And I need you, need you by my side. ► SOLIMAN & ROXANNA

« C'en est assez, nous n'avons rien à nous reprocher ! » dis-je en claquant violemment la porte de la salle de danse, mes cheveux blonds virevoltant au passage. Les rumeurs ont repris depuis quelques jours. Il paraitrait que depuis que Roxanna Blackburn serait en couple avec le vice-président des Mathers, Jude Montgomery, elle se doperait aussi pour avoir de meilleurs résultats en danse. Quelque chose de moche, bien entendu, et qui attire les mauvaises langues. Voilà ce qui se chuchote dans les couloirs pendant que j'ai le dos tourné. Toutes ces mauvaises paroles répandues dans l'université à cause de cette guerre stupide entre ma maison et celle de Jude ... Je n'en pouvais plus. Tout le monde sursauta lorsque, de rage d'entendre ces chuchotements à mon adresse, je m'étais redressée avec vivacité au milieu de la salle de danse pour quitter la pièce, sur les nerfs. Jusque maintenant, j'avais réussi à m'en sortir de façon à ce qu'on ne me cherche jamais. Discrète, même si je suis une Eliot je me suis toujours arrangé pour qu'on voie le meilleur de moi-même. Mais bien entendu, lorsqu'on est trop gentille, on attire les mauvaises langues, surtout sachant que j'excelle et enchaîne les réussites en danse, ayant validé de mon premier semestre avec brillo, première de ma promotion. Submergée par la colère, j'ai quitté Harvard sans ménagement, montant dans ma voiture pour démarrer en trombe. A un feu, j'envoyais un sms à Soliman, répondant à un sms qu'il venait de m'envoyer pour savoir comment j'allais. « Ça va pas vraiment en fait ... Tu fais quelque chose là ? On va manger un bout? »

Le ciel était d'un bleu éclatant, rayonnant. Tout l'inverse de mon état d'âme. Après quelques minutes de route, je me garais près d'Inman Square et quittais mon véhicule, enfilant une veste pour ne pas attraper froid. Même si le printemps arrivait, je préférais éviter de choper un rhume. Bras croisés, tête baissée, j'avançais, longeant le trottoir menant jusqu'au Fast food ou nous avions coutume de manger avec Soliman, plongée dans mes pensées. Je me suis attachée à Harvard, aux gens que j'y ai rencontré, et je ne comprends pas pourquoi les gens pouvaient être si médisant à mon égard, juste parce que je suis tombée amoureuse de Jude. Surtout que pour moi il avait arrêté la drogue. Agacée, je laissais échapper de mes lèvres un profond soupir. La guerre était déclarée dès à présent, et il allait falloir que je garde la tête haute face à toutes ces accusations, que je prouve que non, je ne me droguais pas. J'entrais alors dans le Fast Food, me jetant presque sur la banquette la table ou j'allais toujours avec Soli. Accoudée à la table avec nonchalance, le regard rivé sur la table, je tapotais nerveusement cette dernière avec mes ongles.

« Now it's too late to apologize, it's too late, I said it's too late to apologize, it's too late. » Confortablement installé devant ce magnifique piano mis à disposition ici à l’université je profitais tranquillement de cette heure que j’étais censé voir défiler lentement dans un amphithéâtre plein de jeunes de mon âge ou pas d’ailleurs. Ouai mais je n’étais pas d’humeur à écouter un professeur bouseux qui, de toute manière ne verrait même pas que j’étais là. Du coup j’en avais profité pour m’éclipser à la dernière heure de cours précédant l’arrivée de ce professeur me retrouvant bien malgré moi dans un couloir tentant de rejoindre la salle de musique dans laquelle je me trouvais maintenant. Je me doutais que personne n’allait venir me déranger puisqu’à cette heure-là soit les étudiants priaient pour que les minutes soient courtes pour fuir à toute vitesse et terminer cette journée comme il se devait ou, au contraire ils avaient déjà pris leurs jambes à leur cou pour faire un tour en ville. C’est en temps normal ce que j’aurais fait moi aussi mais pas aujourd’hui. Interpréter une chanson des One Direction que j’avais dans la tête depuis le début de la journée me semblait être une meilleure option. Ma voix virile et soul à la fois sonnait parfaitement bien sur cette musique, les paroles me plaisaient et je pouvais même m’y identifier puisque j’avais vécu le même genre d’histoire avec mon ex, la seule relation sérieuse que j’avais eue pendant ma courte vie. Mon téléphone sonnait et résonnait même dans toute la pièce, je m’arrêtais subitement, c’était de ma faute si quelqu’un me coupait puisque j’avais récemment envoyé un petit sms à ma meilleure amie pour savoir comment est-ce qu’elle allait. Normal qu’elle me réponde, le contraire aurait été plus contrariant à mes yeux. « Ça va pas vraiment en fait ... Tu fais quelque chose là ? On va manger un bout? » Le fait qu’elle m’avoue ne pas être au meilleur de sa forme ne me plaisait guère et elle avait bien besoin d’un rigolo dans mon genre pour lui faire retrouver le sourire, je tapais à toute allure sur mon clavier d’iPhone. « Je jouais du piano mais j’arrive… » Pas besoin de lui en dire plus, je quittais la pièce après m’être assuré que la salle était en bon état.

