CARPENTER'S FAMILY † are you kidding me?

Le soleil avait enfin décidé de pointer le bout de son nez, les rayons de ce dernier réchauffaient ma peau et j’imaginais le chant des oiseaux qui se posaient sur les branches du vieux chêne. Qu’est-ce que j’aimerais être un oiseau à cette heure-ci. Au lieu de ça, j'étais coincée avec le prof le plus ennuyeux qui puisse exister sur terre. Lorsque je revins à la réalité et décidai de quitter la fenêtre des yeux pour les poser sur l’horloge, je croisais le regard noir de ce cher monsieur Anderson. Qu’est-ce qu’il espérait ? Que je suive son cours ? J’étais déjà bien gentille de lui accorder une heure de mon temps. Je soupirai, tapotai mon stylo contre la table d’un air arrogant, impatiente que la sonnerie retentisse dans l’établissement. Alors qu’il s'apprêtait à me faire une nouvelle remarque, je fus sauvée par le gong. Attrapant mon sac au passage, je me levais tout sourire, contente d’avoir échappée à une énième leçon de moral sur le fait que les études étaient très importantes pour notre avenir à tous. En apparence, j’étais peut-être conne mais dans le fond, j’étais assez intelligente pour le comprendre par moi-même. Arpentant les couloirs d'Harvard la tête haute, je saluais quelques connaissances avant de fouiller dans mon sac à la recherche de mon paquet de clopes. J’optais finalement pour le dernier joint qu’il me restait sur moi et, le calais entre mes lèvres le temps de tout remettre en place, sans même avoir la trouille de me faire chopper par le doyen. Qu’est-ce qu’il pouvait bien m'arriver après tout ? Ted était là pour raquer si jamais Jeno ou ma petite personne faisait une connerie non ? C’était en tout cas ma vision des choses. Je me dirigeais vers le gymnase lorsque je reçus un sms de mon frère m’ordonnant de le retrouver à la Mather House. Je n’hésitais pas un seul instant avant de faire demi-tour pour le rejoindre là-bas. « Salut beau gosse ! » L’interpellais-je dans les couloirs. Même de dos j’étais capable de le reconnaître parmi des milliers. Je brandis mon portable en sa direction en ajoutant : « J’espère que c’est important parce que je viens de poser un lapin à un mec super sexy pour te retrouver ici. » Je finis par arriver à sa hauteur et déposais un baiser sur sa joue avant de lui demander curieusement : « Alors alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ? »

C’est deux mois ont surement été les deux mois les plus longs de ma vie et ce, même si je serais incapable de l’avouer à haute voix pour préserver ma fierté personnelle. Mon frère m’avait énormément manqué et le fait de ne plus le voir tous les jours à mes côtés m’avait fait bizarre. Bien sûr, j’avais réussi à m’occuper autrement et avais essayé de faire respecter la hiérarchie à Harvard or, ce n’était pas pareil sans lui. Il était mon pilier, celui sur qui je pouvais me reposer alors le revoir parmi nous m’avait fait énormément de bien. Je pouvais enfin me détendre, penser à autre chose, lui laisser les reines et menait ma petite vie paisiblement. Du moins, c’est ce que je croyais. A peine revenu et le voilà déjà au taquet. Comme d’habitude, j’accourais, prête à écouter ses idées machiavéliques et ses plans foireux. Une chose était sûre, c’est qu’il avait toujours autant besoin de moi et, ça faisait plaisir de le constater. Nous formions une bonne équipe car, malgré les hauts et les bas que pouvait rencontrer notre duo, nous étions toujours prêts à bondir soutenir l’autre et ce, quoi qu’il arrive. Je considérais Jeno comme ma seule famille à présent, sans compter Septembre car, depuis que maman s’était remariée, ce n’était plus pareil. Cela me faisait énormément de peine de ne plus être aussi proche d’elle or, elle avait choisi Ted plutôt que ses enfants et je devais désormais vivre avec. Bref, j’avais retrouvé Jeno dans le hall de la Mather House après avoir reçu son sms et je commençais de suite par me plaindre car, il m’avait fait manquer un rendez-vous. Sans le fond, il savait parfaitement que c’était normal puisqu’il passait toujours avant tout le monde mais bon, c’était un simple avertissement. « Je vais donner un tout autre sens à ta vie, tu vas voir. » Large sourire aux lèvres, il venait déjà de changer ma vie. Désormais, je ne lui en voulais plus d’avoir changé mes plans et me contentais de marcher à ses côtés le long du hall, impatiente de savoir quelle était cette choses si importante qu’il avait à me faire partager. « J’ai enfin trouvé notre nouvelle proie ! Pas pour la drogue hein ! Mais le nouveau bouc émissaire. » Je fixais mon frère du regard, le questionnant par la même occupation tout en me retenant pour ne pas sauter sur place. « Bah aller, continue ! » Incitais-je, excitée à l’idée de savoir que je l’allais pas m’ennuyer ces prochains jours. Je détestais lorsqu’il me faisait attendre de la sorte et quelque chose me disait qu’il faisait exprès de faire durer le suspens. « Skylar Romanov ça te dit un truc ? » Je fis semblant de réfléchir, sachant pertinemment qui était la demoiselle en question puisque j’avais été la trouver le jour même de l’expulsion de Jeno. « La petite rousse que tu t’es tapé ? Ouais, je vois c’est qui d’ailleurs, j’arrive toujours pas à savoir ce que tu lui as trouvé à celle-là. »

