dis rien, tu ris, tu fais comme si tout allait bien parce que c’est tellement plus facile de faire semblant, tellement plus simple, oui, oh oui. « T'as vu un médecin, un gynéco ... j'sais pas ? » t’hoches la tête, ouais t’y es allée, même que t’y est allée seule, parce que même si tu savais que Matthéo et Kendall t’avais dit qu’ils seraient là t’as pas voulu, parce que toi t’espérais que le docteur te dises que les test de grossesses avaient étés défaillants, pourtant ça n’a pas été le cas, il ne t’as pas dit que tu t’étais plantée, au contraire, il t’as même fixé un rendez-vous pour ta première écographie. « Oui j’y suis allée, et du coup, j’suis enceinte de huit semaines. J’ai rendez-vous le 26 décembre pour ma première echo… ça m’fait un peu flipper…» tu baisses les yeux puis te diriges en direction de la porte, parce que ouais, vous n’allez pas rester dans la salle de bain indéfiniment, y a plus confortable comme endroit. Tu t’assois sur ton lit en tailleur et le regarde en riant « t’as vu, pour noël j’vais avoir la première image de mon bébé, on dirait que c’est fait exprès. » tu continues de rire.