Quelques minutes étaient maintenant passées depuis que j’avais reçu ce sms de Roxanna, je me dirigeais en voiture au fastfood que nous avions l’habitude de côtoyer. Ouai c’était difficile de nous croire puisque nous avions tous les deux un physique quasiment parfait et pourtant, comme tous les jeunes de notre âge nous nous gavions de hamburgers en tout genre. Je me garais repérant la voiture de ma petite blonde favorite me retrouvant bien vite à l’entrée cherchant du regard notre table à laquelle j’allais lentement m’asseoir. « Hey boucle d’or… Qu’est-ce qui ne va pas ? » J’aimais mettre les pieds dans le plat.

J'avais le regard fixé sur la table, j'en étais presque arrivée au point ou j'allais compter les rayures sur la table tant je mourrais d'ennui. D'habitude, quand je devais attendre Soliman, je trouvais toujours quelqu'un à qui parler, ou je me commandais d'avance un Ice Tea, en taquinant mon meilleur ami sur le fait qu'il me devrait une boisson vu qu'il m'avait fait attendre ... Mais aujourd'hui, rien. Je n'avais sincèrement envie de rien. Une moue boudeuse sur mon visage enfantin, je redressais cependant la tête en distinguant une silhouette familière qui venait de passer la porte du fast food. Bien vite, je distinguais le grand brun qui se dirigeait d'un pas rapide vers la table, s'installant en face de moi. Il ne passa pas par quatre chemins : « Hey boucle d’or… Qu’est-ce qui ne va pas ? » Je sentais ses grandes prunelles bleues qui me traversais comme il savait si bien le faire, cherchant dans mon comportement une quelconque réaction qui lui donnerait un indice quand à la raison de ma tristesse. Ces mêmes prunelles qui s'étaient posées sur mon corps immobile, sur le bord de cette route, deux ans auparavant. Je déglutis, inspirant profondément tout en cherchant mes mots. Tellement de choses à dire pour expliquer ma peine, pour lui dire les raisons qui me poussaient à avoir perdu mon sourire habituellement constant. « Sol ... Promets moi que toi tu ne me jugeras jamais sans preuves, quoi qu'il arrive ... » Dis-je d'une voix morose, en posant ma main sur la sienne, l'étreignant doucement. Je me pinçais la lèvre, cherchant par ou commencer pour tout expliquer. Enfin, je dis avec une voix tremblante. « Tu sais que depuis un peu plus d'un mois je sors avec le vice président des Mathers, Jude Montgomery ... » Il hocha la tête, bien entendu que je lui en avais déjà parlé, il avait même été l'un des premiers au courant, vu que nous nous voyions dès que possible. Je soupirais, passant nerveusement ma main libre dans mes cheveux blonds. «Eh bien ... Il a fait des efforts incroyables pour moi. Il a arrêté la drogue, les soirées alcoolisées, etc ... Et tu sais que pour un Mather c'est dur. Le truc c'est que personne n'y croit.. Et comme je suis une Eliot, ils disent qu'il va m'influencer, vu que nos deux maisons sont en guerre. » Je lâchais sa main, m'enfonçant au fond de ma banquette en croisant les bras autour de ma poitrine, fulminant en songeant à cette guerre ridicule entre nos deux maisons. Si ça continuait comme ça j'allais devenir une Cabot, m'arranger avec Apple pour les intégrer, parce que ça devenait invivable. « En cours de danse, ils balancent que je me suis mise à me droguer pour améliorer mes performances ! Tout ça parce que je suis première de la classe.. J'te jure, j'en peux plus... J'viens de me barrer en plein milieu de mon cours là. » Je m'arrêtais enfin, avant de redresser mon regard azuré vers le sien. « Mais dis moi toi ... T'es pas censé être en cours dis donc ? »

Il n’était pas dans mes habitudes d’arriver en retard lorsqu’on me donnait rendez-vous mais aujourd’hui c’était différent, Roxanna m’avait après tout légèrement pris au dépourvu du coup je faisais aussi vite que je pouvais pour ne pas la faire trop attendre puisque je savais qu’elle et l’attente ça faisait deux mille. En vérité sur ce point je ne pouvais pas lui en vouloir, lorsqu’on me laissait patienter pendant plus de deux minutes je perdais facilement mon sang froid et je m’énervais du coup facilement lorsqu’on me faisait poiroter pendant dix minutes. Peut-être que j’étais contre les retards parce que je m’imposais souvent d’avoir un peu d’avance pour