AMANDA JANIS PETERSON ► Janina Gavankar

Il était une fois, une petite fille naquit dans les bas fonds  défavorisés de Brooklyn à New-York. Elle  était née en bonne santé, plein de vie et d'amour pour le plus grand bonheur d'un petit et modeste couple, les Peterson.
Les Peterson vivait dans un minuscule appartement de Brooklyn où se réunissaient les populations sous adjacentes de l’immigration sud, une immigration dont la mère d'Amanda ( c'est ainsi qu'ils prénommèrent leur premier enfant ) provenait. L'appartement comportait difficilement deux chambres – ou disons une chambre et un placard à balais très large - des murs défigurés par d'énorme fissures qui laissaient pénétrer le froid cruel d'hiver, une salle de bain insalubre et une moquette amputée sur quelques extrémités. Mais ce qui était incroyable chez les Peterson c'était leur habilité à faire de ce petit trou modeste, un foyer chaud et chaleureux , à la table toujours garnie de pain.
Alors que l'enfant grandissait, devenant une belle jeune fille à l'allure fière et à la chevelure de jais,  le père Peterson, travailleur sur chantier, tomba gravement malade. Sous ordre du médecin, il se devait de rester au lit, mettant fin à leur unique et maigre source de revenue.
C'est à partir de ce moment là que  du haut de ses quatorze ans, leur fille s'était mise à emprunter un mauvais chemin. Séchant les cours de l'école du quartier pour essayer de ramener quelques dollars  à la maison, la jeune adolescente s'entoura d'un cercle d'amis peu fréquentable pour devenir à son tour peu fréquentable.
Sujette aux bagarres et surtout au vol, trois années entières se sont écoulées au cours desquelles  Amanda avait bien garnie son casier de petite délinquante juvénile. Ceci jusqu'au jour où son père succomba à sa maladie. Elle avait alors dix sept ans, et déjà  le cœur ravagé de regrets et de remords. Ce drame ramena Amanda sur un chemin plus droit, elle s'en retourna vers sa mère, lui promettant de ramener toute la chaleur d'un foyer longtemps disparu.
Amanda retrouva l'ambiance scolaire d'une salle de cours quelques mois après la disparition de son paternel. Parfois il faut un événement grave pour faire réagir les gens, Amanda avait appris cette leçon amèrement. Et scolairement parlant, Amanda était loin d'être idiote. Bien au contraire, elle retrouva rapidement le rythme, excellant dans beaucoup de matière, dépassant ses camarades avec une aisance méprisante.  Elle mit tellement de cœur à l'ouvrage qu'après avoir été diplômée avec succès et grand étonnement, elle fut accepté à Harvard. N'était-elle pas devenue un miracle dans son entourage ?  La petite Amanda, racaille de Brooklyn, dont l'avenir se profilait déjà derrière des barreaux et le profil aiguë d'une seringue, acceptée à Harvard.
La jeune femme se souviendra toujours le jour où le visage fendu d'un grand sourire, elle annonça son entrée à l’université à sa mère . Il y' avait dans ses yeux la fierté d'une mère et celle du père.
Ce jour là fut aussi celui du changement. Elles quittèrent le minuscule appartement pour un situé à Cambridge, pas plus grand mais les murs n'avaient plus de trous, la moquette était remplacée par un parquet flambant neuf et la salle de bain était armée d'une chaudière.

 La vie à Cambridge était bien différente de celle menée à Brooklyn. Plus chère mais aussi plus jolie, et surtout plus calme. Même si elle a un peu de mal à le reconnaître aujourd'hui , Amanda fut au début  grandement intimidée par cette majestueuse ville et ses universités de haute renommée. Ses rues garnies de boutiques lumineuses, ses grandes allées et ses coins verts eurent raison de l'inébranlable courage '' Amandanien''. Au moins à Brooklyn, elle connaissait chaque coin de rue, la plupart des jeunes qui y trainaient et quels endroits fréquentables. C'est surement ce qu'il développa en elle cet intérêt particulier pour la photographie. Photographier, mémoriser, découvrir. Des notions qui germèrent en elle comme un nouveau talent et une nouvelle passion. Dans la foulée, la jeune femme trouva un petit job en tant que serveuse pas loin de Harvard, afin de financer entièrement ses études et de vivre plus aisément.
Aujourd'hui encore, après cinq ans, il lui arrive de penser à son ancienne vie à Brooklyn, à son petit appartement miteux dans lequel elle avait grandit, à son père qui jusqu'à son dernier souffle n’eut de penser qu'une vie meilleure pour sa femme et sa fille, et à ses regrets qui trainent toujours derrière elle, comme à la fil indienne .