Il y avait toujours eu Jeno et Alexys contre le monde entier or, depuis que nous étions tous les deux à Harvard, j’avais l’impression d’être encore plus proche de mon frère. Nous avions les mêmes centres d’intérêts, les mêmes amis, les mêmes délires et surtout, la même obsession pour le pouvoir. J’ai toujours aimé avoir le contrôle sur tout et tout le monde, sans doute parce que je me suis trop fait avoir lorsque j’étais plus jeune or aujourd’hui, je savais parfaitement en qui je pouvais avoir confiance et à qui je ne devais même pas adresser la parole. Oui, j’avais été à bonne école ! Jeno acquiesça mes dires à l’aide d’un clin d’œil et, il avait plutôt intérêt pare que sortir avec une Elliot avant sans doute était la pire connerie de sa vie. Surtout celle-ci, elle n’avait aucun intérêt à mes yeux du moins, jusqu’à aujourd’hui… «Ouais ben t'es vip concernant la nouvelle Alex. Et t'imagines bien que si je viens t'en parler, c'est pas pour qu'on lui fasse un collier de paquerettes » Je fixais Jeno droit dans les yeux en haussant les épaules. Je ne comprenais pas tout mais, il savait que je n’étais pas du genre à faire des cadeaux, encore moins aux ex petites-amies de mon frère. J’étais bien heureuse qu’il m’en parle la première or, de quoi était-il question ? « Ça tombe bien, j’ai jamais su faire les colliers de pâquerettes ! » Lui répondis-je en levant yeux au ciel, de plus en plus impatiente à l’idée de savoir de quoi il souhaitait me parler. J’affichais un large sourire, convaincue qu’il allait lâcher le morceau au moment où il posa ses deux mains sur mes épaules. « S'il te plaît, réveille la garce qui est en toi, je sais qu'elle est là, et aide moi à lui en faire baver. T'es la meilleure à ça. » Que de compliments, j'en étais prête touchée ! J’hochais positivement la tête pour lui montrer que j’avais compris le message et d’un air aussi sérieux que lui, ajoutais : « Alors là, tu n’aurais pas pu trouver meilleure experte en la manière ! » Je marquais une pause avant de reprendre la parole sans même lui laisser le temps de dire ouf. « Mais, qu’est-ce qu’elle a fait cette pauvre fille pour s’attirer mes foudres au juste ?! » Bah oui, je voulais bien jouer les garces parce que c’était dans mes cordes or, je n’étais encore plus lorsqu’il y avait une raison pour que je le sois. Jeno avait peut-être laissé paraitre des indices mais avec le nombre de substances que j’avais pris aujourd’hui, j’étais tout bonnement incapable de les déceler.

Quelque chose ne tournait pas rond. J’étais persuadée que Jeno ne m’avait pas fait venir ici pour me parler de son ex-conquête, c’était beaucoup trop simple. Je le fixais depuis un moment déjà, essayant de deviner de quoi il voulait parler quand tout à coup, il se mit à murmurer la réponse à ma question. « La came, le renvoi. » Je fronçais les sourcils, surprise de l’entendre associer cette histoire de renvoi à Skylar. Je restais silencieuse quelques secondes encore, avant de lui rigoler au nez comme s’il venait de dire la chose la plus marrante de toute sa vie. « Non, c’est pas possible que ce soit elle. » Je secouais la tête négativement, il restait on ne peut plus sérieux et petit à petit, je cessais de bouger dans tous les sens pour me concentrer sur ce qu’il avait à me dire. «  Je croyais que tu lui avais parlé Alex. Elle a rien laissé paraitre ? En tout cas tu t'es bien faite avoir ! » Jeno se mit à rire, ce qui m’énerva encore plus. Il avait le don de me faire sortir de mes gonds comme personne. Je passais une main dans mes cheveux dans le but de me calmer, arrachais quelqu’une de mes mèches au passage sans y prêter attention. Alors comme ça, elle m’avait menti avec une telle facilité ? Et moi, je m’étais faite avoir comme une débutante, je m’étais laissée attendrir par son sourire et sa tête m’avait paru beaucoup trop vide pour la tenir responsable du renvoi de mon frère… Qu’est-ce que je pouvais être conne ! « Je vais me la faire cette garce ! » Criais-je presque sans vraiment m’en rendre compte, étonnée d'apprendre que c'était elle qui était derrière tout ça alors que je lui avais parlé le lendemain du renvoi de Jeno. Je détestais lorsqu’on se jouait de moi, c’était de famille, nous les Carpenter, nous sommes du genre à tout vouloir contrôler. Jusqu’ici, ça marchait à la perfection et puis, il avait fallu que cette petite peste d’Elliot vienne tout foutre en l’air. Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’étais du genre très susceptible, rancunière et pour combler le tout, j’étais prête à tout pour arriver à mes fins. J’allais faire de cette chère Skylar ma prochaine victime, sa vie allait devenir un véritable enfer et ce, jusqu’à ce que JE décide que ce soit fini. Autant dire que sur le coup, l’envie de lui arracher la tête ou encore mieux, de lui faire bouffer de la drogue jusqu’à ce qu’elle crève sous mes yeux puisqu’elle aimait tant la came, m’avait traversé l’esprit or, cela m’aurait valu un détour derrière les barreaux et ce monde n’était pas fait pour moi. Des idées bien plus intéressantes me vinrent à l’esprit et finalement, mon regard noir laissa place à un sourire des plus sadiques. « Très bien, elle veut jouer, je vais jouer. La guerre est déclarée ! » La vengeance, c’était quelque chose que je connaissais par cœur. Je m’étais faite avoir plus d’une fois lorsque j’étais plus jeune mais depuis mon arrivée à Harvard, j’étais maître de ma vie, personne ne pouvait me dicter ma conduite, personne ne pouvait me nuire et encore moins nuire à ma famille. Skylar avait du soucis à se faire, deux Carpenter aux fesses pour le prix d’un, c’était très risqué.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’avais pas ma langue dans ma poche, que je savais ce que je voulais et que j’étais prête à tout pour arriver à mes fins. Je détestais être prise pour une conne, j’avais toujours détesté cela et au fils du temps, j’avais appris à être plus dur envers moi-même comme envers les personnes que je côtoyais. Lorsque j’étais petite, je ressemblais beaucoup à ma mère, c’est ce qu’on me répétait à longueur de journée. J’étais calme, naïve, beaucoup trop gentille et ce bon caractère m’avait valu de nombreux compliments comme de nombreux ennuis. Après avoir été trahi à plusieurs reprises, j’ai changé et cette fois-ci, c’est mon frère qui devint mon seul et unique modèle. Il avait ce caractère que j’admirais tant, je voulais lui ressembler, je voulais que le monde entier sache qu’il était mon frère, que j’étais sa petite sœur. J’étais devenue sa copie conforme, toujours en train de faire des conneries, en train de m’amuser, toujours aux mauvais endroits aux mauvais moments or, nous étions des Carpenter et, les Carpenter s’en sortaient toujours indemne. J’ai appris à être une vraie petite garce, j’ai appris à dealer, appris à manipuler, appris à jouer, appris à devenir cette femme forte et indépendante que je suis en ce jour. « J’en attendais pas moins de toi ! » Je souriais à Jeno lorsqu’il me fit signe de marcher. L’espace d’un instant, j’avais oublié que nous n’étions pas seuls, qu’il y avait pas mal de monde chez les mathers. Je le suivais donc en chuchotant : « J’espère bien parce que t’as pas vraiment le choix en fait. Je pensais la tuer maintenant mais finalement, je préfère la voir souffrir un peu. » Et quelque chose me disait que c’était pareil de son côté. Pourquoi faire simple alors que nous pouvions faire compliquer ? S’en prendre à un Carpenter, c’était comme s’attaquer à un lion, il fallait être cinglé surtout que généralement, les deux rappliquaient. « Et je te propose même qu’afin de célébrer tout ça et que tu me parles de tes plans machiavéliques, on se la colle ! En plus, j’ai des trucs à te dire. A propos de Grace ! Je sais que ça va t’intéresser ! » Un nouveau sourire illumina mon visage alors que je sautillais sur place. « Tu sais que t’es vraiment le meilleur des frangins ?! » Et le pire dans tout ça, c’est que je le pensais réellement. Jeno et moi avions toujours été très proches, je ne voyais pas ma vie sans lui mais c’est vrai que parfois, j’oubliais de lui dire car, même si on se comprenait en un simple regard, ces mots faisaient toujours plaisir à entendre pas vrai ?! J’accélérais le pas en questionnant mon frère du regard : « Alors avec Grace ? Qu’est-ce que vous avez fait ? Des choses super intimes que t’as pas envie de partager avec ta petite sœur préférée ? Ou… Oh non, tu lui as enfin avoué que tu l’aimais ! Pitié dis-moi que je vais pas être doublement tata parce que là, je crois que ça va vraiment pas le faire mais, vraiment pas ! » Oh oh Alex, je serais toi, je partirais en courant !!