toujours être paré à un évènement de dernière minute, ce que j’oubliais c’est que tout le monde ne s’y prenait pas comme moi. Bref, du coup j’avais peut-être un peu trop accéléré sur la route et j’étais bien content qu’une petite vieille perdant son dentier ne se soit pas aventurée sur le passage piéton lorsque j’étais passé. Ecraser un dinosaure ce n’était pas dans mes projets, je me retrouvais en un temps relativement potable devant notre fastfood favori rejoignant très vite notre table habituelle. Ici nous avions nos habitudes comme justement deux petits vieux, il ne fallait pas qu’on nous pique notre table sinon on montrait les crocs même si on savait s’asseoir sur celle d’en face lorsqu’on n’avait pas le choix n’en étant pas encore au stade de la bagarre pour une place. Comme à mon habitude je sautais sur l’occasion pour lui demander ce qui n’allait pas prenant quand même quelques secondes pour venir la serrer dans mes bras, un petit rituel que nous avions pour nous dire bonjour. Après avoir mis les pieds dans le plat je l’observais tranquillement attendant le moindre mouvement qui me permettrait de savoir sur quel terrain je m’aventurais. « Sol ... Promets moi que toi tu ne me jugeras jamais sans preuves, quoi qu'il arrive ... » Elle dépose sa main sur la mienne, je glisse mes doigts entre les siens avec un petit sourire qui se veut rassurant. « Tu me connais, tu sais que je ne suis pas le genre de mec qui juge les gens… Mais je te le promets. » Je lui adressais un petit regard suivit d’un clin d’œil prêt à entendre ce qu’elle tentait de me dire. « Tu sais que depuis un peu plus d'un mois je sors avec le vice président des Mathers, Jude Montgomery ... » Elle connaissait déjà la réponse puisque j’avais été le premier à qui elle l’avait dit, même s’il n’était pas mon meilleur ami je ne disais rien sur leur relation, elle méritait d’être heureuse peu importe le mec, par contre si il osait la briser je lui casserais la figure c’était clair et net. Je me contentais d’hocher la tête pour ne pas l’interrompre. «Eh bien ... Il a fait des efforts incroyables pour moi. Il a arrêté la drogue, les soirées alcoolisées, etc ... Et tu sais que pour un Mather c'est dur. Le truc c'est que personne n'y croit.. Et comme je suis une Eliot, ils disent qu'il va m'influencer, vu que nos deux maisons sont en guerre. » Elle lâchait ma main pour croiser les bras contre sa poitrine, elle n’avait pas tort depuis qu’il y avait cette guerre des confréries au premier rang les relations qu’on pouvaient tous avoir entre nous ne s’arrangeaient guère. « Okay je vois de quoi tu parles, cette gueguerre est de toute manière tellement stupide que seuls les abrutis ne peuvent y participer actuellement. » Je n’en dis pas plus histoire de tout entendre avant de lui faire un petit bilan de mes pensées. « En cours de danse, ils balancent que je me suis mise à me droguer pour améliorer mes performances ! Tout ça parce que je suis première de la classe.. J'te jure, j'en peux plus... J'viens de me barrer en plein milieu de mon cours là. » Je comprenais totalement son mal-être et s’il fallait que je vienne dans son cours pour en moucher deux trois il n’y avait pas de problèmes, en attendant je m’accoudais contre la table, décidé à lui faire entendre mon point de vue. « Tu sais… Je pense qu’avec la réputation de Jude il va falloir que tu te prépares à entendre des réflexions dans le genre un sacré paquet de fois, le mieux que tu puisses faire c’est de ne plus les écouter parce qu’ils sont tous trop cons pour te croire de toute manière et puis… Si tu as besoin d’aide pour en casser deux trois tu peux compter sur moi hein. » Je lui adresse un clin d’œil me demandant ce que l’on va bien pouvoir commander à manger. « Mais dis moi toi ... T'es pas censé être en cours dis donc ? » Je lui souris amusé accompagnant mon sourire d’un petit regard innocent ce que j’étais loin d’être. « Moi ? On va dire que… Par erreur je me suis retrouvé dans les toilettes lorsque le cours commençait et que j’ai pris ma voiture malencontreusement… Et puis, lorsque tu sèches je le sens alors je t’accompagne… Je me sacrifie pour toi t’as vu ! » Je lui tire la langue en étouffant un petit gloussement communicatif.

« Tu me connais, tu sais que je ne suis pas le genre de mec qui juge les gens… Mais je te le promets. » Je hochais la tête. Je ne savais même pas pourquoi j'avais posé cette question à Soliman, alors que j'ai toujours su que jamais il ne me jugerait. En même temps, vu notre première rencontre, il en avait vu de toutes les couleurs avec moi dès le début, alors forcément, s'il devait me juger, je ne pense pas qu'aujourd'hui notre amitié serait arrivée à un tel stade ... Enfin bref. Quoi qu'il en soit, j'évoquais cette histoire de guerre entre ma confrérie et celle de Jude. Je ne supportais tout simplement plus la situation, et je passais les trois quarts de mon temps enfermée dans ma chambre, pour ne pas avoir à croiser un camarade de la chambre voisine, qui me fusillerait du regard. Heureusement que j'avais des amis comme Billie, Charlotte ou Julian, pour me soutenir et ne pas m'enfoncer comme d'autres le feraient ... Après mon récit qui s'était éternisé, Soliman prit enfin la parole, s'attirant toute mon attention. « Okay je vois de quoi tu parles, cette gueguerre est de toute manière tellement stupide que seuls les abrutis ne peuvent y participer actuellement. » Je hochais la tête faiblement, baissant mon regard contre la table. J'enchainais en abordant le sujet des rumeurs circulant à mon sujet. J'étais obligée de leur tourner le dos pour ne pas me mettre hors de moi, mais il fallait avouer que c'était vraiment dur, surtout moi qui ai les nerfs fragiles et qui lâchent très facilement ... Sol s'appuya sur la table avec ses coudes, et je redressais faiblement mon regard océan pour écouter ce qu'il avait à dire. « Tu sais… Je pense qu’avec la réputation de Jude il va falloir que tu te prépares à entendre des réflexions dans le genre un sacré paquet de fois, le mieux que tu puisses faire c’est de ne plus les écouter parce qu’ils sont tous trop cons pour te croire de toute manière et puis… Si tu as besoin d’aide pour en casser deux trois tu peux compter sur moi hein. » Je fis un rire léger, reprenant la main de mon ami dans la mienne doucement. Il a toujours eu un véritable don pour m'arracher un sourire, même quand je n'ai pas le coeur à en faire. Je hochais la tête à nouveau, passant ma main libre dans mes cheveux blonds. « Je suppose que t'as raison ... Si je leur tourne le dos, sans réagir, peut-être que ça fonctionnera mieux et qu'ils finiront par laisser mon couple en paix ... On peut toujours rêver. » Mais bon, nous n'étions pas là pour que passe des heures à m’apitoyer sur mon sort, mais plus pour s'amuser un peu et passer un agréable moment. Quand je releva son absence en cours, pour sa présence ici, le beau brun me lança un regard innocent qui précédait ses paroles, mais les avait presque déjà dites, m'arrachant un nouveau rire. « Moi ? On va dire que… Par erreur je me suis retrouvé dans les toilettes lorsque le cours commençait et que j’ai pris ma voiture malencontreusement… Et puis, lorsque tu sèches je le sens alors je t’accompagne… Je me sacrifie pour toi t’as vu ! » Je croisais les bras d'un air faussement désespéré, riant en choeur avec lui, avant de plaquer mes deux mains sur la table, me redressant. « Quel étudiant ingrat, Sol, tu me déçois, vraiment ! » Après un instant de silence durant lequel nous nous regardions, hilares, ne nous prenant absolument pas au sérieux, je me mis à ses côtés en le tirant par le bras : « Bon, j'ai faim, si tu veux pas que je meures il faut qu'on se dépêche de commander ! » Je me dirigeais d'un pas décidé jusqu'au comptoir, commandant le plus grand menu qu'ils avaient, avec un immense Ice Tea. Tournant le dos au serveur, je jetais un regard interrogatif à mon meilleur ami, penchant légèrement ma tête sur le côté droit : « Et toi tu prendras quoi ? Je paie aujourd'hui, pour te remercier de supporter l'infâme petit monstre que je suis ! »

S’il y avait bien un mec sur toute cette planète en qui on pouvait avoir confiance au niveau du jugement c’était bien moi. Non, mes chevilles n’enflent pas sous cette réflexion puisqu’elle est tout simplement réaliste, je n’ai jamais été très fort pour donner des leçons de vie à tout le monde puisque mon histoire était loin d’être exemplaire tout comme mon comportement d’ailleurs. Qui pourrait accorder ne serais-ce qu’une once de crédit à quelqu’un qui couchait à tout va, qui se bagarrait à tous les coins de rues ou presque ? Personne. Il m’arrivait bien sûr de faire savoir à mes amis lorsque quelque chose ne me plaisait pas, normal ais-je envie de dire puisqu’un ami servait à ça, il m’était arrivé de le faire avec Roxanna mais pas au point de me permettre un quelconque jugement qui serait vraiment mal venu ce soir. Le fait que je lui fasse comprendre que je n’allais pas l’écouter et retenir ce qu’elle allait m’avouer contre elle semblait la rassurer et c’était le but, j’étais prêt à entendre ses révélations. Pour mon plus grand plaisir tout allait bien vite, elle me racontait chaque petit détail de ce qui lui rendait la vie impossible depuis quelques temps, sortir avec Jude n’avait pas été la chose la plus intelligente qu’elle avait pu faire depuis son arrivée à Harvard mais du moment qu’elle était heureuse avec lui ça me convenait. Ici, dans le monde des jeunes adultes les stéréotypes avaient une énorme place, chacun d’entre nous était répertorié dans une branche plus ou moins concrète, je m’étais personnellement fait à l’idée d’être considéré comme le plus grand des fêtards de mon année de psychologie, les gens ne se rendaient pas compte des heures que je passais à bosser mes cours en dehors des soirées dans lesquelles je finissais parfois ivre ou l’arcade en sang à cause d’une mauvaise bagarre. Bref, je lui prodiguais quelques conseils foireux, je pouvais mieux faire surtout que ma voix ne reflétait pas vraiment mes convictions, dans son cas j’aurais foncé dans le tas sans me poser de questions pour régler cette histoire mais je n’étais pas un exemple, loin de là, mon impulsivité finirait par me perdre un jour ou l’autre. « Je suppose que t'as raison ... Si je leur tourne le dos, sans réagir, peut-être que ça fonctionnera mieux et qu'ils finiront par laisser mon couple en paix ... On peut toujours rêver. » Je lui souris, elle n’est pas stupide et elle se rend surement compte que rien ne va aller en s’arrangeant dans les prochains jours. Tant pis, soit elle allait se comporter comme moi et pousser une grande gueulante qui aurait pour effet de la faire considérer comme hystérique mais qui réussirait à faire fermer leur gueule à toutes les pétasses de son groupe ou alors elle pouvait laisser passer et continuer à vivre cette situation. « Je suis désolé je ne suis pas très utile pour le coup ! » Je baisse la tête quelque peu honteux de ne pas être capable de trouver les mots pour la faire sourire mais voyons les choses en face. L’amour et moi n’étions pas copains. Nous dévions totalement pour passer à une conversation basée sur le second degré ce qui, je l’avoue faisait du bien et était plus dans mes cordes puisque j’étais le rigolo de service à mes heures. « Quel étudiant ingrat, Sol, tu me déçois, vraiment ! » Je souris faussement blessé par sa remarque lui adressant une petite moue boudeuse alors que je croisais les bras contre mon torse. « Je ne fais que suivre les pas de ma meilleure mamie… Euh amie… » Je lui tire la langue et repars dans un petit gloussement que je ne parviens pas à retenir malgré mes efforts. « Bon, j'ai faim, si tu veux pas que je meures il faut qu'on se dépêche de commander ! » Je la regarde et me décide à enfin me lever pour la rejoindre, que vais-je bien pouvoir prendre ? La même chose qu’elle tiens. « Et toi tu prendras quoi ? Je paie aujourd'hui, pour te remercier de supporter l'infâme petit monstre que je suis ! » Je lui souris, m’approche d’elle pour déposer mes lèvres contre son joli visage. « La même chose que toi et… Pour te remercier je porte les plateaux okay ? » Nous attendons quelques minutes pour bénéficier de notre commande puis, accompagné de Roxanna je rejoins notre table avec un grand sourire sur le visage.

J'ai toujours adoré l'humour décalé de Soliman, et ce depuis que nous nous connaissions. Il avait cette manière singulière et en même temps terriblement attachante de me redonner le sourire et de me faire oublier tous mes soucis. C'était inné chez lui, et je suis même presque sûre qu'il ne le fais pas exprès à chaque fois. Combien de fois est-ce que je lui ai téléphoné, de mauvaise humeur, et qu'il m'avait remonté le moral en même pas cinq petites minutes ? Je ne pouvais même plus compter. Soliman n'est pas mon meilleur ami pour rien : C'est un de ces rares hommes en lesquels je ne vois que de la bonté, malgré, je dois l'avouer, son tempérament explosif. La preuve, à peine je lui parlais de mes soucis en cours de danse qu'il était déjà près à faire la bagarre, me faisant rire. Je ne cherchais pas d'ennuis, encore moins à ce que Sol en ai. Je préférais ignorer ces accusations absolument débiles, et leur tourner le dos pour me concentrer uniquement sur mon talent qu'est la danse. Réussir mes études était selon moi le plus important, puisqu'une fois débarrassée de la fac, cette réputation ridicule de "droguée" ne me suivrait pas. De toutes manières, ça se voyait que je respirais la santé, et non pas la coke. D'un air taquin, histoire de se défendre face à mes accusations, Soliman rétorqua alors « Je ne fais que suivre les pas de ma meilleure mamie… Euh amie… » Avant de me tirer la langue. Immédiatement, je lui tapait l'épaule d'un air taquin, en riant en chœur avec lui. Je cassais enfin notre délire en me levant brusquement, morte de faim. J'ai été tellement rapide qu'il fallut un petit moment pour que Soliman ne finisse par me rejoindre. J'avais déjà commandé et j'ai même fait en sorte de ne pas succomber à la tentation de la glace en dessert, histoire de ne pas avoir mauvaise conscience d'avoir pris le plus grand menu, et même pas un coca light, mais un Ice Tea. Je finis par me retourner vers mon meilleur ami pour savoir ce qu'il voulait manger, lui indiquant que je régalais. Immédiatement, un sourire éclairais sa belle bouille, et je me récoltais une bise, agrandissant à son tour mon sourire. Ca valait bien tous les menus de ce Fast Food, une bise de Soliman. « La même chose que toi et… Pour te remercier je porte les plateaux okay ? » Je hochais la tête de haut en bas, satisfaite par le marché : « Ça me convient parfaitement, je paie, tu portes ! » Sur ce je me retournais, et indiquais au serveur de nous mettre en double le menu que je venais de commander. Le sandwichs n'étant pas encore près, nous dûmes attendre quelques minutes supplémentaires, avant d'enfin recevoir notre plateau. Je payais, rangeais ma carte de crédit, et posais le plateau dans les bras de mon meilleur ami avant de rapidement retourner à notre place avant que quelqu'un n'ait l'idée de tenter de nous la piquer. M'affalant sur mon siège pendant que Sol lui posait le plateau sur la table. J'attrapais mon paquet de frites et commençait déjà à piquer de l'ice tea en y plantant ma paille, avant de fixer Soliman. A son tour de me raconter un peu ses journées. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas passé un peu de temps ensemble, et j'en avais assez de me lamenter. Croisant les bras, je me décidais enfin à dire avant de manger une frite : « Assez parlé de moi, racontes moi ta vie mon beau ! Les amis, les amours, les emmerdes donc les cours touut ! Je veux tout savoir, fais moi ta biographie de la semaine. » Et quand je disais tout, c'était bien tout. Soliman me connaissait suffisamment pour savoir que je suis très curieuse, surtout avec lui.

Je dois reconnaitre que mon humour était l’une des qualités que tout le monde préférait chez moi, je n’étais pas connu pour être un garçon qui me prenait la tête et mes blagues aussi pourries qu’elles soient puisqu’elles étaient très souvent aussi pathétiques que Paris Hilton avaient le don de rendre le sourire à tout le monde. C’était mon objectif et peut-être que la manière de raconter toutes mes petites blagues rendait le tout hilarant, oui il ne suffisait pas d’avoir de bonnes blagues en stock, savoir les énoncer d’une manière précise faisait tout le travail et quelque chose de vaseux pouvait par la suite prendre un air très marrant. Bref, ce soir je voyais bien que ma meilleure amie n’avait pas trop le moral, elle n’était pas d’humeur au départ à plaisanter et pourtant à l’aide de quelques boutades j’étais parvenu à lui faire retrouver le sourire et le fait d’entendre son petit rictus me donnait à moi aussi envie de rire. Nous étions tous les deux terriblement complémentaires et c’est peut-être pour ça que j’étais incapable de passer plus d’une semaine sans lui passer un coup de fil au minimum. Roxanna occupait une place très singulière dans mon cœur, elle était l’une des seules personnes pour qui je serais prêt à me jeter au feu. Notre relation était basée sur la confiance et rien ne pourrait détruire cette confiance à mes yeux. Nous plaisantions à présent sur les cours, il n’était pas rare que je sèche quelques heures de cours pendant mes différents semestres et je pouvais me le permettre vu mon niveau très élevé scolairement parlant, bien sûr je taquinais la petite blonde en l’appelant mamie parce qu’elle détestait qu’on l’appelle comme ça, sa réaction se faisait immédiatement sentir puisqu’elle me mettait un petit coup de poing sur le bras que je ressentais comme une caresse tellement sa force était inférieure à la mienne. Je me mettais à glousser comme à mon habitude lui proposant de porter le plateau puisqu’elle me faisait l’honneur de payer le repas ce soir. « Ça me convient parfaitement, je paie, tu portes ! » Je souris et saisi rapidement le plateau suivant Roxanna jusqu’à notre table que personne n’avait osé piquée. C’était peut-être puéril de se mettre en colère pour une table mais cette dernière avait en quelque sorte une valeur symbolique pour nous deux. Je me laissais tomber sur mon siège prenant mon coca pour y enfoncer une paille en ne quittant pas la petite blonde du regard. « Assez parlé de moi, racontes moi ta vie mon beau ! Les amis, les amours, les emmerdes donc les cours touut ! Je veux tout savoir, fais moi ta biographie de la semaine. » Je souris, elle sait que je ne suis pas fan des longues discussions lorsqu’on parle de ma vie mais avec elle tout vient naturellement. J’ai confiance en elle et je sais qu’elle ne me jugera pas sévèrement, elle sera objective et me donnera son avis et c’est ça qui me fera devenir meilleur. Sans attendre je lui pique une frite avec un petit sourire amusé portant cette dernière à mes lèvres. « Oh tu sais cette semaine est passée calmement… Je suis allé à la fête d’anniversaire des jumeaux, j’ai pas mal rigolé et flirté avec Teodora… Sinon il s’est passé quelque chose avec Maxwell l’autre soir… On a fait l’amour devant Paranormal Activity et je dois avouer que ça m’a énormément plu… Sinon les cours bah c’est toujours la même chose… » Je lui souris accompagnant mes paroles de quelques gestes de main comme d’habitude.

Avec Soliman, il n'y a jamais eu la moindre retenue. C'est comme une petite soeur avec son grand frère, comme si on se connaissait depuis l'époque des couches culotte. Peut-être était ce comme ça parce qu'il n'y a jamais eu la moindre ambiguïté dans notre relation. C'était toujours une amitié très protectrice l'un envers l'autre, sans qu'il y ai plus. Alors forcément, lorsque nous en venions à nous confier, nous nous racontions tout sans retenue. Alors que je demandais à Soliman qu'y avait-il de neuf dans sa vie, celui ci en profita pour me piquer une frite, s'accordant au passage un de mes fusillages de regard légendaire. Pas touche à ma bouffe. En riant, je rapprochais mon paquet de frites plus près de moi, et je rattrapais ma boisson, glissant ma paille entre mes lèvres, entièrement à l'écoute de mon meilleur ami : « Oh tu sais cette semaine est passée calmement… Je suis allé à la fête d’anniversaire des jumeaux, j’ai pas mal rigolé et flirté avec Teodora… Sinon il s’est passé quelque chose avec Maxwell l’autre soir… On a fait l’amour devant Paranormal Activity et je dois avouer que ça m’a énormément plu… Sinon les cours bah c’est toujours la même chose… » Je l'écoutais attentivement, assimilant ce flux d'informations. Je connaissais vaguement Teodora, il me semblait bien qu'il s'agissait d'une Cabot, mais je n'en savais pas beaucoup plus. Les jumeaux, bien entendu que je les connaissait, j'étais même amie avec Elia, la fille du duo. Je bloquais sur la dernière information, et me penchais légèrement en avant, fronçant les sourcils et lâchant ma paille. « Tu as quoi avec qui devant quoi ..? » Répétais-je, bien qu'ayant parfaitement bien entendu. Je replaçais une de mes mèches de cheveux devant mon oreille, tout en fixant Soliman. Il n'allait pas s'en tirer maintenant qu'il venait de me parler de ce Maxwell, je voulais tous les détails. Je me repassais dans la tête la liste des étudiants, son nom me disait quelque chose ... « Maxwell .. Il me semble qu'il se trouve dans la même maison que Jude, Mather non ? » Demandais-je, ce à quoi il répondit à l'affirmative. Une nouvelle série de questions me brûlait les lèvres, je voulais en savoir plus, après tout, c'est mon devoir de meilleure amie de m'intéresser à la vie sentimentale de Soliman, non? « Et .. Vous vous connaissez depuis longtemps ? Ca s'est passé genre comme ça rien de plus ou .. Tu comptes le revoir ? Ouais je sais je suis curieuse mais tu m'as jamais parlé de lui ! » Je pris un air offusqué, comme offensée que mon meilleur ami ne m'ait jamais parlé de cet homme qui visiblement était son amant. Je reprenait quelques frites, mangeant calmement en attendant que Sol me développe d'avantage cette histoire avec cet étudiant.. S'il le voulait bien sur. Si je le voyais bloquer, je n'insisterais jamais. A chacun son jardin secret.

Face à notre petite fin d’après-midi je n’avais vraiment pas à regretter d’avoir omis d’aller en cours d’histoire, je n’en avais plus beaucoup dans mon cursus de toute manière et puis rappelons que j’étais surement le meilleur de mon groupe, j’étudiais de mon côté et avoir un professeur face à moi m’était donc d’aucune utilité. Non, ne croyez pas que je me donnais un genre à me décrire supérieur intellectuellement par rapport aux autres puisque je n’étais pas en train de dire ça non plus, on va juste dire que j’avais la motivation nécessaire pour avancer sans être retardé par les autres. De toute manière jamais je n’allais trouver le toupet de regretter une seule journée passée avec Roxanna, c’était tout simplement impossible puisque s’était avec elle que je passais la majorité de mon temps lorsqu’elle n’était bien sûr pas accompagnée de Jude, pas que je ne l’apprécie pas mais plutôt parce qu’ils avaient bien le droit à un chouilla d’intimité de temps en temps. Oh et puis de toute manière je n’étais pas non plus fan de Jude, je restais ouvert lorsqu’il désirait parler mais nous avions déjà eu des embrouilles ma franchise en étant la principale cause. Malgré le beau couple qu’il formait avec ma meilleure amie je ne le trouvais pas suffisamment bien pour elle, à mes yeux elle méritait bien mieux. Elle savait ce que j’en pensais après j’étais tout de même heureux pour elle, depuis qu’elle avait fait sa connaissance elle était au meilleur de sa forme. Passons, nous parlions à présent de moi, je détestais ça mais avec une personne de confiance comme l’était Roxanna je n’avais pas à craindre qu’elle en parle à quelqu’un d’autre. Je me lâchais donc progressivement lui confessant entre une ou deux frites que j’avais eu une relation avec Maxwell un beau brun avec qui je passais déjà pas mal de temps avant mais qui prenait un nouvel intérêt pour moi. « Tu as quoi avec qui devant quoi ..? » Je ne pouvais m’empêcher de me mettre à ricaner, elle avait très bien entendu mais elle faisait genre pour me faire comprendre qu’elle était en quelque sorte sous le choc. En même temps je lui annonçais cette histoire sans aucune pudicité, comme d’habitude lorsque nous étions ensemble je vous l’accorde, il nous arrivait d’aborder des sujets crus, elle me racontait des détails puis nous inversions les rôles partageant nos expériences diverses. « Maxwell .. Il me semble qu'il se trouve dans la même maison que Jude, Mather non ? » Je hochais la tête en signe d’affirmation. « Oui, tu sais c’est un petit brun plutôt mignon qui peut paraitre un peu… Comment dire… Playboy à première vue ! » Bon elle n’irait pas loin avec ma description mais je ne trouvais pas les mots pour le décrire. « Et .. Vous vous connaissez depuis longtemps ? Ca s'est passé genre comme ça rien de plus ou .. Tu comptes le revoir ? Ouais je sais je suis curieuse mais tu m'as jamais parlé de lui ! » Je souriais amusé prêt à répondre aux multiples questions qu’elle désirait me poser. « On a fait connaissance il y a quelques mois maintenant et euh… Je ne sais pas vraiment comment répondre à ta question, personnellement je me suis rendu compte qu’il m’attirait ce soir là. » Je saisissais mon gobelet glissant la paille entre mes lèvres pour avaler une petite gorgée de Coca. « Et j’ai bien envie de le revoir… » Je gloussais comme un adolescent accompagné par Roxanna qui n’était jamais la dernière pour rigoler. « Après je ne sais pas… Peut-être que c’était juste un coup histoire de se vider pour lui… Oh et puis je ne sais même pas si j’ai envie d’aller plus loin surtout après cette histoire au lycée... Et puis si je ne t'en ai pas parlé c'est parce qu'il n'y avait pas grand chose à dire jusqu'à maintenant Trésor. » Je parlais bien sûr de ma seule et unique histoire d’amour, elle s’était étalée sur trois ans, tout le lycée en gros jusqu’à ce que je découvre cette fille que je m’apprêtais à demander en fiançailles au lit avec celui qui était mon meilleur ami depuis le début du collège… Vitor !